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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
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Bonne Année



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Extraits

 

Rencontre en Forêt
carrefour11

J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
Laurent (4)

Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
tn Manon (101)

Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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LIII-Les Doutes
 

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Durer, durer n'est jamais long, dit le sel du chagrin.

Alain Borne 


                                          La messe fut grandiose. La nef était pleine, et pour ne pas rester dehors, les gens s’étaient tassés dans le fond de l’église. La foule immense, était silencieuse. La musique jouait de façon magistrale. Trois artistes, et la nef vibrait de toutes ses structures. Il y avait de façon non officielle, une section de militaires, sans doute venue de la base aérienne de Dijon. Un officier s'était placé devant la bière et tenait un drapeau en berne. Sur le cercueil, le coussin pourpre avec la médaille de la légion d’honneur, et l’œillet rouge de Michèle. Tout autour, un amoncellement de fleurs, pour elle qui, comme moi n'aimait que les oeillets.  Au moment de la bénédiction du cercueil par les fidèles, Lorena descendit du jubé et vint se placer près du cercueil. Elle se mit à jouer «L’adagio d’Albinoni ». C’était le morceau préféré de Marie-Noëlle. Elle était vêtue d’un pantalon noir avec des bottes et d’un chemisier blanc à longues manches. Elle avait ses longs cheveux dénoués ondulant dans son dos. Le foulard noir était noué en cravate. Elle avait un œillet blanc à l’oreille. Elle faisait  tout à fait Tzigane. La bénédiction dura une éternité. Dans la file des gens, je vis passer Jocelyne et Louis. En dernier, ce furent les militaires qui participèrent à la bénédiction, en treillis, en file indienne au pas de la légion. Elle joua et rejoua le morceau, jusqu’à la fin. Elle me paraissait très belle, je ne pouvais m’en détacher les yeux. A la fin de la messe, revenue près de l’orgue, elle entama « l’Hymne à l’Amour », qui a toujours été mon morceau préféré. La messe était finie, mais les gens ne partaient pas. Debout, en silence, ils écoutaient. L’inhumation se passa au cimetière de Chenôve, une heure après, pour que les proches puissent se retrouver en toute intimité. Puis, on se dirigea vers la salle communale pour boire des boissons chaudes. Guillemette me dit avoir reçu de l’armée les vêtements et objets personnels de Marie-Noëlle. Il y avait parait-il un carton qui m’était destiné. Le Général ne s’était pas déplacé, mais Isabelle était là. J'aperçus également Jean-Marc et Christian. Ils firent semblant de ne pas me voir. Si ces deux petits cons nous avaient aimées, au lieu de nous traiter comme des radasses, Marie-Noëlle aurait quitté l’armée depuis longtemps, et aujourd’hui, nous éclaterions de joie aux sports d’hiver.
La séparation de tous les proches, fut lente et difficile. Je reconduisis Guillemette chez elle, à quelques centaines de mètres de là, pour prendre possession du «Carton » sur lequel était écrit au marqueur : « Mon chat. » Puis on reprit la route vers nos pénates isariennes. Durant le voyage de retour, Maud s’endormit sur mon épaule. Jane avait baissé le pare-soleil, et nous surveillait dans le miroir de courtoisie. Elle s’attendait peut être à nous voir nous envoyer en l’air sur la banquette ? Quelle conne cette fille. Je m’assoupis un petit moment, juste le temps de rêver de Lorena devant le cercueil jouant de son violon magique.
A aucun moment je ne suis parvenue à relier ce qui se passait à Marie-Noëlle. Pour moi, il n’y avait rien de changé, je gardais les images de sa beauté, de ses attitudes, de sa peau contre moi, de ses yeux, de ses lèvres, de son sexe même, cette petite merveille qui m’avait donné tant de joie. Je ne sais pas ce qui se passera quand je me serais faite à l’idée de sa mort.
Le dimanche qui suivit fut glacial, il s’est mis à neiger dans la matinée, et ça ne s’est pas arrêté de la journée. Le bruit des voitures dehors était assourdi,.
J’avais ouvert le carton. Il contenait une quantité de lettres sous enveloppes cachetées, avec comme seule adresse : « Mon Chat » Marie-No m’avait écrit tout ce courrier, et ne m’avait rien envoyé. Il n’y avait aucune marque visible, d’un ordre dans lequel ces lettres auraient été écrites. J’ouvris la première, et parcourus l’écriture un peu heurtée de Marie-No, qui décrivait les activités de sa matinée. Dans cette description, une phrase m’interpella immédiatement.:

