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  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
Ultima Necat

 

 

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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
sicut qui similis

 

 

 

 

Bonne Année



BonneA              

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Extraits

 

Rencontre en Forêt
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J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
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Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
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Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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Les Etoiles Eteintes
I.




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Sarah

EtoilesEteintes 152 Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle  appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Marie. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière et cette plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que  le service des pompes funèbres pourrait peut être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ? Une amie, une amoureuse, pourquoi pas, cela faisait trente ans qu'elles s'étaient séparées, bêtement, stupidement, à cause .... d'un homme. C'était le comble, c'était triste à hurler.
Mais Sarah ne pleurait pas, Sarah ne pleurait plus. Elle avait versé ses dernière larmes en Janvier 1873, elle ne savait plus le jour, elle savait seulement que cela s'était passé là, tout près, derrière elle, au large. C'était après un terrible ouragan. Du pont du navire, elle avait vu la chaloupe s'éloigner. Florane était debout dans la barque et regardait s'approcher la cote. A son côté, Paloma lui tenait la main. Paloma, qui avait su lui donner le réconfort dont elle avait besoin. Florane ne s'était pas retournée. Sans doute pour que personne ne voit ses larmes. Sarah n'avait pu voir la barque accoster aux ruines qui restaient debout après le passage de la tempête, tant ses larmes brouillaient sa vue. C'est à ce moment sans doute que ses forces l'ont abandonnée, et qu'elle s'est écroulée sur le pont, inanimée.
Quand elle sortit de sa torpeur, le navire avait repris la mer, elle était sur sa couche, Amiya, sa fidèle amie lui tamponnait les tempes d'un linge humide imprégné de fleur d'oranger. Amiya pleurait elle aussi. Sans doute souffrait-elle autant que Sarah de cette brutale séparation.
Amiya, qu'est-elle devenue ? Pourquoi l'avait elle quittée elle aussi ? Pour retourner dans ses Indes natales ? Qui y avait-il de mieux là-bas que Sarah n'eût pu lui donner ?
Sarah, gardait les yeux secs. Elle  essayait de se concentrer sur les souvenirs qu'elle avait gardés depuis tout ce temps, mais elle n'y parvenait pas vraiment. Quelque chose l'empêchait de se recueillir comme elle s'attendait à devoir le faire sur la tombe de son amour de tente ans.
Il est vrai que trente ans, c'est une vie, c'est une grande partie de la vie, et bien qu'ayant eu l'image de Florane perpétuellement à l'esprit, elle se rendait compte en ce lieu que ce souvenir n'était pas celui qu'elle croyait. Mais si c'était le cas, pourquoi aurait elle vécu cette vie sans amours ?
Sarah ne pouvait plus répondre à toutes ses interrogations. Avec d'infinies précautions, comme pour ne réveiller personne, elle referma la porte de l'édifice, se promettant de revenir quand elle aurait retrouvé son humilité, et que sa pensée serait plus disponible.
Elle sortit du petit cimetière, referma la grille de fer forgé, remonta dans sa voiture et se fit conduire à son hôtel.
Au réceptionniste de l'hôtel, elle demanda qu'il lui prenne rendez vous avec le responsable des pompes funèbres, puis aussi avec le notaire qui avait eu la charge des affaires de Florane. Elle se réfugia ensuite sur le balcon de sa chambre, s'installa sur la chaise longue, et plongea son regard dans l'horizon marin. Sarah se sentait mal à l'aise. Elle ne comprenait pas pourquoi. Elle avait fait ce pèlerinage sur la tombe de Florane pour apaiser ses regrets, et elle se sentait au contraire plus agitée. Quelque chose avait insidieusement  pénétré son ego déjà fortement mis à  l'épreuve. De ne pas se sentir au bord du désespoir sur la tombe de Florane avait quelque chose de frustrant comme si on l'avait privé de  sa mélancolie.
Elle pensa avec horreur que toutes ces années, toutes ses responsabilités, tout ce qu'elle avait créé, construit, lui avait endurci le cœur de façon irréversible. Plus rien maintenant ne semblait pouvoir l'émouvoir. Elle pensa à Lusciano, son mari, l'homme qu'elle avait pris à son amie Florane, ce qui avait motivé leur séparation. Au cours de sa vie, elle a toujours reproché à Lusciano de s'être conduit comme un vil séducteur, et d'avoir profité de son désespoir pour en faire sa maîtresse. Mais comment avait-elle pu ?
Lusciano l'aura payé aussi, toute sa vie.  Liés tous les deux par des intérêts communs, ils se sont mariés par convenance, dès que Lusciano eut quitté la marine marchande. Mais pas une seule fois Sarah ne s'est donnée à lui, depuis ce jour funeste à Saint Benoît. Elle sut bien évidemment qu'il avait eu de nombreuses aventures, mais cela lui était égal. Peut être était-ce la véritable raison pour laquelle Amiya s'était enfuie. Amiya et sa beauté surnaturelle, ne pouvait laisser indifférent un matelot portugais méprisé par son épouse. Amiya, était follement amoureuse de sa maîtresse, elle avait eu aussi quelques tendresses pour Florane, quand, malicieusement elle participait à leurs ébats amoureux. Mais là, nul doute, Lusciano avait abusé d'elle, et elle était partie.
Sarah décida qu'elle prolongerait son voyage pour retrouver Amiya. De toute façon elle avait le temps : son futur gendre dirigeait maintenant son « empire », elle pouvait profiter de sa retraite bien méritée.
Le soir tombait doucement, mais à Saint Benoît, il n'y a pas de coucher de soleil. La cote étant orientée à l'est, seule une brume sombre engloutissait peu à peu la ligne d'horizon.


