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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
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Bonne Année



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Extraits

 

Rencontre en Forêt
carrefour11

J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
Laurent (4)

Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
tn Manon (101)

Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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LV-Les Doutes

 

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Je ne dis rien
Je vais de pierre en pierre dans mon chemin creux.

Alain Borne 

                                         

                                        Nous sommes parties à la montagne, Axelle et moi, A Cordon, en Haute Savoie, Nous avons profité d’un désistement et avons logé à l’hôtel du Chamois d’Or. J’adore cet endroit. Nous sommes allées sur les pistes de Saint Gervais, au Bettex, où il y a une école pour les petits. Je déposai Axelle à l’école et je montai au Mont d’Arbois. Je retrouvais avec plaisir ce massif ensoleillé, avec ce panorama magnifique sur le Mont Blanc. Axelle fut séduite par ce qu’elle fit le premier jour, et voulut continuer. Renseignement pris à l’hôtel, je pouvais garder la chambre pour la semaine, et j’appelai Lorena pour prévenir qu’il y avait des avalanches et que je serai partie la semaine complète. Ce qui fit que je passai une semaine éblouissante de soleil, qu’Axelle fit de rapides progrès, et comme la chambre d’à-côté serait libre pour le week end, j’appelai Lorena pour savoir si ça intéressait quelqu’une. Lorena et Rosine, promirent de venir pour le week end, me rejoindre. Elles prirent le train vendredi en fin d’après midi, et nous rentrâmes le lundi matin de bonne heure. Voilà, j’avais fait le plein d’énergie, et je repris le travail avec l’envie, et le courage.
Je souhaitais retourner avec Luigi, la dernière fois, je lui avais fait de fortes sensations, mais j’avais été un peu frustrée. Je souhaitais passer une soirée avec mes deux hommes préférés. Je demandai à Armand, s’il acceptait de me prendre avec Luigi. La réponse fut oui sans hésitation. Je me sentais dans un état de manque étonnant. J’avais envie des deux spermes, j’avais envie d’une double pénétration, et qui sait, peut être que la prochaine fois il me faudrait trois garçons ? On se mit d’accord sur une date. Et ce fut une réussite. J’ai adoré tout ce que mes deux hommes me donnèrent avec, me semble-t-il, beaucoup de douceur et de tendresse. Pour ne pas dire d’amour. Cela dura presque toute la nuit. Ces garçons sont infatigables. Et c’est Luigi qui me posa la question de savoir si j’aurais envie d’essayer un troisième homme avec eux.
« Sûrement, mais pas tout de suite, j’ai besoin de garder mes sensations encore un long moment. »
Quand je retrouvai Armand dans notre bistro devant un vin chaud, il me demanda s’il pourrait passer une nuit seul avec moi. Je fus étonnée de la question, ne sachant trop ce que pourraient être les conséquences.
« Serais-tu amoureux mon bel Armand ? Serais-je ta « Dame aux Camélias » ?
—Pourquoi serais-je le seul à ne pas être amoureux ? Toutes les filles t’adorent et ne rêvent que de toi !
—Tu exagères un peu, ne crois-tu pas ? Ce n’est qu’une légende. Elles sont heureuses avec leurs amies.
—Tu en oublies une.
—Qui donc ?
—Claudine !
—Tu dis n’importe quoi. Et si tu continues à dire des bêtises, je ne t’écoute plus.
