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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
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Bonne Année



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Extraits

 

Rencontre en Forêt
carrefour11

J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
Laurent (4)

Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
tn Manon (101)

Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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LIX-L'épilogue.

 

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Je suis angoissée de cette fleur d'orage que tu m'avais donnée.

Jean Paul Guibbert
 

 

 


                                   Je pouvais toujours me répéter ça, je sentais au fond de moi que j’avais un sentiment d’attirance pour cette gamine. Elle était jolie, elle était joyeuse, et elle aimait jouir. Je la sentais capable de développer un véritable attachement, pour ne pas parler d’amour. Mais je savais aussi que ce genre de relation ne pouvait exister dans le temps, que c’était trop visible, qu’il y avait trop de spectateurs possibles, trop de détails oubliés, et de traces non effacées. J’eus l’envie de me renseigner sur les parents de la petite, mieux valait savoir à qui l’on avait à faire. Je passai chez monsieur Ignace G… qui était le détective spécialiste des enquêtes pour infidélités et autres désordres conjugaux. Il avait travaillé pour mon père, pour une vague histoire de vol. J’expliquai ce que je voulais, il me comprit tout de suite, et je lui versai un acompte. La réponse ne tarda pas. J’appris ainsi que le papa était directeur de l’une des grandes banques de la ville, et que la maman ne comptait plus ses amants. En une semaine d’enquête elle en visita deux et en reçut un autre. Je demandai à Ignace de concentrer ses recherches sur elle. J’appris ainsi, qu’elle avait connu son époux sur le champ de courses de Chantilly, où elle exerçait le plus vieux métier du monde. L’homme ne sut pas me dire si le papa connaissait le passé de la dame. Pour moi, cela ne me choquait pas, je n’ai rien contre les prostituées, à partir de l’instant où elles savent se tenir, en évitant la vulgarité. De plus, je suis consciente que j’aurais très bien pu basculer dans cette profession. La dernière information reçue de Monsieur Ignace, fut pour me dire que le papa avait une relation avec un homme connu dans les milieux homos de la ville. Je pensai tout de suite à Luigi, et cela me fit sourire. Ce serait trop drôle ! J’essayai de ne plus y penser. Mais l’envie fut plus forte. J’appelai Luigi.
« Non, ce n’est pas moi. Je ne sais rien, Je ne peux rien te dire.
— Laisse-moi deviner ?
—Pourquoi veux-tu savoir ça ? A quoi cela va-t-il te servir ?
—J’ai une aventure avec sa fille, elle est mineure, je veux avoir des arguments pour ne pas être embêtée.
—Tu dérailles complètement. Ça ne te ressemble pas. Laisse tomber.
—Bon je te laisse tomber aussi alors ?
—Comme tu veux.
—Tu es con comme un balai.
