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  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
Ultima Necat

 

 

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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
sicut qui similis

 

 

 

 

Bonne Année



BonneA              

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Extraits

 

Rencontre en Forêt
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J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
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Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
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Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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Les Etoiles Eteintes
IV.

Paloma.

 

  

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« La Savoie » eut beaucoup de difficultés à se ranger contre le quai. Le port de Saint Benoit n'aurait pu contenir un  second paquebot de la même taille. Ce navire était tout récent. C'était une chance de le voir sur cette ligne Marseille Sydney, qui était desservie habituellement par les rafiots les plus décrépits. Le navire amarré, une porte s'ouvrit dans le flanc du navire un peu au dessus du quai. Une passerelle fut rapidement installée, et les voyageurs purent ainsi retrouver la terre ferme. Carmela avait le sourire aux lèvres, et Sarah se forçait pour garder un visage de circonstance. Mais au fond d'elle-même, elle n'était pas tellement heureuse de l'arrivée de Paloma. Non qu'elle ne l'aimait pas, au contraire, leurs relations avaient toujours été des plus cordiales,  et  leur complicité dans certaines circonstances, les avait liées. pour le peu de temps qu'elles s'étaient fréquentées, c'était déjà beaucoup. Mais instinctivement, elle pensait que cette arrivée inattendue allait ternir les derniers moments de son séjour. Pour Sarah, ce séjour avec Carmela avait été un rêve qu'elle n'aurait jamais cru pouvoir vivre. Carmela et Paloma étaient de grandes amies, elles allaient bien entendu se consacrer l'une à l'autre au détriment de Sarah.

tnsavoieCarmela dut sentir le désarroi de son amie, elle se rapprocha d'elle, et la prenant par les épaules se serra un peu plus. « Ne t'en fais pas, ma douce, c'est pour toi que je vis en ce moment.
- Et quand je serai partie, elle prendra ma place ?
- Peut être, peut être pas, Je dormirai sûrement avec Emeline pour avoir encore un peu de ton amour près de moi. »
Curieuses habitudes pensa Sarah. Encore que depuis son arrivée, elle avait fini par intégrer cette façon créole de vivre et d'aimer. Elle s'était « créolisée » comme se plaisait à dire Carmela. Cette situation, un mois plus tôt l'aurait mortifiée. Là elle souriait tristement, essayant de chasser les quelques traces de jalousie qui habitaient encore son cœur.
Paloma termina les interminables formalités, et se dirigea vers les deux femmes qui l'attendaient avec le sourire.
« Quelle bonne surprise mes amies, comment avez-vous su que j'étais dans ce bateau ? Je n'avais pas eu le temps de prévenir.
-La surprise est la même pour nous Paloma, Nous étions venues voir arriver le bateau que Sarah prendra pour continuer son voyage vers Marseille.
-Sarah ! J'ai un message pour vous, il est de Sophia Matilda, je craignais d'arriver trop tard pour vous le remettre.
-Merci Paloma, mais je pense que l'on peut se tutoyer, je ne sais pas si le « vous » existe dans le langage d'ici.
-Tu as raison Sarah, et puis on se connaît depuis si longtemps !
-As-tu fait une bonne traversée ? » Demanda Carmela.
-Excellente. Ce navire est d'un confort qui frôle le grand luxe. Tu verras Sarah, tu n'auras pas à le regretter. »
Les bagages récupérés, elles reprirent le chemin de la maison de Carmela. Elles passèrent au salon, et devant un cocktail rafraichissant, elles commencèrent à papoter. Il faut dire qu'elles ne se voyaient pas souvent !!
« Et quel est le but de ton voyage Paloma ?
-Paris, comme toi Sarah, sauf qu'il n'y a plus de place, je devais prendre le bateau suivant, mais il restait des places pour La Réunion seulement. Alors je me suis embarquée, pour attendre ici le prochain convoi.
-Voilà une bonne nouvelle. Le départ de Sarah me sera moins dur à supporter.
-A Paris, je veux voir le nouveau spectacle du Moulin Rouge, "Le French Cancan" et je vais voir si je peux le monter en Argentine ou ailleurs.
-Mais pour la nuit, il ne faut pas te déranger pour moi Carmela, j'ai fait la connaissance d'une dame d'ici sur le navire, et je peux m'installer chez elle !
-Il ne manquerait plus que ça ! Tu me dis son nom ?
-Son prénom : « Séraphina »
-Je vois qui c'est. Hummm!  Jolie femme en effet ! Elle est veuve depuis peu. Tu as bien de la chance Paloma.
-Je pense que tu n'as pas à te plaindre, Sarah pendant un mois, ce n'est pas mal non plus ! » Même Sarah sourit à cette plaisanterie.
« Oui mais Sarah s'en va, et Sarah est triste.

