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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
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Bonne Année



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Extraits

 

Rencontre en Forêt
carrefour11

J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
Laurent (4)

Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
tn Manon (101)

Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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XLVIII-Les Doutes
 

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Mes  lèvres ne peuvent plus s'ouvrir
que pour dire ton nom.

Alain Borne 

                                         « Je te l’avais dit ! Achète une Peugeot ! C’est tarte, c’est moche, mais il parait que ça démarre à tous les coups ! J’irai te chercher demain matin.
—Ne te presse pas, bonne nuit !
—En réalité, c’est pour ça que tu m’as rappelée ?
—Oui !
—Tu es un amour. A demain. »
« Vous vous aimez vraiment beaucoup ?
—Je ne sais pas. Je crois que oui, elle est tout pour moi. Je crois que sans elle je ne serais rien.
—C’est une très belle femme. Physiquement, elle est parfaite.
—Oui, c’est vrai, je sais qu’elle est mieux que moi; son regard vaut tout l’or du monde.
—La façon dont on perçoit le regard nous appartient en propre.
—Tu as raison. Il me semble que tu es très sensible à ces détails. Serais-tu romantique ?
—On me l’a souvent reproché.
—Moi ça ne me déplait pas, veux tu prendre un apéritif, léger ?
—Avec plaisir. » Et la discussion s’installa, calme, feutrée. Claudie avait laissé les armes au vestiaire, elle était au mieux de son charme. Elle était naturellement belle, et son sourire était une invitation au baiser. Elle avait toujours son jeans, et son débardeur qui laissait voir un décolleté pigeonnant. Si j’avais osé, je lui aurais ôté le soutif. Elle était à peine coiffée, et ses cheveux en désordre lui donnait l’air plus jeune, plus insouciante.
« Je ne sais pas si tu sais beaucoup de chose de moi. Jai bientôt 30 ans. J’ai accumulé une montagne de diplômes, et je n’ai jamais été capable de m‘occuper de ma petite personne.
—Mais ta famille ne pouvait pas te venir en aide ?
—Je n’ai plus de contacts avec ma famille. Quand ils ont su que j’avais une aventure avec Simone, ils m’ont jetée. Tu penses, une lesbienne dans la famille Morales, ça fait tâche. Ils racontent que je suis partie à l’étranger.
—C’est impensable de laisser mourir ses enfants parce qu’ils sont homosexuels.
—C’est comme ça dans les belles familles ! On ne peut pas leur en vouloir, ce sont des gens biens ! Musique obligatoire, moi le violon, mon grand frère est pianiste, et le cadet joue de la trompette d’harmonie. Tu vois, ce n’est pas la misère !
—Mais le chômage, avec tous tes diplômes ?
—Trop de diplômes, c’est trop cher, les employeurs se défilent. Trop de diplômes pour un poste inférieur, c’est louche, les employeurs se méfient. Sans « avouer » ses diplômes, on ne trouve rien. Les employeurs te méprisent. J’aurai du passer un C.A.P. ! Je ne suis pas bien dans ma tête, je n’ai plus aucune volonté. J’avais continué avec les repreneurs du journal, ça a duré un mois avant que le patron me fiche la main au cul. Sous la jupe, carrément ! Je lui ai mis mon poing dans la figure. J’ai fait de la boxe, quelques temps, et c’est un réflexe. Et puis j’ai perdu… l’espoir, oui, tout simplement l’espoir. J’imaginais que tu viendrais me chercher. Je ne sais pas pourquoi je me suis mis ça dans le crâne. Peut être quand j’ai su que tu avais pris Josépha. Alors je t’ai attendue. Josépha m’a proposé de te parler, mais je n’ai pas voulu. J’étais persuadée que tu viendrais. Au journal, tu me souriais, tu matais mes seins, et mes fesses. Et le temps s’est perdu. Je passais mes jours à jouer du violon. Mais je n’en joue plus. Je l’ai vendu, pour trois sous, pour payer un retard de loyer. Et quand Josépha m’a dit que tu voulais me voir pour me proposer du travail, au lieu d’être enfin