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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
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Bonne Année



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Extraits

 

Rencontre en Forêt
carrefour11

J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
Laurent (4)

Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
tn Manon (101)

Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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L-Les Doutes
 

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Dans l'aube de mon amour, se lèvera
le soleil de ton corps .

Alian Borne 


                                             Le lendemain matin, je la laissais récupérer le décalage horaire. Je m’excusai auprès de Lorena. Je lui dis que j’avais chez moi une fille diaboliquement belle, et que je l’amènerai demain, si elle me le demandait gentiment.
—N’oublie pas que j’ai le droit de cuissage !
—On verra, j’ai fait les premiers tests, c’est très prometteur !
—Chameau ! » Je sais on me l’a déjà dit.
Maud rencontra Kiss. Elle faillit avoir une attaque en la voyant. Et Axelle fut très impressionnée. Je pensais à appeler le médecin, pour lui faire faire ses vaccins. Elle serait peut être un peu fatiguée un ou deux jours. Puis le courant passa avec Axelle, et la petite essaya d’emblée de lui parler en espagnol. C’était la première fois que je l’entendais parler, elle n’avait jamais parlé espagnol en ma présence. Maud était très contente d’elle. On passa une agréable journée de repos. Kiss était douce et calme, elle parlait avec un accent un peu chantant, un espagnol très classique. On visita la ville, elle fut surprise, elle était arrivée de nuit et n’avait rien vu de la France. On fit l’inventaire de ses vêtements, pour voir ce qui lui faudrait pour son arrivée dans le monde de la mode. Demain, je la mettrai entre les mains de Puce. J’étais malheureusement persuadée qu’elle avait une classe internationale, et si je voulais être honnête, elle ne pourrait pas rester chez moi.
L’arrivée à l’agence fut un véritable évènement. Toutes les filles à l’unanimité furent impressionnées. Kiss dégageait une aura de sensualité absolument démente. Arriver comme ça dans un nid de goudous, sans prévenir, C’était risqué : les filles pouvaient manquer d’air. Linda ne parlait pas l’espagnol, elle le regretta amèrement. Je demandai à Puce de lui constituer une garde robe parisienne. Je me mis d’accord avec Lorena et Claudine. Kiss ne resterait pas chez nous, il fallait la « vendre » à une agence internationale, française ou étrangère. Anglaise ou Italienne. Les deux seuls pays qui savaient ce qu’était la mode. On fit le point toutes les quatre, je traduisais, Lorena ne parlait pas « sa » langue. Kiss fut d’accord sur le principe. Elle ne voulut pas habiter Paris. Elle demanda naturellement à rester chez moi.
« Et pourquoi pas chez moi demanda Lorena ?
—C’est une question de langue, tout simplement mon Chou !
—Admettons, mais je rage.
—Quand elle sera lassée de moi, elle te suppliera.
—J’espère bien. »