—Je le sais merci. Bonne soirée » Et il raccrocha. Je n’étais pas si fière que ça. Pourquoi n’avait-il pas voulu me le dire ? Parce que c’était quelqu’un que je connaissais, soit Christian soit Armand. Monsieur Ignace me donna la réponse le lendemain, c’était Christian. Puis il y eut ce jour de grève des profs au lycée, et Aline fit semblant de passer la journée sur place. C’était l’idéal : pas d’appel, pas de contrôle, elle passa l’après midi chez moi, avec moi, et je l’ai aimée comme une folle. Je tombai amoureuse de ses formes encore adolescentes, du parfum de sa peau, du toucher soyeux de ses seins, de ses aréoles qui voulaient encore grandir, de sa voix muante un peu cassée qui murmurait des mots étranges. Elle fut exceptionnelle d’inventivité, de désir et de tendresse. Infatigable et avide de toutes sensations. Le temps passa très vite, et quand il fallut atterrir, il me fallut un courage cornélien. Au moment de nous séparer, face à face, les yeux dans les yeux, regard humide, regard tendre, ce n’était plus Aline la lycéenne. C’était une jeune femme en pleine possession de ses pouvoirs de séduction. C’était une jeune femme débordante de féminité, de besoin d’aimer, Aline avait grandi, dans mes bras, entre mes lèvres. Je ressentais à ce moment-là quel avait du être le plaisir de Michèle quand, avant de nous quitter, elle m’avait regardée pour la première fois comme une femme.
« On ne se reverra plus Aline, nous sommes allées trop loin.
—Arrête ! Je savais que tu allais me dire ça, c’est dans tous les feuilletons !
—Et alors ?
—Mais je ne te crois pas. J’ai senti comment tu m’as aimée, et je sais que tu ne pourras plus t’en passer. Tu rêveras de mes plops, tu auras soif de mon sexe. Le parfum de ma peau te suivra partout. Le goût de mon titi te manquera, tu chercheras mes yeux pour t’admirer, tu auras besoin de sentir mes dents sur tes gros tétons, de ma main plantée entre tes cuisses, et de ma tête sur tes seins. Tu aimeras mes cheveux collés sur ta peau. Tu es amoureuse de mon corps et ça te fait peur. Moi, je suis heureuse, j’en rêvais. C’est comme ça que ça fait quand on est amoureuse non ?
—Oui ma déesse, tu as raison, mais il faut s’arrêter là.
—Tu tiens absolument à être désagréable?
—Non, je tiens à ce que tu offres ton corps à une fille de ton âge. Je pars dans deux mois.
—Arrête tes salades, aucune fille de mon âge ne m’aimera comme tu l’as fait. Deux mois ? Alors nous avons le temps !
—Non, quelqu’un nous surprendra, et tes parents seront au courant.
—Je m’en contre-fiche. D’ailleurs ma mère te connaît. Elle était à l’école avec toi. Elle m'a dit que tu étais une gouine pur sucre, et qu’au lycée tu couchais avec des noires et des femmes profs.
—Avec une seule de chaque. Elle s’appelle comment ta maman?
—Nicole, son nom de jeune fille c’était Laurent.
—Oui, je me souviens. Elle était super belle. Elle, draguait tous les garçons même les profs.
—Je crois qu’elle a un amant, peut être deux. Ça m’est égal.
—Ce n’est pas grave, si ça lui fait du bien. Et pourquoi avez-vous parlé de moi ?
—Je lui ai dit que je t’avais rencontrée à la piscine et que tu nageais comme un poisson. Elle m’a dit de me méfier que tu étais capable de me violer.
—Tant que je ne te mets pas enceinte ! Et ton papa ? Il fait quoi ?
—Banquier. Je suppose qu’il saute ses employées. C’est un cavaleur dit ma mère. Ils ne s’entendent pas très bien. Il est copain avec ton ex. Ils font du squash tous les deux.
—C’est très bien. Le sport il n’y a que ça de vrai, et ça crée des liens! » J’avais dépensé de l’argent pour tout savoir, et elle m’avait tout dit. Je la laissai partir vers mon oubli. Du moins, c’est ce que je voulais. Je la quittai avec toutefois un sentiment de malaise. Sa ressemblance avec moi à son âge était frappante. Peut être étais-je un peu plus romantique, peut être étais-je plus discrète dans mes élans ? Autres temps autres mœurs, mais j’avais un peu honte, et pour couronner le tout, je n’aurais pas le courage d’assumer comme Michèle l’avait fait avec moi.