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Quelques coups discrets furent frappés à la porte. Le réceptionniste entra et tendit à Sarah un petit billet sur lequel était noté le rendez vous avec les pompes funèbres. Pour le notaire, trouver celui qui était en charge des affaires de Florane d'Auteuil, allait demander plus de temps.

Le responsable de l'établissement reçut Sarah avec déférence. Celle-ci se présenta comme étant la seule amie de Florane-Marie d'Auteuil, et qu'elle voulait avoir, si possible, des détails sur les derniers jours de la défunte.
L'homme la regarda avec étonnement, le visage ouvert et souriant de l'accueil, avait fait place à un masque de déception qui intrigua sérieusement Sarah.
« Aurais-je dit une incongruité pour que vous me regardiez de la sorte ?
- On peut dire cela de cette façon madame. Comment avez-vous appris le décès de Madame d'Auteuil ?
- Il y a quelques mois par un enquêteur qui s'est fait passer pour son fils, pour des raisons sur lesquelles je ne m'étendrais pas.
-Je vois de qui vous voulez parler. Nous avons eu également la visite de ce monsieur. Sa curiosité et ses questions insidieuses nous ont paru suspectes. Si j'avais eu connaissance de votre existence, je vous aurais prévenue de cette visite.
- Oui c' eût été utile.
- Je dois rétablir la vérité. Florane Marie d'Auteuil n'est pas inhumée dans ce cimetière. La tombe qu'elle nous a chargé de préparer est vide. Si vous vous êtes rendue sur place,  vous avez pu constater que sur la plaque de bronze, il n'est pas gravé de date de décès. Alors que pour chaque deuil, cette formalité est réglée dès le lendemain des obsèques.
- Est-ce possible ? Florane serait donc toujours vivante ? Savez vous où elle se trouve ?
-Je n'ai pas dit que Madame d'Auteuil était toujours vivante. Je vous ai simplement dit qu'elle n'était pas inhumée dans ce mausolée. Celui-ci a été réalisé selon ses instructions très précises. Il comporte trois places, j'ignore pour quelle raison, mais dieu soit loué, elles ne sont pas occupées.
-Mais alors où peut se trouver Madame d'Auteuil ?
-Je l'ignore. Elle était souffrante, gravement atteinte d'un mal mystérieux, elle est peut être décédée dans un autre lieu, et inhumée sur place, ou peut être, ce que j'espère, elle a recouvré la santé et se trouve dans une autre ville, ou dans un autre pays. Toujours est-il qu'elle était satisfaite du travail que nous avons fait pour elle, et nous a payé rubis sur l'ongle. Elle a payé également les obsèques qui seront les siennes quand l'heure aura tristement sonné.
- Ce pourrait-il, qu'elle soit inhumée dans cette tombe et que vous ne soyez pas au courant ?
- C'est impossible madame. Le caveau est scellé avec notre sceau, et je peux, en votre compagnie, aller vérifier qu'il est intact.
- Madame d'Auteuil ne peut être dans le cimetière de Saint Benoît, je vous le garantis. Si vous le souhaitez, nous pouvons enquêter dans toute l'île, mais je pense que c'est inutile. Madame d'Auteuil était universellement connue dans Bourbon, pour ses affaires florissantes, et pour ses œuvres, elle n'a pu quitter ce monde dans cette île sans que nous ne l'ayons su. »
L'homme était très typé, de race indienne sûrement, il s'exprimait dans un français impeccable. Vers la fin de l'entretien, un semblant de sourire sembla éclairer son visage coloré comme l'était celui d'Amiya jadis.
