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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
sicut qui similis

 

 

 

 

Bonne Année



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Extraits

 

Rencontre en Forêt
carrefour11

J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
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Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
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Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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XXXIX-Ombrages
 

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 On transforme sa main en la mettant dans une autre.

Paul Eluard. 

                                             Dès le lundi, j’appelais Rosine. A priori elle était seule. Je lui demandai de me rappeler d’une cabine dès qu’elle le pourrait. Le soir, je l’avais au bout du fil. Toujours le même plaisir à entendre sa voix. Je lui proposai de venir dès qu’elle pouvait se libérer, si elle en avait envie. Elle me rappellerait pour convenir d’une rencontre. Le jeudi en fin d’après midi, elle pouvait être là, et bien sûr, ne pas rester trop longtemps.
Le soir, j’allais au « Domaine du bois d’Aucourt » là où j’avais retenu un lunch pour le quatrième anniversaire d’Axelle. Il fallait que j’aille déposer un acompte, je l’avais complètement oublié. J’aimais bien cet endroit, situé près de Pierrefonds, dans un parc superbe, très chic, je pensais à Simone qui allait être heureuse de découvrir ce château en pleine forêt. Je lui avais retenu une chambre dans cet établissement, je ne pourrais être avec elle, alors Maud, s’était « dévouée ». Moi, je voulais profiter de Marie-Noëlle, nos jours et nos nuits ensemble étaient comptés. Le Commandant Ducrocq lui avait accordé deux jours de permission exceptionnelle pour la fin de son chantier à Dijon. Après elle devait rejoindre Istres, et de là, partir pour Saint Maixent. Heureusement, le chemin Istres St Maixent passait par Paris.
Avant l’anniversaire, nous avions encore un week end à passer ensemble, au cours duquel elle voulait rencontrer Luigi et son copain. Elle voulait être seule pour ça. C’est dommage, j’aurais bien voulu la voir faire l’amour avec deux hommes. Je supposais que sa beauté s’en trouverait multipliée. Je lui avais demandé si avant de partir elle voulait rencontrer une autre femme, Maud, Linda, ou Rosine, pourquoi pas, mais sa réponse fut sans équivoque,
« Non »!
Seule Patricia me laissait sans nouvelles.
Rosine arriva à l’heure pile comme à son habitude, belle, très belle. Sous-pull col roulé blanc, à bras nus, seins libres dessous. Un médaillon au bout d’une chaine, séparait les seins et leur donnait tout leur volume. Les cheveux courts, son Jeans, ses santiags, et son gros ceinturon. A croire qu’elle voulait à tout prix se montrer à qui saurait comprendre. Quelle joie de la retrouver. La beauté alliée à la simplicité. La bonne humeur, l’aisance dans le geste et les attitudes. Une jeune femme heureuse de vivre, de se sentir belle, et de recevoir les regards des autres comme des cadeaux mérités. Je pensais que j’étais stupide, une jolie femme comme elle dans mes relations, et ne pas en « user » davantage.
Arrivées dans l’appartement, je n’avais pas encore fermé la porte et tiré les rideaux, qu’elle était déjà nue dans la salle de bain. Quelle santé cette fille, sûrement l’une des plus douées que je n’ai jamais connues. Elle fut à la fois amoureuse, douce et inventive. Elle me laissa quand même profiter un peu de ses appas, il n’y avait rien à jeter. Et je ne jetais rien. Le temps nous était compté, et ce fut bien dommage. Elle était de celles avec qui on aimait s’endormir après l’amour. Elle devait rentrer à l’heure cette fois, et c’est en se rhabillant qu’elle me raconta comment elle « savait ».