Ma maman n’allait pas bien du tout. Maud, Odile, et une assistante sociale s’occupaient d’elle, mais elle n’avait plus l’envie, elle se laissait aller complètement. Jane essaya de la raisonner, pour qu’elle se reprenne. Elle n’avait qu’une idée en tête : retourner à Arganda pour y mourir. A Arganda, elle n’avait plus de famille depuis longtemps, mais ça, elle ne voulait pas le croire. Je me mis en chasse pour lui trouver une dame de compagnie qui parlât la même langue. Ce ne fut pas difficile, mais la cohabitation fut un échec. La dame de compagnie, se contenta de venir pour le ménage les courses et les repas. Quelques temps après, elle cessa de s’alimenter, de se laver, de répondre aux questions. Je la fis hospitaliser. Deux jours après elle était décédée. J’avais perdu mes deux parents à quatre mois d’intervalle. Là encore, les témoignages de sympathie affluèrent. Je rencontrai Guillemette à qui je demandai des nouvelles. Elle me répondit qu’elle n’en avait que très peu. Son divorce avait été prononcé, un peu après le mien et qu’elle avait envoyé la signification par la valise. Je ne pleurais plus, j’avais les yeux secs, complètement vidés de larmes. Je me sentais vieillir à une vitesse folle. C’était à cause des drames que j’avais vécus me disait Maud, j’allais me reprendre. Heureusement, Kiss était là, et son réconfort était inestimable. Nous avions de longues conversations, et sa maturité d’esprit ne cessait de m’étonner. Je pris rendez vous avec le patron de XXX. Quand il me vit venir, il me regarda d’un air sournois, croyant que j’allais le supplier. Je lui dis simplement que j’avais une fille de classe internationale, et je n’avais pas la structure pour l’utiliser. Je voulais lui vendre la fille.
« Pourquoi vouloir me la vendre ? Ce n’est pas la façon de pratiquer !
—C’est une fille qui n’a pas de moyens propres. Une amie et moi avons avancé beaucoup d’argent pour la faire venir d’Amérique centrale, et l’on tient à rentrer dans nos frais.
—Vu comme ça, on peut en discuter, mais il faudrait que je sois sûr qu’elle a la classe internationale.
—Faites moi confiance, je suis plus qualifiée que vous pour choisir une fille.
—Humm je n’en doute pas, surtout d’après ce qu’on m’a dit… !
—Oui, vous avez tout compris, c’est exactement ça ». Je griffonnai un chiffre sur un post-it, et je lui tendis. Il faillit avoir une attaque en lisant le chiffre.
« Il faudrait que ce soit la reine de Saba en personne !
—C’est mieux que ça, plusieurs classes au dessus. Remarquez, je suis venue ici parce que je vous connais, « et que je vous aime bien », mais je peux m’adresser à l’agence YYY de Milan ! Ou bien chez ZZZ à Londres » Deuxième attaque. J’ai bien cru qu’il allait y passer. Vous savez, je ne plaisante pas, je suis sûre que vous n’avez jamais vue une fille de cette classe. Je vous invite à la rencontrer chez moi, et je vous présenterai ma nouvelle organisation, et mes nouvelles activités. Comme ça, vous pourrez me renouveler votre proposition d’achat.
Monsieur XXX croyait vraiment que je me moquais de lui. Mais il accepta de venir. On reçut monsieur XXX avec les honneurs. Je lui fis visiter tout l’étage de bureaux qui avaient été installés pour ces dames. Je lui fis visiter les deux étages restants qui avaient été transformés en salles de séminaires. La première (la plus vaste) était occupée pour la première fois. Soixante quinze personnes ! Avec du matériel de communication dernier cri. J’avais embauché pour manager ce service, une ancienne du journal sur les conseils de Puce. Une femme d’un certain âge, Mathilde, goudou de son état, bâtie comme Simone. Un traiteur était en train de monter les repas. Et puis on arriva sur le plateau des mannequins, où Claudine faisait répéter Kiss en robe d’été. La démarche était aérienne, les attitudes inédites, la beauté de Kiss était sans limites, Et l’imagination de Claudine