«
Le pays est calme, les civils accueillants, bien sûr, il y a quelques énervés, comme partout, si notre ivrogne de Colonel continue à les provoquer, c’est sûr que ça finira mal. » Puis un autre passage.
« Je reviens de l’aéroport, où j’ai fait la police tout l’après midi. L’avion de Paris s’est posé à 15 heures. J’ai attendu la sortie des passagers, mais tu n’y étais pas!» J’avais l’impression que dans ces « courriers », il y aurait des révélations. Il faudra que je les lise avec beaucoup d’attention, et peut être faire le tri de ce qui pourrait être des « pièces à conviction » Le lendemain, je retournai à Paris, le quotidien reprenait le dessus. Je retrouvai mes femmes avec un immense plaisir. Lorena était fidèle au poste, elle me sourit et m’embrassa.
« Ce que tu as fait est extraordinaire ! Tu as du avoir excessivement froid ?
—Si tu as aimé, je suis contente. Je voulais que la cérémonie soit parfaite

—Comment as-tu fait pour jouer comme ça avec l’orgue, au pied levé ?
—Pas au pied levé, je suis arrivée samedi très tôt, et nous avons répété toute la  matinée. Et j’avais les partitions de tout ce que j’ai joué, ce n’était que de la lecture. Je redoutais le froid, mais l’orgue est maintenu à température  constante le temps qu’il faut, sinon les sons ne seraient pas justes. Donc j’étais relativement au chaud. En bas, j’ai eu plus froid, heureusement, ça n’a pas duré. J’ai eu beaucoup de chance, l’organiste était prodigieux, et le violoncelle jouait très juste. La sono était parfaite, et l’acoustique de l’église particulièrement bonne.
—Mais pourquoi as-tu fait ça ?
—Pour que tu sois contente. Mais j’ai été très heureuse de jouer avec cet orgue, qui est sûrement le meilleur de France.» J’étais sidérée.
« Et que pourrais-je faire pour te remercier ?
—Continuer à nous aimer. » Pouvais-je sincèrement le promettre ?
Quand je repris le cours de mon travail, Puce vint me voir dans mon bureau. Elle était souriante, en pantalon, c’était de saison, et me parla de choses diverses. Je l’observai avec attention : quel âge avait-elle exactement ? C’est vrai qu’elle a conservé un beau visage, un soupçon de masculinité, juste comme j’aime, et cette poitrine arrogante sous ce pull à col roulé ! Et je me posais la question :
« Aurais-je vraiment envie de lui faire l’amour ? » La réponse était « oui », sans aucun doute. Pourtant, le sentiment ressenti n’était pas habituel. Parce que l’on se connaissait depuis longtemps sans doute, parce que l’on n’avait jamais évoqué cette éventualité, peut être ? Je n’ignorais pas qu’elle avait été la maîtresse de Simone, encore que Simone ne m’en ait jamais parlé. Mais à la réflexion, je n’ai jamais entendu dire qu’elle sortait avec l’une ou l’autre des filles. Même Linda n’aurait pas essayé ? Curieux. Il faudra que je lui en parle, on se connaît assez pour qu’elle me le dise.
Josépha partie, j’allai dans le bureau de Lorena. Et je lui demandai le mot de passe pour aller sur les fiches confidentielles des salariés, « dans le fichier qui n’existe pas »
« Tu veux tout savoir sur moi avant de m’épouser ?
—Oui, exactement ma chérie. Je sais, c’est interdit, mais nos amours aussi sont interdites alors. . . »