-Ne te laisse pas aller au désespoir, songe que tu pars retrouver Florane.
-Oui, et j'espère ne pas arriver trop tard. »
Sarah parvint à retrouver sa bonne humeur. Si Paloma voulait aimer Carmela, pourquoi pas? Il ne restait que quelques jours, ce n'était pas si grave, elle dormirait avec Emeline, ou sa petite amie, celle qui a une jolie poitrine ! Pas de risque d'être en manque chez Carmela. Mais cela va être dur de dormir seule comme avant, avant de connaître Carmela. Cette traversée allait lui sembler très longue. A moins que... C'est vrai que souvent des femmes seules s'ennuient sur les "liners". Alors on verra bien. Sarah regardait Paloma, elle était surprise de la voir aussi détendue, aussi enjouée, aussi belle. Il faut dire qu'elles ne s'étaient rencontrées que dans des moments difficiles. Ici, dans l'ambiance de l'île, tout était différent. Et le visage Andin de Paloma reflétait une lumière aux reflets dorés.
Au repas du soir, l'atmosphère était totalement détendue. Elles parlèrent de choses et d'autres, de mode de spectacles, des tournées de Paloma colportant son spectacle à travers le monde !
« Alors Sarah ? Les nouvelles de Sophia sont bonnes ?
-On ne peut pas vraiment dire cela. Côté santé, tout va bien, mais côté cœur tout est perdu. Son fiancé, l'Américain qui préside le groupe financier, a disparu avec une grosse somme d'argent. Arthur a pris les commandes, et a prévenu l'armée des Etats-Unis.
-Arthur ? Et pourquoi pas ton mari ?
-Lui, il s'occupe des moutons, et ça lui suffit !
-Donc, ces magnifiques tissus de laine que je reçois, c'est grâce à lui ?
-Non, c'est grâce aux moutons. J'ai bien peur que Sophia soit encore jeune fille un moment. Pauvre fille, elle était si heureuse.
-Si elle veut se consoler, elle peut venir ici !
-Bien sûr, en plus tu l'aimeras, elle est très belle. Qu'en penses-tu Paloma ?
-C'est vrai, elle est aussi belle que sa maman, d'ailleurs c'est une ressemblance étonnante, je l'ai trouvée assez sereine malgré cet incident.
-Il appartient aux américains de régler ce problème. C'est curieux, j'avais confiance en ce garçon.
-Il ne faut jamais faire confiance aux garçons.
-Tu te trompes, Benjamin mon premier mari était tout ce qu'il y avait de plus attachant. 
-Et tu lui as préféré Florane !
-Oui, je suis une mauvaise femme !» La conversation dura jusqu'à la nuit. C'est Paloma qui y mit fin.
« Et si nous allions au lit mes chéries ? Je vous quitte, je vais rejoindre Séraphina. »
Comme ça tout était dit, et tout était clair.
Sarah et Carmela passèrent la nuit enlacées. C'était peut être la première fois où la tendresse avait participé aux jeux de l'amour. Comme si elles voulaient entasser le maximum de souvenirs des moments passés ensemble.
Elles partageaient l'idée que Paloma était allée dormir à l'hôtel, pour ne pas les déranger, sinon, elle serait partie plus tôt, ou aurait fait porter un message. Elle aurait pu aussi dormir dans la case, ce n'était pas la place qui manquait, et peut être qu'une pensionnaire lui aurait tenu compagnie ?
Le lendemain, elles se retrouvèrent toutes les trois pour le déjeuner. Sarah prit la parole.
« Si j'ai bien tout compris, tu as pris ce bateau parce qu'il restait une cabine, et tu prendras l'autre, dans deux ou trois semaines pour continuer ton voyage ?
-C'est exactement ça.
-Comme je l'ai fait moi-même. Sauf que pour moi il n'était pas prévu de continuer, je devais retourner à Adélaïde. Pour quoi y faire, je me le demande. J'ai appris que Florane était sûrement en vie, donc je pars à sa recherche. Et le voyage continue.
-Avant d'arriver ici, nous avons fait une escale à Pondichéry. Je n'ai eu aucun mal à trouver la piste d'Amiya.
-Amiya ? Tu l'as vue ?
-Non, je n'ai pas eu le temps de la rencontrer, elle était en déplacement dans le nord du pays. J'ai appris qu'elle était mariée à un riche Maharadja, et qu'elle régnait sur un pays aussi vaste que l'île Bourbon. Je retournerai là bas, et je prendrai le temps de la rencontrer.
-Douce Amiya, comme quoi l'amour des femmes mène à tout.....
-Oui, si l'on regarde ce que nous sommes, nous n'avons pas si mal réussi. » -Je n'aurais jamais pensé qu'elle ait pu se marier ! -Elle l'a fait sans doute pour avoir une position sociale. Et si en plus elle a des servantes, c'est parfait. Sa beauté lui ouvrait toutes les portes, elle a eu raison d'en profiter. Et le mariage, même pour une lesbienne, ce n'est pas la mer à boire!
-Oui, mais il reste le mari.
-Et ça, ce n'est pas toujours génial. J'espère bien passer toute ma vie sans avoir à connaître les caresses d'un seul homme.
-Quand je dansais en Argentine, j'avais une relation avec mon partenaire. Pour bien danser, il faut bien se connaître. J'en garde un souvenir plutôt agréable. Je l'ai quitté quand il m'a proposé le mariage. Il a voulu me tuer, Florane toujours sur ses gardes l'en a empêché. Je lui dois la vie !
-Charmant garçon, moi, je n'ai eu que deux hommes dans ma vie. Mon défunt mari, Benjamin, dont je garde d'agréables souvenirs et Lusciano, que je n'ai jamais aimé. Je me suis donnée à lui pour que Florane se détache de lui et me revienne, et c'est le contraire qui s'est passé.
-On peut comprendre Florane. Que serait devenu votre couple si l'enfant était né ?
-Quel enfant ?
-Mais oui Paloma, Florane était enceinte, c'est pour cela qu'elle a débarqué. Elle a perdu le bébé un mois après environ, elle n'en avait parlé à personne. Je ne l'ai appris que quelques années plus tard. 
-Je l'ignorais totalement. 
-Si je comprends bien, des cinq femmes de notre cercle, je suis la seule qui n'ait pas reçu les honneurs masculins ?
-Oui Carmela, et c'est sûrement toi la plus heureuse.»
L'après midi se passa sans Carmela qui était retournée à ses affaires.

