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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
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Bonne Année



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Extraits

 

Rencontre en Forêt
carrefour11

J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
Laurent (4)

Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
tn Manon (101)

Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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LIV-Les Doutes

 

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Elle marche déjà sur la pointe des pieds
de son absence.

Alain Borne 

               
                                          En réalité, cela faisait plus de quatre ans d’absence. Il y avait en plus huit mois de stage à saint Maixent et quinze jours à Chambéry. Cela faisait presque cinq ans pendant lesquels notre seule rencontre ne dura que dix jours. Et encore, Marie-No s’était offerte à Maud, le temps d’une nuit.
Durant tout ce temps, j’ai attendu son retour, sans y croire réellement. J’aurais souhaité recevoir au moins des nouvelles, une explication, même si elle devait être unique et définitive. J’ai toujours été persuadée que Marie-No était une femme honnête. Si elle avait vécu une autre vie, elle me l’aurait dit. Si elle avait été jalouse, elle me l’aurait dit aussi. Mais tout ce temps perdu, au nom de quoi ? Il fallait bien qu’elle vive avec quelqu’un, ou quelqu’une, je suppose que l’armée à Nouméa n’est pas un cloître ? Il me faudrait lire chacune de ses lettres, pour être sûre d’avoir compris ce qu’il y avait à comprendre, faute d’avoir tout compris. Peut être avait elle été seule, tout ce temps, en me laissant loin d’elle, mais pourquoi ?
J’avais décidé de fermer l’agence pour les congés de fin d’année. On reprendrait le jeudi 2 janvier. Je crois que tout le monde avait besoin de repos. J’irai peut être passer un ou deux jours chez Guillemette. Peut être aussi chez Claude. J’ai envie d’aller à la montagne aussi, respirer l’air pur et donner à Axelle l’occasion de commencer le ski. Je lierai une lettre par jour, plus, me serait impossible. Ainsi la dernière racontait une journée, à la façon d’un journal, mais il y avait cette anecdote des plus déroutantes :
« Ce soir, après la relève de la garde, un Kanak est venu au poste. Il conduisait une mule, attelée d’une petite charrette. Dans la charrette, le garde a trouvé le Lieutenant Colonel Ivre mort, à moitié dévêtu, dans un état de saleté repoussante. Les officiers réunis ont décidé qu’il ne s’était rien passé. Personne n’en a rien su, sauf que j’avais un ami dans cette garde, qui m’a tout raconté. Je sais que ce colonel est une ordure. Mais cela me fait peur, il nous fera tous tuer. » Je mis la lettre de côté pour faire un paquet cadeau au général. Puis une autre lettre :
« Cela fait très exactement quatre ans, 1461 jours exactement que j’ai quitté mon chat. J’ai échoué. C’est fini. J’ai perdu.
Maintenant, je n’ai plus qu’à rester là. Je me ferai démobiliser et j’irai vivre dans une ville du nord. Nouméa me sort par les yeux. C’est un volcan, je sais qu’on va finir par s’en prendre plein la gueule. (…..) Je suppose que l’agence marche bien, si bien qu’elle doit m’avoir oubliée. Je n’ai plus de messages depuis longtemps. Elle doit être avec Lorena, une fille pareille ne se laisse pas passer. Si ce n’est pas elle, ce sera une autre. De toute façon, elle ne peut pas passer à côté d’une fille sans mouiller sa culotte. Il me restera une deuxième vie pour regretter. Mais autrement, je ne pouvais pas. »
Que voulait-elle dire, quand elle écrivait : « J’ai échoué » qu’avait-elle entrepris qui n’avait pas marché ? « Autrement, je ne pouvais pas ? » Autrement quoi ? Et en plus, je ne mets pas souvent de culotte. Plus j’allais plus les questions s’amoncelaient. ...
Je reçus un coup de fil de Linda. Elle me demandait gentiment si ça me ferait plaisir qu’elle vienne passer une nuit avec moi.
« Cela fait des mois que l’on ne s’est pas touchées !
—Et Laurie ?
—Elle est chez ses parents pour quelques jours. Je ne peux plus dormir seule.
—Tu ne préfères pas sa sœur ou Lorena ? Ou les deux ?