—Excuse-moi. Mais je crois qu’elle est quand même un peu malheureuse. » Cette révélation me fit l’effet d’une douche froide. Bien sûr que Claudine était une très belle femme, mais je me sentais dans une position impossible, je crois que je ne saurais pas aborder Claudine. C’est curieux comme de simples paroles peuvent dénaturer les sentiments que l’on éprouve à l’égard d’une personne. De retour au bureau, j’allai voir Claudine, qui testait une nouvelle présentation pour un industriel du Nord. Elle était toujours aussi agréable, toujours aussi élégante et plaisante. C’était moi qui n’étais plus la même. Je la regardai différemment, et j’eus l’impression qu’elle s’en rendit compte. Quand elle me fit voir un détail du décor, tout naturellement elle me prit la main. Je sursautai à ce contact, ce qui l’étonna. Pourtant, ce geste, était habituel entre nous, c’était « naturel »Elle me regarda et son regard était profond. J’avais l’impression qu’elle fouillait à l’intérieur de moi pour comprendre ma réaction. Alors, tout en ne me quittant pas des yeux, elle prit ma main doucement. Je ne m’esquivais plus, elle la porta à ses lèvres et déposa un baiser léger. Je la regardai faire, et je tremblai de partout. Elle me murmura d’une voix douce :
« C’est moi qui te fais cet effet là ?
—Je ne sais que te dire.
—Alors, ne dis rien, et laisse moi rêver. » Armand avait donc raison ? J’étais terriblement gênée. Claudine ne l’était pas, elle était semble-t-il tout à fait maître de ses sentiments. Elle me sourit, me passa une main sur le front pour redresser cette éternelle mèche rebelle :
« J’y pense tellement que tout me paraît naturel, et naturellement possible. Je sais que tu as vécu une dure épreuve, et que tu veux me préserver de subir la même chose. Rassure toi, je viendrai à toi quand je saurai évacuer mes doutes. Je connais tes liens avec Hubert, tu sais combien je l’aime, si je viens vers toi, c’est que j’aurais surmonté tout cela.
—Je sais tout ça Claudine. Mes doutes sont aussi présents que les tiens. J’ai trop d’admiration pour ton mari. Je n’imagine pas lui causer le moindre déplaisir.
—Le seul souci qu’il pourrait ressentir, c’est que je ne sois pas heureuse.» Claudine semblait sûre d’elle, pour moi, ce n’était pas aussi simple. Les hommes ne révèlent leur vraie personnalité que s'il est question de la fidélité de leur femme. Mes côtes s’en souviennent encore. Je repartis dans mon bureau. Et de fil en aiguille, j’appelai le Colonel, mais pour une autre affaire. Je voulais savoir si le Lieutenant Colonel de Nouméa était arrivé en France. J’appris que non, les autorités locales s’opposaient à son transfert tant que l’enquête ne serait pas close.
« Claudine va bien ?
—Bien sûr, je viens de la quitter. Elle travaille sur une nouvelle idée.
—Les idées, elle en a à revendre. Prends soin d’elle, je la sens fragile en ce moment. Je te tiendrai au courant pour Nouméa. Je t’embrasse. » De retour chez moi, le soir, j’ouvrais une nouvelle lettre.
« Je me suis engueulée avec le colon ce matin. Je devais laisser l’hélico pour une visite technique importante. Il a insisté pour m’envoyer faire une reconnaissance en montagne. J’ai refusé, et il m’a menacée des arrêts de rigueurs. Alors je lui ai répondu que dans ce cas, j’enverrai les photos de ses beuveries au ministère. Il est furieux. Mon copain, le St. LeThellier (mon Luigi local) m’a mis en garde en me disant qu’il était capable de tout. Que suis-je venue faire dans cette galère ! S’il n’était pas là, ce serait cool, même avec les indigènes. En plus, il ne respecte pas « La Coutume » si lui arrive malheur, il ne faudra pas s’étonner. » Celle-là, il n’est pas sûr que je la verse au dossier. Le Luigi local n’a pas besoin d’être expliqué en détail, ni d’être connu et reconnu. Mais j’étais au moins sûre qu’elle avait retrouvé sa dose annuelle. Et puis cette autre lettre : « Si au moins tu avais fait l’effort de me comprendre. Je t’avais pourtant tendu la perche en te disant que « je ne voulais pas vivre dans ton ombre » Je voulais simplement vivre à ton côté, comme avant. Je ne voulais vivre qu’avec toi, sans les autres, loin des autres. Je ne t’aime pas en femme partagée. J’ai