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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
sicut qui similis

 

 

 

 

Bonne Année



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Extraits

 

Rencontre en Forêt
carrefour11

J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
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Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
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Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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XLIV-Ombrages
 

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J'avais des rêves que les femmes
éparpillaient de leurs caresses

Paul Eluard
 

                                         
                                           Je vis arriver Marie-No, souriante, décontractée, un œillet rouge à la main. Elle lâcha son sac, et me mit les bras autour du cou pour m’embrasser. Les badauds eurent du mal à s’en remettre.
« C’est pour moi ?
—Evidemment que c’est pour toi.
—Tu as quelque chose à te faire pardonner ?
—Pas du tout, c’est parce que je t’aime !
—Ben voilà une bonne nouvelle ! » On quitta la gare et on reprit la voiture pour rentrer à la maison. Dans la voiture, Marie-No reprit la parole pour me dire :
« A vrai dire, j’ai quelque chose à me faire pardonner :
—C’est pardonné d’avance.
—Tu ne veux pas savoir quoi ?
—Non, je n’y tiens pas.
—Comme tu voudras. Mais si je ne dis rien, tu vas avoir des doutes.
—Bon, elle s’appelle comment ?
—Christian.
—Tu as baisé avec lui ?
—Grand dieu non ! Il est venu me voir, pour faire des excuses, et me demander de te convaincre de revenir avec lui.
—Il est de plus en plus con ?
—Sans doute.
—Et que dois-je te pardonner ?
—C’est de ne pas lui avoir dit !!!
—C’n’est pas grave, Maud s’en chargera.
—Il était allé voir Jean-Marc pour lui demander d’oublier et de reprendre tout, comme avant.
—Et alors ?
—Jean-Marc voudrait bien, mais il n’ose pas le demander.
—Il peut toujours écrire ! Une lettre recommandée avec accusé réception ? Ils sont tarés ces mecs. Oublions-les ! Tu repasses quand pour la dernière fois ?
—Vendredi prochain. Je dois être là bas le lundi dans la journée.
—Tu veux que je t’y conduise ?
—Non, je prendrai un taxi de chez toi. Comme ça tu pourras pleurer sur ton canapé.
—Tu es vraiment trop bonne avec moi. Et je te reverrai quand ?
—A noël sûrement.
—Et comment je te reconnaîtrai ?
—J’aurai deux barrettes comme toi il y a quelques temps !
—Ok, d’ici là je fais quoi ?
—L’amour avec Maud, Linda, Luigi, et toutes celles que tu rencontreras d’ici là.
—Et tu t’en moques ?
—Totalement. Parce que je sais que c’est moi que tu préfères, et quand j’aurai fini mes conneries, c’est moi que tu épouseras.
—Il serait plus simple de ne pas faire ces conneries.
—Peut être as-tu raison, sûrement même, mais je suis comme je suis ;
—Et n’y puis rien changer.
Mes talons sont trop hauts
Ma taille trop cambrée
Mes seins beaucoup trop durs
Et mes yeux trop cernés…..
—Jacques Prévert.
—Bravo ! Tu as raté ta vocation.
—Ma vocation c’est d’être amoureuse de toi. Même si je ne suis pas près de toi. » Les retrouvailles avec Axelle furent comme d’habitude très joyeuses. Comme d’habitude, Marie-No ne voulut pas sortir, et on se fit un film à la télé. Une cassette lesbie que j’avais louée au coin de la rue. Et ensuite on passa aux exercices pratiques. Samedi, on changea un peu de parcours à vélo, on partit par Crépy-en-Valois Chantilly, Clermont, Compiègne. Une bonne centaine de kms, mais beaucoup de grande route avec beaucoup de circulation. Mon père nous accompagna, comme à l’habitude, mais son mutisme commençait à devenir gênant. Le lendemain, on partit pour Fort-Mahon avec Maud et Axelle. Il n’y eut pas de sujet de discorde cette fois, et l’on passa une agréable journée en bord de mer.
Le lendemain, on prit le train ensemble pour Paris. J’avais beaucoup de travail. Je passai chez le Notaire pour signer et déposer un acompte pour l’achat de l’appartement. La propriétaire me signa l’autorisation d’occuper les lieux dès que je le voulais, sous réserve bien sûr d’en assumer les charges. J’étais assez contente. C’était une folie, mais il n’y a que les folies qui valent d’être vécues. Il me fallait maintenant passer à la banque.
Le mardi soir, je me présentai chez Luigi, avec une bouteille de Juliénas comme promis. J’aimais son sourire quand il m’accueillait. J’avais vraiment l’impression que je lui faisais plaisir en venant chez lui. C’est vrai qu’il avait préparé une omelette, mais surtout un cocktail démentiel.
« Qu’as-tu mis là dedans Luigi ? Tu veux abuser de moi ? Ce n’est pas la peine. Tu sais bien que je suis consentante ?
—Non, c’est parce que je trouve ça agréable !
—Ça s’appelle ?
—Comme tu voudras : Glaçons, Whisky « Jameson », Cointreau, citron-pressé. Tu peux rajouter de l’eau, mais ça serait dommage !
