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  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
Ultima Necat

 

 

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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
sicut qui similis

 

 

 

 

Bonne Année



BonneA              

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Extraits

 

Rencontre en Forêt
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J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
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Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
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Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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Les Etoiles Eteintes
III.

Amours Vaudoues.

 

 

 

Amelie

 


Les cocktails arrivèrent très vite. C'était fort, c'était glacé, c'était délicieux.
Après avoir trempé les lèvres dans le punch, Sarah se tourna vers Carmela, lui prit la main, et lui dit.
« Dommage que nous ne soyons pas seules, sinon je crois que je te prendrais les lèvres pour un baiser éternel.... »
Carmela était très émue. C'est en essuyant rapidement une larme de bonheur qu'elle regarda Sarah dans les yeux.
« Crois tu que j'ai déjà été plus heureuse Sarah ? Non, je n'ai jamais ressenti autant de bonheur.
-Quelle douceur de me parler comme tu le fais, mais je suis consciente de mon âge, et je ne voudrais pas que ma présence entrave tes envies les plus secrètes. Je ne suis plus habituée à tant de désirs, c'est soudain, c'est inattendu, tu me fais rêver même quand je suis éveillée.
-Et cela ne te gêne pas que je sois noire ?
-Ne sois pas stupide, je ne serais pas avec toi, la couleur de la peau est un élément de séduction que j'apprécie. J'avais une servante, plutôt une amie, Amiya, qui elle était beaucoup plus foncée, puisqu'elle était Indienne, mais elle était d'une beauté surnaturelle, et je l'aimais comme une folle.
-Plus jolie que moi ?
-Ce n'est pas ce que je voulais dire. Simplement que sa couleur ne l'empêchait pas d'être très belle et désirable. Et moi qui ai la peau blanche comme le lait, tu pourrais ne pas me trouver à ton goût ?
-Quand je t'ai vue pour la première fois, j'ai été instantanément persuadée que nous serions amantes.
-Nous ne le sommes pas encore. Mais qui pourrait nous empêcher de le devenir ?
N'as-tu pas peur que Florane s'interpose dans nos esprits ?
-Pas du tout. Florane préfèrerait participer plutôt que d'être jalouse. J'ai toujours été plus ou moins amoureuse à chaque fois qu'elle est venue, elle n'en a jamais pris ombrage. Quelques fois même nous avons partagé la même fille. Il faut dire qu'elles sont tellement belles et tellement aimantes. Si tu aimes les femmes, tu ne peux vivre qu'ici. C'est le paradis des femmes. »
Ecoutant parler Carmela, Sarah lança un regard à la ronde, histoire de vérifier les affirmations de Carmela. Ce qu'elle vit la rassura effectivement. Il y avait beaucoup de femmes, presque toutes jolies, en tout cas très soignées, des métisses, des Indiennes, des européennes, et quelques africaines. Quelques regards croisèrent le sien, et elle put constater avec plaisir que personne ne la trouvait « trop vieille ».
La soirée touchait à sa fin, Carmela  invita Sarah « dans sa case ». Quelques fois, il faut se méfier des traductions. La case en question était un hôtel particulier isolé au centre d'un parc aux arbres exotiques. Du moins pour ce que Sarah put en voir en faisant le chemin en pleine nuit. La façade de l'immeuble était magnifiquement éclairée, et des réverbères étaient dissimulés dans les palmiers les plus proches. C'était féérique.
En montant les marches du perron, Sarah se sentit revenue trente ans en arrière. Elle vivait ce qu'avait vécu Florane la première fois qu'elle était entrée dans l'immeuble de la place Victoria de Montréal. Du luxe à profusion, mais pas de tape à l'œil, pas de décoration outrageusement chargée. Ce n'est pas du toc ! pensa Sarah en souriant. Le style Créole était sensible dans tous les choix de la décoration. Des domestiques discrètes étaient aux ordres,  pas de personnel masculin, que des jeunes femmes, toutes très belles, légèrement mais élégamment vêtues, toutes natives de Bourbon avec des couleurs de peau très variées. Elles étaient savamment maquillées, l'impression était royale. Florane n'avait pas eu pareil traitement !!!
« Ces filles travaillent pour moi, ce sont mes mannequins. J'essaie sur elles toutes mes créations, mais aussi tous les produits de beauté et produits cosmétiques que je distribue. Ces filles me sont totalement dévouées, Elles vivent chez moi, elles travaillent chez moi, elles aiment chez moi. Et tout cela dans la plus grande discrétion. Elles n'ont qu'un seul devoir: être belles.
Sarah en avait le souffle coupé. Pas tellement par le luxe, ça elle avait l'habitude, mais par cette mise en scène délicieusement sensuelle.
« Programme si cela te convient : on prend un dernier cocktail, on passe dans la salle de bain, ces demoiselles nous assisteront, et ensuite nous aurons tout le temps que nous voulons pour réparer tout ce retard que nous avons pris à nous connaître. »
Sarah prit le parti de s'en remettre entièrement aux bons soins de Carmela. Et elle fit bien. Le cocktail était sûrement « spécial », mais qu'importait maintenant. La chambre de Carmela était une véritable merveille. Sortie du conte des mille et une nuits. Le cocktail aux reflets bleus, dans de grandes flutes givrées, était servi sur un petit guéridon de marbre. Sarah prit place sur un pouf et Carmela vint se mettre tout contre elle. Ella avait retiré sa veste, et la chemise à jabot était largement ouverte sur sa poitrine. L'invitation était irrésistible. La couleur de la peau prenait sous cette lumière des reflets ambrés, et le parfum vanillé s'était vu renforcer d'on ne sait quelle essence. Tout était fait pour aiguiser les sens, et Sarah sentait monter en elle des désirs bien précis. Elles n'étaient pas seules. Près d'elles, sur un tapis, deux servantes étaient alanguies attendant les ordres. Elles étaient vêtues d'une robe de soie blanche croisée devant et refermée par une simple ceinture. La soie était si fine qu'elle en était transparente, et ne cachait pas grand-chose du corps des jeunes femmes. Sarah eut encore assez de raison pour remarquer que toutes les filles se ressemblaient. Grandes et fines, de couleurs sombres, même cheveux montés en chignon, et petite poitrine aux aréoles noires. Une chaîne de perles noires décorait la cheville gauche. Elles semblaient être là pour s'aimer aussi, l'ambiance amoureuse était palpable. Carmela s'adressa à Sarah à voix douce. Elle leva son verre à leur rencontre, et versa deux gouttes du cocktail entre ses seins. Puis une fille aux jolis seins nus, vêtue d'un pantalon de soie blanche, vint pour dire que le bain était prêt.
Elles s'y rendirent, Sarah appuya le front sur l'épaule de Carmela. La baignoire débordait de mousse odorante, et sur les rebords, des petits photophores fumaient un parfum capiteux. Elles se firent face, les yeux dans les yeux, et les filles derrière elles commencèrent à les dévêtir. Ce fut une sensation étonnante, de se sentir devenir nue face à Carmela qui faisait de même. Le dernier vêtement tomba au même moment. Carmela apparut aux yeux de Sarah dans toute sa splendeur. Sarah pensa que pour voir autant d'idéales proportions elle aurait pu faire le tour de la terre. Carmela admirait Sarah, Sarah ne pouvait se détacher les yeux de Carmela. Les filles regardaient aussi, et leur regard pétillait de plaisir. Elles entrèrent dans l'eau tiède sous la mousse épaisse. Les filles s'approchèrent et firent couler de l'eau sur leurs épaules. Quand les femmes furent allongées l'une contre l'autre dans le bain odorant, les filles se retirèrent sans un bruit. Sarah craignait que le bain ne lui procure un assoupissement auquel elle aurait du mal à résister. Il n'en fut rien, bien au contraire. Les parfums, les sels dissous dans l'eau, la fumée des bougies odorantes donnèrent un coup de fouet à la vitalité des baigneuses. Les brumes des boissons alcoolisées s'effacèrent progressivement. Seul resta le désir de serrer l'autre dans ses bras, de boire à son amour, de se nourrir de ses seins, de ses épaules, de son ventre. Elles ne prirent pas le temps de s'essuyer le corps, c'est enlacées bouche à bouche qu'elles basculèrent sur le lit.