 Monsieur XXX me prévint qu'il avait effectué le virement sur mon compte. Il me demandait rendez vous pour préparer la passation de pouvoirs. Voilà. J'étais au pied du mur. Je recevais le message avec le sentiment d'avoir fini quelque chose d'important. C'était la réalité. En quelques années, j'avais bien travaillé. J'avais eu la chance de frapper à la bonne porte quand j'ai débuté. Simone m'a donné toutes mes chances, je lui dois tout. J'ai créé cette agence de mannequins de toutes pièces. C'est une affaire originale, qui m'a rapporté beaucoup d'argent. C'est une affaire saine, avec des filles extraordinaires. Mais voilà. J’étais démotivée. Cette affaire était la nôtre avec Marie Noëlle. Bien qu'elle n'ait pas voulu y participer. Elle n'a jamais eu le sens des affaires. Je ne me sens ni lasse, ni dégoûtée. Au contraire, je sens en moi une volonté d'inventer autre chose, autrement, ailleurs. Je sais que « mes filles » seront déçues, mais elles comprendront. Et puis, le monde est petit. Une petite crainte cependant, que ma fille supporte mal les changements, les bouleversements qui allaient pleuvoir sur notre quotidien. Je sais qu'une femme aura beaucoup de mal, Maud, qui allait perdre en même temps sa petite fille et son amante, après la disparition de sa maman. Séparation douloureuse qu'elle n'aura pas méritée, aucun reproche ne pouvant être porté à son crédit. Maud m'a donné des années de vrai bonheur.
 Je me sens comme le jeune aventurier sur les remparts de Saint-Malo, le regard perdu vers l'horizon, avec l'envie folle de partir à la découverte. J'ai le sentiment que je n'ai plus rien à faire ici, que je ne servirai plus à rien ni à personne. Je me dirigeai vers la forêt. J'allais garer ma voiture sur le parking du Carandeau. Deux autres voitures y étaient stationnées. Je pensai à un rendez vous galant, mais c'était peut être simplement des promeneurs ou des pêcheurs. Je partis à pieds sur le sentier qui fait le tour de l'étang. Beaucoup d'arbres avaient été coupés, le spectacle était désolant. Je marchais doucement, je pensais que je devais voir Monsieur XXX le plus tôt possible, il ne fallait pas traîner. Le premier Mai était dans deux semaines. Je devais prendre rendez vous avec les services des impôts. Je souhaitais payer les taxes sur la vente au plus tôt, pour pouvoir répartir l'argent entre les filles de mon brain-trust. La solution que j'avais choisie pour la répartition était de répartir également la moitié de la somme que je leur cédais, et l'autre moitié proportionnellement à leur ancienneté. Je voulais que ce soit solutionné rapidement. Du moins avant mon départ pour Madrid. Il fallait aussi que je contacte Michèle. Sans vouloir la mêler à ma vie, j'avais besoin de quelques renseignements, ne serait-ce que l'adresse d'un lieu d'accueil pour y séjourner le temps de me retourner et de trouver mes marques. Je n'avais pas l'intention de louer ni de vendre mon appartement de Compiègne pour l'instant. Je le mettrai à la disposition de Maud et d'Odile, et on verra plus tard. De même pour la maison héritée de mes parents, qui était louée aux mêmes personnes depuis des années, il n'y avait pas lieu de changer quoi que ce soit. A Paris je garderai aussi l'appartement et le studio, en location eux aussi, et les murs du bistro à coté de l'agence. Je regretterai peut être sa terrasse ensoleillée, et les croque-monsieur du midi en compagnie d'Armand. Et j'essaierai d'oublier « mes filles », et mes « garçons » j'appellerai Luigi pour m'excuser, finalement, une fois de plus il avait voulu me préserver. J'avais été très heureuse des folies que m'avaient offertes ces garçons et ces filles. Et j'allais abandonner tout ça, comme ça, sans me retourner. Le temps des regrets n'était pas au programme. De l'ingratitude? Oui, sûrement, mais c'était ma vie.
