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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
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Bonne Année



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Extraits

 

Rencontre en Forêt
carrefour11

J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
Laurent (4)

Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
tn Manon (101)

Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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LXI-L'épilogue.

 

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Qu'est-ce que la vie, sinon une série de folies inspirées? 

George Bernard Shaw            

 

             L’hôtesse me réveilla alors que l’avion s’apprêtait à atterrir. Je sortis d’un rêve où je jouais dans les vagues avec Marie-Noëlle. Ce n’était pas en Bretagne, sûrement pas en France, vu la dimension des rouleaux. Était-ce le fait d’avoir passé quelques heures avec son ami, qui me rapprochait d’elle dans ces jeux de plage? A Ouvéa sans doute il y avait une mer aussi puissante. Ainsi j’étais revenue dans la vie de Marie-No par le biais de Loïc, comme elle l’avait fait avec Michèle pour contrecarrer les prémisses d’une jalousie naissante. Ainsi, nous étions revenues ensemble : La camarde pouvait aller se faire cuire un œuf.
L’avion nous débarqua dans un aéroport désert. Il était tard, c’était peut-être le dernier vol. Quelques femmes de ménage étaient encore à l’ouvrage. Comme souvent, je débarquai à l’autre bout de l’aéroport. Je dus traverser la totalité des halls, pour retrouver ma voiture. Marcher me fit du bien. Je repérai quelques types un peu glauques qui me dévisageaient sans retenue. Une fille semblait tapiner encore, je me demandais bien ce qu’elle espérait trouver.
Sur la route du retour, je me laissais bercer par la musique de Benny Goodman et Charlie Christian, avec le son inégalable restitué par la chaîne Cabasse. Rien que pour ça, j’aurais acheté cette voiture. En approchant de l’aire de Rémy, j’hésitai à quitter l’autoroute pour m’offrir un petit plaisir solitaire. Finalement je n’en fis rien, je risquais de rencontrer un ou deux routiers pas forcément sympas. Je continuai ma route, et je sortis à Arsy : Onze km, j’étais presque arrivée.
Mon appartement était calme. Axelle dormait sous la protection électronique d’Odile. Je sortis un instant sur le balcon. Il faisait doux, la ville était illuminée, et le ciel dégagé. Je sentis le vibreur de mon portable. A cette heure ci ? Je décrochai. Je reconnus Maud.
« Allo ma douce, tu ne dors pas encore ?
─ Comment veux tu que je dorme quand je te sais sur la route ?
─Tu m’aimes à ce point ?
─Évidemment, tu en doutes ?
─Pas du tout, ça va bien ? Où es-tu ?
─Nous venons de rentrer. Nous sommes allés au ciné. Et j’ai vu de la lumière en passant !
─Coquine, tu as fait un détour !
─Bien sûr ! Je m’ennuyais. Je peux passer quelques minutes ? Tu me raconteras.
─Oui, je t’attends. N’oublie pas ton pass, je serai sous la douche.
─Ok j’arrive » Moins de cinq minutes plus tard, j’entendis la porte s’ouvrir, puis peu après, un léger courant d’air, et je sentis Maud se serrer contre mon dos. Je me retournai et lui pris les seins à pleines mains. A dire vrai, il fallait plusieurs mains pour contenir les seins de Maud. Je ne me lassais pas de les caresser, de les admirer, de les sucer goulument.
Le temps qui, généralement n’épargne rien ni personne, semblait avoir oublié Maud. Ses yeux gris pétillaient de bonheur sous mes caresses. Elle semblait d’une jeunesse éternelle. Quand nous nous retrouvâmes au salon devant une flute de champagne, elle me dit sur le ton de la confidence :