tn Carmela2Elles firent l'amour durant des heures. Elles ne se rendirent pas compte que les bougies s'éteignaient une à une, laissant les deux amantes s'aimer sous la lumière sélène. La fenêtre était ouverte, seule la moustiquaire les protégeait des bestioles attirées par ces vapeurs sucrées. Elles ne surent pas quand elles s'endormirent, ni combien de temps elles dormirent.
Quand elles se réveillèrent, la chambre était rangée, débarrassée des verres et des vêtements, et le drap recouvrait pudiquement les deux femmes quand la servante entra chargée d'un plateau de brioches de café, de fruits, et de jus aux couleurs irisées.
« As-tu bien dormi ? » demanda Carmela
« J'ai fait de très jolis rêves. Je ne crois pas avoir vécu pareille nuit de toute ma vie. Tu m'as droguée ?
-Non, pas droguée. Mais ici, c'est la coutume. Les femmes aiment l'amour, elles pensent d'ailleurs que c'est plus important que tout, et pour faire l'amour, on se met en « condition » Ce qui veut dire que l'on soigne les détails qui feront d'une simple nuit à Saint Benoit, les fêtes de Versailles. Et le climat est favorable, le mode de vie, tout est propice à l'amour. Pour le reste, quelques bougies odorantes, un peu de poivre et de cannelle dans les alcools, de l'herbe bleue, de la vanille, et c'est le septième ciel assuré. On reste consciente et active toute la nuit. Ici j'ai un autre avantage, c'est que les filles sont à côté, et si on désire que l'une d'elle participe, elle se fera une joie de se joindre à nous. Voilà pourquoi je ne pourrai jamais quitter mon île, je suis née ici, j'ai l'amour dans le sang, et si je ne l'ai plus je meurs.
-Et pour les hommes, c'est la même chose ?

