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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
sicut qui similis

 

 

 

 

Bonne Année



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Extraits

 

Rencontre en Forêt
carrefour11

J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
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Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
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Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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XLI-Ombrages
 

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Mon désir s'était pris aux fils de tes cheveux.
Mais ta proie est perdue, et plus rien ne t'en reste
Qu'une âme sans élan dans une chair sans geste.
L'amour est mort : demeure... Ou va t'en si tu veux.

Lucie Delarue


                                         Simone fit ses adieux à tout le monde, et je la reconduisis à la gare. Elle ne voulait pas me déranger, et elle était sur le point d’appeler un taxi. J’avais besoin d’être avec elle encore un peu.
« Alors ma belle, que penses tu de tout ça ?
—Je suis partagée. Je suis admirative de la qualité des gens que tu rassembles autour de toi, et qui sûrement t’aiment et veulent te le témoigner.
—Mais ?
—J’ai le sentiment que quelque chose ne tourne pas rond.
—Que veux-tu dire ?
—Ce n’est qu'un pressentiment, c’est tout. Je me trompe sûrement, tu as l’art de maîtriser toutes les situations. J’ai été comme tu l’as dit, ton employeur, ta conseillère, ta maîtresse, ton amie. Je ne suis plus que ton amie, pour tout le reste, tu es passée devant, et c’est toi qui mène la barque. Je le ressens très souvent, et quand je suis triste, je pense à toi, et j’ai besoin de toi.
—Mais pourquoi me dis-tu tout cela ?
—Parce que je t’aime, et que je ne suis plus sûre de pouvoir t’aider… Si tu en avais besoin évidemment. » Je regardais partir le train. J’avais une grosse boule dans la gorge, et je sentais que mes yeux se vidaient abondamment. Je dus m’asseoir sur l’un des bancs qu’il y avait sur le quai. Quand je pus repartir, je n’avais plus de larmes. J’arrivai au Domaine.
Maud m’attendait.
« J’étais inquiète. Tu en as mis du temps !
—Nous avons papoté.
—Ne me mens pas, le train est parti depuis longtemps. Regarde-moi : Tu as pleuré ?
—Elles sont ensemble ?
—Oui, je crois. Ce n’est pas grave, tu sais bien que nous nous aimons toutes, et que nous partageons tout. Toi-même tu me l’as offerte. Et tu l’as offerte à Luigi et à Linda.
—Oui, je sais, je suis stupide. Je me sens vidée.
—Fais un effort. Ils sont tous heureux de t’avoir témoigné leur sympathie.
—Effectivement, et certaines plus que d’autres.
—Reprend- toi, ça ne te ressemble pas de te laisser aller. Marie-No est comme toi. Parce que tu l’as faite comme ça. A sa place, tu agirais de la même façon. Tu ne peux pas lui en vouloir. »  Les invités s’en allèrent les uns après les autres. Je dus faire un effort considérable pour sourire, et remercier. Quand ils furent tous partis, je restai avec Maud et Linda. Mes parents attendaient Jane qui jouait avec Axelle. Marie-No et Michèle n’avaient pas reparu. C’est Maud qui donna le signal du départ.
« Partons. Rentre chez toi, Linda viendra à la maison. Je la conduirai à la gare demain matin. On passe chez toi pour prendre son sac.