J'aperçus quelques mouvements dans les buissons. Une laie partait du sentier, vers le sous bois, en direction de ce que j'avais cru discerner. Quelques pas encore et je tombai sur deux jeunes hommes qui se donnaient quelques petits plaisirs. Ils ne m'avaient pas entendue venir, ce qui me permit de mater discrètement. C'était une belle sodomie, qui allait bon train. Le passif était appuyé sur un tronc couché, il était nu, et l'autre avait le pantalon sur les chevilles. Pas très esthétique. Le membre me sembla très gros, et pénétrait pourtant très facilement entre les fesses du garçon. Je trouvai la scène un peu ridicule, et je me retirai doucement. Je ne sais pas s'ils se sont aperçus de ma présence.
J'aimais bien cette balade autour de l'étang. C'était un endroit favori pour les partisans de rencontres sylvestres. Mais ceux là, ceux que j'ai vus, espéraient sûrement se faire voir, l'exhibe était monnaie courante en forêt. Bizarre, il y a quelques temps encore, je me serais approchée, je me serais saisie de l'autre sexe inutilisé, qui se balançait tristement ramolli, et je me serais faufilée dessous pour le prendre à pleine bouche, pour en tirer toute la sève. Mais peut être me serais-je fait jeter. Il y a des homos un peu violents. L'envie ne m'en était pas venue; preuve que quelque chose changeait en moi. Je continuai la balade, et je respirai cette odeur de sous bois avec délice. Y aurait-il le même parfum dans les sous bois proches de Madrid? Sans doute, ou bien d'autres. Je crois me rappeler que Madrid se trouve assez haut, 650 mètres quelque chose comme ça, et la montagne, (la Sierra) n'est pas loin. Je pense que l'on aura plein de belles choses à découvrir.
La passation de pouvoirs eut lieu en toute simplicité. Présentation des personnes, description des postes, état du carnet de commande, état d'avancement, respect du planning, prévisionnel de trésorerie, etc. Le lendemain j'avais rendez vous aux Impôts où je fus reçue avec amabilité et courtoisie. Ma demande fut exécutée immédiatement, devant moi, et je fis le chèque correspondant. Il me resterait à payer les contributions sociales, mais je savais que ce serait égal à 10%. Je pus organiser ma dernière soirée avec les filles, ce que nous fîmes dans une superbe auberge de Chantilly. Chacune y mit du sien pour que la soirée ne soit pas larmoyante. Lorena m'avait fait signer les chèques et les avait distribués dans l'après midi. Pour certaines, Linda par exemple, cela faisait une jolie somme. On partagea un repas léger mais très fin, et on termina la soirée par quelques slows. Vers la fin, l'atmosphère s'emplissait de tristesse, il était temps de partir. Je demandai à Armand s’il acceptait de me raccompagner. Comme ça, pas de jalouses. Il était le seul garçon de la soirée. Voilà, j'avais fini la semaine, le mois, et ma carrière de cheffe d'agence. Je pourrais mettre un « s » à agence, parce qu'en fait, il y en avait bien deux, en comptant l'école de mannequins. Pour celle-ci, Puce avait accepté de prendre la relève. Je rentrai à l'appartement, avec Armand. On se tenait par la main. J’avais garé la voiture assez loin, et cette balade nocturne dans cette rue déserte avait quelque chose de très romantique. Arrivés devant la porte, je le vis hésiter timidement. Son air puéril me fit sourire. Puis, s'enhardissant:
« Je monte?
─ A moins que tu ne préfères dormir dans la voiture...
─ Non, je monte!
─ Tu ne seras pas obligé de consommer. Tu n'es plus contraint de te soumettre aux appétits de ta patronne!
─ Tu sais bien que je t'aime. Et si tu voulais de moi, je partirais avec toi sans hésiter.
─ Pas question, un mari m'a suffi.
─ Oui, mais là je ne serai que ton amant.
─ Oui, et j'en serais sûrement heureuse, mais ça n'est pas dans mes projets. Tu te contenteras de Maud. Elle a un corps magnifique et c'est une belle amoureuse.