inépuisable. Monsieur XXX en avait le souffle coupé. Un top modèle qui savait sourire, c’était vraiment un scoop. Je le laissai admirer le spectacle. Quelques personnes évadées du séminaire, étaient arrivées là, guidées par on ne sait quelle malice. Bientôt, il y eut cinquante personnes pour voir évoluer notre vedette, qui n’était pas gênée le moins du monde. Monsieur XXX déclara que je ne lui avais pas menti, et il demanda l’autorisation de faire venir son staff. Permission accordée. En attendant, je demandai à Lorena de nous inviter à déjeuner. Lorena joua le grand jeu de la séduction. Et quand elle s’y mettait, c’était irrésistible. Il la connaissait, bien sûr, on ne voyait qu’elle dans les magazines. Et de la voir là, tout près de lui, son adrénaline grimpa encore d’un cran. Tout au long du repas, je regardai Lorena. Dans son numéro de diva, elle était exceptionnelle. Je me félicitai de l’avoir voulue de toutes mes forces. Elle me vouait une reconnaissance indiscible. Je voulais que l’on soit « cul et chemise », on était comme les doigts de la main, inséparables, fondues dans le même moule. Débarrassée de tous ses complexes, elle était admirable. Elle sut donner le coup de grâce à Monsieur XXX : Quand on rentra à l’agence, Kiss était toujours sur le plateau, elle en était à la lingerie. Le staff de monsieur XXX était là, bouche bée. Lorena monta sur le plateau, en prenant son violon au passage, et se mit à jouer l’une de ses compositions préférée. Le responsable des lumières sut adapter ses projecteurs aux nouveaux paramètres. C’était improvisé, c’était magnifique. On n’entendait pas un murmure, malgré les cinquante personnes qui n’étaient pas retournées au travail. Ce jour là, Kiss fut vendue, le prix ne fut pas discuté. Cette somme d’argent très importante, fut offerte à Kiss pour qu’elle puisse travailler sans contrainte. J’étais la seule bénéficiaire, car elle continua à vivre chez moi. Enfin, quand elle était à Paris, entre deux avions. Elle travaillait dans le monde entier. Elle fit des défilés pour les plus grands couturiers, dans les lieux les plus prestigieux. Elle devint rapidement une vedette mondiale. Avec elle, les progrès d’Axelle en espagnol étaient fulgurants. Et Axelle refusait toujours de me parler. Si je lui adressais la parole en espagnol, elle me répondait en français. C’était comme ça, sans qu’elle veuille prouver quoi que ce soit. Je lançai une nouvelle activité de présentations de mannequins sur vidéo uniquement. Je me lançai aussi dans une activité de mannequins masculins. Bien sûr, cela existait. Mais je voulais le faire avec des quadras, pour lesquels rien ou très peu de choses avait été fait. Je fis venir Luigi et Armand pour les premières photos. Gino le troisième larron ne voulut pas participer. Je leur expliquai que je les faisais venir parce qu’ils étaient beaux, élégants, et que je les adorais. Le résultat fut parfait. Le client nous signa un contrat pour sa première collection. Luigi retourna à sa compta, Armand resta avec moi pour s’occuper de ce service. Il recruta d’autres garçons de ses copains, tous homos, bien évidemment. Mais ça, voyez vous, ça ne me gênait pas du tout. On passa une année de plus, je n’avais plus aucune nouvelles de Marie-Noëlle. Aucune nouvelles non plus de Michèle. Jocelyne recevait les procurations signées, sans commentaires. Kiss venait assez souvent à la maison, pas autant que je l’aurais souhaité, mais c’était le contrat, elle ne me fit jamais faux bond. Elle refusa toutes les avances de Maud, de Lorena, de Linda ou Rosine. On crut qu’elle allait craquer pour Laurie, mais non, ça ne se fit pas, et Laurie en eut beaucoup de chagrin.
Kiss réussissait à la perfection. Elle avait de très gros contrats avec les grandes marques. Elle gagnait énormément d’argent. Elle remboursa la somme qu’on lui avait offerte, qui fut redistribuée entre les filles de l’agence. Claudine se lamentait, elle disait que jamais elle ne retrouverait une fille comme elle.