« Michèle est venu voir Jocelyne. Elle m’a demandé de lui réserver une chambre au Carlton. Pas de chance, c’était complet. Alors elle m’a demandé de trouver un autre hôtel qui soit assez confortable. Et moi, j’ai appelé le Sofitel, parce que ma sœur y travaille, elle est à la réception. Et c’est ma sœur qui m’a raconté, que Michèle avait pris possession de sa chambre en début d’après midi, et que, peu après, une femme est venue la demander. Elle est montée dans sa chambre. A la description qu’elle m’en a faite, il ne pouvait y avoir de doute, puisque je l’avais vue partir. Et ma sœur l’a vue repartir. Son visage trahissait les folies auxquelles elle s’était livrée !
—Tu ne m’avais pas dit que tu avais une sœur. Est elle aussi jolie que toi ?
— Je la trouve plus jolie. Elle a deux ans de moins. On s’aime à la folie. Aime-t-elle aussi les femmes ?
—Oui, encore plus que moi, et elle est célibataire ! Mais je ne te donnerai pas ses coordonnées.
—Deux sœurs lesbiennes, c’est assez rare.
—Je ne sais pas, toute notre jeunesse, nous avons fait l’amour ensemble, personne n’en a jamais rien su, tu es la première à qui je le dis. La première fois où je lui ai mangé le minou, elle avait douze ans, et moi quatorze.
—C’est une belle histoire. Ça ne risquait pas de m’arriver avec ma sœur. Maintenant que je sais qu’elle est à la réception du Sofitel, je vais pouvoir faire sa connaissance.
—Si tu veux, après tout, elle sera contente. Avec combien de femmes fais tu l’amour ?
—Je n’ai pas compté. Six ou sept ou plus.. Avec celles qui me plaisent. J’aime les amours de rencontre. Je connais bien les femmes, je les comprends, et ce que je ne peux comprendre, je le devine. J’aime la femme, c’est ma nature.
—Et les hommes ?
—Je n’ai qu’une seule expérience de longue durée. J’ai un amant occasionnel. Un baiseur plutôt. J’aime beaucoup les sensations ressenties avec un homme. Mais à choisir, c’est toi que je préfère.
—C’est gentil. Je me suis mariée, mais cela ne m’apporte rien. Je suis déçue, j’hésite à divorcer.
—Il sait que tu aimes les femmes ?
—Non, je ne crois pas,
—Alors sauve-toi avant qu’il le sache. »
J’appelai Patricia. Elle nageait dans le bonheur. Elle avait rencontré la femme de sa vie, et elles vivaient ensemble. Je lui demandai de passer me voir en tant que médecin. L’homosexualité éventuelle de Christian me travaillait trop.
Mon agence marchait fort. Nous n’avions jamais si bien travaillé. Je gagnais beaucoup d’argent. Je me rendis à l’agence XXX, qui est l'une des plus importantes de Paris. C’est vrai que c’était impressionnant: de très belles filles, de très beaux locaux, et un personnel considérable. C’était une véritable ruche. Mais de mon œil affûté, je détectai qu’au moins la moitié des gens ne fichaient rien. Il y avait des petits groupes partout, et ça discutait à qui-mieux-mieux. Le matériel de photo, de vidéo, d’éclairage et d’informatique me parut dernier cri. Mais l’impression générale me laissa un arrière goût de désordre. Alors que chez moi, c’était le travail consciencieux, dans le silence et la productivité. De plus, la tenue des hommes sentait le laisser aller, et les femmes faisaient la gueule. Aucun regard, aucun sourire de politesse, on avait l’impression d’être un courant d’air. Accompagnée de Linda, j’étais invisible, ce qui était quand même un curieux. Je remarquai aussi qu’au milieu de cette centaine ou plus d’employés, il n’y en avait aucun, homme ou femme