De retour à mon bureau, j’ouvrais le fichier sur mon PC. Et je ne trouvai rien. Je pris le parti de regarder toutes les fiches une par une. Il n’y en avait pas tellement. Et s’il n’y avait rien au nom de Josépha, je la trouvai sous le nom de Claude. « Encore une » pensé-je. Si j’avais fait le tri sur le nom, Je l’eus trouvée tout de suite. Je regardai sa date de naissance: 27 Mars 1950 ce qui lui faisait, 52 ans et demi. Elle ne les paraissait pas. Lieu de naissance : Montmorency. C’est tout ce que je pus apprendre de cette fiche. Avais-je besoin d’en savoir plus? Puis je pensais à autre chose. Le soir venu j’ouvris une autre lettre de Marie-No.
« Voilà, la deuxième année est passée. Je suis toujours en attente. Je t’aime mon chat. J’espère que tu arrives à m’oublier. Qui as-tu élu pour prendre ma place ? Lorena ? Rosine ? Maud ? Ou bien une nouvelle que je ne connais pas ? Pour moi, tu me suffisais, je n’avais besoin de personne d’autre, mais toi, tu aimais l’amour plus que moi. Tu m’offrais tes femmes pour te dédouaner de ne pas m’être fidèle. Tu ne me crois pas ? Souviens toi, ce n’est jamais arrivé que je te prête une femme de mes conquêtes, je n’en avais pas. Je ne suis pas ingrate, j’avoue avoir joui avec elles autant que toi, elles sont toutes tellement belles. Laquelle a su t’aimer autant que je t’aime. Aucune. T’aimer plus est impossible. A tel point qu’ici je continue à t’aimer autant après deux ans de cette épreuve. Jusqu’où tiendrons-nous ? Quand comprendras-tu ? » Ces lettres me posaient plus de questions qu’elles ne me donnaient de réponses. Je ne pouvais jamais en lire plus d’une à la fois. J’en sortais avec le sentiment de passer à côté d’une vérité évidente pour elle et pas pour moi. si elle m’aimait, que faisait-elle là bas ? Le lendemain j’avais une lettre d’Argentine. Là, pas de mystère, je savais de qui.
« Juste un mot pour te dire que je participe pleinement à ta douleur. Voir un être aimé s’en aller, est le plus grand malheur qui puisse nous arriver. Savais-tu pourquoi elle était partie aussi loin ? Te l’avait-elle dit ? L’as-tu deviné ? Y as-tu réfléchi ? L’amour a toujours eu besoin de secrets pour survivre, et les secrets de l’une ne sont pas forcément compris de l’autre. Mais toi, eve anne, une fille intelligente qui ne vit que d’amour, comment n’as-tu pas su faire la différence entre : « partir en Nouvelle Calédonie » et : « partir au bout du monde ? » Si tu ne le sais pas, c’est que je ne t’aurais servi à rien. Bien sûr, ce n’est pas ça qui l’a tuée, mais c’est peut être ça qui te tuera. Il ne se passe pas un jour sans que je pense à toi. Elle, comme moi, n’avons jamais cessé de t’aimer. » Je restai songeuse. Que voulait-elle dire exactement ? Marie-No lui aurait elle fait des confidences ? Ce départ au bout du monde aurait donc pour cause, de ne pas l’avoir aimée comme elle l’aurait voulu ? Et quoi alors ? Elle ne savait pas le dire? Non, ça me parait trop gros. Tout le monde va vouloir me rendre responsable de sa mort ? De son départ, passe encore, mais de sa mort, je ne vois pas comment. Quand on se suicide, on ne le fait pas avec deux personnes à bord. Et Marie-No n’aurait jamais eu d’envie de suicide. Je pensais que ces lettres allaient me donner bien des tourments. Et comme elle ne les avait pas envoyées, ce n’était pas le but de la manœuvre. Le lendemain, ces deux lettres m’empêchèrent de me concentrer. Je décidai donc de laisser du temps entre chaque lecture, sinon, je vais me pourrir la vie. Quand je rentrai à la maison le soir, Maud était là avec la petite, elle la faisait travailler comme d’habitude. Maud n’avait pas le même visage que les autres jours. Je lui posai la question ;
« Qu’y a-t-il ? Quelque chose ne va pas ?