même essayé de te faire mal en faisant l’amour à Michèle, pour que tu sentes ce que je pouvais éprouver. Mais non, tu as trouvé que c’était bien. Tu m’as rangée parmi les autres, comme une possibilité, une disponibilité, une éventualité. Si j’étais libre, tu me baiserais. Alors que pouvais-je faire d’autre ? Partir ? Oui, partir le plus loin possible, et si tu tenais à moi, tu lâcherais tout pour venir me rejoindre, et on oublierait le reste. Sinon, adios queridita, comme disait ta maman. Je te laisserai à tes amours de patronne, et moi, j’irai faire la guerre aux moulins à vent. C’est toi la tête, c’est toi qui choisis. Rassure toi mon chat, je n’éprouve aucune méchanceté. Je t’aime. » Voilà, c’était donc ça. J’étais consternée. Souffrir pour des gamineries de ce genre. Il suffisait de me dire :
« Tu choisis, elles ou moi » C’est comme ça que l’on dit dans les scènes de ménage non ? Bien sûr que je l’aimais à la folie, bien sûr que j’aurais pu me passer de ces femmes merveilleuses que j’ai connues. Mais je me souviens que l’on avait eu peur de se lasser l’une de l’autre. Tu étais tombée amoureuse de Jean-Marc et moi de Christian. Pour que deux gouines qui s’adorent se marient avec des gars comme ça, c’est qu’il y avait un problème non ? Je t’ai proposé d’aller te rejoindre, d’aller passer nos vacances là bas, tu ne m’as jamais répondu. Comment voulais-tu que je devine la règle du jeu ? Et puis basta, on remettra ça plus tard. Quelle heure était-il à Nouméa ? Il est 20h cela fait 8 h du mat là bas. Je demandais à Axelle d’aller passer un moment chez Odile. Restée seule, je décrochai mon téléphone………
Le cours normal de nos activités, reprit le dessus sur mes états d’âme. Je me remis à travailler, sérieusement, « la tête dans le guidon » pour reprendre une expression de mon père. Je fus productive. J’eus des idées, je faisais travailler les filles manu-militari. J’avais fait vœu de chasteté envers elles, et je m’y tenais. Maud continuait à bien s’occuper d’Axelle, mais elle n’était pas très contente. Je sus qu’elle avait renoué avec Patricia. Et plus tard je compris qu’elle avait contacté Luigi. Ça ne me faisait rien. Axelle travaillait bien, elle grandissait bien, elle se passionnait pour le cheval, elle y passait tous ses loisirs. Tantôt avec sa grand-mère, tantôt avec une autre jeune femme, une pharmacienne, assez jolie, que j’avais vue quelques fois, et qui donnait des leçons bénévolement aux enfants.
Je m’investissais beaucoup dans l’école de mannequins. Il y avait vingt trois élèves. Que des jolies filles, noires, maghrébines, sud-américaines indiennes et une vietnamienne. Je les sélectionnais moi-même, reléguant sans arrières pensées celles qui ne me semblaient pas suffisamment jolies pour réussir.
Il y avait une petite rouquine, absolument plate, mais qui avait un charme extraordinaire. J’avais loué les services d’une prof de gym qui venait deux heures tous les jours. Et j’avais obtenu une subvention de la ville de Paris. Les filles s’étaient habituées à ma nouvelle façon d’être. Elles ne me posaient pas de questions. Lorena était toujours aussi performante, et travaillait énormément. Elle donnait l’exemple. Le trois mars 2003, en début d’après midi, un militaire arriva devant l’agence. Laissant sa voiture en double file, il demanda à me remettre un pli en main propre. Une enveloppe kraft avec le tampon « Secret Défense » le garçon me remit l’enveloppe :
« De la part du Général Thiriet, du ministère des armées » Ecrit à la main :
« Le Colonel XY Commandant la place militaire de Nouméa, a été assassiné hier à 22 heures, heure locale. » et c’était signé : G.P.T. Avec la mention, « à détruire.» ce que je fis avec le mangeur de documents de mon bureau. Je m’enfermais et me mis à réfléchir.
« Voilà une bonne chose de faite » J’allais pouvoir vivre plus sereinement.

