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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
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Bonne Année



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Extraits

 

Rencontre en Forêt
carrefour11

J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
Laurent (4)

Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
tn Manon (101)

Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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XLVI-Ombrages
 

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-- Une femme jeune, grande et belle
en robe noire très décolletée.

Paul Eluard
 


                                    «Elle s’appelle Claudie. Aurais-tu l’intention de l’embaucher ?
—Peut être. Si je me souviens bien, elle est très jolie et visiblement intelligente !
—Oui.
—Tu n’as pas l’air convaincue ?
—Elle a sûrement retrouvé du boulot. Elle est peut être mariée !
—Arrête de me dire ce que tu ne veux pas dire. Donne-moi son numéro.
—Je peux te l’appeler si tu préfères, quand veux tu la voir ?
—Tout de suite. Ça n’a pas l’air de t’emballer. Dis-moi, si quelque chose ne va pas !
—Ce sont ses affaires, elle te le dira. » S’il y bien quelque chose dont j’avais horreur, c’est ce genre de discussion. Puce me dit avoir retrouvé ses coordonnées, et Claudie fut d’accord pour me rencontrer le lendemain à onze heures. Quand elle arriva, je ressentis un gros choc. Pas celui de ma vie mais presque. Claudie était sublime. D’une allure vraiment exceptionnelle. Marie-No en brune. Souriante, décontractée, vêtue légèrement, d’une robe noire courte, moulante, au décolleté démentiel. Tous ses appas étaient en vitrine. Elle connaissait mon point faible visiblement.
«Bonjour Claudie, très heureuse de te revoir. Mes compliments, tu es resplendissante. A te regarder, je me sens en apnée !
—Bonjour eve anne. Respire, ça passera ! Je t’appelle eve anne ou cocotte ?
—eve anne, je préfère, faute de mieux. Comment vas-tu ?
—Très bien comme tu vois, mais tu as des choses à me dire je présume ?
—Ok, je peux aller droit au but si tu es pressée !
—Pas spécialement, mais j’ai l’impression de me trouver à un entretien d’embauche, alors que je n’ai rien demandé.
—Tu as raison. Sortons, allons nous mettre à une terrasse, il fait soleil !
—Et tu pourras mater les nanas ! Non ? Ça t’a passé ? » Je n’aimais pas le ton qu’elle donnait à notre entrevue, je ne voyais pas où elle voulait en venir. Nous sortîmes sur le trottoir, et on se dirigea lentement vers le bistrot qui se trouvait à cent ou deux cents mètres de là. On s’installa à la terrasse.
« Tu as raison, je mate toujours les filles, je n’ai pas encore trouvé de distraction plus agréable.
—Et à ton âge, tu n’as pas besoin de lunettes ?
—Je mets des lunettes pour lire, j’ai trente quatre ans, j’ai encore l’âge de regarder les filles.
—C’est rassurant. Mais tu ne me regardes pas. Mes seins ne t’intéressent pas ?mes jambes non plus? Tu m’as demandé de venir te voir pour me proposer un poste ? C’est bien ça ?
—Oui, c’est ça !
—S’il n’y a que ça, je ne suis pas intéressée !
—Alors pourquoi es tu venue ?
—Pour te dire ce que j’ai sur le cœur.
