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  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
Ultima Necat

 

 

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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
sicut qui similis

 

 

 

 

Bonne Année



BonneA              

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Extraits

 

Rencontre en Forêt
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J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
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Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
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Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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Les Etoiles Eteintes
II.

Carmela

 

 

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« Il me semble que ce tableau vous plait. Je me trompe ? »
Sarah sursauta en entendant cette voix pourtant très douce. Elle n'avait pas entendu arriver la jolie femme qui venait d'entrer et qui lui souriait.
« Oui, il me plait beaucoup.
-Je suis Carmela Marchale. Je dirige cette petite entreprise de confection. Je suis très heureuse de vous accueillir. »
Sarah ne répondit pas tout de suite, elle continuait à fixer intensément le tableau.
« Oh ! Je vous prie de bien vouloir m'excuser madame Marchale, mais ce magnifique tableau me rappelle une jeune femme que j'ai bien connue. Mais celle-ci était blonde,  il ne peut donc s'agir de la même personne ....
-Je pense que vous êtes Sarah, l'amie intime de Florane d'Auteuil ?
-Mais comment me connaissez vous, je ne me suis pas encore présentée.
-Je vous connais très bien et depuis de longues années » Dit elle en riant.
« Ce tableau représente Florane d'Auteuil, il y a quelques années.
-Mais....
-A l'origine, ce portrait correspondait trait pour trait au modèle, mais une fois terminé, l'artiste, (un jeune Anglais) a trouvé que la chevelure blonde ne ressortait pas assez, et qu'il manquait un contraste. Il a donc proposé de teindre le modèle en brune, ce qui a plu à Florane, puisqu'elle s'est écriée : «  Excellente idée. De cette façon on pourra faire la confusion avec Sarah.
-Ce tableau est magnifique. Il vous appartient ?
-Non hélas, il est là en dépôt, il attend son propriétaire. D'ailleurs, il n'attend plus, ce tableau est à vous.
-A Moi ? Comment cela ?
-Depuis votre séparation, Florane ne vit que dans l'espoir de vous retrouver. Elle est persuadée que votre rencontre se fera ici, là où a eu lieu votre séparation. Elle savait que, en cas d'absence, pour quelque raison que ce soit, vous passeriez voir les personnes qui l'ont aimée. Et ce tableau est là, c'est un cadeau pour vous en signe de bienvenue. »
Sarah avait du mal à retenir ses larmes, Carmela lui tendit un petit mouchoir brodé.
« Venez, allons nous asseoir à côté, nous serons mieux pour discuter. »
Carmela introduisit Sarah dans un petit salon, boudoir, alcôve, peut être tout à la fois, mais quelque chose de très féminin, parfumé, isolé de tout. Asseyez-vous Sarah, vous êtes ici chez vous.
« Lorsque je vous dis que je vous connais, c'est la vérité. Florane ne parle que de vous, ne rêve que de vous, et ne vit que pour vous. Quand elle a débarqué ici, c'était  Maman qui tenait boutique à Saint Benoit. Moi je venais de terminer mes études, et je rencontrais souvent Florane dans le magasin. Mais je ne vais pas tout vous raconter, je laisserai ce soin à Florane qui sera heureuse de tout vous dire.
-Avez-vous une idée de l'endroit où elle se trouve ?
-Je pense que l'on vous a déjà prévenue que Florane est atteinte d'un mal inconnu qui la ronge chaque jour un peu plus. Moi je sais l'origine de ce mal, combien de fois lui ai-je dit de partir pour Adélaïde. Mais elle pensait que vous aviez refait votre vie et qu'elle n'existait plus pour vous. Elle répétait cela sans cesse, mais je savais qu'au fond 'elle même elle n'en croyait rien.