« Que vas-tu faire de la petite Aline ?
─Parce que tu sais ça toi ?
─Je pense que tout le monde le sait !
─Je laisse tomber, je pense que Patricia va prendre le relais. À moins que tu ne lui fasses un peu de formation, elle est très belle, très bien gaulée, elle est douée et très câline.
─Oui, je me ferai passer pour sa grand-mère.
─Et alors ? Tu aurais honte ?
─Je ne sais pas, c’est vrai que c’est tentant. Mais je crois que Patricia a déjà pris une option.
─Voilà d’où vient la fuite alors. Tu revois Patricia ?
─Il faut bien que je m’occupe quand tu batifoles avec des hommes !
─Tu as raison ma belle, occupe-toi !
─Et il est comment ce militaire ?
─Un peu rustre, mais très beau garçon. Un athlète, très viril, agréable, courtois, attentionné, presque galant. Un vrai militaire. Officier depuis peu. J’ai passé un bon moment, mais il ne me manquera pas. Il est homo comme tout le monde, mais je préfère les nôtres. As-tu revu Armand ?
─Non, mais j’espère qu’il pensera à moi un de ces jours !
─Il est timide, mais il ne t’oubliera pas, et il est très sensible aux belles poitrines ! ─C’est une bonne nouvelle ! Je ferai du décolleté !
─Tu as raison, j’adore aussi. » Le lendemain matin, j’allais au garage prendre possession de ma nouvelle voiture. Un joli bleu marine, elle sentait le cuir neuf, une véritable merveille. Le six cylindres était totalement silencieux, mais à voir les pneus et les deux tuyaux d’échappement, on sentait qu’il y avait de la puissance. Le garagiste venait juste de poser le crochet d’attelage. Ce n’était pas très chic, mais ça me sera utile. Je le ferai démonter plus tard. Il me promit de m’enseigner les manœuvres avec la remorque. Sur le siège arrière il y avait un « paquet-cadeau » de la part du garagiste, un coffret Mozart et un coffret Beethoven ! De quoi alimenter la Cabasse pour un long trajet. Je lui rendis sa voiture sans une égratignure, avec un petit air de Chanel à l’intérieur. Il m’avoua être heureux de la retrouver. Il avait roulé avec ma BM, et n’avait pas aimé, il l’avait vendue. Un jeune homme en quête de frime sans doute ! Pourvu qu’il ne se tue pas avec ! Ma première sortie fut pour aller retrouver Simone. J’allais la retrouver dans sa nouvelle maison, dont le plus proche voisin était le centre d’entraînement de l’équipe de France de foot. Elle m'avait prévenue qu'elle ne serait pas seule, elle serait avec sa « fiancée » pour reprendre ses propres mots.
Je retrouvai la Vallée de Chevreuse avec beaucoup de plaisir. C'est joli, bucolique, un coin pour gens aisés qui recherchent la tranquillité. Je coupai par le bois pour ne pas passer par Rambouillet. Je remarquai qu’il y avait beaucoup de « camionnettes » garées à la lisière de la forêt. La prostitution est partout en île de France. Cela me refit penser à Marie-Claude, cette belle amazone de la rue Pergolèse. Elle a dû se demander pourquoi je n’étais pas retournée la voir malgré ma promesse. Ou peut être m’a-t-elle tout simplement oubliée ? C’est une idée, j’y retournerai.
Simone m’accueillit avec beaucoup d’émotion. Elle avait beaucoup changé. Elle avait mené à bien son régime, elle était méconnaissable. Une taille de guêpe, et la poitrine bien que toujours présente avait diminué de moitié. Ce qui était encore bien au-dessus de la moyenne. Elle avait retrouvé le corps qu’elle n’aurait jamais du perdre. Mais il paraît que c’est tellement euphorisant de grossir. Elle n’était pas plus forte que moi, elle était séduisante pour qui aime les femmes un peu masculines. Le visage était très beau, je soupçonnais un petit lifting. Mais après tout, pourquoi pas ? Ses yeux pétillaient de malice, visiblement elle était heureuse de me voir, et aussi de mesurer l’effet qu’elle faisait sur moi.