qui fut un peu coloré. En plus, comble de l’horreur : les poubelles près des machines à café débordantes de gobelets, et le sol tâché tout autour. Le directeur semblait très fier de tout cela, j’étais horrifiée. Pour moi, une entreprise était comme une personne, la première qualité était la propreté, et la seconde l’efficacité. Et là, il n’y avait rien. Si j’avais été cliente, je me serais sauvée en courant. Le directeur, très grand seigneur voulut me convaincre qu’il n’y avait aucun avenir pour une petite structure comme la mienne, et que je devais au plus vite rejoindre les grandes sociétés, sous entendu la sienne. Je lui appris que j’avais signé un très gros contrat qui m’engageait pour plusieurs années, et que j’étais sur le point d’en signer un second, ce qui multiplierait par trois mon chiffre d’affaires. Je crus qu’il allait défaillir.
« Mais serez vous capable d’honorer ces contrats ?
—Certainement, mon métier, ce n’est pas la mode, c’est l’organisation. Alors, faites moi confiance, je saurai faire face. » Et l’on en resta là.
Le second marché, n’était pour l’instant qu’une consultation. Elle était d’origine Allemande, et le courrier de sollicitation était signé : Elke Kellermann. Rien que cela, m’avait fait « Tilt »
Je rentrai pour trouver un message de Luigi. Je le rappelais, et il me confirma sa disponibilité pour rencontrer Marie-No, avec Armand, le garçon que je connaissais. Il précisa qu’il avait été agréablement surpris de ma demande, et qu’il saurait s’en souvenir. Moi, j’espérais simplement faire plaisir à Marie-Noëlle. Je savais qu’elle avait quelques fois des envies d’homme, je le comprenais très bien, et je souhaitais simplement que l’on puisse en parler à cœur ouvert. Et puis, ces garçons étaient très beaux et très courtois, elle ne risquait rien. Cela se passerait samedi après midi, chez moi. Je ne sais pas comment je pourrais occuper mon esprit durant ce temps. Le matin, nous irons faire une balade à vélo. Histoire de ne pas perdre les bonnes habitudes. Et l’après midi, je me ferai un petit lèche vitrine, ça me changera ! Ou j’irai en forêt avec ma fille, jeter des cailloux dans l’eau. Je me rappelai mon horrible conduite la première fois que Marie-No rencontra Jean-Marc chez moi. Je prierai sainte Valentine pour que de tels réflexes me soient épargnés cette fois-ci.
Quand Marie-No revint pour le week end, je la sentis extrêmement préoccupée. Je décidai de ne pas la brusquer. Je lui proposai comme à chaque fois une sortie, et à chaque fois elle préférait rester à la maison, et faire l’amour dès que la fille était endormie. Moi j’adorais que ça se passe comme ça. Puis finalement, vers minuit, elle se décida à dire ce qui la tourmentait :
« Pour demain, j’ai un peu peur. Rencontrer deux hommes que je ne connais pas, sans savoir s’ils vont me donner envie ou pas, je ne sais vraiment pas quoi faire.
—On peut appeler Luigi pour décommander ? Ou bien le rencontrer et remettre à plus tard ?
—Non, ce n’est pas ça. Je préfèrerai que tu sois là, et je préfèrerai que tu ne sois pas là. J’hésite.
—Tu choisis mon cœur, moi j’aimerais te regarder faire l’amour. Je ne t’ai jamais vue faire l’amour avec un homme.
—C’est réciproque.
—Mais je ferai ce que tu as envie.
—Ce dont j’ai envie, c’est que vous me fassiez l’amour à trois. Les deux garçons et toi. Mais je ne souhaite pas que l’on fasse l’amour à quatre tu comprends ?