—Tu es folle ! Même quand je suis avec Laurie, souvent je pense à toi.
—Viens demain Tu voudras voir Maud ? Un garçon ?
—Non, toi seulement.
—Ok ma jolie. A demain. » Voilà que j’inspirais la pitié maintenant. Les filles allaient se sacrifier pour que je ne sois pas seule. Qu’importe, si elles pensaient me faire plaisir. De toute façon, je n’ai pas envie de trouver une partenaire avec qui partager ma vie. Je me sens fatiguée de tout ça.
Je passai la journée à pas grand-chose. Maud voulait aussi à toute fin, m’occuper l’esprit.
« Tu sais, ma douce, il n’y a rien de changé, ça fait cinq ans qu’elle m’a quittée. Je me suis habituée !
—Que comptes-tu faire ?
—Prendre une décision, bientôt. Je ne vais pas m’entêter. J’ai envie de tout plaquer. Lorena prendra la suite, ou je vendrai. Je ne sais pas encore, mais de toute façon, je n’aurai plus jamais l’envie. J’avais l’espoir qu’un jour, cette affaire serait la nôtre. Maintenant c’est cuit.
—Tu es traumatisée. L’envie te reprendra.
—Non, j’aurai envie de changement, mais ça c’était pour nous deux. Ce n’est pas faute de lui avoir dit.
—Sans doute qu’elle attendait une autre proposition.
—Qu’essaies-tu de me dire ? Si tu penses à quelque chose, il ne faut pas me laisser patauger.
—Non, je ne pense à rien de spécial.
—Je pressens que si. Mais tu as peur de mes réactions.
—Tu m’embêtes.
—Je le sais, excuse moi. Ce soir je couche avec ma Négrita. Ça va me changer les idées.
—Merci pour moi !
—Toi tu dors avec Monsieur. Il faut bien que je te remplace.
—Tu as raison, mais si tu dois être désagréable, ça ne va pas être facile.
—Ça va passer ne te bile pas.
—Je te souhaite une bonne nuit. Avec Linda, putain, c’est vrai que ça me fait envie.
—Sois sage Maud, ce soir c’est ma nuit « petits seins noirs. »
—Il en faut pour tous les goûts. » Linda arriva de bonne heure, de quoi retrouver Axelle et de jouer un peu avec elle. Nous sommes allées manger une fondue « Au Chalet Savoyard » c’était bien, mais pas vraiment ce qu’il faut pour un repas léger. Mais je ne pris pas un gramme, Linda n’avait rien perdu de sa voracité. Quelle santé, cette fille ! Pourquoi ne l’ai-je pas gardée pour moi ? Elle me laissa pantelante comme jadis, quand on se découvrait tout juste. Elle avait fait un traitement hormonal, sa poitrine avait gonflé un peu. Je trouvais ça idiot, elle n’avait rien gagné, ni en beauté, ni en érotisme. Elle était aussi excitante avant, peut être plus. Elle resta jusqu’au lendemain après midi. Linda partie, je me replongeai dans la lecture :
« Je regrette amèrement l’époque où nous étions toutes les deux militaires. Nous avions un mode de vie où l’on pouvait s’aimer, mais aussi s’apprécier dans ce que l’on faisait quotidiennement. Nous étions pareilles. On avait l’impression que l’armée était à nous et qu’on la construisait tous les jours un peu plus. Le soir on se parlait, on se racontait, on se comprenait. On se prenait un apéro sur la terrasse « des Biches ». J’étais allongée nue sur le transat et tu me caressais les seins doucement. Il y avait sûrement un voisin mateur, mais que nous importait ? Et puis tu renversais quelques gouttes de ton Gin sur mes tétons, pour les faire bander et les sucer après. Et quand tu me mettais la bouteille de coca dans la foune, j’étais au paradis. Pourquoi ne comprends tu pas que je regrette ces moments là ? » Moi aussi, je les regrettais amèrement, mais le temps passe et l’armée ne représente que deux ans de ma vie. L’armée avec elle, huit mois. C’était le paradis. Et quand j’ai quitté l’armée, elle y est restée.
Qu’elle ait attendu que j’obtienne une situation pour quitter l’armée et rechercher de son côté quelque chose d’autre, passe encore. Mais elle répétait à l’encan qu’elle ne savait rien faire d’autre et qu’elle s’y plaisait, alors ? Quand j’ai lancé l’agence, ça ne l’a pas intéressée. A chaque fois qu’elle aurait pu quitter l’armée, au contraire, elle a franchi un cap. Elle est rentrée à l’armée comme deuxième classe, elle est morte Capitaine. Rien que ça, c’est déjà exceptionnel. Surtout pour une femme, qui plus est, pour une gouine ! Je pense que les barrettes de capitaine, c’est un coup de pouce du Général. Comme moi pour mes barrettes de Lieutenant. Franchir la barre des officiers, c’est courant, continuer son ascension c’est autre chose.