« Une dernière question monsieur, si cela ne vous dérange pas, Madame d'Auteuil devait avoir un ou des hommes d'affaires qui travaillaient pour elle, et qui assument son absence ?
-Parfaitement, j'allais vous conseiller de prendre contact avec Maître Nemours, qui assure la gestion de son patrimoine. Voilà son adresse.
Merci mille fois Monsieur, de votre amabilité et de vos révélations. Si j'apprends d'autres nouvelles, je ne manquerai pas de vous le faire savoir.
- Je vous en remercie madame, que dieu vous garde. »
Sarah se retrouva sur sa chaise longue quelques instants plus tard, après avoir prévenu la réception qu'elle avait les coordonnées du notaire.
Voilà le pourquoi de ce sentiment bizarre. La tombe était vide. Inconsciemment elle l'avait ressenti, et c'est pour cela qu'elle n'avait pas éprouvé ce sentiment de tristesse auquel elle s'était préparée. 
Sarah comprenait que le lien entre elle et Florane ne s'était pas établi. Elle était sûre que si Florane avait été là, elle aurait ressenti d'autres sentiments.
Florane n'étant pas sous cette dalle, tout devenait possible, elle était encore de ce monde, cela ne faisait pour elle aucun doute !
Peu à peu, un sentiment de sérénité vint envahir son esprit qui fonctionnait à toute vitesse pour remettre toutes les choses dans leur ordre logique.
Elle décida pour commencer de ne pas informer Lusciano de la nouvelle. Elle décida également de laisser sa fille et son gendre dans l'ignorance, finalement, ce n'était pas leurs affaires. Elle allait se retrouver avec Florane, et elles iraient vivre Square Victoria, à Montréal, là où elles s'étaient connues.
Pour le lendemain, elle obtint un rendez vous avec le Notaire. Elle aurait le temps de visiter un peu la « ville », qui n'en était pas vraiment une, elle ressemblait plutôt a une banlieue avec ses petites maisons de planches et de tôles, bariolées de toutes les couleurs. La végétation était luxuriante, et la vue sur les montagnes enneigées du centre de l'île, était magnifique. Elle se promit de prolonger son séjour pour quelques visites notoires, le volcan par exemple, s'il pouvait être approché. La température était douce, seule l'humidité était perceptible. L'église semblait mériter quelqu' attention, mais c'est à peu près tout ce qu'il y avait à voir. Le seul véritable attrait de Saint Benoît était l'océan qui était un bon apport de nourriture. Il paraissait même qu'il n'y avait pas de requins, ce qui semblait à peu près improbable. Il y avait une immense plage de sable fin. Sarah s'était laissé dire que des gens passaient des vacances en bord de mer, à prendre le soleil, nus sur la plage. Elle pensait qu'elle aurait aimé pratiquer cela avec Florane, au temps béni de leur amour.
« Faire l'amour sur la plage, nues, sous le soleil, dans le vent, mais que m'arrive t il pour songer à des choses pareilles ? Et Amiya, j'oublie la douce Amiya et son corps de rêve. Je me demande pourquoi Florane m'a choisie moi, plutôt qu'elle, elle était plus jolie, plus jeune, et la couleur de sa peau, mon dieu quelle était belle à voir ! »
Le lendemain matin, Maître Nemours ne la fit pas attendre. Dans son bureau immense aux  murs de boiseries foncées, il la pria de s'asseoir dans un profond canapé. Sur un meuble, la traditionnelle "Horloge de Notaire". Il prit place dans l'autre canapé qui lui faisait face. C'était un homme d'une cinquantaine d'année, très typé, d'une amabilité apparemment sincère.