Au mois de Novembre, Lorena débarqua affolée dans mon bureau.
« Vite ! J’ai le crédit machin au téléphone. Il faut absolument que tu vendes tout de suite tes actions France Télécom. Dis moi de le faire.
—Ben fais-le mon Chou. J’espère que je n’ai pas trop perdu ! » Le lendemain, Lorena vint dans mon bureau, avec un chiffre sur un post-it. ( x 7.8)
« C’est quoi ça ? C’est ce que tu as gagné avec tes actions. 7,8 fois la mise d’origine !
—Tu plaisantes ? Ce n’est pas possible !
—L’argent sera sur ton compte en fin de journée.
—Mais je t’avais dit de placer un million de francs.
—Oui, le compte est bon, tu recevras 7millions huit cent mille francs, moins les frais bien entendu. Tu auras quelques impôts à payer, mais il t’en restera suffisamment pour m’emmener chez Maxim’s, histoire de se faire des calins devant les photographes. Il faut que je joue la gouine branchée! Après on se fera une petite bouffe !
—Mais c’est de la folie ? Je ne peux pas garder cet argent.
—C’est ton argent. Tu en auras besoin pour investir dans d’autres choses. Pour me remercier tu m’embrasses, et ce soir tu m’emmènes chez toi et tu me fais l’amour.
—Non, il faut qu’on le partage.
—Il n’en est pas question. Et puis, je n’avais pas payé ma dette.
—Ta dette ?
—Oui, je n’ai pas oublié que tu m’avais sauvé la vie.
—Arrête, tu m’as déjà payé ta dette au centuple. Et même plus !
—Et puis je te dois toujours le violon.
—Le compte est bon. Ce violon me met en extase à chaque fois que je l’entends. —Oui, il a un son exceptionnel. Ecoute. Je vais te placer cet argent tout de suite. Il sera disponible « ad nutum » il ne rapportera que 5 ou 6, mais en trois ans, ça te paiera un autre appartement à Paris, ou deux à Compiègne.
—Ou un pour toi.
—Non mon amour. Tu m’as donné la vie, la joie, l’amour. Tu m’as donné une femme merveilleuse. Tu m’as donné un travail exceptionnel, et un violon magique. Tu m’as donné un train de vie de princesse, que toi tu n’as pas. Tu m’as inventé une célébrité. Je n’ai besoin de rien d’autre que de t’aimer.
—Et ta femme ?
—Ma femme t’adore encore plus que moi. » Lorena avait raison, je pouvais avoir d’autres idées.
Je sus que l’un des imprimeurs parisiens était en liquidation. Je pensai tout de suite que je pouvais en avoir l’utilité. Je pris rendez vous, et je fus reçue par le délégué syndical.
« Je voudrais voir le propriétaire de l’affaire ?
—C’est avec moi que vous devez négocier ! » Je n’ouvris même pas ma serviette, « Au revoir messieurs et bonne chance. » En quittant l’entreprise, j’entendis des insultes dans mon dos. J’appris de cette façon que j’étais une "vieille pute." Ça fait toujours plaisir !
L’imprimerie fut liquidée, les soixante employés licenciés. Je ne remis jamais les pieds dans ce métier. Mais qu’importe, il me viendrait bien une idée.
Je fêtai mes trente sept ans. En petit comité. Axelle avait eu ses sept ans en été. Elle parlait l’espagnol quasi-couramment. Kiss était très heureuse, elle lui ramenait toujours des poupées typiques des pays qu’elle visitait. Nous avions eu une semaine de vacances que nous passâmes en corse. Ce fut une semaine de rêve. Après, Kiss repartit pour son travail. Mon destin était celui de l’éternelle abandonnée.
Je voulais aimer des femmes exceptionnelles, mais elles n’étaient jamais là.