─ C'est vrai, elle est très séduisante. Je ne dirais pas non, mais je n'oserai peut être pas!
─ C'est incroyable! Tu feras comme tu voudras. » Quand j'ouvris la porte de l'appartement, il y avait de la lumière. Je fis entrer Armand, et je refermais la porte. Je pensais que Maud avait oublié d'éteindre. Mais non, Maud était là, sur le canapé, elle regardait un film à la télé avec le casque-son sur les oreilles.  Je vis son air étonné. Elle vint vers moi, et me sourit en m'embrassant.
« Je suis confuse. Je ne pensais pas que tu rentrerais si tôt, je regardais la fin du film, Axelle dors chez Odile.
─ Mais c'est très bien au contraire. On va se prendre un petit digestif.
─ Armand, tu connais Maud, ne fait pas le timide. Installez vous je fais le service. J'allais dans la cuisine chercher des glaçons, et Maud me suivit. Avant qu'elle ait ouvert la bouche, je lui demandai à voix basse:
« Tu restes avec nous? » Je vis tout de suite à l'éclair qui passait dans ses yeux qu'elle était heureuse de la proposition.
─ Mais que va-t-il dire?
─ On verra bien. » De retour, je m'adressai à Armand:
« Maud serait heureuse de rester avec nous, ça te gênerait?
─ Pas du tout, bien au contraire. C'est une bonne idée, merci Maud. » Je n’eus pas besoin de doper les alcools pour faire monter la température. L’émotion de mes invités était palpable, Maud, émue devant ce garçon d’une virilité exceptionnelle, et Armand presque timide devant cette femme mûre, au corps d’une jeunesse étonnante. Au contact de la magnifique poitrine de Maud, il sembla s’enhardir, et le désir fit le reste. Je passai un moment indescriptible à participer à ces jeux amoureux. C’est la première fois que je voyais Maud dans les bras d’un homme, et elle ne dissimulait pas son plaisir. Elle n’avait rien d’une débutante, et savait comment satisfaire son amant. Ces étreintes durèrent une bonne partie de la nuit. Armand retrouva très vite les moyens de m’emmener au ciel tandis que Maud me couvrait de caresses. Nous nous sommes endormis sans nous en rendre compte. C’est Odile qui vint nous apporter le petit déjeuner. Elle entrait ainsi dans l’appartement, nullement gênée de nous voir sortir de nos rêves, embués de nos folies nocturnes. Mais avant de repartir, elle me glissa un mot à l’oreille :
« La prochaine fois, c’est Maud qui gardera la petite, et je prendrai sa place.
─ Je ne sais pas si elle sera d’accord, mais on trouvera bien une solution !» Si Armand fut étonné de cette intrusion matinale, il ne le laissa pas paraître, et fit honneur aux croissants parfumés qu’Odile était allée chercher chez la petite boulangère de la rue de Paris. L’amour le mettait en appétit. Quant à Maud, elle semblait en difficulté au téléphone. C’est vrai qu’elle avait « oublié de prévenir » comme elle le faisait habituellement quand elle restait avec moi pour la nuit. La nouveauté l’avait troublée sans doute. Le lundi venu, je me levai sans l’obligation d’aller à Paris. Je pensai à mes filles qui allaient être un peu décontenancées avec ce patron dont elles ignoraient tout, même que c’était un chaud lapin. Mais elles ne sont pas forcément comme moi, prête à sauter sur toutes les bonnes occasions. N’empêche, ça doit leur faire tout drôle. Je commençai par appeler Isabelle pour m’assurer que notre rendez vous du lendemain était toujours d’actualité. Il l’était, à l’écouter, elle était même impatiente. J’appelai ensuite Simone, et je fus heureuse de l’entendre. Ensuite j’allais au garage Renault, et je leur demandai s’ils avaient quelque chose à me proposer. Pour mon nouveau job j’allais multiplier les km, et j’en avais vraiment marre de me taper le cul dans la BM. Ils me proposèrent une Velsatis 3.5litres six cylindres en V. La voiture ne me tentait pas plus que ça. Je trouvai sa ligne totalement ratée, je la trouvai monstrueuse, et en tout cas, tout, sauf féminine. Et là, le patron du garage, que je connaissais depuis toujours me proposa :