heureuse, j’ai senti une colère sourde monter en moi. Je me demandai pourquoi tu avais attendu que je sois dans le trente sixième dessous pour venir. Pourquoi voulais-tu me voir dans la misère ? Tu voulais sans doute me faire payer quelque chose, une vengeance, je ne savais pas quoi. Tu pensais peut être que j’avais voulu séduire ta femme ? Au journal, toutes les filles racontaient ça. Et puis on s’est vues, et on ne s’est pas comprises. Forcément, je t’ai agressée. Je suis rentrée, avec une certitude, c’est de t’avoir perdue à jamais.Tu ne viendrais plus. Alors j’ai fait un rêve, le rêve que j’étais morte, et que tu venais me voir morte et que tu me donnais un baiser. Alors j’ai voulu réaliser mon rêve, le dernier. C’est risible quand on raconte des trucs pareils. Je me sens ridicule. Je suis sûrement dérangée, Patricia aura du mal à resserrer les boulons. On fait de hautes études, mais il faut trois fois rien pour se transformer en SDF. Quand la réponse est toujours la même :
« Je suis désolé, mais ce n’est pas possible. Je suis désolé, la place est prise. Je suis désolé, mais on réduit le personnel, alors vous pensez … » tout le monde est désolé. Si on retirait ça du dictionnaire, la terre tournerait bien plus rond.
—Je comprends mieux, on va essayer de remonter la pente toutes les deux. Je ne te promets pas une vie de couple. Je te promets un travail qui te plaira, à mes côtés. Je n’ai pas tes compétences, et ce que j’ai entrepris devient trop gros pour moi. Jusqu’alors, je pouvais gérer à l’instinct, mais je sens que je ne saurai pas aller plus loin toute seule.
—Et Marie-Noëlle, pourquoi n’est-elle pas avec toi ?
—Marie-Noëlle est un électron libre. Xéna revisitée. C’est avant tout une sportive, pour qu’elle soit contente, il faut que ça remue. C’est une amazone. L’aventure avant tout. Dernière trouvaille, piloter un hélicoptère en Nouvelle Calédonie.
—Elle n’a pas peur de te laisser ?
—Apparemment non.
—Ça ne doit pas être facile pour toi ?
—J’ai ma fille, mon travail et mes amies. Et avec Maud, nous sommes deux à être amoureuses de Marie-Noëlle. Nous attendons ensemble qu’elle revienne.
—Et dans ton agence, il y a des belles femmes ?
—Il n’y a que, des belles femmes.
—Et tu joues les Simone ?
—Non ! Jusqu’ alors, je n’avais qu’une associée de toute beauté. Avec laquelle j’ai une relation. Demain, il y en aura d’autres. Je ne veux pas me prendre la tête avec ses problèmes là.
—Tant mieux si tu y arrives, et tant pis pour moi.
—Ne dis pas ça. Tu dois retrouver la pêche d’abord, et on verra après. De toute façon, tu dois être avec moi. Si mon ex recommence à me taper dessus, il faudra bien que quelqu’un prenne tout en main. J’ai signé des contrats. J’ai embauché deux autres femmes pour diverses tâches. Mais j’ai vraiment besoin de quelqu’un pour diriger tout ça, j’ai mis la barre très haut. Pour ce poste, j’ai failli embaucher un mec, un pédé, super baiseur. Un très beau garçon, un des amants de mon mari. Mais il a répondu qu’il préférait me baiser plutôt que de travailler avec moi.
—Je n’aurais pas osé le dire.
—Claudie, il faut vraiment que tu bosses avec moi.
—Je vais essayer eve anne, d’être celle que tu cherches. Je prends l’engagement de ne pas te pourrir la vie. Si je ne me sens pas bien, je partirai.
—Tu te sens la force de sortir en ville ou on se fait un repas ici ?
—J’aime autant rester ici. » Et ce fut au tour d’Axelle de me sauter dessus.
—Maman je n’arrive pas à réparer la voiture de Mamie. » Et elle me tendit une petite voiture, avec un objet bizarre.
« Regarde, je ne peux pas le mettre. » Je regardais l’objet, c’était un mystère, je n’avais jamais vu ça. C’était plat, en cuivre serti dans un plastique bleu, avec un numéro gravé.
« C’est un fusible de voiture » me dit Claudie. Et je partis à rire, et j’appelais Maud pour la rassurer.