-Mais comment savait elle que je vivais à Adélaïde ?
-Tout le monde le sait. Vous êtes une femme célèbre, votre empire financier fait bien des envieux. Et de mon côté, j'ai quelques bons clients là bas, et j'avais régulièrement de vos nouvelles. Rassurez-vous, rien de personnel, les nouvelles qui paraissaient dans la presse. Florane est très admirative de votre réussite, et elle répète souvent, que si vous aviez été ensemble, rien de tout cela n'aurait pu exister.
-Il y a des moments où l'on pense avoir réussi quelque chose. En cet instant, je crois plutôt que j'ai tout raté.
-Reprenez-vous, vous êtes un exemple pour le monde entier, vous avez réussi là où bien des hommes célèbres échouent lamentablement. Sans jamais déchaîner la chronique, aucune histoire sentimentale scandaleuse, aucune folie, aucun reproche à vous faire. Les journalistes doivent vous détester, pour ne rien avoir à écrire sur vous.
-Je croyais vivre dans une retraite. Adélaïde n'a rien d'une capitale !
-J'ai encouragé bien souvent Florane à partir vous rejoindre. Et elle me répondait inlassablement, « Sarah vit dans sa famille, elle a des devoirs, des responsabilités dans lesquelles je n'ai pas ma place. De plus elle a un mari que je ne souhaite pas connaître en tant que tel. C'est d'ailleurs à cause de lui que j'ai quitté le bateau, et non à cause de Sarah. Quand elle décidera qu'il est temps de nous retrouver, elle saura me rejoindre. »
« Pour répondre à votre question, je sais qu'elle se trouve en France, avec le souci de recevoir les soins les plus appropriés. Les médecins n'ont jamais voulu comprendre que c'était en Australie qu'il fallait l'envoyer pour vous revoir. Je ne sais pas où elle se trouve en France, mais je pense que par les ambassades, vous la retrouverez facilement.
-Vous parliez de mon empire financier, Il appartient en propre à l'armée des Etats Unis d'Amérique. Florane, Lusciano et moi, n'en possédons qu'une infime partie, mais bien suffisante.
-Florane est déjà très riche, elle ne va plus savoir que faire de toute cette fortune.
-Elle le sait très bien, et elle l'a exprimé par testament. Pour autant que j'aie tout compris, vous seriez héritière à part égale avec mes enfants, Amiya et Paloma. Vous êtes au courant ?
-Pas du tout,  je ne sais rien de tout cela, et je refuse le moindre denier.
-Florane n'a pas d'héritiers directs connus. Je pense qu'elle a fort bien fait. Cela prouve s'il en est besoin, la hauteur de l'estime qu'elle vous porte.
-Je suis flattée d'être sa meilleure amie. Et j'accepte sans réserve de partager cette amitié avec vous et Paloma. Amiya, je ne la connais pas, mais si vous en parlez, c'est sûrement quelqu'un de bien. Savez vous que Paloma fut pour elle, son seul véritable soutien pendant des années ?
-Oui je sais, je l'ai appris, et j'en ai honte.
-Il ne faut pas. Pour autant que je sache, vous n'avez rien à vous reprocher. Personnellement je n'ai pas d'héritiers non plus, je n'ai pas besoin de cet argent.
-C'est quand on n'a pas besoin d'argent que l'on gère au mieux une fortune. Vous saurez bien l'utiliser à quelque chose.
-Je ne suis pas mariée, et ne le serai jamais. Je suis comme Florane, comme Paloma, comme vous, extrêmement sensible aux charmes de mes semblables, et cela est irréversible. Pour ne rien vous cacher, et sans ambiguïté, Paloma et moi-même avons été à certains moments, très proches de Florane, j'espère que vous n'en prendrez pas ombrage.
-Qu'allez vous chercher là ? Je sais qu'il est impossible de vivre auprès de Florane sans l'aimer.  »
C'est à ce moment seulement que Sarah se mit à observer Carmela.