EtoilesEteintes 179 « Voulez vous boire quelque chose ? Demandez n'importe quoi,on vous l'apportera.
- Je voudrais un cocktail de fruits s'il vous plait.
- Vous avez raison, les fruits dans ce pays sont un don de dieu.
- Je suis heureux de vous recevoir Madame .... D'Aveiro ? Excusez-moi, je ne suis pas sûr de votre état civil.
-Appelez moi Sarah voulez vous ?
-Comme il vous plaira. Je dois vous dire d'emblée que j'attends votre visite depuis quelques années déjà.
- Excusez-moi, le temps passe vite, et les affaires nous en prennent la totalité.
- Vous avez entièrement raison. Je suis heureux de vous voir pour de multiples raisons. La première est que Madame d'Auteuil m'a souvent parlé de vous comme étant sa plus fidèle et sa plus tendre amie. Elle ne tarissait pas d'éloges sur votre beauté, je vois qu'elle n'a rien exagéré.
-Merci !
-Je suis très lié avec Florane d'Auteuil. Je m'occupe de ses affaires, je suis son conseil et aussi un peu son ami. Aussi, si vous le permettez, je parlerai d'elle en l'appelant « Florane » comme j'ai l'habitude.
- Avez-vous de ses nouvelles ? Où se trouve-t-elle ?
- Cela va faire bientôt un an que je ne l'ai pas vue. Mais je ne crois pas qu'il fasse en tirer des conclusions aussi malheureuses qu'hâtives. Je sais, pour avoir insisté souvent, qu'elle porte avec elle une lettre à mon adresse, et une à la vôtre.
-Elle a donc mon adresse ?
-Elle savait que vous étiez en Australie, à Adélaïde sans savoir où exactement, mais elle insistait en disant qu'une femme de votre élégance devait être connue de tous. »
Sarah était un peu agacée de toutes ces manières. Elle pensait que le notaire était beaucoup trop flatteur pour être honnête. Mais elle avait besoin de lui, elle prit patience.
« Mais alors pourquoi n'a-t-elle pas pris contact ?
-Je l'ignore. Je ne puis vous répondre, nous étions proches pour ce qui est du présent, mais de son passé, elle ne m'a jamais rien dit.
- Donc, selon vous Florane est toujours de ce monde ?
- Je le crois, enfin pour le temps qu'aurait mis une lettre à me parvenir.
- Et où pourrait-elle se trouver ? Dans quel pays ?
-Florane était malheureusement très affectée par un mal mystérieux qui laissait nos médecins dans l'incertitude la plus totale. Elle a quitté Saint Benoît pour prendre des soins en France, et elle aurait pour cela été conseillée par le gouvernement Français pour qui elle travaillait dans les plus sereines conditions. Vous dire où, je ne le puis, mais le gouverneur qui la remplace,  pourra sûrement vous renseigner.
- Excellente idée, je vais m'en occuper sur le champ. Mais dites-moi Maître, pourquoi ne m'avez-vous pas écrit ?
- J'étais son homme d'affaire Madame, pas son confesseur. Florane était souffrante, mais elle avait toute sa raison, et c'est elle qui décidait de tout.
- Oui, ça je le sais ! Je vous remercie mon cher Maître, je vais me mettre en quête au plus tôt.
- Ce n'est pas tout, si vous permettez. J'ai encore quelques détails à vous confier.
Florane d'Auteuil a reçu la visite d'un homme jeune se présentant comme votre fils. Elle n'en a pas cru un seul mot. Elle assurait, qu'en présence de votre fils, elle aurait ressenti quelque émotion. L'enquête que nous avons menée discrètement vient de nous révéler que ce garçon est en réalité un enquêteur de l'armée des états unis. J'ignore le sujet de cette enquête. Mais vous êtes américaine, peut être que cela explique tout.
- Très bien, je m'en souviendrai.
- La seconde chose est le testament de Florane d'Auteuil, qui est un document libre qui fait de votre fille et pour un quart, l'héritière des biens de Florane, en partage avec madame Amiya Ramshamy dont j'ignore tout, Madame Marchale, ainsi que madame Paloma Maya Vargas,  dont je n'ai pas les coordonnées actuelles. Peut être pourrez vous m'éclairer sur ces personnes.
- Ma fille est immensément riche, et n'a pas besoin de cet héritage. Si par malheur je ne retrouve pas Florane, je verrai avec vous ce qu'il faut en faire.
- Comme vous voudrez, mais après. Je dois d'abord exécuter les ordres qui me sont donnés.
-Et la troisième chose dont vous deviez me parler ?
-C'est un document que Madame d'Auteuil a laissé pour vous, au cas où je vous rencontrerais.
-Un document de Florane ? Pour moi ? Mais pourquoi ne pas me l'avoir fait parvenir ?
- Florane d'Auteuil voulait qu'il en soit ainsi, j'exécute ses ordres Madame.
- Vous avez raison Maître. Nul ne pourrait vous en tenir rigueur »
Maître Nemours ouvrit un pan de mur boisé, qui dissimulait la porte d'un coffre, une armoire forte plutôt. Après avoir manœuvré le système d'ouverture, il sortit une épaisse enveloppe scellée. Il referma le tout, et avant de remettre le document à Sarah, il lui présenta une feuille écrite dans une cursive de toute beauté.
« Veuillez lire et signer ce document, s'il vous agrée, bien entendu. »
Sarah parcourut le texte, plus pour le plaisir de lire une si belle écriture, que pour en prendre connaissance. Puis elle signa.
« Une dernière chose Madame.
-Je vous écoute.
- Florane Marie d'Auteuil appartenait à la diplomatie Française, en conséquence, elle bénéficie toujours du dispositif « Mercure » du ministère qui peut dans tous les cas faire suivre le courrier qui lui est destiné. Ce système est codé. Ce qui signifie hélas que personne ne sera en mesure de vous donner la dernière adresse de madame d'Auteuil. En plus, cela fait partie des règles de discrétion ministérielles. Ne vous attendez pas à obtenir facilement ses coordonnées. Par contre, je peux lui faire parvenir tout document que vous me remettriez à son intention : Pour lui fixer rendez vous par exemple. Ceci partira par la « valise diplomatique ».
-Je vous tiendrai au courant de mes projets Maître. »
« Pour en terminer et pour votre information, je dois vous faire savoir que Florane D'Auteuil possède le monopole de la canne à sucre sur le territoire de Bourbon, ainsi que la plupart des exploitations de géraniums.