Je n’avais pas de raisons de me plaindre. Kiss aurait pu vivre dans un palace parisien, et elle revenait dans mon trois-pièces me faire l’amour et embrasser ma fille. J’avais assisté à toutes les réunions de la société d’Amiens. Louis et Jocelyne étaient très satisfaits des résultats, et pour la deuxième année consécutive, il y eut une distribution de dividendes importante. Deux tiers de la mise étaient déjà remboursés. La succession de nos parents étaient terminée. Jane s’était montrée constructive, je n’en revenais pas. Elle voulut garder la maison des parents, rue Carnot. J’acceptais l’autre maison, celle qui était en location rue de Bournonville. Et on se partagea les actions de mon père, dans la société de Louis et deux autres sociétés de Compiègne. Jane avait changé, elle n’avait pas retrouvé de fiancé. Je me gardai bien de lui en parler. Pour la première fois je l’invitai chez moi. Kiss revint travailler (bénévolement) une fois, pour notre agence, ce fut pour fêter la troisième présentation des Canadiens : Un énorme succès, les clients ne s’attendaient pas à bénéficier pour leurs collections, des services d’une star internationale. Ce « cadeau » fit qu’ils signèrent à nouveau pour trois ans. A Montréal, cette présentation de collection était devenue l’évènement à ne pas manquer. La recette était toujours la même: Les idées originales de Claudine, la musique de Lorena, les décors de Nicolas, et la beauté des filles. Cette fois ci, Claudine avait « osé » la présence d’Armand sur le plateau, en tant que faire valoir, et cavalier du mannequin vedette. Le couple Armand-Kiss, on ne peut  plus glamour, était tout à fait crédible. Diana ne se sentait plus à regarder Kiss. Elle aurait tout donné pour un instant en sa compagnie. La collection fut cette fois suivie d’un mini concert de cordes, au profit d’une association de bienfaisance dirigée par Diana. Les droits du CD du concert lui furent offerts. Tous les morceaux étaient des compositions de Lorena qui y consacrait tous ses loisirs. Rosine s’était remise au piano, espérant pouvoir jouer un jour avec sa chérie. Quand je regardais ces deux femmes là, j’avais la nostalgie de ce que j’aurais pu vivre, si Marie-Noëlle ne m’avait pas oubliée. J’ai envoyé plusieurs messages, j’ai proposé de me rendre sur place, de rester avec elle le temps qu’elle voudrait. J’ai proposé d’emmener Guillemette, Maud, Axelle. Je n’ai jamais eu de réponse. Je pensais qu’elle ne pouvait pas avoir la méchanceté de se venger de quoi que ce soit. Je pensais qu’elle voulait changer de vie, et qu’elle était avec quelqu’une ou même quelqu’un. Je ne m’habituais pas à cet état de choses, et je sentais que cela se reportait sur mon travail. J’étais moins courageuse, moins inventive, voire moins concernée.
Malgré son âge, Maud était encore plus vaillante que moi. Je voyais Kiss de plus en plus rarement. Je me surpris à pleurer la nuit quand je ne trouvais plus le sommeil. Maud demanda à Luigi de revenir me voir, car elle ne savait plus quoi faire. Luigi me fit l’amour, avec toute la tendresse dont il était capable, et j’en fus très heureuse. J’avais oublié le goût du mâle, et le retrouvai avec plaisir.
Un week end, du premier semestre 2001, Lorena et Rosine vinrent le passer chez moi. Maud, ce jour là comme par hasard, avait décidé d’emmener Axelle à Londres. Les deux femmes me firent l’amour durant les deux jours entiers. On ne sortit pas de l’appartement, et quasiment pas de la chambre. Elles me donnèrent tout l’amour que j’avais en retard, et tout l’amour dont j’avais besoin. Le dimanche soir, elles firent venir Luigi, et ils se mirent à trois pour me donner du plaisir. Je n’avais jamais imaginé voir Lorena ou même Rosine nue à côte de Luigi, n’ayant pour seul soucis commun que de me faire crier. Je fus retapée un moment, ces excès m’avaient fait le plus grand bien. Et les deux femmes furent impressionnées par la virilité de Luigi.
Quand elles le prirent un week end pour elles deux, elles me demandèrent si ça ne me gênait pas. Comme si j’avais mon mot à dire pour ce genre de chose ! Un sexe d’homme comme celui de Luigi valait bien tous les olisbos de la terre.
Je ne voyais quasiment plus Simone. Elle avait pris sa retraite, et même, elle n’avait plus de relations amoureuses « avouées ». Puce, qui était la commère de la maison, prétendait qu’elle avait une liaison.