Elle était plus jeune, d'une dizaine d'années sans doute. Une jolie femme, native de l'île, à en croire sa couleur de peau très caractéristique. Carmela était une Créole, ou peut être une Métisse, on ne sait exactement voir la différence. Le visage aux traits européens, le décolleté ravageur, et le corps à la taille fine aux fesses rebondies. Sarah la trouvait très belle, et pour la première fois depuis longtemps retrouva des sensations oubliées.
« Vous êtes très belle Carmela.
 Carmela-Merci, mais je n'existe pas à côté de vous Sarah, Florane a toujours prétendu que vous étiez la plus belle femme qu'elle n'avait jamais vue.
-Florane a toujours eu tendance à exagérer. D'ailleurs elle était excessive en tout.
-Entière plutôt, c'est une femme honnête, droite, et d'une grande classe. Sa beauté m'a toujours impressionnée. Elle me disait que je vous ressemblais. A cause de la poitrine sûrement, parce que côté couleur, la différence est grande. Mon père était un militaire Anglais, et ma maman une créole native de l'île, fille d'une indigène et d'un colon Français.  Je suis donc une métisse. Mais ici, nous n'avons pas à souffrir de notre couleur de peau, les races sont très mélangées. Lorsque nous allions à la plage, Florane admirait ma couleur. Elle disait que j'avais inventé le soleil. »
Nul doute que Florane ait été attirée par cette allure exotique, qui sous certains points aurait pu rappeler la belle Amiya. Sarah pensait qu'avec quelques années de moins, elle eut tenté de la séduire. Comment résister à une telle beauté ?
« Depuis combien de temps n'avez-vous pas revu Florane ?
-Bientôt deux ans. Paloma a fait une escale de deux jours sur le chemin de l'Australie, il y a presque un an.
-J'ai rencontré Paloma quelques heures à cette occasion, elle présentait un spectacle de grande qualité.
-Paloma est une femme remarquable. Je l'adore. J'ai eu la chance de les rencontrer toutes les deux quand elles sont arrivées. J'étais bien jeune, et j'ai été absolument émerveillée de la volonté et de la force de ces deux femmes, débarquées dans ce bout de monde où elles ne connaissaient personne, sans savoir où aller, sans argent, sans vêtements pour ce climat. Ma maman les a prises en amitié, et s'est occupée de tout ce qu'elle pouvait pour elles. C'est le gouverneur du port de Saint Benoit, qui les a mises en relation dans les heures qui ont suivi leur arrivée. Elles ont eu beaucoup de chance dans leur malheur. Paloma n'est pas restée très longtemps, un mois à peine, elle est repartie quand Florane était installée. Elle devait rejoindre une troupe d'artistes, dont elle faisait partie. Elle a débarqué uniquement pour que Florane ne soit pas seule avec sa détresse. C'est absolument remarquable et démontre une générosité exceptionnelle.
-Oui, je sais tout cela, tout est de ma faute, je n'aurais jamais du la laisser descendre.
-C'est la vie, on ne peut pas refaire ce qui a été, et comme il y a des raisons à tout...
-Oui des raisons dont je ne suis pas très fière.
-Florane ne vous en a jamais voulu. Elle a débarqué de votre navire parce qu'elle était enceinte. Et comme le papa était devenu votre amant, elle ne pouvait pas imposer son état à votre couple.
-Paloma m'a pourtant dit que Florane n'avait jamais eu d'enfant ?
-Elle n'a pas pu le garder, Paloma n'en a rien su, Florane a fait une fausse couche quelques jours après son départ, elle ne veut plus en parler. Mais c'est la seule raison qui l'a incitée à débarquer.
-Quel gâchis ! J'aurais du comprendre que ce n'était ni un geste de colère ni un réflexe de jalousie.....J'ai été stupide. Tout s'est passé si vite.....
-Ne vous en voulez pas, Florane vous a toujours tout pardonné. Mais c'est un épisode malheureux qu'elle souhaite rayer de sa vie. C'est un évènement qui l'a profondément torturée.
J'ignore si le notaire vous a dit que Florane s'est fait préparer un mausolée, pour y reposer quand le triste moment sera venu.