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Sarah et Paloma allèrent prendre le soleil sur une plage déserte. A l'extrémité sud de la plage, quelques rochers les dissimulèrent à l'abri des regards. Elles se mirent nues pour profiter du soleil. Dans l'île de la Réunion, la couleur de peau idéale, n'était pas blanche. Sarah avait déjà eu l'occasion de prendre quelques couleurs, tandis que Paloma était naturellement très foncée. Sarah fut surprise en voyant Paloma dans le plus simple appareil. Elle avait un corps magnifique. La danse pratiquée durant toute une vie lui avait sculpté un corps de rêve. Jolies jambes, jolie poitrine, fesses et cuisses musclées. Elle était mince, elle avait une morphologie d'athlète. Totalement épilée, elle exhalait une féminité sans pareille. C'était  Emeline avec quelques années et de la poitrine en plus. Sarah fut impressionnée par l'extraordinaire majesté qui se dégageait de son attitude. C'était sans doute le lointain  atavisme d'une descendance Andine.

« Tu es magnifique Paloma, je ne m'attendais pas à voir en toi la Vénus ressuscitée.
-Encore que la véritable Vénus a quelques petits bourrelets autour de la taille ! Je ne suis pas Vénus, je suis la fille du soleil, une princesse Inca.
-Tu as raison, tu es parfaite. De quoi ai-je l'air à tes côtés ?
-D'une femme qui possède toute la féminité que je n'ai pas. Ce visage parfait, ces seins magnifiques, ces hanches qui appellent les caresses, et des fesses sûrement plus douces que les miennes.
-Pour ça, il faudrait vérifier.....
-Je vais le faire Sarah »
Sarah n'avait aucune arrière pensée. Elle avait appris très vite à obéir à ses moindres désirs, sans la moindre retenue. Jusqu'en cet instant, Paloma ne l'avait jamais attirée. Peut être que son visage, aux traits un peu masculins l'en avait dissuadé. mais depuis qu'elle avait débarqué dans l'île, elle s'était habituée aux visages de type indien. En ce moment ci, elle n'avait qu'une seule envie, que Paloma la serre dans ses bras. Elle ressentait aussi de besoin  de respirer le parfum de sa peau bronzée. C'est le baptême de l'île Bourbon sans doute, ou alors Carmela lui avait jeté un sort. En une fraction de seconde, elle comprit que Carmela n'avait rien d'urgent à faire, et qu'elle les avait laissées ensemble délibérément. Décidément, ici, Carmela décidait de tout. Cette pensée s'évapora quand elle sentit la main de Paloma sur sa hanche.
«Vérification faite, c'est encore plus soyeux que je ne l'imaginais.
-Tu veux me flatter ma belle amie, mais je sais que je porte bien mon âge, et que je ne devrais pas me conduire comme une jeune fille.
-Que dis-tu là ? Ne sommes nous pas ensemble pour nous aimer sous le soleil ?  Quand nous étions jeunes, nous n'avons pas eu l'occasion de nous connaître. Nous avons quantité d'années à rattraper !
-Oui sûrement, mais j'ai un peu honte de jouer les midinettes.
-Il n'est pas question de cela, comme moi, tu as un grand besoin d'amour, tu as un corps qui sait donner l'amour, et tes sentiments sont purs. Qu'importe notre âge, si nous nous trouvons belles et que nous avons envie l'une de l'autre ? »