—Ouf, oui, ça serait dommage. Alors, ton super man ? Vous avez fait des folies ?
—Oui, un peu. C’est assez détonnant, on sent ce que l’on fait, sans vouloir être vulgaire.
—Et on fait quoi quand on est garçon et que l’on rencontre ça ?
—On assume ou on se sauve !
—Et toi ?
—Moi, j’assume ! Je suis assez ouvert à ce genre de proposition.
—Mes compliments Luigi, il faudra que je voie ça un de ces jours quand même !
—J’aimerais autant que tu me le fasses toi-même !
—Comment ça ? Avec une ceinture ? Tu veux que je t’….
—Oui, j’aimerais. Si tu n’es pas contre ?
—Si tu insistes, je veux bien, en plus, j’ai ce qu’il faut !
—Oui, je m’en doute, mais la taille ?
—Ne t’en fais pas, je crois que ça ira. Et je souris au souvenir de ce que m’avait imposé Simone !
—Super, tu me ferais vraiment plaisir. Jamais une femme ne m’a fait ça !
—Tu me diras quand je pourrai revenir, après le 16 juillet ?
—Ok je note. On passe à table ? » C’est vrai que l’omelette était délicieuse. Suivie d’un excellent fromage de Maroilles, et d’un dessert glacé. Le Juliénas participa à l’ambiance.
« Tu te sens bien, tu as bien dîné ?
—Excellemment mon cher Luigi. Tu mérites …
—Une récompense ?
—Non, une étoile au guide Michelin ! Bon ne pleure pas, une récompense quand même. Ce soir, c’est moi qui fais. »
Et je fis tout ce dont j’avais envie. J’avalais une grande quantité, de toutes les façons, jusqu’à en être épuisée. Luigi avait encore des ressources, et ce furent mes seins qui prirent la dernière douche. Je ne m’essuyai pas, je ne me rinçai pas, je me rhabillai comme ça, pour le sentir sur moi et en moi le plus longtemps possible. J’étais complètement saoule. Je rentrais chez moi. Il n’aurait pas fallu souffler dans le ballon, cette fois, il aurait explosé. Je me fis couler un bain, et je m’endormis dans l’eau brûlante toute habillée. J’étais inquiète, j’étais de plus en plus accroc au sperme. Je me demandais comment j’allais pouvoir gérer ça à l’avenir. J’espérais que ça se limiterait à Luigi. D’ailleurs, je l’adorais Luigi, en plus je le trouvais beau.
Je retrouvai Marie-Noëlle Le vendredi soir, avec le même plaisir que la dernière fois. Pas d’œillet rouge, mais un décolleté profond sans dentelles, ce qui fit monter mon adrénaline de trois degrés au moins. Elle n’en finissait pas d’être belle. A croire qu’elle était encore adolescente, et qu’elle n’avait pas fini de grandir. Elle n’était pourtant que de deux ans plus jeune que moi, mais la différence physique était beaucoup plus sensible. A chaque rencontre, j’avais l’impression de rajeunir de dix ans et de me retrouver dans la baraque Fillod avec ma main sous son pull. Mais depuis ce jour, elle avait bien changé. Disons qu’elle s’était féminisée. Plus de poitrine, plus de hanches, une allure diabolique. Tellement que les hommes la regardaient, et aucun n’avait l’audace de l’aborder. Heureusement, elle n’en n’avait nulle envie. Elle me sauta au cou comme à chaque fois. On reprit la voiture mal garée comme d’hab., mais sans PV cette fois.
« Tu te souviens que demain soir nous sortons ?
—Et on va où déjà ?
—A la Bonne Idée. J’ai invité le Colonel et Claudine pour leur départ !
—Je n’ai pas de robe de soirée !
—Ton décolleté suffira !
—Pour qu’il me saute dessus ?
—Non, je voulais dire que tu n’as pas besoin de robe de soirée pour être belle. Le fait qu’ils quittent Compiègne tire un trait définitif sur le camp des Sablons, et j’ai du mal à m’y faire.
—Vous, les civils, vous êtes vraiment trop sensibles.
—Tu vas voir tes fesses si elles sont trop sensibles !
—Toujours des promesses.
—Claudine sera heureuse de te voir. Elle ne te connaît pas tellement.
—Ils s’en vont pour Villacoublay ?
—Oui, je pense que c’est sa dernière affectation » Maud était à la maison avec Axelle. Marie-No en fut contente. Elle se sentait aimée de Maud, et cela la rendait heureuse. Moi aussi, j’éprouvais un sentiment de bonheur quand Maud était là pour mon retour.
« Tu dînes avec nous Maud ?
—Si ça vous fait plaisir, après je vous laisserai, vous aurez sûrement des promesses à vous faire !
—C’est à toi Maud, de me promettre que tu t’occuperas bien d’elle.
—Je ferai de mon mieux, mais elle travaille de plus en plus, elle est insaisissable.
—Oui, et j’ai des problèmes de recrutement. Je dois franchir un cap, et je ne veux
pas le rater. Et comme Marie-No n’est pas intéressée, je suis bien embêtée.
— Répète-moi encore que je te suis indispensable !
—A quoi bon, puisque tu n’en as rien à faire !
—Ne t’affole pas mon chat, nous avons tout l’avenir devant nous !
—Elle ne se rend pas compte que le temps va de plus en plus vite.
—C’est vrai, depuis que je suis en retraite, je n’ai plus le temps de rien.
—Tu t’occupes beaucoup d’Axelle quand même.
—Oui, je remercie Dieu que tu m’aies fait cette merveille.
—Dieu n’y est pour rien, et heureusement, on ne peut pas dire qu’il réussisse grand-chose. !