 J’appelai Armand. Quand il arriva, je le détaillai avec attention. Il était assez grand, et très élégant. En costume cravate, il avait l’air d’un cadre supérieur de grande maison. Les mains aux ongles soignés, il dégageait un léger parfum aux relents de tabac blond, bien qu’il ne fumât pas.
« Armand, je vais te poser une question indiscrète, tu ne seras pas obligé d’y répondre.
—Je t’écoute,
—Es-tu l’amant de Christian ?
—Non, je l’ai été, et quand j’ai appris qu’il t’avait frappée, je ne lui ai plus jamais adressé la parole. Luigi ne lui parle plus non plus, et presque tous nos copains ont fait la même chose. Actuellement il vit avec une femme, mais je ne la connais pas. Gino s’est violemment disputé avec lui.
—Tu es libre cette nuit ?
—Evidemment, pour toi je serai toujours libre.
—J’ai besoin d’un très gros câlin.
—Chez toi ?
—Oui, chez moi si ça ne te dérange pas. Mais il faut que ce soit ce soir, Et que tu m’aimes assez pour que je m’endorme heureuse. Tu n’en parles à personne. Ok ? Et je ne promets rien pour la suite.
—Comme tu voudras.
—Tu prendras le volant ce soir. » Voilà, je voulais changer d’air, et il était si mignon. J’appelai maintenant Lorena.
« Lorena chérie, est tu capable de garder un secret ?
—Evidemment eve anne chérie, surtout si tu me le demandes.
—Voilà. Je suis décidée à vendre l’agence, et je voudrais que tu t’en charges. » Après un moment de stupeur, Lorena eut un triste sourire pour me répondre,
« Je savais que ça allait venir, et tous les jours j’étais contente que ça ne soit pas encore venu. Tu ne voudras pas entendre ce que j’ai à te dire, mais je te le dis quand même. Ça ne fera pas revenir Marie-Noëlle, et tu vas nous tuer toutes. Ce n’était pas la peine de me redonner la vie, pour me laisser maintenant. Donne-moi encore une chance. Rosine comprendra. Si tu pars, emmène-moi avec toi. 
— Je vais partir, mais pas tout de suite, j’ai besoin de me préparer. Je partirai avec Axelle. Je conserverai l’immobilier d’ici et de Compiègne dans un premier temps. Mais si j’ai besoin, je m’en séparerai.
—Tu vas retrouver Michèle ?
—Non pas du tout. Je veux changer d’horizon, de relations, et de travail. Je ne prévois pas de le faire avec quelqu’un.
—Tu vas me laisser pour la deuxième fois. Ce n’est pas possible. Et tu veux que ce soit moi qui le fasse, c’est de la cruauté.
—Non chérie, c’est de l’estime. Tu es forte et intelligente. Tu sauras te sortir de toutes les situations. Ce que je te laisse est plus important que ma présence. C’est la confiance en toi. Je suis décidée à vous distribuer une partie de la vente. Ma vie a changé. Je ne suis plus la même. Je dois disparaître de vos vies. Marie-Noëlle a joué à un jeu stupide, dont elle était la seule à connaître les règles. Mais si la méthode est critiquable, elle avait raison sur beaucoup de choses. Je me suis mal conduite avec elle, et aussi avec vous. Je ne peux pas continuer dans cette voie là.
— Aucune d’entre nous ne se plaint. Nous avons toutes eu la chance de jouir de tes caresses. Une seule n’y a pas eu droit, parce que, sans doute, tu crois que tu ne peux pas la rendre heureuse. As-tu pensé à elle ? Je ne serai pas la seule à en mourir. Et Puce ? Tu as pensé à ce qu’elle pourra devenir, sans ta protection ? Je sais à quoi tu penses : dans le contrat de vente, il y aura l'obligation de nous garantir l’emploi. Mais de ça, on s’en fout. C’est de toi dont on a besoin.
—Pourquoi Puce ?
—Ne fais pas semblant. Ce n’est plus le moment. Puce n’est pas comme nous, mais elle a aussi le droit de vivre et de t’aimer.
—J’étais la seule à ne pas être au courant.
—Et alors ? Ça ne change rien. Demain je réunis les filles, les mannequins, les mecs, tous. Je leur conseillerai de démissionner. L’agence sera une coquille vide invendable. Et si ça ne suffit pas, j’y mettrai le feu. Et on brûlera tous.
—Tu sais très bien Lorena, que la valeur de l’agence, c'est le prix qu’ils voudront mettre pour se débarrasser d’un concurrent. L’agence en elle-même n’intéresse personne.
—Donc, nous sommes fichues. Le chômage je connais. Puce connaît aussi.
—Alors tu as trouvé la solution.
—La solution ! Si on peut appeler ça une solution ! L’agence c’est toi, ce n’est pas nous, c’est à toi que les clients font confiance. C’est parce qu’elle t’aime à la folie que Claudine fait des miracles. Tu es l’esprit de cette maison. Nous ne pourrons jamais combler ce vide !