—D’accord. On y va. Ce fut une belle journée. »  Jane s’approcha.
« Au revoir ma sœur adorée, merci pour cette superbe journée. Quand tu voudras faire la paix, fais-moi signe.
—Ok, quand il n’y aura plus rien à détruire. » Elle avait du remarquer que Marie-No et Michèle étaient parties ensemble. J’installai Axelle sur le siège enfant, et je rentrai à la maison suivie de Maud et Linda qui me semblait aussi triste que moi. Elle prit son sac, et me quitta en m’embrassant, et en me serrant très fort. Axelle s’était endormie. Je la portai sur son lit, et la couvrit de sa couette. Je me laissai tomber sur le canapé, et je regardai la télé éteinte. Il faisait presque nuit, quand la sonnette de la porte retentit. J’ouvris la gâche et la porte, et je retournai m’asseoir. Elles étaient là, toutes les deux. Marie-No s’approcha de moi, mit sa tête dans mon cou, et me murmura :
« Je sais que tu as mal, je le sens. Mais je ne peux rien expliquer, ça m’a paru tellement naturel. Pour moi, rien n’est changé, je t’aime à la folie, et je t’appartiens pour la vie. »  Je ne trouvai rien à répondre, je savourai de sentir Marie-No contre moi. Je sentis que Michèle s’asseyait sur le canapé à côté de moi. Elle se rapprocha, se colla à moi.  Je sentis la chaleur de son corps. Elle me prit la main et la porta à ses lèvres. Je ne comprenais plus rien.
« La première fois, tu m’as séparée de Christian. La seconde tu viens pour me séparer de Marie-No. La troisième fois, tu feras quoi, Linda, Maud ? Je n’imaginais pas que tu avais stocké autant de haine. Tu devais être bien déçue que je ne sois pas morte la première fois. Vous pouvez partir toutes les deux. Maintenant, tout m’est égal. Vous n’aviez pas le droit »
Rien ne changea dans la position des deux femmes. Marie-No me faisait des petits baisers dans le cou, et caressait le mamelon gonflé. Michèle tentait de glisser sa main sous mon chemisier. Comme si je n’avais rien dit.
« J’ai passé dix ans sans t’oublier, à penser à toi avec bonheur. Et toi à ruminer ta vengeance. Allez-vous-en. N’essayez pas de m’attendrir. Arrêtez de me prendre pour une cloche »  Michèle avait atteint le téton gauche, et Marie-No continuait de caresser le droit. Je sentais des frémissements. Sans doute le résultat de la lutte entre mes désirs et ma colère. Michèle approcha ses lèvres et m’embrassa. Je me laissai faire, sans répondre au baiser. Elle abandonna mon téton, dressé malgré moi, aux caresses de Marie-No, et sa main disparut sous ma jupe. Mon entrejambe dut reconnaître une présence amie, car il se laissa pénétrer et s’ouvrit, déjà ruisselant du plaisir attendu. Je luttai affreusement, pour ne pas hurler. J’avais en moi et contre moi, rassemblées dans la même passion, les deux femmes de ma vie. Et c’était pour en souffrir. Elles totalisaient presque vingt ans d’amour indicible. Michèle et Marie-No, Marie-No et Michèle. C’était un nouveau jeu ? Quel en serait la règle ? Qui l’avait inventé ? Qui tirait les ficelles ? Je ne pouvais répondre. Je fermai les yeux et je m’abandonnai totalement. Je m’aperçus que je pleurais, je ne savais pas si c’était de joie ou de tristesse. Je sentis près de moi, un mouvement qui me fit ouvrir un œil. Marie-No était nue. De l’autre côté, Michèle avait retiré son chemisier. A travers mes larmes, je distinguais ses seins, qui en dix ans n’avaient pas perdu un millimètre. Bientôt, elle fut nue des pieds à la tête. Quel