Moi je voulais bien vivre ma vie avec elle, exclusivement avec elle. Mais c’est elle qui m’a déstabilisée avec ses besoins de sperme. C’est elle qui a mis Jean-Marc entre nous. Moi, quand j’ai voulu « remercier » le Colonel, Je n’ai pas pu. Pourtant j’étais sincère. Je savais qu’il était amoureux et je pensais devoir m’offrir à cet amour-là. Je me souviens de l’époque qui a suivi. Ce fut le pire moment de ma vie. Pour lui aussi.....
Nous avons cru que de s’offrir des maris nous préserverait de la lassitude. On a cru que l’on pourrait continuer nos amours. On a simplement oublié qu’ils ne voulaient pas jouer à ce jeu là. On oublie toujours les sentiments des autres. Puis il y a eu Simone, inévitable, puis Maud et la folie a commencé. C’est vrai qu’elle n’a pas participé à ces fêtes là. C’est vrai que je lui ai offert toutes mes conquêtes. Pour me dédouaner ? Je ne sais pas, ce n’était pas mon impression. C’était seulement de somptueux cadeaux. Et c’est elle qui a mis fin à ce jeu là, en couchant avec Michèle. La boucle était bouclée. Elle ne pouvait plus craindre sa rivale, puisqu’elles s’étaient aimées. J’étais prise à mon propre piège. Mais basta de tout ça. Elle a pris la décision de partir. . À l’autre bout du monde. Pourquoi ? Pour continuer l’aventure ? Pour me laisser à mes amours Simonesques ? Pour bien me dire que mes conneries ne l’intéressaient plus ? Si c’était le goût de la découverte, l’exotisme, elle n’aurait pas cessé de m’écrire, au contraire, elle m’aurait raconté au jour le jour ses aventures ? Mais n’est-ce pas ce qu’elle a fait avec ses lettres ? Je sentais que j’étais proche de la vérité. Elle n’était pas partie pour m’oublier, au contraire, puisqu’elle m’avait écrit presque tous les jours. Elle voulait que je l’oublie, elle voulait que Lorena la remplace, pourquoi ? Pour que je puisse vivre heureuse sans elle. C’était la façon définitive de se rayer de ma vie. Pouvait-elle y croire vraiment ? Et si je n’étais pas parvenue à l’oublier ? Quelle aurait été la solution ? Partir la retrouver ? C’était une mise à l’épreuve ? Je pensais que j’étais proche de résoudre l’énigme. Que j’allais réussir à démêler ce jeu de rôle imbécile.
J’étais en pleine Amerzone, il me fallait trouver les indices bien cachés pour avancer dans une jungle inextricable et retrouver ma « Yécoumani » Une fois de plus, je laissai le puzzle sur la table, « en espérant que le chat ne viendrait pas jouer avec ».
Je conduisis Axelle chez Odile, je voulais aller nager et elle ne le voulait pas. Pourtant, elle commençait à bien se débrouiller. Mais pour elle, nager restait un jeu, faire des longueurs avec maman n’avait rien de bien amusant. Pour moi, c’était un vide-tête des plus efficaces. Après avoir nagé pendant une heure ou deux, je passais une heure ou deux à mater les filles. Je fis une touche avec une gamine. Elle n’arrêtait pas de me regarder ; elle pouvait avoir quinze-seize ans, elle était jolie et bien faite. Son maillot une pièce, noir, lui allait à merveille et quand elle remontait ses cheveux pour mettre une pince, je voyais le globe de son sein sur le côté et je ne pouvais m’en détacher les yeux. Je ne pouvais pas mouiller ma culotte plus qu’elle ne l’était. La fille remarqua que je la regardais et se mit à faire la belle. Son numéro de séduction, n’était pas si mal. Pourquoi me priver de ce spectacle, je lui souris. Elle me répondit par un sourire éclatant. Elle monta les deux gradins et vint vers moi.
« Je m’appelle Aline.
—Bonjour Aline, je m’appelle eve anne ; Tu es très jolie.
—Vous aussi. Vous êtes seule ? Votre fille n’est pas avec vous ?
—Tu connais ma fille ?
—Non, mais j’habite l’ immeuble d’à coté et je vous vois souvent.
—Si je voulais passer incognito, c’est râpé.
—Oui, ici tout le monde vous connaît.
—Ha bon ?
—Oui, vous venez nager souvent et quand vous prenez un couloir, le maître nageur nous interdit d’y aller, pour ne pas vous gêner.
—Je ne l’ai pas demandé.
— Ce n’est pas grave. Vous vivez seule ?
—Avec ma fille et j’ai des amies. Et ma belle mère vient souvent voir ma fille. Je ne m’ennuie pas.
—Mes copines disent que vous n’aimez pas les hommes.