-Je ne sais rien des hommes. Jamais un homme ne m'a touchée, et toutes les filles qui sont ici sont dans la même situation.
-Je crois que tu as raison sur tout Carmela, je ne sais comment te dire ce que j'ai vécu. J'espère que c'était moi que tu as aimée, et que tu ne m'as pas hypnotisée et que tout cela n'était pas qu'une illusion. »
Carmela éclata de rire.
« Mais pas du tout mon amour. Mes pouvoirs magiques ne vont pas jusque là, et d'ailleurs je ne vois pas l'intérêt. Je tiens à l'amour moi aussi.
Dans la matinée, Elles se rendirent au port, en quête de renseignement pour un départ pour Marseille. Il y avait un départ la semaine suivante, dix jours plus tard exactement.
« Je réserve une cabine pour deux personnes ?
-Hélas non Sarah, tu partiras vers ton destin, et je resterai ici pour assumer mes tâches. Tu le comprends n'est ce pas ?
-Bien sûr, je le savais dès le début.
-N'empêche, si on pouvait d'un coup de baguette magique supprimer tous les bateaux, ça serait quand même mieux. Mais en y réfléchissant, comme le prix n'est pas un problème, prend une cabine pour deux personnes, tu seras plus à l'aise, et quelques fois, il y a des passagères un peu seules sur les Liners.
Et tu n'auras plus besoin de moi.
- Ne dis pas cela Carmela. Quand je serai partie, tu retrouveras l'amour de tes filles magnifiques, de jeunesse, car elles le resteront encore des années. Pour moi, ce fut peut être la dernière fois où j'ai été capable de plaire à une femme comme toi. Je penserai à toi avec bonheur, en t'imaginant au milieu de ton harem parfumé. Je n'ai plus qu'un espoir : arriver à temps pour embrasser Florane. Après, grâce à elle, et grâce à toi, je pourrai mourir comblée. J'ai passé trente années à travailler, à construire un empire pour je ne sais quelle raison. Sans doute parce qu'il fallait que quelqu'un le fasse. Pendant tout ce temps, mes amours ont été en berne, et je pensais bien ne jamais ressentir une femme sous mes caresses. Merci mille fois Carmela de m'avoir procuré cette seconde chance. »
Sarah suivit le conseil de Carmela. Elle réserva une suite. Après tout, au diable l'avarice.
Sur l'insistance de Carmela, Sarah fit prendre ses bagages à l'hôtel, et s'installa chez Carmela.
Le lendemain matin, elles partirent très tôt pour Sainte Rose, là où se trouvaient les ateliers de Carmela. A la demande de Carmela, le coche s'arrêta sur le chemin en haut d'une colline. Carmela ouvrit la porte et d'un geste large, elle désigna le panorama. En contrebas on distinguait nettement un ensemble de bâtiments alignés, séparés par de larges allées bordées de palmiers.
« Voilà l'atelier principal »
Sarah resta interdite. Elle s'attendait à tout, sauf à cela. Elle pensait visiter un atelier de vingt, voire cinquante ouvrières, mais là !
«  Mais..... Tu emploies combien de personnes dans cette «  usine » ?
-Environ six cent cinquante. Mais rassure toi, on ne verra pas tout, ce serait trop fastidieux. »
Sarah était sidérée. Non qu'elle ne soit pas habituée aux grandes entreprises, elle avait elle-même des usines de traitement de minerai, mais là, le Notaire lui avait recommandé de prendre contact avec « la couturière de Florane » Quelle surprise. !!
« Mes compliments je ne m'attendais pas à cela.  Maintenant je comprends mieux ta façon de vivre !
- Ne t'emballe pas, j'ai développé cette affaire parce qu'il y avait une clientèle. Pas pour m'enrichir. C'est vrai que je vis dans un confort enviable, mais ce n'était pas le but, et je partage beaucoup avec mes employées, et mes mannequins vivent dans le luxe avec moi.
-Il n'y a pas d'hommes je suppose ?
-Si, les gardes. L'usine est gardée par un escadron de mercenaires. Il y a énormément de stock de tissus et de produits finis, et la tentation est forte. Nous avons généralement plusieurs intrusions par nuit !
-Il n'y a pas de risques de détournement de la part du personnel ?
-Aucun. Je connais chaque employée par son nom et souvent plus, et elles se sont engagées sur leur vie à respecter leur employeur.
-Et ça marche ?
-Ca marche !
La visite se passa au pas de course. Les locaux étaient propres et clairs, les conditions de travail confortables, des repos étaient programmés, les filles étaient souriantes. Sarah suivait Carmela entre les tables de confection. Chaque employée à portée de main était gratifiée d'un geste de Carmela. Une pression de la main sur l'épaule ou sur le poignet, une caresse sur la joue ou sur les cheveux. Quelque fois la fille se levait et elles s'embrassaient sur la joue. A chaque fois, Sarah lisait dans le regard des filles, une lueur de fierté et de satisfaction.
« Nous allons entrer dans l'endroit le plus secret de la maison. L'atelier de création. »
Là l'ambiance était différente. Sur des filles presque nues, d'autres filles ajustaient des morceaux d'étoffe, épinglaient, surfilaient, Et tout cela sous l'œil impitoyable d'une contremaîtresse omni présente. Sarah n'en croyait pas ses yeux. La beauté des filles, toutes quasiment ressemblantes aux servantes de la chambre de Carmela. La plupart avec une petite poitrine et le bracelet de perle aux chevilles.
L'allure de ces mannequins avait quelque chose de surnaturel.
« Toutes ces filles avec la chevillère, sont tes esclaves ?
-On peut appeler ça comme ça, mais pour simplifier, je dirai que ce sont des amies sur lesquelles je peux compter.