—Je comprends parfaitement. Je ferai comme tu voudras. » Je comprenais surtout qu’elle faisait ressortir un désir qu’elle devait avoir eu lorsque nous étions mariées. Je le devine facilement puisque cela m’avait effleuré l’esprit. Pas la partouse classique, où tout le monde baise avec tout le monde, mais deux couples, où trois personnes aimeraient la quatrième. J’avais éludé ce fantasme, car il me semblait impossible de demander cela à nos maris. Mais avec Luigi et Armand, c’était différent. Nous n’avions pas de liens affectifs, et comme ils étaient homo, ils ne craignaient ni le spectacle de leur nudité, ni les attouchements éventuels. Nous allions réinventer notre façon d’aimer les hommes. Je présumais que pour réussir cette rencontre, il fallait savoir s’arrêter au choix de la personne à aimer, et pas faire ça à tour de rôle, au cours de la même séance ; ce qui serait pourtant possible avec des garçons ayant de fortes possibilités. On s’endormit tard, c'est-à-dire quand on eut épuisé tous nos retards d’amours et de tendresse. Le lendemain, la balade à vélo fut décontractée, mais nous fîmes quand même quatre-vingt-dix kilomètres. Mon père vint avec nous, mais je le trouvai de plus en plus taciturne. Dire qu’il me cachait des choses, sûrement. Visiblement, il n’avait pas envie d’en parler. Je pensais que cela concernait ma mère, que je voyais de plus en plus rarement. Si je n’allais pas lui conduire Axelle, elle ne viendrait jamais la voir. Je pensais que Radio Madrid fonctionnait à fond.
J’avais discrètement téléphoné à Luigi. Il accepta bien sûr ma proposition. Il semblait qu’avec ce garçon, il n’y avait jamais de problème, il était toujours d’accord sur tout, avec le sourire. Exactement comme Christian … au début. J’étais très heureuse de savoir que je n’abandonnerais pas Marie-Noëlle aux mains des garçons, et que je lui apporterai confiance et amour durant cette curieuse expérience. J’étais aussi rassurée de ne pas risquer de sombrer dans ce cafard destructif que j’avais connu. Je connaissais les deux hommes, et j’étais sûre que l’on passerait un excellent moment. J’avais prévenu Luigi que Marie-No était une blonde super belle, et il en était tout émoustillé.
 Alors que nos complices allaient arriver, on prenait le soleil sur la terrasse. C’était un peu couvert, ce qui nous évitait la canicule. Marie no était légèrement vêtue, une simple robe assez ordinaire, et rien dessous, mais un rien la rendait belle comme une princesse. Le sourire par-dessus tout ça, est le tableau était parfait. Prenez un shaker : mettez dedans un tiers de Bardot, un tiers de Basinger, un tiers de Schiffer. Vous agitez un petit peu, et vous servez. Vous avez un soupçon de Marie-No dans toute sa splendeur avec les yeux de Brigitte Lahaye. J’en étais là de mes comparaisons quand la sonnette retentit. J’actionnai la gâche électrique
« Quatrième N° 24 » Et je conseillai à Marie-No d’aller leur ouvrir la porte. Moi je n’étais que spectatrice. Mais je vis tout de suite au sourire de Luigi et à celui de Marie-No qu’instantanément le courant était passé. On s’installa au salon, on déboucha une bouteille de Champagne. Luigi était assis très près de Marie-No, et Armand s’était placé en face. La robe de Marie-No, déboutonnée par devant, était largement ouverte et le jeune homme se rinçait l’œil dans l’entrejambe à peine dissimulé. Je le voyais qui fixait l’ouverture de la robe, et j’espérais qu’il n’éjaculât pas avant de commencer. Luigi avait entrepris une conversation qui se déroulait sur un ton un peu précieux, et je voyais Marie-No lui répondre en souriant. Puis il s’approcha et l’embrassa. Marie-No loin de se dérober, passa le bras autour de son cou et s’abandonna à ce baiser langoureux. L’autre garçon s’était approché, et agenouillé entre les genoux, il commença une progression par petits baisers successifs, sur l’intérieur des cuisses de la