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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
sicut qui similis

 

 

 

 

Bonne Année



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Extraits

 

Rencontre en Forêt
carrefour11

J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
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Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
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Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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XLIII-Ombrages
 

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Il ne faut pas voir la réalité telle que je suis.
Paul Eluard 

                                         La tristesse qui s’était emparée de nous suite à l’intervention de Michèle s’estompa rapidement, et l’on passa notre dernière nuit de week end avec beaucoup d’amour et de tendresse. Marie-Noëlle avait encore une fois à venir, et la fois suivante, en principe, elle ne ferait que passer pour se rendre à Saint Maixent. Encore qu’elle avait posé une permission pour pouvoir passer quelques jours avec moi avant de rejoindre sa nouvelle affectation. Ce lundi matin, nous étions dans le train, et je lui parlai de l’appartement du Boulevard, que je me proposais d’acheter. Je guettai ses réactions, qui furent favorables mais sans plus. Je lui demandai si ça lui plairait d’habiter cet appartement que je me proposais de lui faire visiter vendredi prochain, dernier jour de l’option que j’avais prise sur cette acquisition. Elle répondit qu’habiter Paris n’était pas sa tasse de thé, et qu’elle préférait de loin avoir une maison en forêt de Compiègne. Voilà qui était clair. Et moi je saisis la balle au bond, et lui proposai de trouver cette maison « forestière », pour qu’elle y vive avec moi.
« Je te vois venir, tu cherches à me faire changer d’idée, pour que je ne parte pas à Nouméa. Mais je suis décidée à vivre cette expérience là, après nous aurons encore du temps devant nous.
—Je sais, mais mon seul espoir, c’est de vivre avec toi comme nous l’avons fait quelques temps « Résidence des Biches. » Je n’ai aucune autre ambition.
—Tu dis des bêtises mon chat. Tu as commencé une carrière qui s’annonce exceptionnelle. Tu seras très occupée, tu n’auras plus de temps à consacrer à mon petit cul, et nous nous lasserons.
—Même si je dois faire autre chose, c’est avec toi que je veux le faire.
—Sans avoir envie des autres femmes ? Je n’en crois rien. J’aurai toujours besoin de ma dose annuelle. Tu auras toi aussi des démangeaisons quand tu verras passer une noiraude, et si Luigi a envie de toi, tu ne sauras pas dire non. On a besoin d’être ensemble, c’est vrai, mais en laissant la porte ouverte. Alors pourquoi se précipiter. On verra bien comment les années nous changeront.
—Je sais que tu as raison. Tu as toujours raison. Mais ton voyage là bas avec cette nouvelle phobie de l’hélico, je ne vais pas en dormir. Dans un pays que tu ne connais pas, avec des habitants plus ou moins hostiles, J’ai peur c’est tout.
—Pour un chef de bataillon fraîchement galonné, tu ne devrais pas avoir peur.
—Je ne suis pas brave, c’est vrai, mais je pense que l’on a des choses plus agréables à faire.
—Non, mon chat, mon idée est d’aller là bas, et je ne changerai rien. C’est ma vie. C’est toi qui me l’as donnée. Sans toi, je n’aurai rien fait de bien.
—Et moi, j’attendrai tous les matins la nouvelle que tu t’es scratchée avec ton engin de merde !
—Je ne cours pas plus de risque dans un engin de merde que dans une BM merdique à 200 km/h sur l’autoroute.