S'en suivit le premier baiser, sur des lèvres brûlantes mais avides de plaisirs.
Sur la plage, sous le soleil filtré par le feuillage d'un palmier, elles se sont aimées sans être dérangées. Ou alors, s'il y eut quelques regards indiscrets, ils profitèrent de la scène sans l'interrompre. D'ailleurs, il est possible qu'un spectateur n'eût pas été suffisant pour interrompre une telle passion.
L'après midi se passa en caresses, en amours, en plaisirs. Les deux femmes s'étaient trouvées avec bonheur. Elles avaient toutes les deux la connaissance parfaite de leur corps, et des multiples  façons d'arriver au septième ciel. A chaque fois que Sarah faisait l'amour, elle était persuadée qu'il ne serait plus possible d'aller plus loin dans le plaisir. Et pourtant, à chaque fois elle avait l'impression de tout découvrir. Paloma  se montra une amante imaginative, et elle n'eût aucune difficulté à dévoiler ses désirs les plus secrets. Elle était tellement belle dans ses attitudes, que Sarah ne pouvait s'en détacher les yeux. La beauté de cet abandon donnait à Sarah des ressources inépuisables.
Le soleil était caché derrière la montagne, quand, les lèvres rougies, la peau brûlée de soleil et les sexes meurtris, elles décidèrent de regagner la vie domestique.
Quand elles arrivèrent chez Carmela, celle-ci les attendait dans le salon, en grande conversation avec Emeline.
Echange de sourires et de baisers, Emeline était au summum de sa beauté.
En les voyant s'approcher, Carmela  se laissa aller dans une hilarité inextinguible.
« He bien mes chéries, visiblement vous avez eu très chaud cet après midi !!! Il faut faire attention, le soleil est dangereux en cette saison, et de se baigner dans les vagues épuise rapidement. Je n'aurais pas dû vous laisser seules, vous êtes imprudentes comme des gamines.
-Le seul risque que nous ayons encouru, est d'être surprises alors que l'on se baignait nues.
-Entre autre chose je suppose. !! Mais vous ne risquiez rien, j'avais placé des sentinelles pour que vous ne soyiez pas dérangées.
-Carmela, tu penses à tout, tu prévois tout, avec toi il n'y a qu'à se laisser vivre.
-Mais il faut aussi payer de sa personne quelques fois.
-Tu savais où nous allions ?
-Je sais tout ici. La police est moins bien renseignée que moi ! Heureusement sinon, en fait de jolies sentinelles, vous auriez eu l'armée au grand complet. Allez vous donner un coup de peigne, et revenez prendre l'apéritif.
En gravissant les marches de l'escalier, Sarah eut la certitude que Carmela avait été l'une des « sentinelles » et qu'elle n'avait rien perdu de leurs ébats. Il faudra en parler à Paloma
Quand elles revinrent, la serveuse aux seins nus préparait les cocktails. Sarah détailla la  fille dans les moindres détails. Le pantalon blanc large et serré aux chevilles qu'elle portait était quasi transparent, et l'on ne perdait rien de sa ligne incomparable. Le voile de mousseline vieux rose qui ceinturait ses cheveux, éclairait son visage d'une lumière cuivrée. Carmela suivit le regard de Sarah et sourit.