EtoilesEteintes 141

-De géraniums ? Grand dieu ! A part les œillets, elle n'aimait pas particulièrement les fleurs !

-Il s'agit là, de production d'essence de géraniums, qui sert de base à quasiment tous les parfums, comme la lavande ou encore le musc. Le géranium a été implanté en Réunion dès mille huit cent quatre vingt.
- Je suis très impressionnée.
- Tenez, prenez cette fiche. Vous y trouverez les adresses de ses propriétés ici, et à Saint Denis où se trouve le siège de sa compagnie, et sa maison de repos à l'île Maurice. Et puis celle de Madame Carmela Marchale qui était sa couturière et je crois.... sa meilleure amie. »
Sarah garda le sourire, remercia poliment, prit congé du Notaire et regagna son hôtel.

Elle déposa le document sur la petite table du salon de la suite, et se fit monter du Champagne. Elle se le fit servir sur le balcon donnant sur l'horizon. Il y avait au loin semblant immobile, un navire aux voiles gonflées. Depuis trente ans, c'était toujours le même frisson quand elle apercevait une voile à l'horizon. Et pourtant, elle était sûre maintenant de ne plus attendre personne, et que personne ne viendrait plus à elle, qui plus est, dans un navire à voiles.

Pour franchir les longueurs du temps, c'était maintenant à elle de parcourir l'espace. Elle ferma les yeux et se mit à vagabonder dans ses souvenirs. Le champagne l'emportait dans une douce langueur, où elle retrouvait l'air frais de la vague, et les bruits du gréement. Les yeux à demi fermés, elle devinait le dossier sur la table dans l'autre pièce, et plutôt que de l'ouvrir et de lire ce qu'il renfermait, elle se plût à l'imaginer avant de sombrer dans un profond sommeil. C'est la fraîcheur de la nuit qui la réveilla. De son balcon, elle ne voyait plus que les halos lumineux des pêcheurs à la lampe, comme le reflet des étoiles des constellations australes.

 

   

 

   DameGauche   DameDroite
Par eve anne
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