—Je ne conduis jamais aussi vite que ça.
—Des fois bien plus, mais je n’ai pas peur. J’ai peur simplement pour ton permis. Regarde moi partir avec le sourire, pense à moi, aime moi. Même si tu dors entre les cuisses de Linda ou de Maud. Je sais comment tu es, et moi, je t’aime comme ça. D’ailleurs, tu as raison. On est très bien entre les cuisses de Linda.
—Mais encore mieux entre les tiennes.
—Tu seras d’autant plus heureuse de me retrouver. Pour en revenir à l’appartement de Paris, je pense que ça peut être un bon placement. Si tu loues les deux, tu paieras celui là, c’est un bon calcul, et pour t’envoyer en l’air, tu loues une chambre à l’hôtel d’à côté. Tu pourras mettre la note dans les frais généraux ! Puisque tu n’habites pas Paris !
—C’est une bonne idée. » Le soir, j’appelais la propriétaire pour lui confirmer que j’achetais l’appartement. Je reçus un appel de Rosine. Elle avait tout un après midi à m’offrir, proposition que je saisis avec plaisir. Nous irons au Sofitel, comme ça je verrai la petite sœur. Et le lendemain, je partis pour Düsseldorf. Je fus très bien reçue dans ce grand magasin de luxe. Elke Kellermann était une jolie femme entre quarante et cinquante, très grande, très altière, quelques tâches de rousseur sur le visage, qui lui faisaient comme un maquillage original. Elle avait une épaisse chevelure blonde qui se terminait par une grosse tresse, des yeux noisette, une dentition parfaite qu’elle découvrait largement au moindre sourire. Elle était en chemisier de soie blanche, comme le mien, qui laissait deviner une jolie poitrine, et une jupe légère qu’elle savait faire voler au moindre pas. Les jambes étaient jolies, fines et musclées, et les talons mi hauts. Elle avait une belle allure, il semblait aussi qu’elle ne baissait pas souvent les yeux. Des bagues à chaque doigt, des bracelets, un collier et des créoles, tout cela faisait beaucoup trop pour moi, qui ne portais jamais aucun bijou, excepté la chaine quelques fois.. Elle avait les ongles ras au vernis incolore. Voyant cela je baissais les yeux, et la chaine était là, pourquoi ne l’avais-je pas vue plus tôt ? Elle suivit mon regard et sourit. Avec quelques difficultés, elle me dit en français :
« C’est un souvenir de France » Elle me fit visiter son établissement qui était la maison mère d’une chaîne de magasins de vêtements féminins de luxe. Elle voulait maintenant se lancer dans la VPC pour une clientèle aisée, sur l’Allemagne, la France, La Suisse l’Italie et l’Autriche. Je remarquai effectivement que les modèles étaient très beaux, et de grande qualité. J’étais étonnée qu’elle se soit adressée à moi, je ne faisais pas partie des « grands » de la profession.  Qu’une société Allemande s’adresse à une PME française, cela ne se voyait que rarement, quand il n’était pas possible de faire autrement. Je lui posai la question, elle me répondit qu’en Allemagne, mes confrères n’avaient aucune originalité, Et que j’avais été recommandée par une amie que nous avions en commun. Mon esprit se mit à rechercher qui cela pouvait être, mais je ne trouvai pas. Je lui parlai longuement de mon agence, avec une documentation importante, et bien sûr une collection magnifique de photos des plus belles filles que l’on avait sous contrat. Une photo l’interpella, celle de Linda en Martiniquaise. Je souris de bonheur. Les filles de couleur étaient rarement appréciées en Allemagne, du moins dans ces milieux là.
« Elle vous plait ?
—Elle est très belle, très élégante.
La robe est de Lacroix . Elle s’appelle Linda, elle est mon associée. Elle n’a que 19 ans. 