tnJosephine-Celle-ci s'appelle Joséphine. C'est le plus joli minois de ma maison. Elle est très douce et très gourmande. Si vous la voulez pour cette nuit, elle ne dira certainemen pas non. » A cette évocation, la fille gratifia les deux femmes d'un sourire engageant. Sarah et Paloma se regardèrent. Et c'est Paloma qui prit la parole.
« Pourquoi pas ? Si nous n'acceptons pas cette proposition, nous le regretterons le reste de nos jours. »
Carmela s'adressa à Joséphine dans le dialecte local. La fille reçut la nouvelle avec un grand sourire et gratifia les trois femmes d'une superbe révérence.
« Quant à moi, je vais être obligée de me contenter d'Emeline. Quelle galère !!! »

Carmela tenait la grande forme. Ses plaisanteries sonnaient justes, mais n'y avait il pas au fond de son cœur quelque ambigüité qu'elle voulait dissimuler ? Pour ne pas laisser le doute s'installer, c'est d'elle que vint la solution.

« Je suis très heureuse que vous vous soyez trouvées. Très sincèrement heureuse. Chez moi la jalousie n'existe pas et heureusement. Assister à la liaison de mes plus chères amantes me tuerait sur le champ. Aussi ai-je pensé à une solution qui vous permettrait de vous aimer quelques temps de plus, et qui rendrait peut être service à Paloma ?
Sarah a loué une suite dans le paquebot, si vous n'avez pas peur d'être un peu à l'étroit, vous pouvez peut être la partager ? »
Les deux femmes se regardèrent. Pourquoi n'y avaient elles pas songé plus tôt ? Peut être pour Paloma le sentiment de rester redevable à Carmela d'un peu d'amour, peut être pour Sarah de ne pas priver Carmela d'un peu d'amour quand elle serait partie.
« C'est une excellente idée. J'accompagnerai Sarah si elle ne dit pas non. Mon seul soucis et de t'abandonner, sans avoir réalisé ce pourquoi j'étais venue.
-Ne t'en fais pas Paloma ce sera pour une autre fois. Je me consolerai avec la fiancée du Vaudou.
tnEmeline-C'est qui cette nouvelle recrue ?