« Tu as beaucoup tardé à venir me voir, je me suis ennuyée, tu ne peux pas savoir
─Je te prie de m’en excuser. Je t’ai téléphoné souvent ; Ta fiancée n’est pas là ?
─Si, je vais te la présenter, elle est dans la salle de bain, elle se fait une beauté.
─Ha oui ? Vous avez fait des folies avant que j’arrive ?
─Bien sûr que non, avec toi il vaut mieux garder ses forces.
─Tu as raison, à te voir en jeune fille, ça donne des idées, mais je ne suis pas venue pour ça !
─Tiens, voilà la belle. Je te présente Sam, alias Samantha. Elle a la grande bonté de me tenir compagnie.
─Bonjour Sam. Très heureuse de te connaître. Je constate que Simone est transformée, je pense que tu en es la raison.
─Bonjour eve anne. Heureuse aussi, j’ai tellement entendu parler de toi. Je ne suis pas pour grand-chose dans la vie de Simone, on ne se connaît que depuis peu, six mois à peine. »
Sam était une grande femme assez class, qui portait sur son visage les stigmates de son homosexualité. Un visage très masculin aux cheveux très courts, une coupe garçon, celle que j’ai toujours aimée. Elle avait les traits fins, et le sourire facile. Un très beau sourire avec une dentition éclatante. Seule la présence d’une jolie poitrine permettait d’éviter la confusion des genres. D’une allure plutôt athlétique, la cinquantaine active, c’était une « belle » femme. Elle formait avec Simone un joli couple, qui ne dissimulait pas sa nature.
« Je suis très heureuse que vous vous soyez trouvées. Vous allez bien ensemble, je suis contente pour toi Simone.
─Merci ma belle. C’est la vérité. Sam a transformé mon quotidien. Sans elle, je ne serais jamais arrivée au bout de ce régime. Tu te rends compte, elle arrive même à me faire courir dans le bois !
─C’est une performance en effet, je ne me serais jamais aventurée à te proposer une telle occupation. Et pourquoi pas le vélo ?
─C’est prévu, on doit toujours aller chez Décathlon, mais on a toujours autre chose de plus urgent à faire. » Je passai un après-midi très agréable avec les deux femmes. Sam était toute jeune retraitée après avoir vendu son cabinet d’expertise. Elle se disait heureuse et sereine d’avoir cessé ses occupations qui ne lui laissaient aucun moment de répit. Elle avait une conversation agréable, et sa voix d’une douceur infinie contrastait un peu avec son physique. Je notai que Simone buvait ses paroles avec un immense plaisir. Simone me demanda des nouvelles de mes amies, et surtout de Maud, dont elle gardait un souvenir attendri.
Alors que je rentrais chez moi, je retrouvai Aline, qui surgit de je ne sais quel trou noir, et me sauta au cou. Deux jours avant, elle faisait la belle sur le char fleuri de la « Reine du Muguet »
« N’aie pas peur, je viens juste te faire mes adieux. Si tu as cinq minutes invite-moi à monter, je te dirai tout.
─Je n’ai pas peur, alors tu peux monter ! » Dans l’ascenseur, je la regardai avec tout l’intérêt que nos relations justifiaient pleinement. Dieu qu’elle était jolie, et ses yeux rieurs me pénétraient au plus profond. Arrivées dans le salon, elle commença :
« Je sais que je ne te reverrai plus très souvent, ni pour longtemps, j’ai préféré prendre les devants pour t’éviter la rupture.
─Merci de ta générosité, mais j’aurais survécu.
─Je m’en doute, je suis sortie avec Patricia. Elle m’a draguée, et comme elle me plait bien, je me suis laissé faire.
─Tu ne t’es pas trop forcée ? Elle est divinement belle. Des seins comme elle a, une femme sur mille à peu près !
─Ha oui ? Alors j’ai beaucoup de chance ! Mais elle est moins douée que toi ! ─Encore heureux qu’il me reste quelque chose. Je suis contente pour toi. Prends soin de vous, une relation comme tu auras avec elle, est très certainement ce que tu auras de mieux dans ta jeunesse.