cadeau du ciel, de voir ces deux corps de femmes rivalisant de perfection, s’offrir à mes passions. J’étais absolument désorientée, comme si j’avais vidé la bouteille de whisky d’un seul trait. Je me sentis tirée pour me lever. Marie-No me retira le chemisier, je ne portais pas de dessous. Et Michèle dégrafa la jupe, je n’avais pas de slip non plus. Je retirai moi-même mes chaussures, et je me laissai guider vers le lit. Jamais on ne m’avait fait l’amour, comme elles s’employèrent à le faire cette nuit là. Je me suis abandonnée à leur passion, à leur envie de me posséder, de prendre de moi ce qu’elles aimaient. Je n’avais que les mains pour reconnaître les corps. Je gardais les yeux fermés, toujours noyés de larmes. J’avais l’habitude d’entraîner Marie-No pour jouer à ce jeu là, mais je n’avais jamais partagé Michèle. J’étais très excitée de la sentir là, et je commençais à comprendre la raison de cette aventure. Insensiblement, dans les courts moments de répit, je me souvenais que Marie-No devait partir. Elle savait que je retrouverai Michèle à chacune de ses visites. Elle avait choisi cette solution pour qu’il n’y ait plus de rivalité entr’elles, et que toutes les trois nous vivions dans la même sphère amoureuse. C’était moi qui lui avais appris le jeu, en la donnant à Maud, à Linda, à Simone, à Luigi. Le jeu de nous aimer, et de vivre l’amour avec les unes et les autres sans jalousie, sans drame. Marie-No avait voulu faire entrer Michèle dans le cercle. Je comprenais tout. Il n’y avait aucune trahison, c’était un cadeau, comme celui que je lui avais donné en lui offrant deux garçons quand elle en avait eu envie. Marie-No voulait partir sans que Michèle restât sa rivale. Elles s‘étaient aimées avant, parce qu’elles voulaient que notre rencontre à trois me soit offerte exclusivement. Si elles s’étaient découvertes à ce moment là, mon plaisir en eut été diminué, peut être effacé. Marie-No avait instinctivement l’imagination qu’il fallait pour créer l’amour là où il pouvait exister. Serait-elle en train de prendre la place de Simone ?
Le lundi matin, je ne fus pas en mesure d’aller à Paris. Marie-No ne serait pas aux couleurs à Dijon. Henri lui pardonnerait sûrement. Et Michèle avait raté son train. Je fus la seule à me lever pour préparer Axelle, qui n’avait pas été réveillée par nos débauches de la nuit. Puis je revins dans la chambre. Les deux belles dormaient enlacées. Je les regardais émue, et je pensais, que j’avais été bête de ne pas y avoir pensé plus tôt. Heureusement, dans sa petite tête, Marie-No pensait à tout. Serait-elle en train de jouer mon rôle ? Mon dieu, qu’elles étaient belles. Jamais je n’aurais pu imaginer voir Marie-Noëlle et Michèle nues, endormies enlacées sur mon lit, m’offrant le spectacle irréel de leurs féminités. Pourquoi cette image ne m’avait-elle jamais traversé l’esprit. Pourquoi avais-je toujours distingué l’amour de Michèle de l’amour de Marie-No ? J’avais uni toutes les autres femmes dans un seul et même amour, excepté ces deux là. Etait-ce une erreur, était-ce une précaution ? Je ne l’avais pas fait, ça s’était fait sans moi. Symbole de mon inutilité ? J’étais tentée de respirer leurs corps, de caresser leurs formes, d’enfouir mon visage entre leurs seins, entre leurs cuisses. Je me contentais d’en rêver, et je pris ma douche seule, sachant qu’elles la prendraient ensemble.