«Nous avons trouvé la panne de la SLK. C’est Axelle qui l’a sabotée! à Demain » Je préparai un repas froid, poulet salade, et on regarda un film à la télé. Je mis Axelle dans son lit, Et je passai dans la salle de bain. Je me fis couler une douche. Je ne fus pas étonnée que Claudie ouvre la porte de la cabine, et se colle contre moi. Pas étonnée, heureuse, simplement, très heureuse. C’était le geste qui ramenait tout à la plus hurlante des réalités. Gloire à la femme exceptionnelle qui inventa la douche, c’est le piège à fille le plus efficace. Je fermai les yeux de bonheur, et balayai d’un battement de cœur toutes les questions qui voulaient venir troubler mon extase. Ses lèvres étaient douces, et son corps était l’empreinte du mien. Sa poitrine souple épousait ma poitrine gonflée de tous les désirs retenus. Mes mains cherchaient à reconnaître les formes aimées. L’eau coulait sur nous, inondant nos bouches collées, lubrifiant nos caresses, nous faisant vaciller de folies. Nous avions oublié les savons, dentifrices et autres shampoings, nous avions nos bouches nos mains, nos fesses, nos sexes ruisselants d’amour. Nos cheveux se mêlaient et formaient une cage dont on ne pouvait s’échapper. Je coupai l’eau, pour entendre son souffle, le bruit de ses lèvres se décoller de mes lèvres. Et les gouttes d’eau qui avaient eu le bonheur de ruisseler sur son corps, s’écraser sur le sol carrelé. D’une serviette rapide, on se précipita sur le lit. Nous étions toujours enlacées, sa peau humide ne pouvait plus s’éloigner de ma peau mouillée. On ne disait rien, il y avait toujours quelque chose entre nos lèvres qui empêchait le moindre son de sortir. C’était une autre lèvre, une langue, un téton, une oreille, un clitoris exacerbé, une fesse ronde, une hanche creuse. Cela dura, comme si le monde en dépendait. Nous étions à nous deux, le bonheur d’un été, la chaleur du soleil, la fin de l’attente, la solution d’un problème. Claudie s’endormit. Lâchement je profitais de son abandon pour aimer les millimètres de son corps que je n’avais pas encore visités. Je respirai sa peau, ses cheveux mouillés, et je pris à pleine bouche cette lumière qui m’attirait entre ses jambes. C’était brûlant, c’était peut être le feu du soleil, ou celui de l’enfer. Elle se réveilla, se redressa et me tint la tête appuyée entre ses cuisses largement ouvertes. Je l’entendis crier plusieurs fois, puis dans une dernière plainte, elle me lâcha et retomba sur le dos. Épuisée, je m’endormis entre ses jambes. Durant la nuit, je me réveillai, et avec mille précautions, je rabattis le drap sur nous. Nous avions oublié de tirer les doubles rideaux. C’est la lumière qui nous réveilla.
« Bonjour mon amour, as-tu bien dormi ?
—Très bien. C’est calme ici. J’ai rêvé que l’on faisait l’amour !
—C’était un beau rêve alors !
—Un rêve comme je rêvais de rêver.
—Thé ou café ?
—Jus d’orange ou de citron ou de pamplemousse, ce que tu as.
—Tu veux des croissants frais ? Je peux aller t’en chercher, c’est à deux pas.
—Non, ne te dérange pas. Que fais tu habituellement le Dimanche ?
—J’essaie de prendre l’air. En principe, le samedi matin ou le dimanche matin, je fais une sortie à vélo avec mon père et quelques amis. Des fois des balades à cheval en forêt.
—Tu fais beaucoup de vélo ? Je ne le savais pas.
—Oui, j’en ai toujours fait. Au moins 100 km par sortie.
—Mon dieu ! C’est possible ça ?
—Oui, bien sûr ! Quand tu verras nos vélos, tu comprendras ! Marie-Noëlle quand elle était là, le faisait avec moi, et Linda mon amie du bureau le fait aussi. Le mercredi ou le jeudi, je vais nager. Je fais à chaque fois au moins 5 kilomètres. Des fois dix. J’adore ça.
—Mais où suis-je tombée ? Chez une extra terrestre ?
—Non, c’est facile, c’est une question d’habitude, et je n’ai pas besoin de régime ! Quand tu seras remise, tu viendras avec moi. Oui, je nagerai avec Axelle dans le petit bain. Mais alors, tu vas aller faire du vélo ?
—Non, là je reste avec toi. Je n’ai pas le droit de te quitter.
—C’est une bonne idée. Tu me raconteras ta vie.
—Ça risquerait de t’ennuyer. Ce ne sont que des histoires de femmes. Ma seule histoire hétéro a tourné court. Je divorce. J’ai remplacé mon mari par son amant.