—Et toi qu’en dis-tu ?
—Moi ? Je ne sais pas et ça ne me gêne pas, je suis comme ça aussi.
—Tu veux me séduire ?
—Je ne voudrais pas que vous vous moquiez de moi.
—Je ne me moque pas, tu es bien jolie et ta sincérité me touche. Mais tu ne dois pas rester avec moi. Je ne suis pas fréquentable pour une jeune fille. Tes parents n’aimeraient pas.
—Je le sais, il faut toujours se cacher.
—Non, il ne faut pas se cacher. Il faut vivre la tête haute. Si tu ne peux pas, il ne faut pas le faire. Tu as une petite amie ?
—Non, je ne l’ai plus, elle est partie avec ses parents vivre à La Réunion, au bout du monde ! Son père a trouvé du travail là bas.
—Et tu es triste ?
—Enormément. Je suis triste à mourir.
—Tu lui écris des lettres douces ?
—Bien sûr, mais elle ne me répond pas souvent.
—Elle a peut être beaucoup de chose à faire. Ce n’est pas facile d’arriver dans un autre pays.
—Je vais peut-être aller la rejoindre !
—Que dis-tu ? Pourquoi ? Tes parents sont d’accord ?
—Je ne leur en ai pas encore parlé.
—Mais alors comment comptes-tu faire ?
—Je n’en sais rien, mais dans sa dernière lettre, elle me disait de venir. Qu’il fallait que je quitte tout ici pour aller la retrouver. Mais je ne sais pas comment faire.
—Ne le fais pas, n’y pense plus. Tu trouveras une autre fille à aimer.
—Oui, de toute façon je n’ai pas d’argent pour y aller.
—C’est mieux comme ça. Allez va rejoindre tes amis. Sinon je vais avoir des histoires.
—Oui, je me sauve. Si je vous revois, je pourrais vous parler ?
—Bien sûr, si tu me dis « tu ». » Je restais songeuse.
C’était quoi cette histoire ? Deux gamines sont amoureuses. L’une s’en va « au bout du monde » sa copine reste là et l’autre lui dit, « Tu n’as qu’à tout plaquer et venir me rejoindre…. » Elle était jolie Aline, mais quand même un peu puérile, elle ne devait pas avoir ses quinze ans.
J’avais froid ; des frissons. Je ne m’étais pas suffisamment séchée. Je ne voyais plus Aline, elle était repartie faire de la mousse dans le bassin. Je me levai pour aller me rhabiller. Je ne lui avais même pas demandé son nom à la petite. Elle était bien craquante avec ses jolis petits seins tout ronds comme une que j’ai connue jadis. Avec ses longs cheveux noirs et son regard sombre. Mais voilà, elle n’avait peut être pas les parents que j’avais eus. Et je n’avais pas envie de me retrouver devant un juge. Les gens, maintenant, sont tellement devenus cons. Pourtant, j’aurais aimé câliner cette gamine. Elle avait l’âge que j’avais quand Michèle m’a séduite. Je ne suis pas sûre d’avoir l’audace qu’elle avait eue. Ce n’était pas le moment de me laisser aller à ce genre de dévoiement. J’avais des problèmes à régler et de sérieux.
Aline m’avait donné une réponse à mes interrogations, celle que j’avais subodorée ce matin. C’est ça qu’elle voulait. Me mettre à l’épreuve. Elle savait que pour se retrouver toutes les deux, on ne pouvait pas le faire au milieu des autres, dans une hiérarchie existante. Elle voulait que je plaque tout pour aller la rejoindre, mais elle voulait surtout que ça vienne de moi, c’était la seule preuve d’amour qu’elle attendait. Il fallait que je lui sacrifie ma réussite professionnelle. C’était plausible. Je ne sais plus si dans la réalité je suis passée à côté de cette option. Maintenant je pouvais lire ses lettres, je savais ce que j’allais trouver. Durant le retour, je repensai à Aline. Cette fille m’avait marquée. Je n’aurais de cesse de la revoir. Je suis folle. Seize ans, peut être même pas. J’en ai trente neuf. Caresser les seins d’une fille de seize ans, c’est un luxe inouï à mon âge. Mais je sentais dans mon bas ventre ce fourmillement annonciateur des désirs insensés.
De retour, j’eus un appel de Luigi.
«Je pensais à toi, j’avais envie d’entendre ta voix
—Et autre chose aussi sûrement.
—Pas forcément. Etre avec toi, ça ne serait déjà pas si mal.
—C’est une demande en mariage ?
—Non, pas encore, c’est simplement pour te changer les idées.
—C’est sympa. C’est vrai que je t’avais promis quelque chose que tu aimerais.
—Oui, c’est quand tu voudras, je ne veux pas t’embêter avec ça.
—Tu ne m’embêtes pas. Tu le sais bien
—Je t’invite ce soir au restau et tu me le fais après, ou avant comme tu préfères