Je ne me sentais pas tout à fait satisfaite de l’état des choses. Mais je décidai de ne rien brusquer. On aura tout le temps plus tard. Quand même, je ne le sentais pas. Cela pouvait être de l'amour, ou peut être autre chose...
Je les réveillai doucement, elles pourraient se faire belles pendant que je préparerai le repas. Je ne savais pas ce que j’allais proposer, j’étais simplement sûre qu’Odile avait fait le nécessaire. Et elle l’avait fait. Poulet froid mayo, avec salades de carottes râpées, céleri, fromages, et….macaron glacé aux framboises. Le tout avec un rosé bien frais. Tout cela servi sur la terrasse, sous le parasol, face à l’appartement de Christian. Michèle nous parla de son travail. Elle travaillait pour une multinationale sur le secteur de l’Espagne et des îles, et au vu de ses résultats, elle venait d’obtenir l’exclusivité de l’Amérique Hispanique. Elle avait installé son point de chute à Séville. Elle était sûre de cette façon que les clients éventuels, auraient plus envie de se déplacer à Séville plutôt qu’à Madrid ou à Barcelone. Elle avoua gagner énormément d’argent, sachant pertinemment que la conjoncture était favorable, mais que ça ne durerait pas. Actuellement, elle créait son réseau en Argentine. Elle serait en France jusqu’au dimanche suivant, et après, elle repartirait pour Séville puis pour Buenos Aires. Elle ne savait pas quand elle reviendrait, et elle m’enverrait les procurations de la société si elle ne pouvait revenir pour les assemblées générales. Puis on parla un peu de nous, de nos amours, de la jeune prof de gym avec qui elle vivait.
« Je te dois ma réussite eve anne. C’est toi qui m’as fait comprendre que l’on pouvait quitter l’enseignement, et être plus heureuse en dehors qu’en dedans. Je fais mon mea-culpa en présence de Marie-No. On s’est séparé pour une bêtise, parce que j’avais mal structuré notre couple. J’ai bien étudié le vôtre avant de venir, et j’ai compris que vous aviez trouvé la solution. Ne pas se renfermer sur soi, mais s’ouvrir à d’autres femmes, choisies avec soin, ce qui combattait la lassitude, et les besoins de changement. La jalousie n’existe plus, le doute disparaît, et la confiance n’est jamais remise en question. J’aurai appris beaucoup de choses en venant à l’anniversaire d’Axelle ! Il m’a fallu ramer jusqu’à près de cinquante ans pour admettre que tu avais raison. J’ai été aussi surprise de retrouver Maud dans votre cercle. Moi je l’avais abandonnée pour toi, et toi tu l’as récupérée.
—On ne peut abandonner une femme comme Maud. Maud, c’est l’amour au féminin dans toute sa beauté. Maud c’est plus qu’une amoureuse, c’est plus qu’une amie, elle fait partie intégrante de moi, de nous. Elle m’avait prévenue de ne pas épouser son petit con de fils, parce qu’il était dangereux. Nous avons découvert son homosexualité par hasard, ce qui nous a permis de comprendre sa réaction. Christian est homo, et il le vit comme un mal-être.
Ayant découvert l’homosexualité de sa maman, il s’est imaginé que c’était à cause d’elle qu’il était comme ça, et il s’est mis à la haïr, de l’avoir mis au monde homo. Il voulait lutter contre cette homosexualité par le mariage. Quand il a eu la preuve que j’étais lesbienne, il a compris que je pouvais avoir des relations avec sa mère, ce qui a déclenché chez lui cette fureur incontrôlée. Maud avait vu au premier coup d’œil que j’étais lesbienne, puis elle nous a vues nues, enlacées avec Marie-No à l’habillage de notre mariage. Elle a eu le coup de foudre pour Marie-No. Il faut dire qu’elle était diablement belle. Elle n’a pas senti notre différence d’âge comme un obstacle. C’est une femme qui a su rester jeune, et qui a su s’entretenir pour rester belle et désirable. Le corps de Maud est une merveille de féminité. Dans notre mode de vie, nous ne serons pas étonnées de te voir renouer des liens amoureux avec Maud. C’est un plaisir que l’on t’offre avec simplicité. Et ma Blackie chérie, si elle te fait envie. Marie-Noëlle et Maud ont adoré Linda, elle n’a que 19 ans, c’est une belle amoureuse. Nous sommes heureuses comme ça. Et la conclusion, c’est que lorsque que l’on se retrouve toutes les deux, on se redécouvre à chaque fois avec un besoin d’amour extravagant. Je ne pourrais jamais abandonner Marie-Noëlle. Et si elle me quittait, je crois que je me laisserais mourir, tout simplement. Allons nous balader. » On repassa au Domaine régler la facture. Puis on partit à pieds dans la forêt. Au Carandeau, il n’y avait personne, on s’est baigné nues. Le soir, nous avons invité Maud, et nous sommes allées dans une pizzeria, puis nous sommes sorties en boîte, la seule ouverte le lundi. Ce dont on parlait quelques heures avant, se produisit sous nos yeux, Maud et Michèle se retrouvèrent, visiblement avec un vif plaisir. En sortie de boîte, Maud emmena Michèle à la maison des avenues sans doute. Elle rentra à l’appartement à trois heures du matin. Le lendemain matin, nous prenions le train pour Paris. J’avais beaucoup à faire. Déjà, embrasser Linda et lui raconter toute l’histoire. Ensuite j’appelai Josépha.