—Tu peux répéter là ? J’ai pas tout compris.
—Nous ferons une balade en forêt cet après midi. Tu aimeras.
—Et pourquoi vis tu ici plutôt qu’à Paris ? Tu es la propriétaire du baisodrome maintenant ? Simone te l’a vendu ?
—Oui, et de l’appartement voisin. Je les mets en location. Je baiserai à l’hôtel. Je préfère vivre ici, à Compiègne. C’est là que je suis née, dans la rue, juste à coté. Je reste ici pour vivre. Paris c’est juste pour travailler. Je peux te dire une chose ? —Bien sûr, de quoi s’agit-il ?
—Hé bien moi, cette nuit, je n’ai pas rêvé. J’ai fait l’amour avec une femme merveilleuse. Je l’ai aimée passionnément, et je suis prête à recommencer.
—Quand tu voudras, de l’amour comme ça, je veux bien en mourir tous les jours.
—J’ai servi le p’tit dej sur le balcon. » Je suis allée chercher Maud pour qu’elle récupère sa voiture. Nous avons eu du mal à trouver l’endroit où remettre le fusible. En réalité, Axelle n’avait fait que le ramasser, il était impossible qu’elle ait réussi à ouvrir la boîte, et extraire le fusible. Il était tombé au sol, le couvercle était mal emboité, et sans Axelle, elle n’aurait pas démarré pour autant. J’avais hésité à laisser Claudie seule avec Axelle, Patricia me l’avait déconseillé. Axelle adorait les fréquentations de sa maman. Ça se passa très bien, Claudie lui fit sa toilette, et la gamine était aux anges. Maud vint aux nouvelles discrètement. Je lui dis que tout s’était très bien passé, et que cette fille était un véritable volcan.
« J’espère que tu me réserveras quelques éruptions !
—Bien sur, ma douce, tu sais bien que l’on partage tous les dangers. » Je reçus un appel de Marie-No. Elle paraissait toujours en pleine forme. Je lui racontai en détails l’histoire Claudie. Elle se souvenait bien de la fille au chignon magique, elle se souvenait qu’elle était très belle.
« J’espère que tu ne m’oublieras pas. Moi ici je suis sage, et pour cause, je suis la seule femme au milieu de cent cinquante types. Et tu sais bien que je fais peur aux hommes. Je sais que j’ai pris un gros risque en te laissant. Ne crois pas que c’est facile pour moi. J’ai besoin d’exister dans le seul métier que je sais faire. Je ne peux pas être dans ton ombre toute ma vie. Mais de te savoir avec cette superbe fille ne va pas me faciliter les choses. Je te remercie d’avoir été franche avec moi. De toute façon, c’est bien que tu lui aies porté secours. Je t’aime tu sais, quand je reviendrai, j’espère que tu voudras encore de moi. Je fais beaucoup de sport pour rester belle, et je me constitue un stock de rêves érotiques. Elle est à côté de toi Claudie ?
—Elle n’est pas loin.
—Tu veux me la passer ?
—Heu oui, si tu y tiens.
—Claudie ? Tu peux venir un instant ? Marie-No voudrait te parler.
—A moi ?
—Oui bien sûr à toi. » Leur conversation dura un bon moment. Claudie me rendit le téléphone les larmes aux yeux.
—N’aie crainte. Je lui ai simplement demandé de prendre soin de toi, parce qu’avec tes airs de Walkyrie, tu es fragile comme une coupe de cristal. Je t’aime mon chat. » Claudie pleurait doucement. Maud était à côté et lui tenait la main.
« Je n’ai pas l’intention de vous compliquer la vie. Je vais essayer de me faire discrète, je vais essayer de me reprendre.
—Tu as tout ton temps. » Je vis Maud lui glisser un baiser dans le cou, et Claudie incliner la tête pour le recevoir. Les travaux de dressage commençaient. Elle allait en faire une femme amoureuse et docile. Pour elle ou pour moi ? Le soir assez tard, je reçus un coup de fil de Jocelyne. Ils reprenaient le travail le lendemain comme moi. Ils avaient passé de bonnes vacances dans le Roussillon, dans le mas qu’ils avaient là bas.
« Je t’appelle parce que ma standardiste, Rosine, tu te souviens peut être d’elle, va nous quitter. Elle a demandé le divorce, et veut quitter Amiens pour Paris. Je lui ai donné tes coordonnées, mais ça ne t’engage à rien. C’est une fille bien, si tu a un poste, tu peux lui faire confiance. Voilà, et toi, as-tu passé de bonnes vacances ?