─Après toi ?
─Of course ! C’était sous entendu ! » On se fit un petit câlin d’adieu. C’était le dernier Week end avant mon entrée dans « l’industriel » pour ne pas dire l’industrie. J’allais être confrontée avec ce monde inconnu de la mécanique, des automatismes, du bureau d’études, bref, une autre planète. Pourquoi avais-je choisi ce virage professionnel ? Je ne le sais plus, cela m’est venu comme ça, comme une évidence. Je n’avais plus rien à découvrir dans le métier que je m’étais fabriqué. J’avais créé beaucoup de choses et beaucoup d’emplois, j’avais inventé un mode de gestion, j’avais gagné de l’argent, mon patrimoine s’était considérablement agrandi, je n’avais lésé personne, je n’avais aucun remord à afficher, ni aucune faute à confesser. J’avais largement payé mes employées. Le décès de Marie-No avait tout chamboulé. Il est vrai aussi que j’aurais pu persister dans ce que je faisais, mais non, cela m’était venu naturellement, ma mère était espagnole, elle avait souhaité finir ses jours en Espagne, alors je devais, pour elle, me faire adopter par ce pays. Pas de dette spirituelle dans cette démarche, disons que c’était le bon moment pour changer quelque chose dans ma vie. Pour continuer à vivre, il me fallait du nouveau, un challenge, un défi à relever, sinon je risquais de me perdre dans la routine. Un point d’interrogation persistait dans mon subconscient : Comment Axelle allait-elle vivre ce changement ? A chaque fois que l’on en parlait, je ne relevais aucune appréhension dans ses propos, je dirais même : « Au contraire » elle semblait aussi motivée que je l’étais. Changer de relations aussi, tout reprendre à zéro, pour ne pas sombrer dans les relations lénifiantes qui finiraient par me lasser. Conserver le goût des conquêtes amoureuses, découvrir d’autres visages, d’autres voix, d’autres merveilles. Me remettre en question, plaire à d’autres femmes d’une autre race. Et puis il y a aussi le désir de m’assumer professionnellement, en partant de zéro, sans l’aide d’une Simone, dans un monde où je ne connais pas encore les règles du jeu, dans un lieu où tout, forcément sera différent. Je serai obligée de faire des choix, et je sais que je n’aurai pas le droit à l’erreur. Michèle l’a fait avant moi, dans son pays, je lui montrerai que je peux le faire aussi. Dans un pays qui n’est pas le mien. Pas encore !! Il me restait une formalité, une démarche que je m’étais promise, je ne voulais pas quitter mes deux amants « comme ça », ils m’avaient rendu heureuse, ils avaient été sans se forcer des amants exceptionnels. J’avais avec eux retrouvé un semblant de gratitude au sexe masculin. Quelle chance j’avais eu, des garçons super class aussi virils, aussi adroits, aussi attentionnés… Quand je pense au mépris que beaucoup de femmes entretiennent vis-à-vis des homos, je me dis que je suis née sous la bonne étoile. Le lendemain Samedi donc, je partis pour Paris, Je voulais trouver pour chacun des garçons un bijou de prix, qui soit en rapport avec les relations que nous avons entretenues. J’allai tout droit dans une bijouterie de la place Vendôme, et je m’adressai à une vendeuse, très jolie femme, très class. Catherine Deneuve, mais avec un décolleté somptueux: « Je suis à la recherche de bijoux…. particuliers….
─Que voulez vous dire ?
─Des bijoux…intimes si je puis dire….
─Oui, je vois, nous ne faisons pas ce genre de bijoux, je regrette.
─Vous avez tort, J’avais envie de faire des folies…
─Allez plutôt dans un sex-shop ! Vous trouverez tout ce que vous pouvez imaginer !