—Il faut que je rentre. » En disant cela, elle mit son manteau. Et me dit:
« J’accompagne Axelle chez Odile. Quelqu’un t’attend, là, dans la pièce à côté. » Et sans m’embrasser, elle referma la porte. Dans la pièce à côté ? Je me dirigeai vers la pièce à côté et j’ouvris la porte. « Josépha ? Mais que fais-tu là ?
—Tu m’as dit qu’il faudrait que je te viole, alors, si tu me promets de ne pas trop crier….
—Mais pourquoi ne m’as-tu rien dit ? Qu’y a-t-il donc de si mystérieux?
—Ce n’est pas si simple. Si je suis là, c’est parce que je t’aime à la folie, et ce que je voudrais faire avec toi sera lourd de conséquences pour moi, pour toi aussi sûrement.
—Attends, tu me fais peur. » Je scrutais son visage. Avec l’éclairage tamisé, elle me semblait très belle. Je voyais les aréoles de ses seins à travers le chemisier blanc. Quelle poitrine ! Elle était sans soutif un peu plus basse, mais j’adorais ça. Je m’approchai d’elle, très près et posai la main sur le sein qui n’attendait que ça. Je vis ses yeux se fermer de plaisir. J’ouvris le chemisier, et les deux seins apparurent, superbes, volumineux, avec des tétons dressés très gros eux aussi. Je pris l’un d’eux entre mes lèvres, et je commençai à me dévêtir. Josépha murmura:
« Promets-moi que tu ne m’en voudras pas.
—Je te le promets. Déshabille-moi. » Et elle me déshabilla avec adresse, et quand je fus nue, je commençai à enlever son chemisier. Son pantalon, elle le fit glisser elle-même. Puis elle se colla contre moi. Et là, je compris tout. Etonnée, je marquai un temps d’arrêt. Je réfléchissai à toute vitesse, et je m’appuyai de toutes mes forces contre elle. Je sentais des larmes me monter aux yeux, que je ne pouvais pas retenir. Je cherchai à croiser son regard, mais c’était brouillé, je ne voyais plus rien. J’éclatai en sanglots.
« Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? Pourquoi ?
—Je n’ai pas eu le courage. Je t’aime tellement. » Je restai debout, collée contre elle, sans oser aller plus loin dans notre étreinte.
« Si tu ne veux pas de moi, je ne t’en voudrai pas, je peux m’en aller. » Alors, je me détachai de son corps. Je pris le string à hauteur de ses hanches, et le fis glisser vers le bas, en me baissant devant elle. Je me trouvai face à un sexe en érection, d’une verticalité agressive, surmontant deux testicules bien formés.
Josépha était un transsexuel parfait.
Et durant des années, je ne m’en suis jamais aperçu. J’étais à genoux devant
« elle », et je ne pouvais me détacher les yeux de ce sexe superbe. Je m’approchai doucement, et appuyai mon front. Me redressant un peu, je le saisis entre mes lèvres. Sans y mettre les mains, je le fis pénétrer dans ma gorge, jusqu’à ce qu’il touche le fond. Ce n’était pas le calibre Luigi, mais il me remplissait la bouche complètement. Alors commença pour moi ce moment que j’adorais; un sexe d’homme dans la gorge, sachant qu’il allait exploser et jaillir dans ma bouche. Josépha me laissa faire sans dire un mot, sans faire un geste. Je sentais seulement les vibrations dans ses cuisses, promesse d’une fin très proche. Et puis cela vint très vite, ce fut violent, abondant, chaud, j’étais essoufflée mais heureuse.