—Qu’as-tu à me reprocher ?
—Nous avons souvent travaillé ensemble, on a souvent pris nos repas ensemble, on s’est croisées presque tous les jours, on se souriait, j’étais comme toutes les filles, amoureuse de toi, et tu m’as toujours ignorée. Je me faisais belle, je me faisais des décolletés déments, j’étais en minijupe, je frôlais ta main, je portais ton parfum. Et toi tu n’avais d’yeux que pour Simone. Forcément, c’était la patronne. D’ailleurs tu as réussi, tu as obtenu une superbe promotion, sans doute que tu l’as bien baisée. Tu sais, nous y sommes toutes passées, entre les cuisses de Simone, mais aucune n’a réussi comme toi. Tu dois être un bon coup. Alors voilà, aujourd’hui, le besoin m’a quittée. Tu continueras à te passer de moi, et le monde ne cessera pas de tourner pour autant. Je pense que les nanas que tu as méprisées se rebelleront un jour. L’une d’elles te chipera ta belle blonde, et tu ne l’auras pas volé. Voilà eve anne chérie quelle est ma réponse. Même pour une fortune, je ne veux plus te voir.
—L’avantage de la franchise, même si ce n’est pas la vérité. C’est vrai que l’on s’entendait bien. Mais toutes les filles ne sont pas lesbiennes, et je n’ai jamais pensé que tu l’étais. Les filles qui ont envie de moi, je les détecte à tous les coups. Tu serais bien la première à être différente. Et je n’ai jamais dragué une fille que je ne sentais pas disponible. Si je ne l’ai pas senti, c’est que tu n’en n’avais sentimentalement aucune envie. Si tu voulais coucher avec moi, je suppose que c’était pour montrer aux autres, ton pouvoir de séduction, ou bien que tu avais chipé la nana de la patronne. Ça, je ne pouvais pas le deviner, je ne détecte que les sentiments, quand le courant passe. Et pour que le courant passe, il faut être connecté aux deux extrémités.
—Tu vois que tu n’as pas la science infuse. Bon, tu m’offres à déjeuner, que je ne sois pas venue pour rien. ?
—Une soupe à la grimace ?
—Non, je ne suis pas méchante, je ne suis pas hargneuse, tout cela est du passé. Tu vois, je te souris, je te caresse la main, je te regarde dans les yeux que j’ai tant aimés. Je te trouve toujours aussi plaisante, mais tu n’as plus cette allure jeune et dynamique qui faisait ton charme. Ta blondinette a du te fatiguer.
—Laisse ma blondinette où elle est. Elle te trouvait jolie, mais ne t’a pas sentie disponible non plus. On déjeune, si tu veux, et je retourne au bureau. J’ai été heureuse de te revoir. Tu es vraiment très belle. J’espère que tu seras candidate à Miss France.
—Tu te caresseras en pensant à moi. Tu verras, ça te fera un bien immense.
—Ne sois pas vulgaire, laisse moi un bon souvenir.
—Et que voulais-tu me proposer comme job ? Vider les poubelles ?
—D’être mon adjointe. Tu étais l’adjointe de Simone. Tu aurais assuré la direction de l’agence, car j’aurai de plus en plus besoin de voyager.
—Rien que ça ? Arrête de te moquer de moi. Je ne veux pas d’un job minable, dans une boîte de quat’ sous.
—Comme tu voudras. Si tu en as un plus lucratif, garde le.
—J’aurais aimé faire l’amour avec toi. Je t’ai tout dit. Je ne serai pas ton double. Je reste une femme libre que tu peux aimer. Si tu me disais « viens » je te suivrais sans hésiter. L’amour débarrassé de toutes les servitudes. Mais je vois que ce n’est pas à l’ordre du jour.