─J’en doute. Mais je vous remercie de votre extrême amabilité » Et je fis demi tour. Au moment de passer la porte, un Monsieur d’un certain âge m’aborda.
« Je vous prie de m’excuser chère madame, mais j’ai saisi une partie de votre conversation avec notre commerciale. Il y a des objets que nous proposons avec beaucoup de discrétion, et tous nos vendeurs ne sont pas au courant de notre gamme particulière. Je pense pouvoir vous être utile. Voulez-vous m’accompagner ? » Je suivis le Monsieur dans une petite pièce qui devait être sa caverne d’Ali Baba.
« Que cherchez-vous exactement ? Un bijou pour femme ?
─Non, un bijou pour homme. Les hommes appellent cela un « Cock-ring »
─Oui, je vois, nous avons ici quelques modèles, je vais vous les présenter. » Et ceci dit, il se dirigea vers un tableau fixé au mur, et découvrit le coffre qui se trouvait derrière. Il composa un code, et ouvrit la porte. Il en sortit plusieurs présentoirs. Sur le premier plateau, sur fond de velours noir, quelques anneaux de différentes tailles, les uns toriques, les autres plats, quelques uns ciselés, d’autres entrelacés comme des alliances. Ils étaient tous apparemment en or, jaune, gris ou blanc :
« Vous connaissez la taille ? On peut aussi le faire à la demande, en fait, on fait tout ce que vous souhaitez.
─J’ai pris le modèle, j’ai dessiné l’intérieur d’un modèle existant.
─Voilà qui est judicieux ! » Et je sortis de ma poche un papier plié en quatre, sur lequel j’avais dessiné l’intérieur du cock-ring de Luigi qu’il avait oublié dans ma salle de bain, après une nuit torride. J’étais sûre qu’Armand portait la même taille. L’homme prit le papier, et mesura le diamètre du cercle à l’aide d’un double décimètre d’écolier.
« Cinquante sept ! Mes compliments, c’est une très belle taille !
─Je lui dirai, il sera content !
─Excusez-moi, c’est un réflexe masculin ! Voyez-vous un modèle qui vous plait ?
─Oui, celui-ci, le plus simple, avec des angles arrondis. J’aime bien le petit anneau. C’est pour y fixer des accessoires ? Pouvez-vous y graver quelque chose ?
─Bien entendu ! Tenez, écrivez ce que vous voulez sur ce formulaire. Inscrivez la taille également. Il nous faudra l’adapter. Si vous voulez ajouter un décor, n’hésitez pas, nos moyens de gravure sont pilotés par informatique, il n’y a pas de limite.
─Je ne l’avais pas prévu, je n’ai pas de modèle.
─Regardez dans ce catalogue, nous avons beaucoup d’exemples originaux. » Je feuilletai le catalogue, et tombai en arrêt sur un décor représentant des œillets tressés en couronne.
─Voilà, c’est exactement cela que je veux. A l’extérieur, à l’intérieur, mon prénom, simplement : eve anne, sans tiret ni majuscule.
─Comme vous voudrez. C’est tout ce que vous désirez ? Nous avons également quelques bijoux d’urètre, très érotiques, et aussi quelques sondes de toutes tailles. Nos « Rosebuds » ornés de diamants sont de toute beauté.
─Oui, non, Je vous remercie. J’ai oublié de vous dire que j’en voulais deux.
─Deux identiques ? Je veux dire, de la même taille ?
─Oui, s’il vous plait.
─Il n’y a pas de problèmes. Tenez, voici le prix. Il tient compte d’une remise de dix pour cent pour un achat de deux modèles identiques. » Il me tendit une calculette sur lequel était inscrit le résultat de son opération. C’était exorbitant !
« Merci. Je vous verse un acompte, et je repasserai la semaine prochaine, Samedi seront-ils prêts ? Je vous laisse mon numéro au cas où.