 Je préfère ce que tu me donneras à manger, le restau ce n’est pas la peine

—D’accord, tu viens maintenant ?

—Le temps de me préparer, disons vers 19 h
—C’est parfait, je t’attends. » J’appelais Maud, pour me décommander. Je lui dis tout net que j’allais chez Luigi. Elle me répondit que j’avais bien raison, que ça me ferait du bien. Et que si elle ne m’intéressait plus, il fallait le dire.
« Tu serais tentée de venir ?
—Avec Luigi ? Ce petit con de Luigi ?
—Oui, c’est un p’tit con avec une très belle bite.
—Ne me tente pas.
—Tu veux que je prépare le terrain ?
—Fais comme tu veux. Mais pas aujourd’hui. Attends moi, je vais chez toi voir Axelle. » En faisant ça, je ne cherchais pas à me « dédouaner » de quoi que ce soit, je voulais simplement lui procurer un bon amant. Je ne voyais pas où était le mal. En attendant, je me préparai avec soin. Je pris un sac et je mis le matériel que m’avait offert Simone et dont, depuis, je ne m’étais jamais servi. En mettant ça dans le sac, je souriais déjà de l’effet que ça allait procurer à mon petit ami. A moins qu’il connaisse, mais ça m’étonnerait, c’est un truc de pute comme disait Simone. Et on ne doit pas le trouver dans le commerce.
Quand Maud fut arrivée, je partis rejoindre Luigi. Son accueil fut amoureux. Il m’embrassa sur les lèvres comme un véritable fiancé, on se déshabilla lentement et il me demanda par où je voulais commencer. Il connaissait la réponse, j’avais très faim. Et je savourai cette entrée, comme un dessert. J’étais folle de son sexe, j’étais folle de son sperme. Puis je lui dis que j’allais me préparer et je passai dans la salle de bain. Le matériel se composait d’une ceinture de plastique, muni d’un tube fileté sur lequel on vissait le faux sexe, qui mesurait environ cinq centimètres de diamètre et trente de long. Ce faux sexe était souple et creux, mais cela ne se voyait pas. A l’intérieur de la ceinture, on pouvait raccorder un petit tuyau souple au tube et au bout de ce tuyau souple il y avait un petit réservoir métallique chromé, aux extrémités hémisphériques. C’était une cartouche d’air comprimé qui mesurait aussi cinq centimètres de diamètre et douze centimètres de long. Le raccordement étant fait, je m’introduisis la cartouche dans le vagin, je mis la petite valve sur le côté et je mis la ceinture. J’allais rejoindre Luigi. Celui-ci regarda le sexe et décida qu’il avait la bonne taille. Je me mis sur le dos, Luigi enduisit le sexe de vaseline et se plaça un cock-ring apparemment plaqué or. « C’est pour faire durer » me dit-il.
—Ça fait riche, c’était un cadeau pour ta première communion ?
—A peu de chose près » Avec d’infinies précautions, il s’empala sur le faux sexe. Trente centimètres, ça fait un gros morceau à « avaler », et cela dura un moment. Moi je le regardai faire, avec curiosité. Je regardai son visage, il était un peu crispé, mais tellement beau, tellement viril. Je voyais son corps épilé, où tous les muscles semblaient doués de vie. Son sexe, serré par l’anneau se dressait bandé à l’extrême. Pour une fois, les testicules étaient tendus et ne pendaient pas. J’étais émerveillée de ce corps d’homme en pleine activité sexuelle. Il s’appuyait sur moi, sur mes seins, je sentais le cylindre dans mon sexe me procurer