—C’est une perle rare ! Elle pourrait faire partie des mannequins ?
—Elle le fait souvent, c’est elle qui a "inventé" les mannequins de couleur dans la VPC, et elle participe avec plaisir, elle est très coquette. Elle est sublime.

—Vous en parlez comme si elle était votre amie ? » Je ne répondis pas à cette question, je passais aux pages suivantes. Il me semblait qu’elle en savait plus sur moi qu’elle ne le laissait voir.
Elle me montra des « rushes » qui avaient été faits par une agence locale. C’était un travail très médiocre, sans aucune imagination. Un catalogue sans intérêt. Genre jouets de Noël. Complètement déphasé par rapport au luxe des marchandises.
« Il me semble que vos collections méritent beaucoup mieux effectivement. Et je lui fis voir le prototype de ce que je voulais faire pour Montréal. Elle parut enthousiasmée.
« Ça doit être horriblement cher !
—C’est un investissement qui sera productif. » Le fait de pouvoir compléter le catalogue par des présentations in vivo, avec le cas échéant les mêmes mannequins, était un atout majeur de ma stratégie. Je proposai également de faire un « lancement » du catalogue avec un défilé des plus beaux modèles, devant la presse. Et bientôt ces défilés seront disponibles sur CD, et à la limite réalisés sur demande dans des temps très courts. » Pour ce genre de travail, je n’avais pour l’instant pas de concurrence. Je passai la journée en sa compagnie. Nous avions juste grignoté un en-cas comme c’est la mode en Allemagne, le repas principal est celui du matin ou du soir. Elle me demanda dans quel hôtel je comptais descendre. Je lui dis que j’avais réservé à l’hôtel Nikko.
« C’est un excellent hôtel » me dit-elle. Puis je voyais qu’elle voulait ajouter quelque chose ;
« Au cas où vous seriez seule, j’aimerais vous offrir le dîner à votre hôtel ce soir, nous laisserons nos affaires, et nous parlerons d’autre chose ? Mais je ne veux surtout pas m’imposer. » Je voyais qu’elle était très attentive à l’effet que me procurait cette proposition. Je n’étais pas dupe bien sûr, et je la voyais venir de loin. Elle était jolie femme, très soignée, son parfum me plaisait, son look me plaisait, et elle n’avait pas cette attitude imbécile de supériorité qu’ont tous les hommes d’affaires allemands. Elle était visiblement à la tête d’une grosse entreprise, et elle restait modeste, et discrète. J’aimais beaucoup sa façon de porter son regard sur moi et sur les choses, elle était attentive à tous les détails, et surtout, je l’avais remarqué, au bouton « oublié » de mon chemisier. Le boutonnage des chemisiers de femme est à gauche. Ce qui fait qu’il faut se placer à gauche d’une femme si on veut profiter agréablement de quelques ouvertures du chemisier. Elke se plaçait systématiquement sur ma gauche, cela m’amusait de le remarquer. Bien sûr, elle m’avait "reconnue" aussi, elle n’était pas née de la dernière pluie. J’étais près d’elle, et elle me regardait dans les yeux attendant ma réponse. Son visage à cette seconde précise respirait la sincérité. Elle ne jouait pas, elle n’essayait pas de me tromper, elle vivait dans l’espoir que j’accepte sa proposition, rien de plus. Je lui souris, et je lui répondis que j’acceptai son invitation avec vraiment beaucoup de plaisir. L’éclair qu’elle eut dans les yeux me confirma sur l’idée qu’elle était heureuse de ma décision. Nous avions encore quelques points à régler pour que je puisse travailler sur son projet. Elle m’écouta avec attention, et je lui confirmai que dans la méthode que j’employais, nous aurions des contacts fréquents, à chaque degré d’avancement du projet, à Düsseldorf ou à Paris, comme elle le souhaitait.
« A Paris, bien entendu, je garde un si bon souvenir de France ! » Je la quittais, le temps de m’installer dans mes appartements, et qu’elle vienne me rejoindre à l’heure du repas. C’est vrai que cet hôtel gigantesque, avait quand même un confort absolument démentiel, encore plus impressionnant que le Caribbean de Montréal. Où j’allais retourner bientôt. Je savais exactement ce qui allait se passer. Et je fis en sorte de plaire à cette allemande très séduisante. Quand le téléphone sonna, on me prévint en Français qu’une personne m’attendait dans le hall. Je descendis toute pimpante. J’avais pris un bain parfumé, je m’étais maquillée juste un peu, je n’avais pas mis de soutien-gorge, et rien sous ma jupe. Ce qui était important, ce