-Je vois !
-Maintenant, tu vas voir quelque chose que tu n'imagines pas. »
Le local était sombre, juste un peu de lumière filtrait par les persiennes.
« Ici, tu peux trouver la plupart de mes créations. Des modèles connus, des modèles actuels, et des modèles futurs, et des essais de ce que pourrait être la mode dans cinquante, voir cent ans. Je ne te cache pas que certains de ces modèles, je les ai créés sous l'empire de stupéfiants. Mais toujours contrôlé.
Sarah était complètement sous le charme. Ce qu'elle voyait était absolument impossible. Jamais les femmes ne s'habilleront de cette façon ! Les vêtements étaient présentés sur des mannequins  d'osier, mais on oubliait le support en voyant l'audace des modèles présentés.
« Si quelqu'un voit ça, tu seras brûlée comme sorcière !
-Sûrement, mais tout est réaliste. Tout est possible.
-J'ai des doutes, quand je vois cet ensemble jupe au dessus du genou avec cette veste courte, et ces chaussures avec des talons aussi hauts, personne ne pourra jamais porter cela.
- Si tu voyais mes filles habillées avec ces modèles, tu te croirais sur une autre planète. Avec ces talons, elles ont une démarche à damner le pape.
-Et ce pantalon collant aux fesses, et ces bottes de cuir à hauts talons. Tu n'aimes pas ? Et voici la lingerie. »
Sarah resta un moment sans voix. Ce qu'elle voyait était totalement irréel, la luxure réinventée.
-Ok, j'avoue que c'est très sensuel, mais je serai obligée de revenir dans cent ans pour voir si tu as raison ...
-Et pour me faire l'amour aussi ?
-Of course !
-Tout ce qui mettra la femme en valeur aura toutes les chances d'exister.
Maintenant, voici la « boutique » il y a tous mes modèles, j'en porte quelques uns, et je ne suis pas encore brûlée vive. Et dans ce placard là, tout est pour toi. C'est un choix que j'ai fait pour que tu sois toujours la plus belle, c'est à ta taille, même ta jolie poitrine se sentira à son aise. Les dernières retouches ont été faites cette nuit.
-Cette nuit ? Oui, tu plais à mes filles, et elles veulent te laisser un souvenir de ton passage ici.
-Je n'en reviens pas ! Mais que pourrais-je faire pour les remercier ?
-Voilà la bonne question. Cela va te surprendre, mais tu seras heureuse de suivre mon conseil. Regarde et dis-moi si cela te plait. »
Sarah admira tout ce que Carmela avait préparé pour elle. C'était un choix très en avance sur ce que l'on voit partout. Mais un choix magnifique. Les étoffes étaient luxueuses, et les modèles choisis parmi ceux qui avaient attiré l'attention de Sarah.
« Je n'aurai jamais l'occasion de porter cela !....
-N'oublie pas que tu vas à Paris. Si tu veux être la femme dont parle le tout Paris, crois moi, la plus jolie garde robe est là. Tu seras la plus chic, et moi une étoile de la haute couture.
-Et pourquoi ne viendrais tu pas avec moi ?
-Parce que ma vie est ici. Là bas je ne pourrai pas respirer. 
-Et ce conseil ?
-Tu tiens à le savoir maintenant ? -Mais oui, si possible.
-Alors voilà : Avant de partir, tu choisiras l'un de mes mannequins, et vous ferez l'amour toute une nuit. Elle sera très honorée d'être choisie, et sa distinction retombera sur toute l'équipe. Mais rassure toi, je guiderai ton choix.....
-Carmela, tu te moques de moi et ce n'est pas bien. Ce que tu me dis là est totalement impossible.
-Ce n'est pas impossible, c'est ce qu'il peut t'arriver de mieux. Si tu as aimé faire l'amour avec moi, tu aimeras mille fois mieux faire l'amour avec elle.
-Mais ce n'est pas ça l'important....
-Je le sais bien, personne ne te demandera de tomber amoureuse. C'est un rite galant, il ne faut pas chercher plus loin....
-Et si je refusais ?
-Tu me décevrais énormément, et tu vexerais mes filles. Ce sont des filles bien, éduquées, élégantes, très soignées, et elles sont nées avec l'amour dans la peau.
-Elles n'ont pas de maris ?
-Non, elles sont libres, sinon elles ne travailleraient pas avec moi.
-C'est de l'esclavage !
-Evidemment, mais tout le monde y retrouve son compte. Elles sont heureuses, moi aussi, et toi tu vas passer des heures inoubliables.
-Est-ce que Florane a eu les mêmes « avantages » ?
-Joker. Secret professionnel, Secret personnel, secret sentimental, tu lui demanderas.
-Ok, j'attends de voir la merveille.
-Tu la verras demain.
-Demain soir on va voir le Vaudou ?
-Bien entendu ! Je tiens à ce que tu te souviennes de ton passage ici, et de moi en particulier.
-Mais pourquoi fais tu tout ça pour moi ?
-Pour te dire que je t'aime.
-Il te suffisait de me le dire en me regardant dans les yeux !
-Tu m'aurais trop vite oubliée. »
Sarah dormit avec Carmela. Elle ne souhaita pas que les filles participent à leurs ablutions. C'est libres d'esprit qu'elles passèrent une nuit d'amour comme en passent toutes les femmes qui s'aiment.
Le lendemain, Sarah visita d'autres « ateliers » où étaient élaborés les parfums et produits cosmétiques, et aussi les bijoux portés abondamment dans toutes les fêtes locales.
toilesEteintes 186 C'était moins important que la confection, mais il y régnait une atmosphère plus conforme à ce dont on pouvait s'attendre. Elle accepta un flacon de parfum de la part de la gérante de l'atelier. Sarah se demanda si elle devrait coucher aussi avec cette femme là. Elle pensa qu'il y avait pire comme châtiment.