Le beau temps persistait. Ce matin là, on choisit de faire plusieurs petits tours dans la forêt avec des circuits différents. C’était une volonté de Marie-No de s’imprégner de son parfum pour l’emmener dans ses souvenirs. Et mon père, de plus en plus mélancolique, et toujours aussi muet. Il me donnait toujours les mêmes nouvelles de ma mère. La seule vraie nouvelle était que Jane avait rompu avec son boutonneux. Le soir venu, nous arrivâmes en même temps au restaurant. Le colonel et Claudine furent émerveillés de l’endroit. Bien qu’ayant vécu de nombreuses années à Compiègne, ils n’y étaient jamais venus. Lui, s’était mis en costume d’été, de coupe impeccable, et elle, plus jeune, arborait une robe légère avec un joli décolleté inattendu. Elle s’était coiffée en catogan, et ses cheveux auburn ondulaient dans son cou. Elle me parut vraiment très élégante. J’étais très heureuse de nous retrouver tous les quatre en cet endroit. Le colonel me remercia de cette invitation et il demanda à Marie-No des nouvelles d’Henri.
« Je crois en toute modestie, qu’il a été attristé de mon départ. Il m’a chargée de vous présenter ses amitiés si je vous rencontrais.
—C’est un homme que j’estime beaucoup.
—Je vous comprends Colonel.
—Et toi Claudine, es tu heureuse de partir pour Versailles ?
—Je ne suis pas mécontente, j’aime assez le changement. Et puis, je ne vais pas à l’autre bout du monde. Oh pardon Marie-Noëlle, cela m’a échappé !
—Je n’en crois rien Claudine, et vous avez raison, je ferai mieux de rester près d’elle. Mais je veux voir du pays avant de me fixer, et là j’ai cette occasion, alors je la saisis. J’ai l’impression d’avoir encore le temps.
—Moi je pense que vous avez raison Marie-Noëlle. Il faut saisir la chance, et surtout, faire ce qui plait. Pour cela, l’armée est une mine de ressources.
—Dis-moi Claudine, avec un Colonel comme mari, tu n’as jamais pu exercer la profession qui t’aurait plu ?
—Hélas, c’est le côté ombre de ma vie. Je ne regrette pas la vie que je vis, avec Hubert, mais j’avais fait des études d’arts plastiques, et je n’ai jamais eu l’occasion de pratiquer. Ta sœur a suivi la même formation je crois ?
—Oui, elle est prof à Senlis. Et si tu en avais la possibilité, tu aurais plaisir à te lancer dans une aventure professionnelle ?
—Je ne sais pas si j’en aurais les capacités. Mais j’aimerais bien pouvoir le faire.
—Versailles est près de Paris, les communications sont très faciles..
—Oui, sans doute, mais trouver du travail à mon âge ! Avec tous les jeunes diplômés qu’il y a sur le marché !
—Ce n’est pas si difficile, tu es très belle et encore très jeune, tu aurais toutes les chances de réussir!
—eve anne, je te vois venir !
—Merci Colonel, j’espère que vous n’y verriez pas d’inconvénients ?
—Pas le moindre, et j’avoue que je suis sidéré.
—Mais de quoi parlez-vous ?
—Vous allez le savoir Claudine. C’est la façon de faire de ma chérie. Elle a toujours une idée bien précise en réserve. Et celle là me plait bien.
—Je ne comprends toujours pas.
—Voilà Claudine. Je te laisse ma carte professionnelle. Tu viens me voir quand tu veux. Je t’expliquerai ce que je fais, et si ça te plait, on travaillera ensemble ?
—Tu veux dire que tu me prendrais avec toi ?
—C’est exactement ça, j’ai besoin d’aide, et je préfère travailler avec les gens que j’aime.
—Mais je ne l’ai jamais fait !
—Raison de plus, tu n’auras pas de mauvaises habitudes. Et tu sais, entre nous, Villacoublay on s’en lasse très vite ! » Je voyais Claudine les yeux rougis d’émotion. Et le Colonel lui tenir la main en souriant. Il paraissait heureux, elle paraissait heureuse. J’étais contente de leur avoir offert ce plaisir là. Marie-No souriait elle aussi :