belle amoureuse. Je déboutonnai la robe, et je commençai à lui caresser un sein, tandis que Luigi s’intéressait à l’autre. Armand dévorait fébrilement les lèvres béantes. Cela dura un bon moment, et Marie-No se leva, prit la main de Luigi  et celle d'Armand et les entraîna vers le lit. Tout se passa ensuite comme je l’avais demandé, les garçons ne se touchaient pas, ne me touchaient pas, et ne s’intéressaient qu’à Marie-No, comme moi, et on lui fit l’amour sans se gêner, sans oublier une seule parcelle de son corps, avec le souci de lui apporter le maximum de plaisir. Marie-No était bien entrée dans le jeu, elle était décontractée, elle se laissait aimer, et ses orgasmes se succédaient de plus en plus vite. Elle demanda grâce quand elle ne put trouver le moindre ressort, pour continuer. Elle était en nage, complètement épuisée, à bout de souffle, elle me regardait avec des yeux chargés d’amour. Luigi était encore en elle, apparemment en pleine forme, prêt à repartir à la moindre sollicitation. Je me suis approchée, et je lui ai présenté mon sein à sucer, elle l’a pris avec avidité, et cela sembla lui donner un nouveau sursaut de forces. Elle se dégagea de Luigi, prit son sexe en gorge profonde, et l’emmena au bout de ses possibilités. Elle n’en perdit pas une goutte, et se saisit du sexe d’Armand, et de la même façon l’emmena au plaisir suprême. Après avoir consommé ces deux merveilleuses fellations, elle rendit les armes et sembla tomber dans le coma. Je regardai machinalement la pendulette sur la table de nuit, nous avions mis deux heures et demie pour la mettre hors de combat. Quand elle reprit ses esprits, elle se leva, et alla embrasser les garçons, et moi en dernier. Puis elle se dirigea vers la salle de bain. Luigi s’était assis dans le salon, et toujours nue, je remplissais son verre. Luigi regardait mes seins, et je vis que son sexe commençait à relever la tête.
« Non Luigi, pas aujourd’hui. Mais quand tu voudras. Vous avez été supers. » Et c’est vrai qu’il méritait une récompense, et moi aussi, pour avoir résisté au spectacle de ces corps amoureux. Je passais dans la salle de bain, Marie-No s’était fait couler un bain, et elle avait fermé les yeux. Les garçons mobilisèrent la douche. Quand ils furent partis, je me glissai dans le bain de Marie-No. Elle sembla se réveiller, et d’une voix suave, elle me dit :
« Vivement ce soir qu’on se couche, ça m’a donné des idées tout ça ! Le soir, nous sommes allées en ville, avec Maud et Axelle. Maud n’était pas au courant bien sûr de notre sieste crapuleuse. Elle fut très agréable, s’occupa bien de la fille, ce qui nous permit de nous frotter un peu, histoire de s’échauffer pour la soirée. Et quand devant la porte de l’immeuble Maud s’approcha pour nous embrasser, c’est Marie-No qui s’étonna.
« Et bien Maud, tu ne restes pas avec nous ? » L’air étonné de Maud valait le déplacement.
« Bien sûr que si ! Je préviens chez moi. »
« Allo ? Oui, c’est moi mon chéri. Ne t’inquiète pas, je passe la soirée avec eve anne et Marie-Noëlle.
—Mais dis donc, tu ne te refuses rien !
—Elles me l’ont proposé si gentiment, que je n’ai pas pu refuser.
—Ne fais pas de folie. Tu n’as plus vingt ans.
—N’aie crainte, je serai bien soignée.
—Passe un bon moment ma chérie. »
« Voilà un homme comme il faut.
—Oui, en plus, il ne me demande jamais de raconter. » Maud nous quitta à deux heures et demie du matin. Je l’ai raccompagnée à sa voiture. Quand je retrouvai Marie-No, elle me dit sans rire.
« Allez viens, dépêche- toi, depuis que j’en ai envie ! » Heureusement qu’il y a la semaine pour se reposer, les week end étaient vraiment trop épuisants. Le lendemain avant de la quitter, elle me murmura au creux de l’oreille :