Elles revinrent de bonne heure, et se reposèrent sur l'immense terrasse de « la case » de Carmela. Puis elles commencèrent à se préparer. Pour l'occasion, on offrit à Sarah les services d'une maquilleuse, qui la transforma en créole grand teint. Les vêtements préparés pour elle était aussi très couleur locale. Sarah ne se reconnaissait pas dans le miroir, mais l'image renvoyée lui plaisait beaucoup.

« Tu es parfaite mon amour. Je me demande si ce n'est pas ce costume là que tu devrais porter dans les salons parisiens....
Quand elles arrivèrent sur les lieux de la cérémonie, la foule était immense. Très colorée, très bruyante, beaucoup d'hommes torses nus, beaucoup de femmes en robes de dentelle. L'éclairage était fourni par une grande quantité de torches qui brûlaient on ne sait quel mélange, dont l'épaisse fumée avait quelques relents que reconnaissait Sarah. Elle se tenait tout contre Carmela, avec la peur de la perdre dans la foule.
Et comme par miracle, le brouhaha de la foule fit place à un silence total. Le Grand Maître des cérémonies, venait d'apparaître sur l'estrade. Bariolé, emplumé, masqué, armé d'une lance et d'autres objets bizarres. La foule se sépara par le centre, et un espace vide circulaire se trouva formé en quelques secondes. Le Maître fit un geste, et les tambours se mirent à battre un rythme endiablé, le bruit était violent, et l'on sentait la vibration du sol . Puis apparut un groupe de danseuses à la peau noire, en pagne, seins nus. Elles devaient être enduites d'une huile particulière, car leur peau noire très foncée brillait dans les lueurs des torches. La danse, très érotique, dura un bon moment, qui ne sembla pas long à Sarah qui ne perdait rien du spectacle. Puis un feu fut allumé au centre de l'arène, et les danseuses quittèrent leurs pagnes en une fraction de seconde, pour apparaître entièrement nues. Les pagnes furent jetés dans le feu qui crépita de plus belle. Une grande fumée rouge s'éleva. Sarah pensait que tout cela avait une signification, mais elle se ferait expliquer cela plus tard. Sarah remarqua sur l'une des danseuses, un fil ténu qui lui barrait la cuisse, elle se rendit compte de cette façon que les filles n'étaient pas totalement nues, mais qu'elles avaient un petit triangle de toile noire maintenu en bas du ventre par ces fils très fins. Cela la fit sourire. Les tambours redoublèrent de force toujours sur le même rythme envoutant. Les danseuses continuèrent à tourner jusqu'à ce que le feu s'éteigne et disparurent derrière l'estrade. Un groupe d'hommes aux muscles saillants apporta une sorte d'autel, et un homme masqué dans une toge d'étoffe blanche commença à réciter une litanie absolument incompréhensible. Puis en cortège, arriva un autre groupe de jeunes filles en robes blanches, qui déposèrent un petit animal noir, un cochon ou quelque chose de ressemblant, et après bien des salamalecs, le pauvre animal fut immolé au milieu des hurlements de la foule.
Le groupe disparut lui aussi, et les cris de la foule redoublèrent. L'espace central s'était rétréci. Le même  groupe d'hommes noirs musclés apporta un autre autel, plus long, mieux décoré, et recouvert d'une étoffe qui semblait brodée de motifs non figuratifs.
Sarah sentit que Carmela lui serrait la main. Un autre cortège de jeunes filles en robes blanches apparut face à l'estrade où se trouvait le maître. Au premier rang du cortège, une jeune femme en robe blanche aussi, mais avec une traîne assez longue avançait d'une démarche « étudiée ». Elle portait un bandeau rouge, enserrant de longs cheveux bouclés, et deux anneaux aux oreilles. Elle tenait des deux mains une grosse bougie allumée. À sa ceinture des chaînes d'esclave, maintenues par deux bourreaux en cagoule. La jeune femme fit une profonde révérence au maître de cérémonie. Les deux bourreaux la saisirent comme une plume, et la firent monter sur l'estrade. Les chaînes furent enlevées, et la robe tomba d'elle-même aux pieds de la jeune femme. Elle paraissait sculptée dans l'ébène, tellement les détails de son corps étaient visibles. La femme avait la morphologie Créole. Une poitrine quasi inexistante, des tétons énormes percés d'un anneau doré, des aréoles invisibles. Mais ce qui était le plus surprenant, c'était la musculature, révélée par les reflets des flammes. Tous les muscles de son corps étaient saillants sans être trop développés, la taille fine, les fesses cambrées, les hanches bien marquées. Elle avait toujours le masque, et elle se tenait debout, les bras le long du corps, légèrement écartés, et elle tournait lentement sur elle-même pour que la foule puisse la contempler. Une chaîne d'or juste au dessous du genou reflétait par éclats la lumière des torches. A la cheville de la même jambe, un lourd » bracelet » d'or et de pierres. A entendre les clameurs, la femme était admirée de tous. Sarah sentit à nouveau la pression de la main de Carmela. Elle n'avait jamais vu de fille avec des abdominaux aussi joliment dessinés. Qu'une musculature puisse servir de prétexte à la beauté d'une femme paraissait absolument impossible. A moins que l'effet soit produit par le bijou scintillant qu'elle portait au nombril Et pourtant Sarah était sous le charme, elle trouvait que cette fille était une merveille. A tel point que l'absence de poitrine était oublié. Le corps était parfait tel qu'il était.