n’était pas qu’elle puisse voir sous ma jupe, c’était qu’elle se rende compte que j’étais disponible. J’avais laissé mes cheveux onduler sur mes épaules. Le chignon magique était toujours utilisé. Et mes cheveux étaient très longs. Arrivée dans le hall, je fus émerveillée, elle était particulièrement séduisante. Très légèrement maquillée, elle n’avait plus qu’un seul bijou, la chaine. Et comme j’avais la mienne, son sourire fut un élan de bonheur. Elle avait forcément vu que je ne portais aucune lingerie, et la chaine à la cheville lui disait que j’étais prête à l’accompagner. Nous eûmes du mal à nous constituer un menu léger. Ce n’était pas l’habitude. Après l’apéritif bien tassé, je me contentai d’un turbo grillé au bois de fenouil, un délice, et d’un sorbet de poire. Nous avions laissé nos affaires, et nous discutions de vacances, c’était l’époque. Je lui posai la question de savoir ce qu’il lui plaisait en France, et si elle y prenait ses vacances régulièrement ? D’après ce que j’avais compris, sa chaine était un souvenir de France ? Elle éclata rire.
« Je ne suis jamais allée en vacances en France, et je ne connais que Paris, et encore pas tellement. Mais si vous me servez de guide, tout peut changer !
—Mais votre chaine est un souvenir de France ?
—Oui, France est le nom que je donne à notre amie. Ce n’est pas son nom, mais comme ça je ne risque pas de dire des « imprudences » Je l’appelle France parce qu’elle est Française ! Et puis son nom est difficile à prononcer pour moi. C’est une journaliste de mode, qui est venue faire un article sur ma maison ! Je l’aime beaucoup, et elle m’a dit récemment qu’une seule femme était capable de faire ce que je voulais : Vous !
—Simone ?
—Oui, c’est elle. Elle est très amoureuse de vous, n’est ce pas ?
—Je crois que c’est plus que ça. Mais vous me troublez, c’est trop personnel, je ne sais que vous dire.
—Ne dites rien. Le fait qu’elle m’ait parlé de vous, nous dispense de beaucoup d’hésitations et de questions diverses.
—Elke, voulez vous que nous prenions le Champagne dans ma chambre ?
—Je crois que c’est une excellente idée. Ici, c’est bruyant, il y a trop de monde. » On prit la direction de l’ascenseur. Dans le mouvement, je fis sauter un bouton de plus à mon chemisier. Dans l’ascenseur, nous étions seules. Dix étages, on avait le temps ! Elle s’approcha de moi, et déposa un baiser entre mes seins.
« Je suis heureuse que tu sois venue. J’apprécie ta beauté latine. J’ai confiance en toi. Je n’ai jamais fait ça avec personne. Mais j’ai senti que tu étais libre. France m’a dit que tu étais sa plus belle amoureuse et qu’elle t’aimait à la folie.
—Je l’aime aussi. Simone est tout pour moi. Maintenant, je me souviens qu’elle a fait un voyage de plusieurs jours en Allemagne l’année dernière.
—Oui, je lui ai téléphoné la semaine passée pour lui dire que nous avions rendez vous. » Je débouchai le Champagne, nous avions tout notre temps, et puis Düsseldorf le soir, à part les boîtes de sexe aux néons fulgurants, il n’y avait pas grand-chose à voir. J’avais horreur de ces boites où les garçons se trémoussaient torses nus avec un pantalon et une casquette de cuir. Pédé pour pédé, je préférai Luigi ! On discuta encore un peu, je voyais la lumière de ses yeux changer. Je compris que je devais prendre les commandes. J’aimais ça, enlever un bouton, et voir ce qu’il y a derrière, est un plaisir intense. Je la déshabillai lentement, avec mille caresses et mille baisers. Elle se laissait faire avec beaucoup de plaisir. Quand elle fut nue, je la regardai avec étonnement. Son corps était une superbe sculpture. Une fine musculature dessinait ses formes avec douceur. Les seins avaient une santé resplendissante. Elle se colla contre moi. J’ouvris mon chemisier, elle se blottit entre mes seins. Après avoir respiré un long moment le creux de mes seins, elle se redressa et, en m’embrassant, me dévêtit à son tour. Je croyais que j’allais mener le jeu de séduction, mais avec une douceur infinie, elle s’empara de moi par petits attouchements successifs, qui me firent basculer dans un ciel de désirs exigeants. Nous étions encore debout, l’une contre l’autre, que déjà, j’étais au bord du plus violent des plaisirs. Puis allongées sur le lit, elle continua à décliner toutes les caresses les plus étonnantes ; je me laissai aller totalement à sa fantaisie. Où avait-elle appris ces caresses particulières