—Ni des autres jours.
Excuse moi, je n’ai plus faim. Désolée de t’avoir dérangée. » Et je rejoignis mon bureau. Puce guettait mon retour. Je la vis détourner la tête.
« Pourquoi ne m’as-tu rien dit ?
—Je n’ai pas eu le courage.
—Mais enfin, que s’est-il passé ? Comment es-tu au courant ?
—Tout le monde était au courant. Claudie passait pour être la plus jolie fille du journal. Elle était la préférée de Simone, et bien sûr sa maîtresse. Elle était persuadée que tu lui mangerais dans la main. Elle a été mortifiée de ton désintérêt pour elle.
—Conneries. Des histoires de gamines. Comme si on avait que ça à faire.
—Tu as raison. Tu en trouveras une autre.
—Non!  C’est celle là, que je voulais !
—Tu en aurais fait ta maîtresse ?
—On passe à autre chose tu veux ? » La semaine se terminait. Elle se terminait mal. Demain on prenait l’avion pour Ibiza. J’avais besoin d’être nue au soleil et de fermer les yeux. J’aurais ma titine à côté, et Maud de l’autre. Le paradis moins une.
Une qui faisait quoi en ce moment ? Des ronds en l’air avec son tas de ferraille? Est-ce qu’elle pensait à moi entre deux nuages ? Non, même pas. Elle me préférait son azimut et son niveau d’huile.
Finalement, je me donne un mal fou pour être aimée, et je reste seule comme une conne.
Il n’y a que Maud qui ne demande rien en échange. Elle a un cœur gros comme une montagne. Et dans cette montagne, il y a un refuge où je me plais, et où je voudrais être, là, tout de suite. J’ai tellement envie de pleurer. A force de me laisser, je deviendrai peut être comme Michèle, un cactus dans la Sierra.
Et quand j’en serai là, on me reprochera d’être insensible aux autres.
Mon portable se mit à sonner. Super cet engin, mais avant, je n’étais pas dérangée toutes les cinq minutes. C’était Claudine ? Ouf, j’étais contente de reconnaître sa voix.
« Oui Claudine, ça va bien ?
—Oui, je vais bien, tu ne peux pas savoir le bien que tu m’as apporté. Je te téléphone plus tôt que prévu, parce que j’ai peur que tu changes d’avis.
—Il n’y a pas de raison, je t’ai proposé ce travail en toute connaissance de cause. Je suis sûre que tu réussiras. Hubert est satisfait ?
—Oui, il est soulagé que je sois heureuse, parce qu’il sentait bien qu’il n’avait pas grand-chose à m’offrir.
—Claudine, cet homme là t’aime réellement, que peut-il te donner de plus ?
—Tu as raison. Tu pars en vacances ?
—Demain, nous allons à Ibiza !
—Je te souhaite de bonnes vacances. Marie-No t’accompagne ?
—Non, j’y vais avec ma fille et avec Maud.
—Maud, ta belle mère ?
—Oui, ma belle mère,…Aussi.
—Oui, je comprends eve anne. Surtout, essaie d’être heureuse, et embrasse Axelle.
—Merci, à bientôt Claudine. »
Oui, j’y allais avec ma belle mère. Je n’avais plus de femme. Je reprenais la route. Il y a des jours comme ça. Arrivant chez moi, il y avait Maud avec Axelle et Eliande. Elles jouaient toutes les trois aux petits chevaux. Sur la table, il y avait un magnifique bouquet tout emballé avec des œillets rouges et une carte. Je me précipitai, la carte était de Luigi. « Bonnes vacances Belle Amie » Je m’effondrais en pleurant. J’avais cru…