« Je te prête la mienne pour le temps nécessaire, tu en fais ce que tu veux, tu la pousses à fond si tu en as envie. Tu peux même faire du tout terrain, tu seras étonnée, cette voiture est unique, elle n’a pas d’équivalent. » Après tout, pourquoi pas ? Je montai dans la voiture. Et là je sus ce que voulait dire « monter en voiture » la position de conduite était exceptionnelle. Je pris la direction de la forêt, et je fus immédiatement séduite par l’extraordinaire confort du véhicule. Le souffle du six-cylindres était à peine perceptible. Un murmure, tout au plus. Tout à mon étonnement, je freinais à la dernière seconde devant le daguet qui venait de se planter juste devant moi. Avec la BM, je l’aurais percuté, c’est certain. Là, la voiture stoppa à quelques centimètres des yeux ébahis de l’animal. Je n’avais jamais vu un freinage pareil. Et tout fut à l’avenant, je me plus à écouter la Traviata avec cette chaine Cabasse incomparable. Je ne savais pas que mon copain garagiste aimait la musique classique. Je fus emballée par la voiture. Je m’arrêtai au parking de Sainte Perrine, et j’allais m’installer derrière. Le dossier avant reculé, il restait encore la place de ranger mes grandes pattes d’antilope. J’ouvris le coffre, surprise, il était immense, et chose étonnante pour une voiture d’homme, impeccable de propreté. La voiture avait cinq mille km, elle tournait comme une horloge. En plus du confort, elle dégageait une puissance exceptionnelle, ce qui lui donnait une réactivité surprenante. Je fis un essai de démarrage en côte à Pierrefonds. Avec le frein électrique, ce fut un jeu d’enfant. Et les créneaux pensé-je ? Je retournai en ville pour un essai. Les radars avant et arrière se montrèrent d’une efficacité parfaite. J’étais convaincue. Seul inconvénient, au parking sous-terrain, il fallait prendre deux places si on voulait sortir de la voiture. Mais je remarquai que tous les 4x4 étaient logés à la même enseigne. C‘était le parking qui était nul, pas la voiture. Je vis que la voiture était équipée d’un crochet d’attelage. Je pensai que ça ne faisait pas très chic, un peu camping en caravane ! Mais l’idée fit son chemin, et j’imaginais très bien acheter une remorque pour descendre à Madrid, ce qui me permettrait d’emporter toutes nos affaires en une seule fois ! Et là bas sur place, je la revendrai pour ne pas avoir à la garer. Je décidais d’’acheter cette voiture.
Le lendemain je retrouvais Isabelle avec un immense plaisir. Comment avais-je pu ignorer cette merveille durant toutes ces années ? L’amour avec elle est une récompense, une magnifique aventure qui hélas ne durera pas au-delà. Je préférais éluder cet avenir tronqué. Je lui demandai un service, dont je ne voulais pas parler au téléphone. Je lui demandai de me procurer les coordonnées du Sergent Le Thellier.
« Je ne sais pas si c’est une bonne idée !
─Fais ça pour moi veux-tu ?
─Ok. Mais je ne voudrais pas que Pierre l’apprenne.
─Sois sans crainte. C’est juste pour parler d’elle.
─D’accord, mais à une condition. C’est que tu reviennes faire l’amour avec moi.
─Tes conditions sont tentantes. J’adore te faire l’amour.
─Moi aussi. Souvent je me demande pourquoi nous avons attendu tout ce temps. Alors je me console en pensant que tu avais voulu garder la meilleure pour la fin !
─Oui peut être, mais tu avais parfaitement caché ta nature. Je savais que tu n’étais pas contre, mais je ne savais pas si tu avais envie.
─Pierre ignore tout, et je ne voudrais pas qu’il l’apprenne. D’ailleurs, tu dois être la seule à savoir.
─Mais alors comment fais tu ?
─J’ai mes secrets.

 

 

 

─Ok. J’aime ! Je me ferai à l’idée d’être un secret. »

 

 

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Par eve anne
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