qui faisaient réagir ensemble toutes les zones sensibles de mon corps ? Elle parvint à m’électriser totalement jusqu’à ce que tous les centimètres carrés de ma peau se transforment sous ses doigts en terminaisons érogènes les plus sensibles. Elle jouait parfaitement de la dualité de ses caresses, ce qui avait pour effet de désorienter complètement les sensations habituelles de mon plaisir. Cela me déclenchait des orgasmes soudains, par de simples caresses, qui pour la première fois m’entraînaient aussi loin. Était-elle une pro du plaisir féminin ? Avait-elle une culture érotique particulière ? Cette altérité remit en cause tout ce que je savais du plaisir, tout ce qu’une femme comme Simone m’avait appris. D’où lui venait cette connaissance si particulière ? Ce corps harmonieusement musclé, et ses talents érotiques laissaient deviner quelques spécialités asiatiques parfaitement maîtrisées. Avec mes pratiques plus conventionnelles, je la fis monter au ciel assez facilement, il me semblait même qu’il m’était plus facile de lui procurer le plaisir qu’à toutes autres, même les femmes que je connaissais bien. Nos amours durèrent, se calmèrent, reprirent plusieurs fois au cours de la nuit. Et le reste du temps, je m’endormais en la tenant dans mes bras, alors qu’elle me murmurait des mots à voix basse dans une langue absolument incompréhensible. Bien sûr, nous ne fumes pas en état de nous réveiller à une heure convenable, et ce fut juste un peu avant midi qu’on libéra la chambre. Je ne savais rien d’elle, d’autre qu’elle était d’une beauté originale, qu’elle pratiquait l’amour comme une geisha, et que j’avais vécu le paradis entre ses bras. Peut être sera-t-elle ma cliente, peut être aurons-nous la chance de recommencer de pareilles folies ? Je savais seulement que, Elke Kellermann, entrerait dans mon souvenir dans la sphère de Simone et de Maud. Peut être acceptera-t-elle de m’initier à son art ? Les quatre heures de route du retour furent entièrement habitées du sourire de la belle teutonne.
Le lendemain, j’allais à la boutique France Télécom, et je fis l’acquisition de mon premier téléphone portable, de marque Ericsson. En réalité, j’achetai deux forfaits et deux appareils, dont un serait mon cadeau de séparation d’avec Marie-Noëlle. Je savais qu’elle refuserait, estimant qu’une fois de plus, que je voulais la manipuler. Mais je ne voulais pas que l’on se quitte comme ça, comme la dernière fois, où nous sommes restées neuf mois sans nouvelles l’une de l’autre. Avec cet engin, on m’avait affirmé que l’on pouvait téléphoner de Nouméa sans problème. Puis je demandais à rencontrer Claudine. Il semblait que leur départ approchait, et je tenais absolument à passer une soirée avec eux, avant de les quitter. Pour le reste de mon temps, je préparais mes propositions, et je réfléchissais à une nouvelle structure de mon affaire, qui la mettrait à l’abri au cas où j’aurais un problème, de santé ou autre, une rencontre avec Christian par exemple. Non pas que je fasse tout le travail moi-même, mais j’avais les idées. Linda avait suffisamment de travail avec le planning, il fallait une personne capable de trouver les meilleurs sous-traitants, une personne au commercial, et bien sûr une personne en second pour diriger au cas où. Je mis Puce au courant de mes recherches, lui demandant de me refaire la liste des meilleurs éléments qui avaient travaillé avec Simone, je ne les connaissais pas tous.
Et je retrouvais Rosine le jeudi à quatorze heures au Sofitel d’Amiens. Je l’attendais en discutant avec la jeune sœur, Laurie. C’est vrai qu’elle était jolie, je dirais même gracieuse. Ses sourires, ses expressions, sa façon de parler et de vous regarder les yeux grand ouverts comme si vous étiez la Xème merveille du monde. Elle était fichtrement bien gaulée, et encore derrière son comptoir, je n’avais aucun moyen de voir le bas du corps. Mais c’est vrai qu’elle était tout à fait délicieuse. La ressemblance n’était pas frappante, avec Rosine qui venait d’arriver. Elle m’embrassa joyeusement :
« Ça y est vous avez fait connaissance ? Et tu veux encore de moi ? Mon dieu elle est aveugle. Donne moi la clef ma bichette, et que l’on ne nous dérange sous aucun prétexte. Sauf si tu veux venir jouer avec nous. » Et l’on monta par l’ascenseur sous l’œil amusé de Laurie. Bien sûr, on se jeta l’une contre l’autre tout de suite, et c’est seulement en fin d’après midi que je lui posai « mes questions ».