Il ne faut pas longtemps pour aller à Ibiza en avion, on se dit qu’on devrait y venir plus souvent. Pour quoi y faire grands dieux ? On se fit conduire dans un taxi pourri à l’hôtel « Los Molinos » Un superbe endroit avec une plage privée et une magnifique piscine. Un peu loin de la ville, mais la ville la nuit, n’était pas vraiment ce qui nous intéressait. Et le port de plaisance, là où sont les yachts des milliardaires dégage une odeur absolument pestilentielle. A croire que les toilettes de ces « pauvres » gens, et tous les égouts de la ville, se déversaient directement dans les eaux du port, ce qui était sûrement la vérité. Ce qui me retint d’utiliser la plage privée, à peine à cinq cents mètres du port. Je trouvais une voiture à louer. Une Fiat décapotable, qui devait avoir fait la guerre. Ce qui nous permit de visiter tous les recoins de l’île. Toutes les criques, toutes les plages. Je constatais à quel point tous les endroits ayant une situation privilégiée étaient déjà occupés par de magnifiques villas, entourées de murailles, comme de véritables forteresses. Beaucoup de ces résidences étaient protégées par un gardien en uniforme. Je conduisis Maud dans les hauteurs de la ville. Dans tous les coins et recoins, de la vieille ville, ou sur les remparts de la citadelle, on voyait des couples homos qui se dissimulaient plus ou moins. Je lui présentai Isidoro Macabich. Ce qui, pour une philosophe, est un beau cadeau. Une photo assise à ses côté était de rigueur. Axelle supportait difficilement la chaleur. Il faut dire que cet été était particulièrement brûlant. Je ne prenais pas le risque de lui ôter le tee-shirt. Sur une plage au nord ouest, où il y avait de nombreuses cabanes de pêcheurs, en face de l’île Conillera, il devait faire plus de 45° à l’ombre, si on avait trouvé de l’ombre. Nous avons été obligées de battre en retraite.
Une chose était divinement belle, sur ces « playas Pitiusas » c’était Maud avec son minuscule string, et sa jolie poitrine qui bougeait à merveille au rythme de ses pas. Elle avait une couleur de bronzage magnifique. Son regard gris argent ressortait comme une curiosité sur son visage brun. Et ses cheveux aux mèches argentées brillaient au soleil, comme le reflet du métal poli. Puis quand elle voyait que je la regardais avec quelques tonnes d’amour qui devaient me sortir de partout, elle souriait, et c’était l’apothéose. Maud avait cinquante six ans. Ses hanches douces et sa taille fine, ses jolies jambes et son ventre plat, son visage sans une ride et son magnifique sourire de joie contenue, la faisait paraître d’une jeunesse éternelle. A Ibiza où tous les couples étaient du même genre, nul ne pouvait s’étonner de nous voir ensemble. Nous étions du même âge, nous étions amoureuses, nous avions une petite fille. Il est sûr que nous faisions des envieuses, et personne n’aurait pu affirmer laquelle des deux était la maman. On pouvait s’embrasser en public, s’enlacer sur les plages, ou au bord de la piscine, nous étions transparentes. Un matin, il fit un peu moins chaud, le ciel était couvert. Il était sept heures à peu prés, tout l’hôtel dormait encore. J’avais mal dormi, je faisais des cauchemars, le moindre bruit me réveillait. Je voyais toujours en rêve cet hélico tournoyant sur lui-même dans une gerbe de feu. Résidu sans doute d’un film américain. J’étais mal, je me levai et je descendis. La mer était de platine, il n’y avait pas un souffle de vent. Je me suis mise nue, et je plongeai dans la piscine où l’eau fraîche me fit du bien. Et je me mis à nager. Comme j’avais l’habitude, seul ennui, je n’avais pas de bonnet, et mes cheveux me gênaient. Je vis une jeune femme arriver au bord de la piscine. Je m’arrêtai et lui demandai de me prêter sa pince. Elle défit ses cheveux et me la tendit avec le sourire. Et je repartis à nager comme une bête. Je nageais ainsi pendant deux heures. Deux heures durant lesquelles je ne pensais à rien d’autre que de déclencher ma galipette à la bonne distance du mur. Et puis je m’arrêtais, parce que j’avais reconnu à travers le bouillonnement de l’eau, la silhouette d’Axelle munie de ses flotteurs sur le bord du bassin. J’avais du faire un peu plus de cinq km. Il n’y avait personne d’autre dans l’eau, les gens me regardaient, personne n’avait voulu me gêner. Je sortis de l’eau, embrassai ma fille, Maud qui lui tenait la main, et j’allais rendre la pince à la jeune femme allongée sur son hamaca, et je la remerciai. C’était une espagnole, elle me sourit et me dit : « Tu n’es même pas essoufflée !