Et l'on peut s'étonner qu'elle ait choisi ce cimetière, alors qu'elle a une maison en France, et que sa famille est inhumée là bas. Elle a aussi une maison ici à Saint Denis. Elle invoque qu'elle est déjà morte une première fois en arrivant ici. Elle a choisi le mausolée pour que l'on puisse l'ouvrir de l'intérieur, de même que le cercueil qui l'attend, bien que le couvercle soit vissé, on peut l'ouvrir de l'intérieur. Florane prétend qu'elle pourra en ressortir, si un jour vous venez vous recueillir sur sa tombe. C'est ainsi, quand sa maladie la fait souffrir, son esprit bat la campagne à la recherche de son passé.  Florane n'a plus de maison à saint Benoît, elle y passe peu de temps, lorsqu'elle y vient, elle vit chez moi.
-Mon dieu, tout cela est bien triste. J'ai besoin de temps pour m'imprégner de tout ceci, et je vais vous demander la permission de me retirer présentement. Si vous avez quelques instants, je vous propose de nous revoir demain ?
-C'est parfait, je vous consacre ma journée, et nous essaierons de parler de choses plus gaies.
-Ce sera un grand plaisir. Je suis heureuse de vous avoir rencontrée. Je mesure à vous entendre combien je pouvais être isolée en Australie. Demain, cela vous convient ?
-Oui,  et je ressens le besoin d'être votre amie. J'ai été avertie de votre arrivée à la minute où vous avez posé le pied sur le sol de Bourbon.  Cela m'a profondément émue. Et depuis, je vous attendais, je ne savais pas si vous alliez venir. J'étais prête à  vous retrouver à votre hôtel.... 
-Ha ! Encore une question. Florane a laissé chez maître Nemours, des documents à me remettre. Dans ces documents, un recueil de poésies et de croquis de sa main.
Ce recueil porte un nom, il est baptisé « Les étoiles éteintes ». Ce titre m'intrigue. Avez-vous connaissance de ce document ? Pouvez-vous m'éclairer sur la portée de ce titre ?
-Oui, je connais ce document. Florane m'a lu quelques passages, montré quelques dessins qui sont les souvenirs qu'elle a gardés de votre personne.
Le titre possède une signification bien entendu, cela remonte à quelques années. Nous aimions le soir venu regarder les étoiles, et Florane me disait que dans son pays ce n'était pas les mêmes étoiles. A l'occasion de l'un de mes anniversaires, Florane m'avait offert un superbe ouvrage intitulé « Astronomie populaire de Camille Flammarion » Et c'est dans cet ouvrage que nous avons appris que les étoiles étaient tellement éloignées que lorsqu'elles s'éteignaient, leur lumière restait visible pendant de longues années voire des siècles.
Et Florane avait fait le parallèle avec votre relation. Vos amours se sont éteintes un triste jour où vous vous êtes séparées, mais  leur lumière brille toujours, et brillera peut être encore après votre disparition. Ainsi êtes-vous toutes deux les étoiles éteintes. Je trouve cette image somptueuse.»
Sarah sourit à cette évocation, il lui faudra du temps pour tout classer dans son esprit, et dans son cœur.
Les deux femmes se rapprochèrent pour s'embrasser. Sarah posa naturellement la main sur la hanche de Carmela. Elle eut une sensation inattendue, comme si quelque chose était passé entre elles deux. Elles étaient de taille peu différente, Carmela un peu plus grande, peut être, et de sentir les seins fermes de Carmela contre sa poitrine, la fit chanceler un peu. A moins que ce ne fut le parfum légèrement vanillé qui la troubla ces quelques instants. C'est toute tremblante qu'elle s'écarta de Carmela, qui, heureuse ou malicieuse, lui souriait.
« Reposez vous Sarah, dormez tranquille, je veillerai sur vos rêves. »