Les deux « bourreaux » la soulevèrent comme une plume et la déposèrent allongée sur l'autel. Une prêtresse s'approcha, tenant à la main une corne d'animal, Une assistante portait une urne contenant vraisemblablement un liquide. De la fumée ou vapeur s'échappait de l'urne. Les tambours accélérèrent leur cadence. Les deux hommes écartèrent les jambes de la fille en remontant les genoux très hauts. Un reflet de lumière mit en valeur l'anneau qui transperçait le mont de vénus, juste au-dessus du sexe. La foule retenait son souffle, mais la tension était extrême. La prêtresse introduisit avec douceur la corne entre les cuisses de la femme. Celle-ci se cabra un peu, et les mouvements d'ondulation de son ventre avaient quelque chose de diaboliques. La prêtresse prit des mains de la fille l'urne fumante, et versa doucement son contenu dans la corne servant d'entonnoir. Elle vida apparemment la totalité du liquide, et resta figée le temps que les tambours accélèrent leur rythme. Puis doucement elle retira la corne, la renversa pour bien faire voir qu'elle ne contenait plus de liquide, et la déposa au pied de l'autel sur un petit support d'osier.
La fille commença à remuer de façon très lente au début. Les tambours reprirent et la danse « horizontale » de la suppliciée devint plus rapide, plus syncopée, comme si elle ressentait de violente douleurs dans le ventre. Un homme était monté sur l'estrade, il était entièrement nu, la virilité impressionnante. La prêtresse emplit la corne, et l'homme trempa son sexe dans le liquide. Quelques instants après, il le retira et poussa un rugissement de bête. Quand on renversa la corne, elle était vide. L'homme avait "bu" le liquide et arborait maintenant une érection monstrueuse. S'approchant de la fille, il entra en elle avec lenteur, mais de façon continue. Toute la longueur du membre pénétra ainsi dans le ventre de la fille, qui continuait avec volupté sa danse satanique..
Carmela serra la main de Sarah. Sarah ne perdait pas un détail de la scène, elle avait les yeux agrandis, le souffle court, totalement prise par le spectacle. Les deux « esclaves » commencèrent une scène de copulation violente, accompagnée des rythmes des tambours et des encouragements de la foule maintenant très excitée.
Le garçon se pencha sur la fille, passa ses main derrière ses épaules, et la souleva empalée sur son sexe. La foule poussa un cri. Après quelques mouvements dans cette position, l'homme reposa la fille. , Elle fut prise d'un violent orgasme qui la laissa épuisée, sur l'autel, les bras en croix. Puis l'homme se retira de son corps, et se saisissant de son sexe à pleine main, eut une gigantesque éjaculation qui se répandit sur le ventre de la suppliciée.
Les clameurs de la foule clôturèrent la cérémonie. Les « esclaves » furent raccompagnés sous bonne garde vers on ne sait quelle cachette secrète. Dans la foule déchaînée, des groupes se formaient autour de couples imitant la scène qu'ils venaient de voir.
Carmela entraîna Sarah par la main, et rapidement regagnèrent leur voiture. Elles se rendirent dans un restaurant typique, où elles se remirent de leurs émotions.
« Tu as aimé ? » demanda Carmela.
-Je suis contente d'avoir pu assister à la scène. C'était vraiment très excitant. Tu m'aurais violée au même moment, je n'aurais pas dit non !
-Si j'avais su je  l'aurais fait, nous aurions eu plus de succès peut être que la fille.
Et avec nos paires de mamelles, les gens en auraient eu pour leur argent.
-Oui, mais sans le garçon !
-Mon dieu oui, je me vois mal avec un engin pareil dans le ventre. Et la fille comment l'as-tu trouvée ?
-Absolument divine. Elle est extrêmement belle, et elle bouge bien. Je ne crois pas qu'une autre aurait pu faire aussi bien. Mais sais-tu quel est ce liquide qui a été introduit dans son ventre ?
-Aucune idée. Je vais me renseigner, et tu pourras en emporter un baril avec toi. »
Et les éclats de rire de Carmela redoublèrent.
Elles rentrèrent à la Case. Carmela proposa de passer au salon boire un dernier alcool. Puis elle s'adressa à Sarah sur le ton de la confidence. Ce soir, je ne pourrai pas t'aimer. Oui, il y des jours où les femmes sont privées d'amour.