des sensations énormes. Puis il arriva à la fin, il avait consommé le membre entièrement. Il commença lentement un mouvement aller-retour, facilité par la vaseline. Discrètement, je saisis la petite vanne sur le côté de la ceinture et je la tournai d’un quart de tour. La chaleur de mon sexe commença à faire son effet progressivement et l’air contenu dans la cartouche commença à remplir le sexe. Luigi grognait de plaisir, sans savoir ce qui allait se passer. Et les grognements devinrent de plus en plus forts. « Tu me fais un effet terrible. Je le sens de plus en plus. Je vais jouir, c’est sûr, je vais t’arroser, je ne me contrôle plus. » Je savais que maintenant, le sexe faisait plus de six centimètres de diamètre. Je continuais.
—Je n’en peux plus, je suis éclaté, je jouis comme une salope, je n’ai jamais été baisé comme ça » Et en disant ces mots l’éjaculation se produisit, violente, abondante, j’en reçus plein le visage, plein les seins et j’eus mon premier orgasme, puis je jaillis comme une fontaine. Il avait attrapé son sexe à pleine main et se masturbait frénétiquement. Une deuxième éjaculation partit, aussi abondante, aussi puissante que la précédente. Je tournai la valve dans l’autre sens. Le sexe se dégonfla lentement, sans bruit. Luigi sentait bien qu’il se passait quelque chose, mais il ne comprenait pas quoi. Et je l’attirai vers moi, collai son visage contre le mien, je l’embrassai goulûment dans cet univers humide de sueur et de sperme. Et je lui murmurais doucement :
« Reste contre moi mon amour, reste encore un peu. Tu as été parfait, tu as joui comme un dieu. Ne te libère pas trop vite, va doucement, il faut que tout reprenne sa place, calmement. » Luigi m’entendait, mais il n’avait pas encore tout compris ce qui lui était arrivé. Il m’écouta et se retira lentement, le sexe revenu à son état initial. Alors, il le contempla, incrédule, se demandant comment cet engin avait pu lui faire un tel effet.
« Je vais tout te dire, mais promets-moi que tu ne me tueras pas. » Quand il l’eût juré, je défis la ceinture et je retirais doucement la cartouche de mon vagin. Je le voyais écarquiller les yeux. Et devant lui, je manœuvrais la petite vanne et le sexe se mit à gonfler comme un ballon.
« Mais c’est quoi cet engin ?
—C’est un gode de pute, comme dit Simone !
—Mais c’est génial ! L’effet est terrible, je ne comprenais pas du tout ce qui m’arrivait.
—Ce qui t’arrivait ? Le sexe est passé de cinq à sept centimètres, ce qui fait une belle bite !
—Tu m’as mis sept centimètres dans le cul ?
—Oui, peut être un peu plus, mais ça valait la peine, tu as vu comme tu as joui ?
—Oui, comme une vraie salope !
—Tout de suite, les grands mots, tu as joui comme un étalon. J’ai eu bien fait de prendre ma dose avant, il ne doit plus t’en rester beaucoup !
—En effet.
—On ne peut pas recommencer, il n’y a plus assez d’air. Et de toute façon, tu auras sûrement des douleurs. Dans mon sac j’ai une pommade calmante.
—Et toi tu l’as déjà fait ?
—Oui! Je ne pouvais plus m’asseoir pendant deux jours !
—C’est fait pour une dilatation vaginale. Mais je m’en suis servie derrière. Comme toi.
—Tu es vraiment l’amoureuse dont je rêvais. Je t’aime tu sais.
—Accepteras-tu un de ces jours de me prendre avec Armand ?