—Il le faudra pourtant bien. Il te faudra négocier pour définir un prix. Ce prix, je vous en demanderai la moitié. Tu le trouveras auprès des banques, avec ma caution si ça peut t’aider. Et après, vous travaillerez, comme Simone l’a fait, comme je l’ai fait. Il n’y a pas de secret, j’ai tout fait avec vous. Même Linda est au courant de tout.
—Linda ? Tu ne pourras pas t’en défaire, c’est ton chien fidèle, elle te suivra partout où tu iras. En plus, elle est noire, ce qui veut dire que sans toi, elle n’existe pas. Claudine sera capable de divorcer pour te suivre. Crois-moi c’est une mauvaise idée, nous ne sommes pas prêtes.
—Tu ne m’as pas comprise Lorena. Je t’ai tirée d’affaire, avec beaucoup d’amour. Maintenant tu dois faire la même chose pour les autres. C’est tout !
—Je comprends. J’étais heureuse, je ne le serai plus jamais. Et pour les autres ça sera pareil. Ce n’est pas parce que Marie-No a joué avec tes sentiments que tu dois nous imposer ça. Je lui ai cédé la place. Je suis allée avec Rosine pour te laisser l’aimer. Total, je t’ai perdue pour toujours. Je suis maudite, que faut il que je fasse ? Je ne te plais pas ? Je ne suis pas assez belle ? Qu’est ce qui t’empêche de m’aimer ? Tu crois que tout le monde peut faire ce que tu as fait ? Détrompe-toi ! Tu n’as rien à te reprocher. Et personne ne te reprochera jamais rien. Marie-Noëlle est morte accidentellement. Tu n’y es pour rien.
—Non, sauf que c’est moi qui l’ai encouragée à devenir militaire. Et je l’ai aussi encouragée à être un bon officier. Sans moi, elle serait peut être caissière à carrefour mais elle serait vivante.
—Ne soit pas stupide. C’est comme si on reprochait à sa mère de l’avoir mise au monde. Je te laisse. On en reparlera demain ou un autre jour. Mais je ne me sens pas capable d’annoncer la nouvelle aux filles.
—Je le ferai en temps utile. Viens m’embrasser Lorena chérie. » Elle ne le fit pas. Je rentrais à Compiègne avec Armand. J’aimais bien Armand. J’avais aimé notre dernière folie avec Luigi. Je l’avais vu faire l’amour à Marie-Noëlle, et j’avais été impressionnée. C’était le même genre d’homme que Luigi, Gino, Christian, des hommes cultivés, soignés, épilés, musclés, des gars qui passaient leurs loisirs dans les salles de sport plutôt que dans les bars. J’étais du "milieu" et j’appréciai la façon dont ils savaient se mettre en valeur, même si c’était pour séduire un partenaire. Qu’ils soient homos, m’indifférait totalement. J’adorais ce genre de type, viril et class. Entre Christian, Luigi, Gino, Armand et…. Puce, je n’avais jamais été déçue. Je ne faisais pas de comparaisons entre eux, je les aimais comme appartenant à un archétype d’hommes que j'adorais. J’étais sûre qu’ils prendraient soin de moi, et que je n’aurais rien à regretter. Je  savais que Christian était une exception. C’est dommage, il aurait suffi qu’il me dise, « je suis homo », et moi je lui aurais répondu : « moi aussi ». Il n’y aurait pas eu de mensonges, pas de non dit, on aurait fait avec, ou rien. Et mes cotes seraient intactes. Seulement il m'avait fait une fille merveilleuse, et pour ça, je pardonnais.
Armand se montra exactement comme je le souhaitais. Il sut prévenir mes désirs, il sut les satisfaire au-delà de toute espérance. Il sut alterner les moments forts et les moments calmes et doux. Il sut me parler, trouver les mots que je voulais entendre. Je ne me suis pas lassée de le regarder, d’admirer son corps d’athlète, de respirer sa peau et de caresser sa poitrine douce et dure. Je n’eus pas besoin de supplier et vers trois heures du matin, je demandai grâce. J’étais épuisée, irritée, dilatée de partout. J’étais rassasiée de lui. Il est resté plusieurs heures en érection, je n’avais jamais vu ça, même Luigi avec sa meilleure volonté aurait capitulé avant. Je devais être la reine des baiseuses, il semblait surpris de mes appétits. Il ne savait pas que c’était le chant du cygne, et que peut être, il ne me reverrait jamais. Je ne retrouverai jamais un amant comme lui, de ça, j’en étais certaine. Nous nous sommes endormis, épuisés mais heureux, et j’ai dormi dans ses bras. Je me suis rendue compte combien mon mari m’avait manqué. De toute façon, c’était fini, j’avais décidé de tirer un trait sur tout ça. Le lendemain je demandai après Lorena. Rosine vint me dire qu’elle n’était pas en état de venir travailler.