-Ce n'est pas un problème, d'ailleurs tous ces évènements m'ont épuisée.
-Mais ma chérie, tu n'es pas au bout de tes peines. Enfin, si l'on peut dire !
-Que veux-tu dire ?
-Que c'est ce soir, que je t'offre mon cadeau, comme promis.....
-Tu crois vraiment que.................... 
-Oui vraiment. Emeline est là, dans l'autre pièce, elle t'attend. Rappelle-toi que tu ne peux pas refuser, ce serait pour elle et ses amies la pire des avanies.
-Je suis donc condamnée à aimer une femme que je ne connais pas ?
-Pas si sûr. Mais tu peux te contenter de la laisser faire.» tn Doc 106
Carmela prit une petite cuiller et fit tinter son verre. La porte de la pièce s'ouvrit, et une jeune femme superbement vêtue entra dans la pièce avec élégance. Elle portait la chevillère de perles noires. Le visage avait les traits fins, le maquillage réussi, les cheveux épars sur ses épaules. Souriante, elle fit une révérence devant Sarah. Sarah s'approcha pour lui prendre la main pour qu'elle se relève. Ce faisant, elle plongea « naturellement » le regard dans l'échancrure de la robe. Elle vit que la fille était quasiment plate, et aperçut un téton dressé percé d'un anneau. Son sang ne fit qu'un tour. Elle se tourna vers Camilla qui souriait :
-Mais..... C'est elle ?
-Oui, je te présente Emeline. Cette jeune femme d'une sublime beauté est mon mannequin vedette. Elle arrive de Paris où elle a terminé des  études commerciales.
C'est sûrement la femme la plus diplômée de mon équipe. C'est aussi ma préférée. Ce soir je te l'offre comme gage d'amour. Tu l'as reconnue ? C'est effectivement une bonne comédienne qui sait faire vibrer tout un peuple.
-Comédienne ?
- Assis toi avec nous Emeline, que vous fassiez connaissance.
-J'ai déjà pu admirer la beauté d'Emeline, et je l'en félicite. Mais pourquoi comédienne ?
-A toi Emeline, explique, je ne dirai à personne que tu as révélé « les secrets de la cérémonie »
-Merci de m'accepter Sarah, C'est le plus grand honneur que vous pouvez me faire. J'espère que nous serons de vraies amies. Vous ne passerez pas la nuit avec l'esclave que vous avez vue sur l'autel du sacrifice. Tout cela est truqué.
-Mais quand même, il y a cette corne, ce liquide fumant ?
-La corne ne m'a pas pénétrée. La canule est mobile et se rentre à l'intérieur de la corne, donnant l'impression de s'enfoncer dans le sexe.
-Et le liquide fumant ?
-Un produit quelconque qui reste prisonnier de la corne. Celle-ci est munie d'un clapet qui empêche le liquide de s'écouler si l'on retourne la corne.
-Mais le jeune homme avec le sexe démesuré ?
-Il est bien membré c'est vrai, mais je ne lui ai pas fait suffisamment d'effet. Il a eu recours à un faux pénis qui ne m'a pas pénétrée non plus. Quant à cette superbe éjaculation, il s'agit de lait de coco propusé par une poire de cahoutchouc.
En réalité, je me suis contentée d'être nue et de danser. Mais rassurez vous, je suis encore vierge. Le Vaudou ne m'a pas violée.
-J'ai du mal à y croire.
- Et pourtant ce n'est qu'un spectacle d'illusion. Même le petit cochon est sain et sauf ! Nous répétons deux à trois fois par semaine.
- Mais les spectateurs sont au fait ?
- Non, s'ils apprenaient ça, il y aurait une révolution !
- Et ce beau mâle joliment musclé, il doit vous faire la cour ?
- Pensez-vous, il n'aime que les garçons !!! »
L'ambiance fut plus détendue.
« En réalité, je ne fus qu'une danseuse nue, comme il y en a partout. »
Mais une très jolie danseuse. Le cocktail commença à embrumer un peu l'esprit de Sarah. Depuis qu'elle était dans l'île, elle n'arrêtait pas de s'alcooliser.
Elle se leva et se tourna vers Carmela pour l'embrasser.
« J'accepte ton cadeau avec joie. J'espère que tu ne m'en voudras jamais d'avoir accepté.
-Je crains seulement que tu restes avec elle et que tu me laisses.
-Cela n'arrivera pas. »
Elle partit vers la chambre en tenant Emeline par la main.
C'est Carmela qui apporta le petit déjeuner le lendemain matin. Elle trouva les deux femmes endormies, nues, enlacées. Emeline avait trouvé entre les seins de Sarah le refuge idéal. Carmela regarda le tableau avec tendresse. De voir ses deux amies ensemble ne lui causait aucune amertume. Au contraire, elle trouvait qu'elles étaient très belles dans cet enlacement, et c'est avec une douceur infinie qu'elle réveilla les deux amantes.
Sarah n'avait pas non plus de remords. Elle avait passé une nuit d'extase. Emeline s'était révélée comme une amoureuse imaginative et infatigable. Sarah regarda Carmela, celle-ci lui souriait,
« Je ne serai heureuse que lorsque tu m'auras affirmé que tu ne regrettes rien.
La nuit prochaine, tu pourras reprendre Emeline, ou vouloir une autre fille. Mais la nuit suivante, je reprends ma place !
-J'y compte bien mon bel amour. »