─C’est parfait chère Madame, je vous remercie infiniment. » En ressortant de la boutique, je croisai le regard méprisant de la vendeuse qui m’avait si gentiment expédiée. Je me dirigeai vers elle : « Je suis contente, j’ai trouvé ce que je voulais. J’adore cette boutique ! Les sex-shops de luxe sont si rares de nos jours ! » Et je sortis de la boutique. Je regardai la colonne, et je trouvai qu’elle avait fière allure. Je jetai un dernier coup d’œil au magasin, et je m’aperçus que la vendeuse était derrière la porte et me regardait. Je retournai vers elle, et lui tendis ma carte :
« Si vous avez envie d’un peu de fantaisie… » La fille regarda si personne ne la voyait, se saisit de ma carte et la fit disparaître dans son décolleté. Le geste avait duré une milliseconde. Je lui souris, tout en regardant son regard surpris je lui dis
« Elle ne pouvait pas trouver meilleur refuge… A bientôt… » Je repris ma voiture, et je rentrai à Compiègne. Je ne savais pas quand j’aurais l’occasion d’offrir ces cadeaux aux garçons, ni même s’ils seront heureux de les recevoir. Je pense que j’organiserai une petite fête, Il y a des gourmandises dont j’ai du mal à me passer.
Tout cela m’avait passablement excitée. Ce fut Maud qui en profita pleinement, sans poser de questions.
Le lendemain matin, je me levai tôt. J’avais l’intention de faire un long circuit en vélo. Je ne m’étais pas posé la question de vouloir rejoindre un groupe. Encore que pédaler seules en forêt, j’y regardais en deux fois, la sécurité n’était pas assurée. Bof ! Je rencontrerai bien quelqu’un que je connaissais. Je ne pensais pas si bien dire. Devant ma porte trois cyclistes m’attendaient. Il y avait Linda, Armand, et Henri ! Linda me sauta au cou.
« Salut ma grande ! Dis donc tu es toujours en pleine forme ? Tu as maigri on dirait ! Tu es contente qu’on soit venus ? C’est le Colonel qui en a eu l’idée, il est en visite chez Claudine avec sa femme ! On ne te dérange pas au moins ? Tu n’avais pas rendez vous avec ta fiancée ?
─Non, je suis très émue, les jambes vont me manquer. On y va, on parlera plus tard !
─Ok, on va où ?
─On fait le grand tour ?
─Avec plaisir, il ne fait pas trop chaud ! » Et l’on partit direction Béthisy par les ruines Gallo Romaines de Champlieu. La route était étroite, mais c’était une des plus jolies de la forêt. Tout au long du circuit, Linda me donna des nouvelles de l’agence. Selon ses dires, tout se passait bien. C’est Rosine qui fut choisie pour assurer la direction de l’entreprise, Monsieur XXX lui faisait entièrement confiance. Lorena n’avait rien revendiqué, et semblait indifférente à tout. Linda pensait qu’elle allait peut-être démissionner.
Je ne pouvais pas rester froide à l’évocation de ces filles que j’avais tant aimées. Je pensai insidieusement que le goût de leurs corps, et de leurs baisers, de leurs sourires et de leurs regards, allait terriblement me manquer. Est-ce que j’aurais pu réussir cette affaire sans elles, ou avec un personnel plus conventionnel ? Et puis la question qui me brûlait les lèvres :
« Et Claudine, comment va-t-elle ?
─Ha ! Je l’attendais cette question. Je te reconnais bien là ma grande, Claudine va bien, elle se concentre sur son travail, et ne laisse paraître aucun sentiment. Elle parle peu, uniquement du travail, elle restera dans l’entreprise parce qu’elle est vraiment motivée. Il faut dire qu’elle est inventive, et que ses idées font l’unanimité. Je ne lui connais pas de liaison…

Nous abordions la côte de Morienval, et je constatais que mes amis n’avaient rien perdu de leurs ressources. Cette rencontre me fit du bien, c’était imprévu, et cela me ferait une transition qui me serait sûrement salutaire. Je promis de garder le contact, sachant pertinemment que je ne pourrai tenir ma promesse.

 

On dit que les promesses n’engagent que ceux qui y croient.


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Par eve anne
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