—Oui, et non, mais nous aurons l’occasion d’en reparler. Tu as des nouvelles de Michèle ?
—(……………………..) Non pas du tout, on la verra peut être en Novembre.
—Ok Merci Jocelyne, je t’embrasse. Mes amitiés à Louis. » J’avais avancé d’un pas, je savais que je pourrai compter sur Rosine. Je fis un rapide tableau de mon activité et un petit planning pour Claudie.
« Demain je reprendrai le travail, et j’ai une nouvelle recrue à former. Elle s’appelle Claudine. C’est une femme pour qui j’ai la plus grande estime. Elle a une formation arts plastiques, et je l’engage pour le côté artistique de mes présentations. J’en ai marre de voir des filles défiler une par une avec leur démarche à la con, je veux des idées nouvelles. Dés que tu seras sur pieds, tu viendras me rejoindre. Je te donnerai tous les renseignements dont tu auras besoin et après tu te mettras au boulot. Ensuite, je recevrai Rosine. Une superbe amoureuse qui te plaira sûrement, elle a une pêche d’enfer. Elle sera chargée de gérer toute la sous-traitance et la logistique. Il y a Linda, ma Vénus, tu en tomberas amoureuse dans les cinq minutes. Elle s’occupe du planning et dirige les « danseuses ». Elle est ma seule associée. Elle a 19 ans, bientôt 20, elle est irremplaçable. Elle est aussi le mannequin fétiche de la maison. Et moi, je reste le chef, et je m’occuperai principalement de la stratégie, et du relationnel.
—Et tu me donnes combien de temps pour me mettre au courant ?
—Cinq minutes.
—C’est parfait. Simone a fait des émules.
—Oui, j’ai hérité de tous ses défauts.
—Et toi eve anne, tu as fait des études ?
—Oui, j’ai une License de lettres modernes, j’ai failli être prof. Heureusement, j’ai raté le concours. J’ai fait un an de journalisme, deux ans d’armée, et Simone m’a récupérée dans un état proche de la tragédie, comme toi il y a quelques jours. Simone m’a sauvé la vie.
—Deux ans d’armée ? On le disait au journal, mais je ne l’avais pas cru.
—Oui, je me suis engagée pour m’essorer la tête. Je suis officier, capitaine de réserve, et je vais passer officier supérieur incessamment. C’est à l’armée que j’ai rencontré Marie-Noëlle.
—Et Simone ne participe pas dans cette société ?
—Non. J’ai mis sur pieds les bases de cette activité, avec elle, avec l’intention de nous associer pour la gérer. Ça s’est passé alors que le journal existait encore. Quand elle a vendu le journal à ces connards, elle a pris un coup de ras le bol, et elle m’a laissé m’occuper de tout. Mais elle connaît par cœur la stratégie de l’affaire, ça parait bête, mais on a beaucoup travaillé dessus. J’étais chargée par Simone de négocier la vente du journal. La main au cul, c’est de ma faute.
—Et puce elle fait quoi dans tout ça ?
—La même chose, elle s’occupe des mannequins, des retouches, de la mise en valeur des fringues, son métier quoi ! Je voudrais aussi pouvoir travailler à l’étranger avec les filles couleur locale, histoire de limiter les frais. Et on ne peut pas utiliser les mêmes filles au japon et en Afrique. Donc, j’aurai besoin de quelqu’un pour ça.
—Et ton carnet de commande ?
—Actuellement trois ans, et je ne veux pas dépasser l’année. Donc nous avons un travail d’organisation très important. Pour réduire les délais. De toute façon il faut travailler au rythme des collections, ça va de soi.
—As-tu un compte d’exploitation prévisionnel.
—Oui, mais il a explosé avec la commande canadienne, et celle que j’irai chercher en Allemagne !
—En Allemagne ? C’est Kellermann, la copine de Simone ?
—Oui c’est elle. Tu la connais ?
—Oui.
—Et alors ?
—Alors rien.
—Bon, tu me diras plus tard, on n’a pas le droit de se cacher des informations sur les clients. Le risque d’échec est trop grand.
—Ça ne concerne pas tes relations avec Elke. Je t’en parlerai à un autre moment. Encore que…
—OK, mais moi je suis décidée à tout te dire. Il faut que ce soit réciproque. On ne pourra pas travailler ensemble avec des secrets et des non dits qui intéressent directement l’agence.