De retour à sa chambre, Sarah s'étendit sur la chaise longue, après avoir demandé qu'on lui monte du Champagne. La soirée était douce, et la mer était calme. Pas de voiles à l'horizon. En d'autres temps, cela l'aurait attristé. En cet instant elle ne s'en aperçut pas. Elle se mit à penser à Florane. Elle l'imaginait en grande discussion avec l'entrepreneur pour réaliser cette tombe d'où l'on pouvait sortir. Cela la fit sourire, c'était bien une fantaisie de femme riche, ou peut être simplement un léger dérangement dû à son mal. Elle voyait très bien Florane en compagnie de Carmela. Comme elle avait aimé Amiya, elle a sûrement aimé Carmela. Elles font l'amour à chaque fois qu'elles se rencontrent.  Sarah ne pouvait imaginer Florane en femme aux amours platoniques. Sarah se souvenait très bien que pour Florane, l'amour était sa source de vie.
Et pourquoi ne peut-on pas la guérir ? Et si ce que Carmela disait était la vérité ? Ce mal serait dû à leur séparation, le remède serait donc de se retrouver le plus tôt possible, s'il n'est déjà pas trop tard. Pourquoi au moins ne pas le tenter ? Au fur à mesure de ses réflexions, elle revoyait avec précision le visage de Carmela, coloré, souriant, avec ce sourire éclatant. Ses longs cheveux noirs ondulés attachés à la mode anglaise avec un nœud de velours. Ce diamant lui perçant la narine, et ses boucles d'oreille immenses. Plus le temps passait plus l'image était précise, plus Carmela lui paraissait d'une beauté sans égale. Non se disait elle, c'est le Champagne, d'ailleurs je lui trouve un goût bizarre. Je n'ai pas envie d'aimer cette fille. Tomber amoureuse à mon âge serait pure folie. De toute façon, je m'imagine des choses qui n'arriveront jamais. Carmela est jolie, aimable, souriante, heureuse de me voir sans doute, mais songe-t'elle que l'on pourrait s'aimer comme deux jeunes femmes ? J'ai trop bu. Je vais me coucher.
Sarah se déshabilla lentement. Elle se dirigea vers la salle de bain, et pour cela passa devant la psyché. Elle s'arrêta et se regarda des pieds à la tête.
« A soixante ans, aurais-je encore des chances de séduire ?  Et pourquoi pas ? Je ne suis pas si vilaine, j'ai la peau douce, je ne suis pas grosse, j'ai encore de l'allure. J'ai les cheveux gris, mais ce n'est pas si moche. Et ma poitrine pourrait  satisfaire les désirs de  plus d'une femme exigeante ? »
Ce disant elle laissa tomber le peignoir, et se retrouva nue devant le miroir. Elle commença un inventaire qui se voulut impitoyable. Mais il se termina avec un satisfecit. Il n'y avait rien à jeter. D'ailleurs, quand elle était nue, on ne voyait que cette poitrine imposante, qui se tenait bien à sa place, qui bougeait bien avec ses mouvements. Ses tétons étaient toujours aussi sensibles, et les aréoles foncées lui semblèrent très attirantes. De plus, la taille était mince, les cuisses galbées, le mollet bien formé. Conclusion : elle avait bien vieilli, et tout espoir lui était permis. Face au miroir, elle se laissa glisser au sol, adossée au lit, et sans s'étonner du geste, elle écarta les jambes et regarda l'âme de son corps d'amoureuse. Sa toison n'était pas très épaisse, mais elle était restée bien noire, et dans le mouvement des cuisses qui s'ouvraient, ses lèvres s'ouvrirent aussi laissant voir un rose luisant au milieu de cette couleur sombre. Elle décida qu'elle allait s'épiler, comme le faisait Florane, c'est plus joli, c'est plus propre, c'est comme une bouche qui s'entrouvre pour un sourire ou pour un baiser.
Du bout des doigts elle écarta un peu plus les grandes lèvres, et regarda son sexe comme s'il s'agissait de celui d'une autre femme. C'est très attirant, ça donne envie d'y déposer ses baisers, de le pénétrer de sa langue pour goûter à l'amour, et ce faisant, son doigt vint à frôler le capuchon du clitoris. Ce fut comme une brûlure soudaine. Sarah en fut surprise. Depuis combien de temps n'avait elle pas ressenti cette invitation ? Elle ferma les yeux, et c'est avec l'image de Carmela souriante qu'elle commença à se caresser, doucement, puis impatiente de ressentir ce séisme dans le ventre, ce plaisir que toutes les femmes adorent, et qu'elle avait pourtant réussi à oublier. Le plaisir arriva