« Quoi de neuf dans ton usine ?
—Rien, Jocelyne fait la gueule depuis un moment déjà. A part ça rien de bien intéressant.
—Et ton travail te plait ?
—Rien de passionnant, mais il faut bien travailler !
—Et ton mari ?
—Je suis décidée, je vais divorcer, il me gêne, je ne peux vivre comme je le voudrais.
—Et tu voudrais vivre comment ?
—Autrement, avoir des responsabilités, faire des choses nouvelles, ailleurs, et rencontrer qui je veux !
—Et tu aimerais travailler à Paris ? Voyager ?
—Mon rêve. A Paris on vit deux fois mieux qu’ailleurs !
—C’est peut être un peu exagéré ?
—Oui, mais déjà quitter Amiens, ça serait le pied.
—Et si je te proposais de travailler avec moi à Paris ?
—Il faudrait déjà que je sache ce que tu fais !
—Je te laisse une plaquette de mon agence, et tu essaies de te libérer pour passer une journée avec moi.
—Tu as besoin d’une standardiste ?
—Non pas vraiment. Tu parles Anglais ? Tu as quelque chose contre les filles noires ?
—L’anglais, couramment, l’allemand pas trop mal, et l’arabe assez bien. J’ai fréquenté une libanaise deux ans. Les filles de couleur, bien sûr, Je les adore, j’ai fréquenté une créole aussi, quelques mois.
—Ben voilà ! Bon, tu viens me voir là bas ? Prévois ta journée.
—Ok c’est gentil. » On se séparait toujours avec tristesse de Rosine. D’Erosine pourrais-je dire ! J’aurais donné ma tête à couper que c’était une fille bien, et qu’elle pourrait être une recrue de choix. Je n’avouerai à personne quels étaient mes critères de sélection ! Le soir en arrivant, j’avais un message de Luigi. Je le rappelais.
« Bonsoir, je suis heureux que tu me rappelles. Je voulais te dire un truc, c’est peut être bête, mais j’ai rencontré un type qui est monté
« comme un âne bien monté ». Je n’ai jamais vu ça de ma vie de pédé. C’est absolument étonnant. Je voulais te le dire au cas ou..
—Je voudrais baiser avec lui ? Non Luigi, ça ne m’intéresse pas du tout. Tu sais très bien que si j’ai envie d’un homme, je t’appellerai, car tu satisfais amplement mes désirs. Les autres, super-mâles ou bêtes de cirque, je n’en ai rien à faire.
—Bon, c’est gentil de me le dire. La semaine prochaine, si tu veux une soirée super, je t’invite pour une omelette à la maison. Et puis on parlera.
—Hé bien voilà une soirée, appétissante, là je ne dis pas non. J’adore l’omelette. Nature ! Pas d’herbes pas de fromage, pas de jambon. Et j’amènerai le Juliénas !
—Très bien, tu me diras quand.
—Bonne nuit Luigi, fait de beaux rêves.
—Je rêve déjà. » Le lendemain, je pris rendez vous avec les Canadiens, je leur avais préparé un dossier en béton. Et je n’irai pas seule.
Et le soir, j’allais chercher mon cœur gare de Lyon. Et je me disais que bientôt, ce serait gare Montparnasse, si elle le voulait bien. C’était un quartier que je connaissais à peine. J’avais vu le film, Montparnasse 19 avec Gérard Philippe, Lilly Palmer et Anouck Aimée, il y a longtemps. Un film des années soixante, qui m’avait profondément marquée. Il devait y avoir aussi Stéphane Audran et Lino Ventura si je me souviens bien. Je me proposai de l’emmener au restaurant de la tour au 56 ème étage. Cette tour si violemment critiquée, comme tout ce qui est nouveau et réussi.
Je ne sais plus quel homme « célèbre », ou simplement célèbre pour avoir déclaré :
« De là-haut, on a la plus belle vue de Paris ! » (Parce que c’est le seul endroit de Paris d’ où on ne la voit pas.) Moi je la trouve jolie, en contradiction avec tous les autres qui la trouvent laide parce qu’isolée. Comme si les « rasca-cielos » se devaient d’être agglutinés ?
Je ne répondrai que par un sonnet de Baudelaire, (presque Parnassien) modifié eve anne (presque rien du tout), pardon Charles, que pourrais-je dire de mieux ?

"Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre
Je trône dans l’azur comme un sphinx incompris ;
Et je hais le mouvement qui déplace les lignes.
Les poètes, devant mes grandes attitudes,
Que j’ai l’air d’emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d’austères études ;
Car j’ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles "


« Le complexe de la prof de lettres » dirait Marie-No ! « Prof de lettres ratée » Ajouterais-je sans regrets.


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Suite 

tn Ombrages G 

tn Ombrages D 

 

Par eve anne
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