« C’était formidable de faire l’amour avec ces deux mecs là. Jamais un garçon ne m’avait fait jouir comme ça. Mais, heureusement qu’il n’y a pas que ça, n’est ce pas mon chat ? Crois tu que Maud a été contente ? Je la trouve drôlement belle cette femme. Elle me fait bander comme une folle.
—Moi aussi, et j’adore sa compagnie. C’est une fréquentation enrichissante. Et je suis certaine qu’elle rêve de toi toutes les nuits.
—Tu crois ? alors pourquoi ne me le dit-elle jamais ?
—Par discrétion. Tu peux l’appeler si tu veux lui dire que tu l’aimes, elle sera très heureuse.
—Tu as raison, je le ferai dès demain.
—C’est bien mon cœur. Il faut toujours dire aux femmes qu’on les aime, c’est le plus beau cadeau que l’on peut faire.
La semaine, je la passais à travailler le plus sérieusement possible. C’est durant la pause de midi que l’on se rencontrait avec Linda. Ça ne durait pas longtemps, mais c’était suffisant pour s’aimer, sans entacher nos possibilités de travail. Pour ne pas rentrer trop tard à la maison, j’emmenais souvent Linda. Elle adorait ça, embrasser la petite, et dormir avec moi. Quelques fois, elle passait la nuit avec Maud, dans la maison des avenues. Il me fallait absolument satisfaire les appétits de Linda, c’était une mangeuse de minous, et si je ne la rassasiais pas, elle me quitterait, et ça serait une catastrophe. En plus, je l’aimais vraiment, et j’en serais meurtrie. C’est le mercredi, si je m’en souviens bien que je reçus ce coup de fil, alors que je regardais la télé, un dessin animé totalement débile qui amusait beaucoup la petite :
« Bonsoir eve anne, c’est Michèle !
—Bonsoir Michèle, quelle amoureuse surprise ! Comment vas-tu ?
—Je vais très bien, je pense à toi, alors tout va bien.
—Toi, tu as quelque chose à me demander.
—Exactement, comment as-tu deviné ?
—Comme ça, une intuition. Je t’écoute mon cœur.
—Dimanche vous fêtez l’anniversaire d’Axelle au Domaine à Pierrefonds ?
—Oui c’est exact.
—Tu te souviens quand nous y sommes allées ?
—Evidemment que je m’en souviens.
—Alors voilà, je voudrais pouvoir venir apporter un cadeau à Axelle.
—Mais depuis quand faut il demander la permission pour se voir ? La dernière fois, j’ai failli en mourir, ça ne peut pas être pire ? Axelle sera heureuse, et moi aussi, sûrement. Et puis ma maman aura quelqu’un pour parler. Je doute qu’avec ma sœur, ça soit le grand amour ?
—Non, pas vraiment. Je pose la question parce que toutes tes femmes seront là, et je ne voudrais pas créer de problèmes.
—Il n’y a aucun risque. Surtout que les tiennes seront là aussi.
—Que veux-tu dire ?
—Jocelyne sera là. Maud aussi.
—Parce que tu sais ça toi ?
—Oui, je le sais.
—Et comment ?
—Je l’ai deviné, je t’expliquerai.
—eve anne ?
—Oui, ne dis rien, j’ai tout compris.
—Alors c’est bien.
—Je serai avec Marie-Noëlle. Tu ne la connais pas ?
—Non, il parait que c’est une merveille.
—C’est plus que ça. Je voulais te dire que je ne la quitterai pas. La rendre triste est au-dessus de mes forces.
—Je ne te le demande pas non plus. Je serai heureuse de la rencontrer. Ton divorce ?
—Ça suit son cours.
—Parfait, alors à dimanche. Tu veux que je m’habille en fille ou en mec ?
—Comme tu veux. Fais-moi la surprise. De toute façon tu te dois d’être très belle, et ne rien porter dessous.
—J’essaierai. Je t’embrasse.
—Moi aussi . » J’allais la retrouver..


« …sans autre lumière que celle brûlant dans mon cœur * »




* Saint Jean de la Croix, religieux et poète espagnol.

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Par eve anne
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