très vite, et d'autres suivirent presque aussitôt. Elle se rappelait que Florane savait la faire jouir durant des heures. A quoi avait pu servir cette séparation ? Pour vivre avec un homme dont elle n'avait plus supporté la moindre caresse ? Quelle idiotie, et cet enfant que portait Florane, où était le problème ? Elles avaient partagé Amiya, elles avaient partagé l'homme, pourquoi pas l'enfant ? Encore que Florane, avec sa façon d'aimer et de vouloir être aimée, son désir insatiable de posséder l'autre, elle était tombée dans le piège de l'amour bourgeois. C'est vrai que pour une femme qui n'avait jamais connu le sexe d'un homme, on peut comprendre qu'avec Lusciano elle avait été surprise. S'il ne l'a pas brutalisée, elle a dû devenir une passionaria du sexe, et sans doute  s'est elle fait aimer de son amant de toutes les façons. Et Sarah le savait pour l'avoir vécu quelques années. On peut être lesbienne, mais quand l'homme est beau, viril,  galant et caressant, c'est loin d'être désagréable. Sarah avait fini la bouteille de Champagne. Elle sonna le service pour en demander une autre. Elle avait tourné la clef pour que l'homme puisse entrer, mais s'était réfugiée dans la salle de bain. Elle ne fit pas attention au jeu des miroirs, ce qui fit que le garçon put la contempler à son aise dans le plus simple appareil.
Comme pourboire, ce n'était pas si mal. Sarah se resservit et sur le lit cette fois et recommença ses attouchements. Et puis la coupe de champagne se renversa, la chandelle s'éteignit, l'image de Carmela disparut, et Sarah partit dans un sommeil agité, reprenant dans ses songes libidineux les mêmes jeux mais en compagnie de Carmela. Quand elle se réveilla, elle avait mal au crâne, son lit était trempé, et son sexe meurtri. Elle resta dans son bain jusqu'à ce que l'eau soit froide. Elle dû se faire violence pour ne pas repartir dans le plaisir solitaire dans l'eau chaude parfumée. Elle réussit à se retenir un bon moment, jusqu'à ce que ses yeux tombassent sur le flacon de savon liquide, cylindrique, ayant la bonne hauteur, et le diamètre satisfaisant quoi qu'un peu gros, ce qui la fit hésiter quelques secondes.
Quelques secondes seulement. Le bouchon sphérique du flacon de faïence épaisse facilita l'introduction, et malgré la dimension importante de l'objet, la pénétration se fit en douceur procurant un plaisir intense. Elle pensa que la forme du  bouchon d'ambre vissé sur le flacon était idéale. Alors, elle sentit l'envie d'aller au bout de ses turpitudes. Elle s'allongea un peu plus profond dans la baignoire, posa un pied sur chaque rebord, et présenta l'objet entre ses fesses. Elle pensait qu'elle était folle, complètement folle. Jamais un objet de cette taille ne l'avait pénétrée. D'ailleurs, les fois où elle avait pratiqué ce jeu se comptaient sur les doigts d'une main. Elle enduisit le bouchon de savon liquide, suffisamment pour que qu'il ne soit pas entièrement dissous dans l'eau du bain, et doucement mais régulièrement elle exerça une pression sur le fond du flacon. Celui-ci, savonné, fit son chemin naturellement. Sarah retenait son souffle. La sensation était indescriptible. Avoir attendu d'avoir soixante ans pour jouer à ces jeux !! Mieux vaut tard que jamais se dit elle. Son excitation était à son maximum. Le flacon introduit presque entièrement, le doigt sur le clitoris que les sensations avaient fait sortir de son repaire, Sarah crut qu'elle allait perdre connaissance. Elle commença à retirer le flacon avec d'infinies précautions. Puis elle recommença à s'occuper de son clito, elle finit par avoir l'orgasme qu'elle souhaitait, qui la fit crier, qui la fit jaillir, qui la laissa épuisée, à demi consciente.
Sarah sortit avec peine de sa baignoire, et alla s'allonger ruisselante sur son lit.