—Tu occupes combien de personnes ?
— Au dernier jour avant les vacances, nous étions deux cent dix huit.
—QUOI ?
—Deux cents dix huit.
—Mais alors avec les commandes que tu attends ça risque de doubler ?
—Peut être. C’est pour ça que j’ai besoin de toi.
—Mais tu dois être l’agence la plus importante de Paris ?
—C’est possible. »
—Je t’avoue franchement que je ne m’attendais pas à ça.
—Comme salaire on s’arrange comment ?
—La même chose que chez Simone, réactualisé.
—Plus l’intéressement au résultat. Plus le train de vie.
—Je ne dis pas non.
—Crois tu que tu seras heureuse de retourner dans ton appartement à Créteil ? —Certainement pas !
—Alors, il faut y réfléchir. Très vite.
—Tu veux me jeter ?
—Non, je veux que tu retrouves une vie normale, où tu seras responsable de toi-même. Tu dois être indépendante, et mener ta vie à la baguette. Il faut que tu sois admirée et respectée. Jolie voiture, manteau de fourrure, bijoux, grand standing ! Tu dois être une vedette. Je veux ta photo dans les magasines peoples.
—Tu as raison. Je vais y penser dés demain. Je crois que je t’ai sous estimée ma belle eve anne, et je t’en demande pardon.
—Oh ! Tu sais, tout va très vite, il y a encore trois mois j’étais sûre que Linda et moi on s’en sortirait très bien.
—Oui, je connais ce phénomène. Mais dans toutes les entreprises, il n’y a qu’un seul patron, c’est le client. En tout cas, je suis très impressionnée. Et j’espère bien arriver à ce que tu souhaites
—Je n’en doute pas, je te fais confiance. » Après une nuit d’amour plus calme et de tendresse infinie, je pris le train pour Paris. Claudie s’était levée tôt, et pendant que je me pomponnais, Elle m’avait préparé le petit déjeuner. Elle avait donné un coup de fer à mon chemisier. Et un coup de brosse à mes chaussures. Et elle m’avait dit :
« Je m’occupe de la petite, surtout sois sans crainte, je suis clean, tes remèdes sont efficaces. Cet après midi, j’appellerai Maud, je prendrai rendez vous avec Patricia. Et si tout va bien et si Maud peut garder la petite, j’irai faire un footing en forêt. Je tiens à retrouver la condition, j’en aurai besoin.
—Odile ma voisine la gardera. Tu pourras faire plus ample connaissance avec Maud. Odile a du rentrer cette nuit. Tu vas la rencontrer. C’est une perle. Nos appartements sont les seuls sur le palier, et les portes face à face sont toujours ouvertes. Elle fait mon ménage, ma lessive, mon repassage, elle conduit la fille à l’école, elle nous fait la cuisine. Elle arrose mes géraniums. Quand j’ai oublié quelque chose, ce n’est pas grave, elle y a déjà pensé. Et elle me fait un lit tout neuf pour recevoir mes amies.
—Tu as de la chance de ne recruter que des filles bien !
—J’en suis consciente. Et visiblement, ça dure. Je t’embrasse mon amour. »
« Encore un mot ! Quels sont tes autres prénoms ?
—Mon véritable nom est « Lorena, Claudia, Pilar, Morales Alvaro». On m’a appelée Claudie en fac je ne me souviens plus pourquoi.
—Nous avons une Claudine. Ça te dérangerait que l’on t’appelle Lorena ?
—Pas du tout. C’est mon nom, mes parents et mes frères m’appellent comme ça !
—Et comme puce t’appelle « mon Chou » ça ne sera pas difficile. Ok pour Lorena Morales ? Tu es Espagnole ?
—Mes grands parents, peut-être. Moi, je ne parle que l’anglais. J’ai vécu un an à Londres pour ma dernière année d’études. L’Espagne, je ne connais pas. Et je laissai Lorena à sa convalescence. J’avais aimé Lorena comme une folle. Mais c’était seulement l’hommage rendu à sa beauté. Sa ressemblance avec Marie-Noëlle était vraiment trop flagrante pour que ce soit avec elle que je fis l’amour. Pourtant j’avais besoin d’elle, et j’avais besoin que l’on s’entende bien, que l’on soit « cul et chemise ».
J’étais consciente d’ouvrir la boîte de Pandore.



Offrir l’amitié à qui veut l’amour, c’est donner du pain à qui meurt de soif !* *(Proverbe espagnol)


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tn Ombrages G 

tn Ombrages D 

 

Par eve anne
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