Le paquebot en provenance d'Australie était annoncé. Il restera à quai quelques jours, et emportera Sarah pour Marseille comme prévu d'ici une semaine, et toute la production de Carmela pour Paris..

Carmela et Sarah se rendirent au port pour voir le paquebot arriver. C'était toujours un spectacle haut en couleur d'assister aux embarquements-débarquements des passagers. Carmela espérait un nombreux courrier de ses clients, et Sarah aurait préféré que le bateau coule et n'arrivât jamais. Elle savait que ce genre de vie ne pouvait durer. Carmela avait ses responsabilités, et Sarah était bien placée pour comprendre qu'elle ne pouvait s'en libérer. Et puis, son escale avait duré plus que prévu. Elle aurait dû déjà être repartie. Mais l'espoir que Florane était vivante avait changé tous ses plans. Elle aura vécu trois semaines de folie, d'amour insensé, de fêtes de spectacles, d'excursion dans les jardins de l'Eden. Elles s'étaient baignées nues sur une plage déserte, sans être dérangées ni par les requins ni par les voyeurs. Nul doute que le Paradis sur terre devait être concentré dans l'île. Tout ne fut qu'enchantement, surprises et enchantements. Sarah voulait rencontrer la « couturière » de Florane. Le Notaire aurait du la prévenir que la Couturière en question était une femme d'affaire puissante et incontournable, avec un goût très prononcé pour  les jolies femmes.
Sarah repartira avec une nouvelle garde-robe, des souvenirs fastueux, Le cadeau secret d'Emeline, et une tristesse monumentale.
Pendant les manœuvres d'approche du navire, Sarah leva les yeux vers le bastingage, où la foule des passagers était agglutinée, gesticulante.
Une silhouette attira son attention. C'était une femme, sans aucun doute, qui se tenait un peu à l'écart, mais elle ne pouvait reconnaître de qui il s'agissait. Elle fit un signe à Carmela qui regarda à son tour. Il ne lui fallut pas longtemps pour arborer un sourire heureux. Elle se tourna vers Sarah :

« C'est Paloma ! »

   DameGauche   DameDroite
Par eve anne
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