« Elle t’a dit pourquoi ?
—Non, elle m’a dit qu’elle en avait marre, qu’elle allait se tuer, et que cette fois elle ne se louperait pas.
—Et c’est tout ?
—Oui, enfin non, elle a dit qu’elle ne voulait plus te voir.
—Conduis-moi chez vous.
—Tu crois que c’est une bonne idée ?
—Si tu en as une meilleure je suis preneuse. » On prit un taxi pour Levallois, quai de Seine. C’était un grand immeuble tout neuf. Leur appartement était au cinquième. Rosine ouvrit avec un digicode. Lorena était là, pieds nus en jeans, les seins nus, elle regardait la télé. Les seins étaient magnifiques, ils me semblèrent plus volumineux que dans mon souvenir. Elle vit mon regard sans doute, car c’est elle qui parla en premier.
« Ne rêve pas, ils prennent un bonnet deux jours tous les mois. Tu es revenue opérer un sauvetage de plus ?
—Non, j’ai besoin de toi. Alors comme tu n’es pas venue, c’est moi qui viens.
—Si c’est pour m’aimer tu restes, sinon tu te tires.
—Nous avons à parler d’abord.
—Parle, si tu veux, mais pas trop fort, je voudrais regarder le film. » Rosine intervint et éteignit la télé.
« Habille toi, et arrête tes jeux de gamine. Si elle est venue ce n’est pas pour te peloter. C’est pour travailler . Alors tu te conduis comme une grande, ou c’est moi qui me tire. » J’étais très étonnée de l’aide inattendue de Rosine. Mais c’est elle qui expliqua.
«On a très mal dormi, elle t’a engueulée toute la nuit. Je n’ai pas à te juger, mais je suppose que tu as réfléchi à ce que tu as décidé, alors, qu’on le veuille ou non, il faudra faire avec.
—Oui, ma vie a basculé, beaucoup plus que vous ne pouvez l’imaginer. Et je dois me reconstruire, si c’est possible. Je ne vous rendrai pas service en restant avec vous. Si vous m’aimez un peu, vous devez m’aider à me retirer. Lorena, je pense que de vendre une affaire est un travail difficile. Je l’ai fait pour le journal de Simone, alors que j’y travaillais. Nous étions dans les mêmes conditions. Il me semble que ce serait profitable à ton expérience. Quand on veut être chef d’entreprise, il faut savoir faire les deux choses essentielles. Créer la structure, et savoir la vendre dans les meilleures conditions.
Une entreprise, ce n’est pas un club de rencontre. C’est une structure qui doit vous faire vivre le mieux possible. Si je me suis servi de l’amour pour vous recruter, c’est parce que j’avais besoin de filles que je connaisse parfaitement. Et c’est ma seule vraie réussite, puisque vous avez toutes été extraordinaires, et qu’en plus vous vous aimez entre vous. Rien ne vous empêche de continuer sans moi, tout est en place. Tout est bien rôdé. Il y a de bons clients. Personne ne fera mieux que vous.
— Quand comptes-tu nous quitter ?
—Avant l’été. Si je dois quitter Compiègne, je voudrais le faire aux vacances, pour ne pas compliquer la vie scolaire d’Axelle.
—Tu envisages de quitter Compiègne ?
—Oui, la France aussi sûrement dans l’année.
—C’est si grave que ça ?
—Oui, je le crains
—Bon. Je n’essaie pas d’en savoir plus. Si je résume, il faut vendre à XXX ou racheter notre propre affaire.
—C’est exactement ça. Sauf qu' à vous, je  la vends moitié prix. Sinon, vous la vendez plein pot à XXX et je vous en donne la moitié. En résumé, vous serez riches au chômage ou endettées au travail. Lorena peut très bien faire un compte prévisionnel, et sans mes prélèvements, votre affaire sera vite payée, j'en suis certaine.
—Je sais tout ça ma poule. Je sais compter aussi bien que toi, sûrement mieux, mais, sans toi, je ne suis pas sûre d’y arriver ni même d'avoir envie.
—Tu te forceras. Il n’y a pas que toi qui auras mal. Alors arrête, et regarde les problèmes en face.
—Ne vous disputez pas. Vous êtes le plus beau couple de femmes que je connaisse, c’est cette image là que je veux garder.
—Tu as pensé à Claudine ?
—A Claudine ? Non pas spécialement.
—Ne la laisse pas comme ça. Lorena attendra.
—Je vais lui parler.
—Elle a besoin de toi, tout le monde le sait, personne ne comprend pourquoi tu ne la prends pas.
—C’est un autre dilemme.
—Qui n’a aucune importance. Ton problème c’est elle. »



Visiblement, j’avais encore beaucoup à faire
..


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Suite 

tn Ombrages G 

tn Ombrages D 

 

Par eve anne
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