Saisissant l’occasion au vol, j’achetais le bistro tout à côté de l’agence. J’avais passé un contrat avec mes filles, pour qu’elles ne fréquentent que cet endroit. Avec de telles nanas en vitrine, la fréquentation du bistro monta en flèche. Cela devint le bar branché du quartier. J’aménageai les cuisines du bistro pour en faire le traiteur des séminaires. Je me forçai à chercher des idées de diversification pour l’agence. Je savais que c’était indispensable pour la survie en cas de crise ou de baisse d’activité. La division « séminaire » marchait à 100%. Mathilde était un patron redoutable. Il fallait retenir trois mois à l’avance. Les prix pratiqués étaient très élevés, mais la liberté de circuler dans l’agence, était un atout capital. Le spectacle des filles au travail était toujours apprécié. C’était unique dans la profession. Surtout que nos activités intéressaient autant les hommes que les femmes.
Nous fûmes obligés de contrôler les entrées, car on s’était rendu compte que de simples badauds s’infiltraient dans les groupes, et passaient leurs journées collées à la vitre. Moi, je ne me lassais pas de regarder Claudine au travail. Elle était élégante, très parisienne, sophistiquée juste ce qu’il fallait, belle, autoritaire. Elle avait acquis une maîtrise exceptionnelle pour diriger toutes ces filles, et c’était très beau à voir.
Le Colonel vint un matin par surprise. J’eus la chance d’être là, et je l’invitai à venir voir travailler Claudine à son insu. Décors, lumières, musique, jolies filles, lingerie fine, Il était fasciné. Il ne la quittait pas des yeux. Je lui pris la main, je la serrai très fort. J’avais besoin qu’il sente que l’on avait quelque chose en commun, quelque chose de très fort, et peut être que c’était "elle." Je lui dis :
« Elle est belle n’est ce pas ? C’est ma plus belle réussite. Elle a toutes les qualités, et c’est ça qui lui donne ce rayonnement unique, qui entraîne les autres. Quelle chance vous avez Colonel, J’aurais bien voulu aimer une femme comme elle.
—Et pourquoi ne l’as-tu pas séduite ?
—Parce qu’elle mérite mieux que moi……Vous, par exemple. »
Puis on la retrouva quelques instants après, sans lui avouer notre indiscrétion. Claudine était surprise, elle ne comprenait pas pourquoi il était là, elle était un peu inquiète, son regard allait de lui à moi. Je lui pris la main.
« N’aie crainte ma chérie, mon chauffeur est passé devant, je me suis arrêté pour t’embrasser, et c’est eve anne qui m’a accueilli. Elle me disait beaucoup de bien de ce que tu faisais.
« J’en suis heureuse. Elle est exigeante tu sais !
—Je n’ai pas besoin de l’être Claudine. Tu nous fais tellement de merveilles. Je te laisse faire visiter la maison à ton mari. Et si vous avez le temps Colonel, nous irons déjeuner tous les trois?
—Avec grand plaisir. » J’eus l’impression durant ce repas de revenir quelques années en arrière. Les années bonheur. Quand avec Marie-Noëlle, on parlait de notre compagnie sous les ordres du Colonel. Mais ce genre de pensées ne m’apportait que de la mélancolie. Je remarquai que le Colonel ne me parla pas de Marie-Noëlle. C’était anormal, mais ce n’était pas le moment de soulever le problème. Par contre, il me donna de bonnes nouvelles du Génie de l’Air et du Général. J’appris la nomination d’Henri au grade de Lieutenant Colonel. Isabelle était toujours à L’EMGA. Elle était la secrétaire du Colonel. Elle serait heureuse d’avoir de mes nouvelles. Le Colonel repartit directement, et on reprit le chemin de l’agence à pied. Je tenais Claudine par la main, qui aurait pu y trouver à redire ?
De retour à l’agence, je faisais le tour du propriétaire, et je m’arrêtai un moment avec Linda.
« Tu ne sais pas ce que je viens de constater ?
—Dis-moi blackie !.
—Nous n’avons presque plus de « négresses ».
—Il y a de la demande ?
—Bien sûr, il est d’usage maintenant que les filles soient mélangées, on a tout fait pour ça, mais je n’arrive pas à satisfaire les demandes.
—Hé bien voilà, tu viens de me donner l’idée que je cherchais.
—C'est-à-dire ?
—Je vais créer une école de mannequins multiraciale.
—Elle est folle !
—Ben oui, pourquoi veux tu que je change ? Je n’étais pas folle quand je t’ai récupérée alors qu’ils ne voulaient pas de toi, parce que tu étais noire ?
—Oui, c’est vrai, tu as raison. Mais tu ne les dragueras pas ! Promis ?
—Juré. »

Le propriétaire de l’appartement que je louais à Compiègne, me proposa de me le vendre. Ça me gênait un peu, parce qu’il n’était pas très grand, et je ne pouvais même pas y faire dormir quelqu’un ailleurs que dans mon lit. J’eus l’idée de demander à mon voisin de me vendre son F2, qui s’était libéré récemment. Miracle, il accepta. Je demandai à un architecte de me transformer les deux en un seul plus grand.  Je ne vous raconte pas mes démêlés avec le syndic !! Je priai Maud de se charger de la décoration. Tout devait être terminé pour le huitième anniversaire d’Axelle. Il fallait que ce soit Versailles, en mieux!  Et Maud s’acquitta de ses responsabilités avec beaucoup de soin et de talent. Tout fut prêt en temps et en heure. Et l’on put pendre la crémaillère le jour de l’anniversaire d’Axelle.  Toutes mes amies furent de la fête. Et Maud de plaisanter :



« Tes amies pourront enfin dormir tranquilles »



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tn Ombrages G 

tn Ombrages D 

 

Par eve anne
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