« Je n’étais même pas dans la confidence !
—Je croyais que tu l’avais deviné. Ça galope tellement dans ta petite tête ! »
« Hé bien buvons à cette bonne nouvelle ! A votre réussite à Versailles Colonel, à ta réussite à Paris Claudine, et à toi mon cœur, reviens vite ! » Le repas fut comme on l’espérait absolument succulent. L’ambiance était feutrée, et les convives avaient tous l’air heureux. Il se termina assez tard. Au moment de se quitter, je renouvelai mes vœux à mes invités.
« Claudine, derrière la carte, j’ai noté les jours où je serai à Paris. Ne tarde pas, c’est les vacances. Et vous Colonel, je vous avais promis un petit plaisir. Je vous offre ce petit bonheur de votre femme, je ferai tout pour qu’il devienne immense.
—Tu ne seras donc jamais fatiguée d’aimer les gens ?
—Les gens comme vous sûrement pas. Bonne nuit Hubert, prenez soin d’elle. » On roulait en voiture, très lentement. C’était l’heure où les bêtes de la forêt prennent possession de la route.
« Je suis fière de toi mon chat. Tu m’as épatée.
—Il fallait bien que je trouve une solution, celle à laquelle je m’étais préparée me file entre les doigts !
—Je suis contente que ce soit elle qui en profite. Elle est bien cette nana.
—Oui, il me semble ». On ne rencontra ni cerf ni sanglier ni le moindre lapin. Dans l’appartement, Axelle dormait à poings fermés, avec son ours polaire, et à son côté l’émetteur radio d’Odile surveillait son moindre souffle. J’embrassais Marie-No, cette soirée m’avait fait du bien. Je lui offris son cadeau : son premier téléphone portable.
« C’est pour que tu puisses m’appeler de partout, et que je puisse te parler partout où tu seras ! Si tu as envie de m’écouter évidemment.
—Tu es folle, je n’ai pas besoin de cet engin ! Ça doit coûter une fortune ! Je n’aurai pas les moyens de payer les communications.
—Les communications sont payées d’avance. J’ai pris un forfait pour un an.
—Alors je n’en veux pas !
—Arrête de m’emmerder !
—Ecoute mon chat. Si tu me cueilles une fleur, je l’accepte. Si tu me donnes un baiser, je l’accepte aussi. Mais je ne veux pas de ces cadeaux somptueux que je ne pourrai jamais m’offrir toute seule.
—Ce n’est pas un cadeau somptueux. C’est un utilitaire. Dans quelques années, même les gosses en auront un. Tu n’auras plus besoin d’aller dans les cabines où ça pue la pisse, quand le truc n’est pas déglingué. Et tu pourras t’en servir aussi de Nouméa pour appeler Guillemette gratos. Si tu préfères rester au moyen âge, restes y ! Tu le prends ou pas, je m’en fiche. Moi j’irai en chercher un pour Axelle, elle pourra m’appeler pendant la récréation. Elle ne sera pas aussi bornée.» Dans la mousse du bain, ma colère s’estompa un peu. Marie-No me regardait en souriant, les tétons à fleur d’eau, elle avait le pied entre mes cuisses, et rien que ça me déstabilisait totalement. On se coucha en silence, et Marie-No entre les bras, je me sentais au paradis. Mais pourquoi s’entêtait-elle à me priver de ce bonheur tous les autres jours ? Je crois que je n’aurai jamais la réponse. Comme elle l’avait prévu, elle appela un taxi, et je restais sur mon canapé pour me vider de mes larmes. Le téléphone qu’elle avait posé sur l’étagère n’y était plus. Cela me fit sourire.