Elle ne se sentait pas bien, la tête lui tournait, et une douleur lancinante lui rappelait ses débordements. Elle sombra dans un sommeil agité, ou un coma, on ne sait. Elle se réveilla quelques deux heures plus tard. Elle était plus lucide, mais la douleur était toujours présente. Elle écrivit un mot pour s'excuser et remettre le rendez vous  avec Carmela. Elle lui fit porter par le coursier de l'hôtel.
Le coursier s'exécuta, puis revint avec une réponse :
« Rien de grave j'espère, c'est sûrement le climat, les émotions, reposez vous, je prendrai de vos nouvelles.
Votre dévouée Carmela. »
Puis en post scriptum, « J'ai oublié de vous prévenir, prenez garde aux boissons alcoolisées servies dans les hôtels, elles sont souvent coupées de rhum et mélangées d'épices très aphrodisiaques, et si l'on n'est pas habituée, cela peut rendre malade. »
Sarah resta pétrifiée. C'était donc cela, elle avait été droguée à son insu. Elle appela le directeur de l'hôtel qui s'empressa, poli, voire obséquieux.
« Que m'avez-vous servi hier soir ? Je vous ai demandé du Champagne !
-C'est le Champagne de Cilaos  madame. Une production locale des plus appréciées. Si vous n'aimez pas, il faut préciser du Champagne français, mais je vous préviens, le prix est exorbitant.
-Du Champagne est forcément français. Et je me fiche du prix ! Si j'avais voulu votre poison local, je vous l'aurais dit. »
Sarah ne décolérait pas. Etre droguée à son insu. C'est proprement criminel. Je change d'hôtel aujourd'hui même.
Ce qu'elle fit.
Elle fit porter son bagage dans l'hôtel voisin. La suite était fraîche et agréablement décorée. Le balcon plus vaste, la vue sur la mer tout aussi apaisante. Elle appela le Patron de l'hôtel et lui donna des instructions très sévères sur ce qu'elle voulait et ne voulait pas. Elle retrouva pour l'occasion le ton de commandement qu'elle avait abandonné depuis quelques mois.
« Je ne veux que du Champagne français, du vin Français, et de la nourriture saine.
Est-ce que je me fais bien comprendre ? Je vous préviens : Si j'ai à me plaindre de votre service, je mets le feu à votre établissement.
-Oui Madame. Bien Madame. Comme il vous plaira Madame. »
Sarah se prépara, au cas où Carmela se manifesterait. Ce qui ne tarda pas. Quelques instants plus tard, elle se fit annoncer. Le réceptionniste vint en personne demander si Madame Marchale pouvait être reçue.
« Je l'attendais, accompagnez là jusqu'ici. »
Sarah ouvrit la porte avant que Carmela eût frappé. Elle se tenait sur le seuil, plus belle que jamais, et son parfum poivré emplit la pièce dans un souffle violent. Elle était vêtue d'un costume d'homme, adapté bien sûr à sa morphologie, sur une chemise à jabot ouverte très basse entre les seins. Et comme il n'y avait que très peu de place entre les seins, autant dire qu'elle avait mis ses seins en vitrine de façon somptueuse. Devant  l'air surpris de Sarah elle précisa :
« C'est une de mes créations, un costume inspiré de ceux que porte Missy, la Comtesse de Morny, le décolleté et les seins en plus. Ça vous plait ?
-Enormément, je ne sais pas si j'oserais, mais c'est une idée extraordinaire.
-Vous oserez, l'effet est immédiat chez les gens en quête d'aventure, homme ou femme.
-Mais je vais faire tâche à vos côtés !
-Tâche non, vous êtres trop « chic », Mais j'ai une griffe à défendre. Et je suis très exhibitionniste. Le principal étant que je vous plaise.
-Vous me plaisez Carmela, ma douce amie, je languissais de vous revoir. Je ne sais pas si je saurai à l'avenir me passer de votre présence. D'ailleurs, vous semblez très sûre de votre pouvoir de séduction.
-Vous me faites bien de l'honneur Sarah, sachez que tout ceci est réciproque, et je n'ai vraiment plus envie de vous quitter. Si vous êtes remise de votre indisposition, je vous invite dans le restaurant le plus chic de l'île.
- Etes-vous sûre que nous ne serons pas empoisonnées ?