—Non, je n’ai pas voulu battre un record. Et tu n’es pas venue me rejoindre. Merci beaucoup. » Elle éclata de rire. J’étais nue, mais personne ne semblât s’en offusquer. Puis après, avec Maud et Axelle, je retournai à l’eau pour l’amuser un peu. De retour sur le bord de la piscine, le garçon de restaurant m’apporta mon petit déjeuner. A la première miette de croissant que je laissai tomber, une nuée de petits lézards sortirent on ne sait d’où, et commencèrent une bataille rangée pour s’octroyer la miette de croissant, ce qui amusa beaucoup la petite. La moitié du croissant y passa ! Durant notre séjour à Ibiza, je n’eus pas d’appel de Marie-Noëlle. Je l’appelais deux fois, je laissais deux messages. Je n’eus pas de réponses.
Pour notre retour à Roissy on se retrouva sous un orage épouvantable. Des trombes d’eau, de superbes éclairs et des roulements de tonnerre. Cela faisait des semaines que nous n’avions pas vu une seule goutte d’eau.
Maud était heureuse de nos vacances, moi un peu moins, mais je réussis le miracle de ne pas lui laisser voir.
Dans le courrier, qui m’attendait, un papier bleu, un télégramme. Curieux, on n’était plus habitué à cette façon de communiquer. Je l’ouvris, il était de Simone, Axel était décédé.
Quand j’eus repris mes esprits et que je n’eus plus de larmes à verser, j’appelais Simone. Axel était décédé en début de semaine, en salle de soins intensifs. Il était à la maison funéraire, elle attendait mon appel pour que j’aille la rejoindre. Elle se sentait incapable d’organiser les funérailles.
Je confiai Axelle à Maud, je me changeai, fis un autre sac, et je repartis pour Roissy. Je retrouvai Simone, je la trouvai extrêmement amaigrie. Les yeux secs, un sourire triste.
« Je n’ai pas voulu gâcher tes vacances.
—Tu as eu tort. Je m’y étais préparée. Où veux-tu faire l’inhumation ?
—A Villefranche de Rouergue, là où il y a son caveau familial. Mais avant, je veux avoir la certitude de pouvoir passer l’éternité à son côté.
—Je m’en occupe. Repose-toi. Donne-moi votre livret de famille. Et toi, ta famille repose à quel endroit ?
—Moi ? Je ne sais pas, je n’ai jamais connu mes parents, ils sont morts en déportation. Je ne suis même pas sûre de mon identité. Les gens qui m’ont recueillie n’ont pas su me la garantir.
—De mieux en mieux !
—J’ai passé mon enfance dans une famille de Milly la Forêt. Je ne sais pas ce qu’ils sont devenus. Je suis allée en pension, et je ne les ai jamais revus.
—Nous n’avons jamais parlé de tout ça..
—Non, on n’a vécu que le bonheur, et c’est déjà beaucoup. » Je pris l’avion pour Toulouse, et de là, je pris une voiture pour Villefranche. Je recherchais la famille d’Axel, et je retrouvais son cousin germain. Il me conduisit au cimetière. Apparemment le caveau était complet. C’est ce que nous confirmèrent les pompes funèbres. Je leur demandai s’ils pouvaient réaliser une tombe rapidement, ils s’engagèrent sur 48 heures après accord de la Mairie. J’appelai Simone, elle hésita puis décida qu’elle préférait organiser les obsèques à Clairefontaine.
« C’est là bas que nous avons vécu le plus longtemps ensemble. Et puis je vais revendre cet appartement. Je ne pourrai pas vivre ici. Je me trouverai une maison dans la vallée.
—Ok, je rentre, et je retourne chez moi, mais en passant, je m’occupe de tout.
—Merci cocotte. Fais comme tu peux. » Je rentrais à Nice, et je repris l’avion pour Paris. J’allais directement à Clairefontaine. Je n’eus aucun problème à obtenir ce que je voulais. En deux heures j’avais tout réglé. J’allais même dans une agence pour voir les maisons disponibles. Il y en avait quelques unes que je me proposais de visiter. Et puis, j’avais l’appartement libre. Pour l’instant je rentrais à Compiègne, et je rendais compte à Simone. L’enterrement pouvait être fixé dans une semaine, le temps de prévenir les amis de Simone.
Le soir, j’eus un coup de fil de Marie-Noëlle. Elle était toute heureuse de pouvoir me parler. Elle me dit avoir un problème de batterie avec son téléphone, et elle ne parvenait pas à en trouver une de rechange. Sinon, elle semblait en pleine forme, elle était contente, tout allait bien. Elle s’enquit de mes vacances, me demanda si Maud était bronzée partout, et si elle m’avait fait ce qu’il fallait. Elle me demanda d’embrasser Axelle. Elle ne reviendrait pas avant Noel. Alors je lui promis d’aller la violer sur place. L’idée sembla lui plaire. Je finis par lui annoncer le décès d’Axel. Elle se promit d’appeler Simone pour l’embrasser. Voilà. J’étais rassurée. J’avais encore quelques jours de vacances à écouler.