C’est le mardi matin que nous partîmes avec Linda pour le Québec. Linda était surexcitée, c’était son premier grand voyage. Et c’était pour Montréal. Je lui avais bien sûr laissé la place contre le hublot, car la vue de Montréal traversée par le Saint Laurent, est absolument magnifique. Pas de Chloé à l’horizon, mais le Caribbean était toujours au top du bon accueil, et les plantes grasses autour de la piscine étaient toujours aussi délicieuses. Point de Victoria non plus. À Paris, Josépha avait la mission de tenir la maison. Une responsabilité qu’elle prenait pour un grand honneur. Avec le décalage horaire, il nous restait du temps pour travailler un peu, le programme était que le lendemain on le passerait avec notre client, et que le surlendemain on le passerait en visite de la ville. Linda était émerveillée de tout ce qu’elle voyait. On révisa notre dossier. On vérifia la tenue de Linda, car j’étais sûre que sa beauté emporterait le marché. Linda me demanda si elle devrait coucher pour obtenir la commande. Je lui répondis que oui, mais avec moi seulement ! Mais le soir, heure locale, le dilemme se posa quand j’aperçus Victoria dans le hall. Elle me reconnut, me fit un petit signe discret, mais ne s’imposa pas, voyant que j’étais accompagnée. Ca me démangeait quand même un peu. C’est Linda qui amena la conversation en disant :
« Il y a là bas une petite nana qui n’arrête pas de me regarder.
—Elle te plait ?
—Elle est mignonne, et pour une fois elle n’a pas plus de poitrine que moi !
—On n’a pas besoin d’avoir de gros seins pour être belle. Tu as envie de cette fille ?
—Ben je ne sais pas si elle voudrait de moi. Elle n’aime peut être pas les négresses.
—Tu n’en as pas marre de répéter ça ? On pourrait peut être la prendre à nous deux ?
—C’est une bonne idée. Tu crois qu’elle acceptera ? Elle n’est peut être pas seule.
—Va lui demander ! Je suis sûre qu’elle acceptera. N’aie pas peur ! » Victoria regarda Linda s’approcher d’elle, et son sourire s’agrandit au fur et à mesure. Il y eut un petit échange de paroles, et Victoria se tourna vers moi pour me sourire, elle se leva, prit la main de Linda, et toutes les deux vinrent me rejoindre.
« Bonjour Victoria, Tu vas bien ? Tu ne m’as pas oubliée ?
—Non, bien sûr que non, vous me prenez toutes les deux ?
—Non, ce soir tu resteras avec Linda, et moi je me joindrai à vous demain soir..
—Mais vous vous connaissez ?
—Bien sûr, on s’est vues lors de mon dernier voyage.
—Et moi qui croyais que tu étais venue pour travailler ?
—Victoria fut ma récréation. Comment trouves tu ma jeune amie, Victoria ?
—Elle est très belle, j’espère quelle sera contente de moi.
—Tu nous accompagnes pour le dîner ?
—Avec joie. » A la fin du dîner, Victoria demanda à Linda si elle n’avait pas envie de plonger avec elle dans la piscine. Linda hésita et me regarda interrogative.
« Mais je n’ai pas de maillot.
—Tu n’en as pas besoin, tu es tellement belle.
—Mais tous ces gens ?
—Ils seront très heureux de t’admirer. D’ailleurs Victoria n’a pas de maillot non plus. » Linda se déshabilla, et quand elle fut nue et qu’elle s’approcha du bassin en tenant Victoria par la main, le silence se fit dans la salle. Moi je la regardai émerveillée. Sous les projecteurs, sa peau prenait des couleurs de cuivre foncé. Et sa musculature était magnifique. Victoria se mit sur la pointe des pieds pour l’embrasser. Linda lui mit les mains à la taille, la souleva comme une plume et la balança très loin dans la piscine, avant de plonger pour la rejoindre. Comme la fois dernière avec Chloé, des applaudissements saluèrent cet intermède. Elles passèrent la nuit ensemble, et moi je m’endormis seule comme un loir. A deux heures du matin, mon portable sonna. Je sursautai.
« Allo ? C’est toi mon chat ? Tu vois je me sers de ton truc ! C’est vrai que ça marche ! Tu fais quoi ?
—Je dormais.
—A cette heure ci ? Tu es malade ?
—Non je suis à Montréal ! Ha oui, j’avais oublié (je n’en croyais rien).