« Allo Puce ? Tu me laisses sans nouvelles ? Tu vas bien ?
—Bof, pas trop, je me traîne.
—On peut se voir ? Quand es- tu libre ? Ce midi ça irait ? Tu sais où est l’agence ? À deux cents mètres après Saint Augustin, au numéro XX. Je t’attendrai. » Puce arriva vers midi trente. Je lui présentai Linda, et je l’emmenai au bistrot un peu plus loin.
« Puce, j’ai besoin de quelqu’un. Une femme un peu comme toi, de ton âge, qui saurait faire ce que tu sais faire. Ce serait pour diriger l’habillage correct des mannequins. Faire des réglages pour les photos ou pour les défilés. Figure-toi que l’autre jour, une fille a passé une robe à l’envers, et personne ne s’en est rendu compte. Si tu pouvais te libérer, ça m’arrangerait bien. Le salaire sera celui que tu voudras. Si tu ne peux pas, ben tant pis. Je mettrai une annonce.
—Dis donc cocotte, il n’y aurait pas du Simone là-dessous ?
—Grand dieu non ! Pourquoi dis-tu cela ?
—Parce que la semaine dernière je l’ai eue au téléphone, et je lui ai dit que j’étais au chômage.
—Au chômage ? Mais alors tu es libre ?
—Oui, et je serai très heureuse de retravailler avec toi.
—A partir de demain neuf heures !
—Marché conclu. Je suis très contente Bon, c’est un peu différent de ce que faisait Simone, mais je t’expliquerai tout. Une côte de bœuf pour deux ? Ok ça marche ! » C’était un problème réglé. Ensuite, je pris un rendez vous avec Elke Kellermann. En Anglais, parce que le Français de la dame au téléphone n’était pas terrible. J’irai donc à Düsseldorf la semaine prochaine.
Pendant ce temps, Linda avait organisé la visite de Jeudi. Il y aurait justement une répétition de défilé, et une présentation de Vidéo. Ensuite, j’appelais Rosine. Elle me rappela dès qu’elle fut seule. Je lui proposai d’aller à Amiens quand elle serait libre. Elle fut très contente que je lui demande une rencontre, qui ne l’oblige pas à passer deux heures sur la route. Elle me rappellerait pour un rendez-vous. J’avais besoin d’elle, de sa joie de vivre, de sa décontraction, de sa simplicité, j’avais besoin de sa jeunesse, et de son amour cannibale. J’étais sûre qu’une cure de Rosine me ferait le plus grand bien.
Il me restait à appeler la voisine de l’appartement. Elle me donna rendez vous le lendemain à dix heures.
Et enfin j’appelais Luigi. Je tombai sur son répondeur. Je lui laissai un message : "pour me faire pardonner, je t’offre le restau un soir quand tu veux. Rappelle-moi merci."
De retour à la maison, je retrouvais Axelle qui n’avait pas encore fini l’inventaire de ses cadeaux. Je déballai le cadeau de Michèle. C’était une magnifique poupée Andalouse, qui parlait bien sûr en espagnol. Avec un petit mot lui souhaitant de pouvoir découvrir son pays, et d’y vivre un grand bonheur. Et dans la boîte, il y avait une lettre en espagnol qui m’était destinée, cette fois, qui disait à peu près ceci :
« Voilà dix ans, que, pour ne pas avoir compris que tu avais besoin de respirer, nous nous sommes séparées comme si on ne se connaissait que depuis une heure. Malgré ce que tu peux en penser, je n’ai pas cessé une seconde de t’aimer. Même si nos retrouvailles ont eu des conséquences dramatiques, ce n’était pas voulu, j’en suis tout comme toi, meurtrie. De là où je suis, je te regarde vivre, et je te vois faire le contraire de ce que je t’avais imposé. Je t’ai tenue isolée et je t’ai perdue. Et toi tu offres ta femme à tes amies, et elle reste follement amoureuse de toi. Tu as eu raison, et je me suis trompée. Durant tout ce temps, j’ai eu des aventures qui n’ont pas effacé ton image. Aujourd’hui, je me rapproche de toi, en espérant qu’il ne sera pas trop tard. Je prie dieu pour que tu m’acceptes dans ta générosité, afin d’en recevoir une petite part, et de m’en trouver heureuse. Tout ce que je suis aujourd’hui, je te le dois. Tu m’as montré qu’il fallait avoir du courage, et oser l’impossible, fortes de ce que l’on a appris, qui, bien sûr, mérite mieux qu’un poste dans l’enseignement, au milieu de ces gens qui passent leur temps à calomnier leurs collègues. Tu es sortie de l’enseignement en me disant : dans le privé on gagnera le