J’entraînai Josépha sur le lit, en continuant à la lécher, à avaler, tout ce que je pouvais. Elle resta sur le dos un moment, et son sexe se ramollit. Dans cet état, il n’était vraiment pas très grand, et je compris qu’elle n’avait eu aucun mal à le dissimuler. Le temps que je me reprenne, elle me caressait les seins avec douceur. Puis elle se retourna sur moi pour me caresser le sexe. Elle le prit dans sa bouche, et avec le talent d’une femme, elle me fit jouir plusieurs fois, le temps qu’une nouvelle érection se présente. J’écartai les cuisses en grand, j’écartai mes lèvres d’une main, et de l’autre je la guidai en moi. Voilà, elle était l’homme et moi la femme, elle me baisait, et j’étais heureuse. Ce n’était pas ma position préférée, mais c’était la position explicite. Celle de l’homme qui baise sa femme. Sauf que là, j’avais en prime, le magnifique spectacle de ses seins, de sa taille creusée, et de ses hanches douces. Cette image me plaisait. Je n’eus pas à me forcer pour repartir dans une série d’orgasmes. Dans le temps qui suivit, allongées sur le lit, on parlait à voix basse. J’étais appuyée sur un coude, et je la regardais. A part ce morceau d’homme, qui venait de me donner du plaisir, rien n’était masculin.
C’était le corps d’une femme avec la peau douce, fine et parfumée. Elle était brune, mais aucune ombre de pilosité ne venait rompre le charme. Les seins étaient très beaux, souples et bien formés.
Allongée, sa poitrine couvrait tout le torse, une poitrine généreuse comme celle de Brigitte Lahaye quand elle était nue dans « Clarisse ». Je ne lui en voulais pas. Je me sentais bien avec elle, Je pensai que sa vie ne devait pas être facile tous les jours ;
« A part moi, maintenant, qui est au courant ?
—Simone. Et . . . Luigi.
—Luigi ?
—Oui, il l’a deviné tout de suite la première fois que l’on s’est vu.
—Incroyable, et vous avez fait l’amour ?
—Oui, ce jour là, c’est un très bon amant.
—Et c’était quand ?
—Le jour de l’anniversaire à Pierrefonds.
—Oui, il faisait beau, Luigi, si je me doutais..
—Et toi ? Avec Luigi ? Tu as déjà eu une aventure ?
—C’est mon amant, quand j’en ai envie. Je l’adore. On se connaît bien. Il sait me faire jouir. En tout cas, il est discret. Il n’a pas vendu la mèche.» Et Simone ?
—Elle savait avant de m’embaucher. Elle aimait beaucoup nos étreintes.
—Elle a été discrète aussi. » On passa la soirée ensemble, elle retrouva de la vitalité pour me faire une petite chose que j’aimais beaucoup. Puis elle s’en alla, elle ne voulait pas dormir chez moi. Je restai sur mes doutes, mes questions, mes incertitudes. Mais aussi avec un goût de plaisir inachevé. Je récupérai Axelle, je la mis dans son lit sans la réveiller. Qu’allais-je dire à Maud ? Je n’eus pas besoin de lui dire.
Le lendemain soir quand je la retrouvai, elle me toisa d’un regard noir.
«Qu’y a-t-il ma douceur ?
—Il t’a bien baisée ?
—Que veux-tu dire ?
—Je ne suis pas née de la dernière pluie, et je sais reconnaître une femme d’un homme, même s’il est déguisé. Ne me dis pas que tu ne le savais pas ?
—Non je ne le savais pas.
—C’est ridicule.
—Les hommes ce n’est pas mon truc.
—Sauf pour baiser. En tout cas, tu n’as plus besoin de moi ? Alors, Salut ! » Je trouvai une chaise de justesse. Et je m’écroulai. Mais que se passait-il ? Pourquoi tout m’arrivait-il dessus comme ça en même temps ? Je restai prostrée un bon moment, jusqu’à ce qu’Axelle eut besoin de moi pour ses devoirs. Je passai une mauvaise nuit, et le lendemain, il me fallut une tonne de courage pour aller travailler. J’arrivai à l’agence où tout était normal, Josépha était là, pimpante, souriante; j’étais la seule à être démolie. J’appelai Simone pour parler un moment. Elle accepta de me rencontrer au restaurant. Je lui fis part de ma découverte.