—Tu n’es pas seule, je te dérange ?
—Non, pas du tout, je suis seule dans un lit pour quatre. Linda est dans la chambre à côté avec une belle petite mimie.
—Je ne te crois pas.
—Dommage. On devrait inventer le téléphone avec vidéo, tu pourrais vérifier !
—Tu sais bien que je ne suis pas jalouse. Je te laisse dormir. Bye mon chat » L’accueil du lendemain chez notre « client », fut aussi chaleureux que la fois dernière. Et le tutoiement qu’ils pratiquaient d’emblée me fit sourire. Ils étaient trois personnes pour nous recevoir, deux hommes et une femme qui se faisait appeler Diana. Ils furent très heureux que Linda soit du voyage, car la dernière fois, ils avaient réellement flashé sur ses photos. Le projet fut à leur goût. Ils ne demandèrent qu’une seule modification. Ils voulaient que Linda présente elle-même les sous vêtements et les maillots de bain.
« Linda sera sûrement très honorée de le faire répondis-je, (alors que l’intéressée se contentait de sourire). Mais ne croyez vous pas qu’il serait mieux de choisir une jeune femme aux formes plus évocatrices ?
—Nous n’avons sans doute pas les mêmes critères. Mais, figure-toi qu’hier soir, nous étions au restaurant de l’hôtel Caribbean. Tu n’as pas remarqué notre présence. Nous avons admiré ta jeune amie quand elle a eu la bonne idée de profiter du pool. Nous l’avons trouvée délicieusement belle, et visiblement nous n’étions pas les seuls, c’est la raison pour laquelle nous insistons. Et nous vous remercions, de nous avoir réservé cette surprise !
—C’est bien malgré nous, Linda s’est laissé entraîner par cette jeune femme de son âge avec laquelle elle a sympathisé. Quand on est aussi jeune, on peut se permettre bien des fantaisies.
—Tu as totalement raison. Mais nous n’avons pas été choqués, c’est souvent, dans cet hôtel, que des jolies femmes offrent leurs appas à la vue des clients. Nous sommes d’accord sur le principe. Miss Linda, tu seras la vedette de notre collection.
—J’en suis très flattée monsieur. » On poursuivit l’examen des détails de la proposition, et tout fut étudié avec soin. Les Québécois furent satisfaits, et le devis fut accepté. Diana nous proposa de se joindre à nous pour le repas du soir. Ses collègues plaisantèrent en la soupçonnant de vouloir plonger nue avec Linda. Ils ne se trompaient pas tellement, car Diana fit une cour assidue à ma chère Linda, qui s’en trouvait bien troublée. Diana était loin d’être désagréable, elle était plus âgée que moi, visiblement, mais ce n’était pas une tare !
« Qu’est-ce que je fais me glissa-t-elle à l’oreille ?
—Ce que tu veux ma poule !
—Ça me tente, tu prendras Victoria ?
—Oui, ne t’inquiète pas, sois heureuse. » A la fin du repas, alors que la conversation s’étirait un peu, c’est Linda qui proposa :
« Je dois monter à la chambre, tu m’accompagnes Diana ?
—Avec plaisir, je te suis. » Et voilà. Je restais encore un bon moment à mater les filles sur les bords du bassin, et c’est Victoria qui vint me tirer par la main.
« Tu n’as pas sommeil ?
—Pas vraiment, j’espère que toi non plus ? Linda nous fera faux bond.
—Oui, j’ai vu. Elle a raison, moi aussi j’ai le kick pour Diana, c’est une créature en amour. Sexée, bonne téteuse, elle a des totons superbes, et des foufounes…… hummm !! »



Chaque femme est aussi belle que Vénus et mérite qu’on la fête comme si elle était unique !



*avoir le kick : avoir le béguin
*créature : très jolie femme
*sexée : sexy
*téteuse : lécheuse, qui lèche
*totons : seins, tétons, mamelons
*foufounes : fesses

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Par eve anne
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