double. Je gagne dix fois plus, et le travail me passionne parce que je l’invente. Et je pressens que tu as encore quantité de choses à m’apprendre. Je voudrais que tu passes au-dessus du mal que je t’ai fait, car j’ai compris les raisons de ton engagement dans l’armée. Et même dans l’armée, tu as été la meilleure. Si je ne reviens pas dans ton ombre, je finirai ma vie comme un cactus dans la sierra. Humblement, accepte-moi. » Je refermais la lettre les yeux humides. Et je me posais la question : Si Marie-No n’avait pas pris les devants, l’aurais-je acceptée ? Je ne le savais pas. Ce dont je suis sûre, c’est que Marie-Noëlle occupe toute la place dans mon cœur. Il n’y a pas possibilité de partager. Je ne sais pas si elle a bien compris. Ce que l’on partage, c’est la relation physique, qui doit être bien sûr accompagnée d’un sentiment particulier. Mais l’amour avec un grand A, celui là s’appelle Marie-No,  il n’est pas négociable.
Le lendemain, Linda et moi avions préparé le bureau de Puce, avec un bouquet de roses. On prit le petit déjeuner ensemble. Je laissai puce aux mains de Linda et j’allais visiter l’appartement. Il était magnifique. Le transformer pour le coller à l’autre et n’en faire qu’un serait une erreur. Il était assez grand pour y vivre confortablement. Il était en bon état, et la propriétaire était d’accord pour laisser le mobilier et toute la déco en place. C’était un prix exorbitant, mais ce quartier là était assez renommé. Je pris une option, durant dix jours. Je me promettais de le faire voir à Marie-Noëlle. Si je lui proposais d’habiter là, peut être renoncerait-elle à partir à l’autre bout du monde ? Je revenais au bureau, et je passais le reste du temps avec Puce, pour bien lui définir ce que j’attendais d’elle. Je lui précisais qu’elle serait responsable à cent pour cent des tâches qui lui seront confiées. Elle n’aura ni aide ni supérieur. Il faudra que tout soit bien, aucun faux pas toléré. Le travail sera basé ici, mais aussi à l’étranger si besoin était. Puce s’engagea sans arrière pensée et sans crainte.
Pour faire face aux marchés qui s’annonçaient, j’aurais besoin d’une autre personne. Et j’avais une petite idée.
Revenue chez moi, je trouvais une réponse de Luigi, qui acceptait avec plaisir mon invitation pour le soir même, sinon, il faudrait remettre à la semaine suivante. J’avais juste le temps de prendre une douche et de me refaire une beauté. Je pris Luigi chez lui, et nous partîmes tous les deux à La Bonne Idée. Dans la voiture, Luigi était silencieux quand soudain il me dit :
« Tu ne peux pas savoir combien je me sens heureux avec toi !
—C’est une déclaration ?
—Je ne sais pas, c’est ce que je ressens là, maintenant, tout de suite.
—Mil mercis Luigi, je pourrais te dire la même chose. C’était la première fois que je me retrouvais dans un restaurant chic, avec un homme, depuis que j’avais quitté Christian.
« Que fais tu comme métier à part séduire, Luigi ?
—Je suis contrôleur de gestion. » Je fus surprise, je m’attendais à tout sauf à ça. « Je suis expert comptable, j’ai été commissaire aux comptes, et maintenant contrôleur de gestion.
—Et tu as quel âge ?
—Trente huit.
—Est-ce que ton homosexualité te gêne dans ton travail ?
—Pas plus que toi, je suppose.
—Aurais-tu envie de travailler pour moi ?
—Je n’en suis pas sûr. J’aime trop faire l’amour avec toi.
—C’est un détail à régler. Mais sur le fond ?
—Je ne peux pas répondre. Pas maintenant.
—Ok » Le repas fut succulent, comme je l’avais voulu, succulent et léger. Luigi se montra très sobre. A la fin du repas, Luigi me prit la main et me dit :
« J’ai une envie folle de faire l’amour avec toi.
—Tu es sûr que c’est une bonne idée ?
—Je n’ai pas dit que je voulais te "baiser." J’ai dit que je voulais faire l’amour avec toi.
—C’est un peu pareil non ?
—Pour beaucoup de monde oui, pour moi, non. Etre ensemble en oubliant tout le reste, en savourant le moment présent. Amour douceur, tendresse. Il y a plein de mots pour décrire tout ça, c’est la preuve que c’est possible.
—C’est un risque Luigi. Si ça marche, je te serai reconnaissante, si ça ne marche pas je te prendrai pour un vulgaire cavaleur !
—Je prends le risque.
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—Moi aussi. »
Je savais que je n’obéissais à aucune logique, et que mes principes partaient à vau l’eau. J’avais un urgent besoin de me vider la tête.


Maintenant peu importe ce qu'il pourra m'arriver.




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tn Ombrages G 

tn Ombrages D 

 

Par eve anne
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