Je commençais par aller voir mes parents. Ma mère se lamentait toujours, elle fut malgré tout heureuse de voir Axelle. Mais la pauvre fillette était bien perdue de nous entendre parler, elle prenait un air un peu inquiet, se demandant sans doute ce qu’il nous arrivait. Mon père était dans un état stationnaire. Rien n’avait évolué, et les médecins avaient sursis au traitement par chimio. C’était toujours ça de gagné.
Et je refis nos bagages, et je partis avec Axelle à Fort Mahon. J’appris à faire des châteaux de sable, et à profiter du calme, et de la solitude des adultes. Ma gamine était heureuse que je me consacre entièrement à elle, jusqu’à faire la sieste ensemble l’après midi. Et moi, je n’avais envie de rien d’autre.
L’enterrement était fixé au Jeudi 28 Aout. Nous rentrâmes la veille. J’avais proposé à Simone d’habiter dans l’appartement du Boulevard, et j’avais laissé les instructions à la concierge. Elle préféra le studio. Je la prendrai le lendemain en passant, pour aller à Clairefontaine. Maud m’accompagnait. Habillée de noir, elle avait l’air d’avoir retrouvé son âge, et cela me fit un drôle d’effet. Moi, j’étais en noir aussi, mais c’était mon habitude, rien ne changeait vraiment. Maud n’était jamais venue à mon agence, elle ne connaissait ni le studio ni l’appartement. Je lui en avais parlé bien sûr, mais l’occasion pour elle de connaître ces endroits, ne s’était jamais présentée.
Quand nous sommes arrivées au studio, nous avons eu la surprise de trouver Simone tout de blanc vêtue.
« C’était la dernière volonté d’Axel, il ne voulait pas que je porte le deuil. » La tombe était prête, et la réalisation me sembla parfaite. La pierre était gravée comme me l’avait demandé Simone. Le cimetière était calme et bien entretenu. Une bonne cinquantaine de personnes s’étaient déplacées, parmi elles, Josépha et Linda et beaucoup des anciennes employées de Simone. Je remarquai que Claudie n’y était pas. Simone devait faire partie de sa liste noire tout comme moi. Le cercueil arriva à l’heure prévue. En direct de Nice. La cérémonie fut courte, mais emprunte d’une profonde tristesse. Simone ne pleurait pas, comme si, elle avait déjà tout donné. Etonnant l’amour de cette femme pour son mari, alors que son handicap les avait séparés toutes ces années. Elle se tenait droite, proche de la tombe comme la figure de proue de tous ces gens rassemblés derrière elle. Puis ce fut la fin de la cérémonie, et après quelques condoléances, les proches se séparèrent. Sur le côté de la tombe, parmi d’autres, une gerbe de fleurs rouges, des œillets. Avec une bannière, « Lieutenant Marie-Noëlle Duval » On se retrouva au studio, avec Maud et Simone. Je proposai à Simone d’habiter l’appartement le temps qu’elle trouve une maison, et que le site de Nice soit vendu. Elle accepta. Elle retournerait à Nice faire ses bagages et mettre le Duplex en vente. Puis je proposai à Maud de visiter l’appartement et mes installations. On passa la journée ensemble. On fit l’excursion d’un Paris presque désert, avec une pause au Luxembourg, ce parc qui pour moi avait un attrait particulier. J’aimais cet endroit, sans vraiment savoir pourquoi. Le soir venu, on prit un repas dans un restaurant que j’avais découvert avec Linda quelques jours avant
« Le Coupe Chou » rue Lanneau. Près de la rue des écoles. Je savais que Simone aurait le coup de foudre pour cet endroit. Je reconduisis Simone boulevard Malesherbes, et avec Maud, on reprit le chemin du retour. Je m’arrêtai sur l’aire de Roberval, histoire de lui faire un petit câlin.
Le lendemain matin, j’eus un appel de Puce. Elle m’informait que Claudie avait fait une tentative de suicide. Et elle m’exposa le résultat de son enquête : « Il semble qu’elle ait souffert de jalousie de façon maladive quand nous étions au journal. Et lorsque vous vous êtes revues, elle avait décidé de ne rien accepter de toi, et de se montrer méprisante. En réalité, elle vivait seule, elle était au chômage depuis longtemps, et dans une situation extrêmement précaire, à la veille d’être expulsée de son studio. Elle s’est ouvert les veines. C’est la concierge qui l’a trouvée alors qu’elle venait lui porter son courrier, inquiète de ne pas l’avoir vue. Il y avait près d’elle un mot te priant de lui pardonner. Ta proposition lui aurait sauvé la vie, mais sa fierté a bien failli la tuer.
—Et comment sais-tu ça ?
—On habite le même immeuble, je la voyais souvent. »



« Si tu savais comme j’en ai marre des nanas et de leurs conneries ! »




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Par eve anne
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