—Bien sûr, si tu en as envie, c’est un mec bien. Mais moi je t’aime !
—Alors, viens te reposer contre moi et laisse-le dormir. On verra ça plus tard. » On s’endormit sous la couette. Je me réveillai à deux heures du matin. J’allai me doucher, je passai l’engin sous la douche également. Je me rhabillai et rangeai le tout dans mon sac.
« Et ça se trouve où, un « gode de pute » ?
—Chez moi, c’est Simone qui l’a fait faire pour moi.
—Pour toi ? Mais pourquoi ?
—Trop long à t’expliquer. J’espère que tu as aimé. Tu es la seule personne à qui j’en ai fait profiter. C’est un gode à risque. Pendant que j’y pense, ça te plairait de faire l’amour avec Maud ?
—Madame Lenoir ?
—Oui, ma belle mère.
—Toute ma jeunesse j’en ai rêvé. C’était la plus belle femme du monde. Et elle serait d’accord ? Je n’y crois pas, elle ne m’aimait pas beaucoup !
—Je lui en parlerai, si elle a envie, il faudra être galant, c’est une femme adorable.» Je laissai Luigi à ses douleurs. Il a plus l’habitude, ça sera peut être plus supportable. C’était un engin dangereux. Il ne fallait pas en abuser ! Le lendemain, bien évidemment, Maud est venue aux nouvelles.
« Je suppose que tout s’est bien passé ?
—Oui, il serait très heureux de faire l’amour avec toi. Il parait que tu étais la plus belle femme du monde !
—Cet imparfait me vexe. On verra. Et pour toi, c’était comment?
—Très bien, il a été très content de moi.



Je lui ai fait un bien énorme ! »

 

 


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Par eve anne
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