« Ne te rends pas malade. Il n’y a rien de grave. Josépha est comme ça, je l’aime comme ça. C’est tout, rien à ajouter. Si tu ne te conduis pas comme moi, tu seras malheureuse, et tu feras son malheur. Elle ne le mérite pas. C’est dans ses gênes. Laisse là vivre comme elle veut vivre, elle ne peut pas vivre autrement. Pour nous, ça parait bizarre, pour elle c’est une question de vie ou de mort. Elle t’aime tellement qu’elle s’est livrée à toi en toute confiance. Ecoute cocotte. Jure-moi que jamais tu ne lui feras de mal !
—Je te le jure.
—eve anne ma chérie, tiens ta promesse. Je ne veux pas qu’elle fasse des bêtises. Josépha, je l’ai tellement aimée. Elle a tellement été fidèle. A tel point que je lui avais demandé de veiller sur toi, et de me prévenir à temps, si tu faisais fausse route. Et elle me disait, « Tu peux dormir tranquille ma belle, elle est plus forte que toi. »  Je rentrai à l’agence, je me sentais dans un état pitoyable. Le plus terrible est d’avoir un secret pesant et ne plus pouvoir s’en défaire. C’est Lorena qui vint m’accueillir :
« Ah ! Te voilà toi ? On vient de recevoir le renouvellement de Kellermann. Il va falloir que tu te dévoues ! Puis elle m’embrassa, pas tout à fait sur la joue.
—Je ne me sens pas très bien Lorena chérie. Je ne crois pas que je te serai très utile.
—Je vais faire en sorte que l’on puisse se prendre une journée toutes les deux. Tu as besoin de repos, et moi j’ai besoin de toi. Tu es d’accord ?
—Tout ce que tu voudras, si je ne suis pas obligée de décider.
—Alors, rentre chez toi. Veux tu que quelqu’une te reconduise ?
—Armand, peut être, il est de là bas.
—Tu as raison. » Et le bel Armand accepta sans se faire prier. Il prit le volant, et me parla gentiment tout au long du voyage. Et il eut cette parole étonnante :
«Je sais bien que vous aimez beaucoup Luigi, mais si un jour il n’est pas libre, pensez à moi.
—Quand tu me diras « tu ». Bien sûr je penserai à toi. A vrai dire, je ne savais pas que je pouvais t’intéresser. Tu es une excellente recrue, il fallait que je te le dise. Nous avons l’intention de développer ton département. Tu vas pouvoir t’éclater. » J’arrivai à la maison. Armand me déposa devant le portail. Je lui laissai la voiture. Je vis la SLK, garée un peu plus loin. C’est vrai, j’étais en avance, elle n’avait pas eu le temps de se sauver.
« J’aurais dû prévenir ?
—Non, fais comme chez toi. Ma colère est passée. Tu as autre chose à faire que de te laisser emmerder par une vieille femme comme moi. Axelle est à côté, avec Eliande. Elles sont très énervées.
—Pourquoi es tu agressive ? Je ne t’ai jamais vue comme ça ! Tu as bien vu hier que je n’étais pas prévenue.
—N’en parlons plus.
—Bon on en parle plus. Je suis épuisée. Je crois que je vais aller me coucher.
—Pas sans moi.
—Je devrais appeler Patricia.
—Si c’est pour lui sucer les seins, tu le feras aussi bien avec les miens.
—Reste si tu veux, je ne te promets pas le septième ciel.
—Je me contenterai du sixième.
—Il faudra que je te parle de Marie-No, et de Michèle. Mais là, je n’ai pas le courage.
—Ça attendra. » Je piquai du nez devant la télé. Axelle dormait depuis longtemps, et Maud dormait sur mon épaule avec la main sous mon pull.

 


Moi, j’aurais voulu être au bout du monde. Mais il était trop tard.

 


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Suite 

tn Ombrages G 

tn Ombrages D 

 

Par eve anne
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