-Sarah te racontera !!!
-Hum j'ai peut être tort de partir alors. Si tu as encore de bonnes choses à m'offrir.
-Tu sais bien que Dieu a créé le paradis des femmes à La Réunion. Mais si tu dois partir..... -Oui, il faut que je parte, j'ai pas mal de travail sur Paris. Et je ne pourrai pas accompagner Sarah dans ses recherches. -Quand vous aurez compris que vous ne serez jamais plus heureuses qu'ici, vous reviendrez vivre sous nos palmiers pour le restant de vos jours. Rien ne vous retient ailleurs, ici vous aurez tout, Amour Mer et soleil, des montagnes de fruits, et des filles à aimer par dizaine. Que demander de plus ?
-Tu as toujours raison Carmela, je me souviendrai du conseil. Cependant je crains que les filles se lassent d'aimer une vieille femme comme moi. En attendant, Paloma me fera le plus doux des plaisirs en partageant ma cabine. »
La nuit avec Joséphine se déroula dans un déluge de passions inattendues. Dire qu'elle était gourmande était en dessous de la vérité. Comment font toutes ces filles pour posséder à ce point la science des amours les plus folles ? En très peu de temps, Sarah et Paloma demandaient grâce. Il faut dire que l'après midi avait déjà été plus qu'agité. Pour des femmes de leur âge, pouvoir caresser le corps d'une fille de vingt ans, était un cadeau exceptionnel. Sarah et Paloma en avaient parfaitement conscience.
Sarah pensait que si on lui demandait ce qu'elle avait vu de son voyage à La Réunion, elle pourrait répondre qu'elle n'avait vu qie l'amour et que le rhum. C'était la débauche complète. Elle le savait mais elle avait adoré cela. Paloma, bien que plus réservée sur ses sentiments, était toujours présente pour une étreinte, un baiser, une passion. Il faut peut être imaginer que le parfum de toutes ces filles, vanillé? Poivré? (il était impossible de le cataloguer), était sûrement responsable de tous ces débordement.
Imaginons Sophia Matilda demandant à sa mère:
« He bien Maman qu'as tu fait tout ce temps à La Réunion?
-J'ai fait l'amour et je me suis saoulée!»
Le lendemain elles allèrent au port pour régulariser les détails du voyage.
Le départ était fixé au surlendemain. Les heures qui restaient à vivre à Saint Benoit seraient sûrement les plus émouvantes jamais vécues dans cet Eden.
Le jour fatal arriva. En fin d'après midi, Sarah était vêtue d'un costume pantalon d'un tissu très léger, et ce costume, fait à sa mesure, mettait en valeur un décolleté somptueux. Sarah portait le « cadeau d'Emeline », une chaîne à la cheville formée de perles noires. Carmela remarqua ce détail et en fut bouleversée. C'était le signe de soumission. Toutes  les filles qui appartenaient  à Carmela portaient fièrement cette chaine.. Sarah lui donnait ainsi la preuve de son amour, et de sa volonté de lui appartenir.
Le volume des bagages, augmenté des présents de Carmela était absolument gigantesque. Il faudra en stocker une bonne partie dans la cale, pour qu'il reste un peu de place dans la cabine. Celle-ci, comme l'avait décrite Paloma était divinement luxueuse. Le fait de voyager avec Paloma dispenserait Sarah de s'égarer dans les coursives du navire, elle n'aurait qu'à suivre.
Le plus dur fut évidemment pour Carmela. De voir partir simultanément ses deux grandes amies, lui procura un choc inattendu. Elle, rieuse, si forte et tellement maîtresse de tout et d'elle-même, sombra dans un profond malaise quand le bateau quitta le môle. Elle était là sur le quai, vêtue d'une magnifique robe de dentelle blanche, abritée d'une capeline, blanche également. Elle était accompagnée des plus proches de « ses filles », quand soudain, ses jambes se dérobèrent sous elle, et elle glissa sur le sol. Elle fut bien évidemment secourue tout de suite, et les suivantes firent ce qu'il fallait pour que le malaise de Carmela ne fût pas visible du bastingage.  Sarah et Paloma furent un peu frustrées de ne plus apercevoir Carmela dans la foule qui assistait au départ du paquebot.
Puis celui-ci gagna le large, doucement, avec dans son erre, des tonnes d'amour qui allaient manquer cruellement à Carmela, mais aussi à Sarah et Paloma. C'était la fin de la journée. Vers l'ouest, le soleil aveuglant éclipsait la terre qu'elles venaient de quitter. Comme si les adieux devaient se terminer au plus vite. Sarah se laissa tomber sur un transat, et ne put empêcher ses larmes de s'épancher à gros sanglots. Paloma, ne pleurait pas, elle ne pleurait jamais.  Elle se demandait pourquoi elle avait perdu de vue Carmela. Pourtant, avec cette capeline blanche, elle aurait du être facilement reconnaissable.
Dans ce moment de tristesse infinie, son visage se faisait plus dur, et son regard sombre questionnait l'horizon.

  

 

   DameGauche   DameDroite
Par eve anne
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