-Certaine, mais je comprends que ma mise en garde est arrivée trop tard.
-Oui, c'était le Champagne.
-Je connais, mais l'effet est passager, vous n'en souffrirez plus.
-Dieu merci, mais il n'y avait pas que le Champagne.
-Grands Dieux, et quoi d'autre ?
-Vous Carmela, j'ai rêvé de vous toute la nuit.
-J'espère que ce fut un rêve agréable.
-Ne me faites pas rougir de honte, mais dans mon rêve, nous avons fait des choses totalement inavouables. »
Carmela éclata de rire.
« Mais ça c'était prévu, je vous avais dit que je veillerai sur vos rêves. Vous savez, je dois vous l'avouer, je suis une « Loa » et comme telle, un peu sorcière. J'ai de grands pouvoirs !
-Arrêtez, je vais finir par vous croire. Et c'est quoi une Loa ?
-Une prêtresse Vaudou, mais rassurez vous, ce sont des coutumes absolument sans danger. D'ailleurs si cela vous agrée, je vous invite Samedi à la prochaine cérémonie. Ensuite, je vous expliquerai ce que vous voulez savoir sur le Vaudou. Je suis sûre que vous serez très intéressée.
-Si vous le dites..... Ils acceptent les étrangers ?
-Seulement s'ils sont invités et accompagnés.
-Mais avant, il nous faudra nous rendre au port pour consulter les départs possibles pour Marseille.
-Oui, je le sais bien, mais je suis malade à la pensée que vous puissiez me quitter.
-J'espère que vous n'userez pas de vos pouvoirs magiques pour m'en empêcher.
-Rassurez vous Sarah, le Vaudou respecte les êtres humains, et fut apporté dans l'île par les esclaves qui rêvaient de  liberté. L'idée de liberté est la base même du vaudou. Vous n'avez rien à craindre.
-Vous me rassurez. Si l'on crée d'aussi jolies choses dans vos ateliers, me ferez-vous le plaisir de les visiter ?
-Ce sera une grande joie. Nos ateliers sont généralement fermés à toute visite, à cause de nos créations ininterrompues.
-J'essaierai de ne pas espionner, Promis juré. »
Sarah rassembla ses affaires, son sac, et partit avec Carmela pour une destination inconnue. En bas de l'hôtel un superbe attelage attendait.
Celui-ci les déposa devant la porte d'une « auberge » Elles furent invitées à entrer par le groom, et elles pénétrèrent dans une grande pièce éclairée par des lustres de bougies. La décoration semblait luxueuse, et les clients en habit étaient nombreux. Les femmes, toutes de couleur ou presque, semblaient d'une élégance toute parisienne, bien que très colorée.
Leur entrée fit forte impression. Sarah suivi Carmela qui semblait connaître les lieux.
Carmela avançait entre les tables d'une démarche balancée, la tête haute, le sourire éclatant, et bien des couples se levèrent et la saluèrent au passage. Sarah eut l'impression que la Reine d'Angleterre n'aurait pas fait plus d'effet.
« Quand elles furent assises, Sarah fit la remarque : Vous connaissez tous ces gens ?
-La plupart me connaissent très bien. J'ai une entreprise importante, et ceci explique cela.
-Ils vont me prendre pour votre dernière conquête !
-Sûrement, mais puisque c'est la vérité.... »
Sarah sourit de toutes ses dents. Elle prit la main de Carmela, la porta à ses lèvres, et dans un murmure :
-Je suis heureuse de l'apprendre. »
Carmela laissa sa main contre la joue de Sarah :
« Maintenant, si quelqu'un doutait encore, c'est fini. Tout le monde est renseigné.
-Cela vous gêne ?
-Pas du tout. On ne m'a jamais vue ici avec un homme, et pour cause, et les couples de femmes sont nombreux.
-Peut être allons nous déclencher quelque crise de jalousie ?
-Cela ne risque pas d'arriver. Les femmes ici ne sont pas jalouses. Nous vivons dans une communauté où les mœurs sont libres, tant que les gens savent se tenir. Et deux  femmes qui se murmurent des mots d'amour n'ont rien de provoquant.
-Charmant pays....
-Oui, et je saurai vous le prouver. Encore quelques heures et vous serez une Créole accomplie. »
Le maître d'hôtel vint prendre la commande.
« Pour commencer, servez nous un Punch Créole.
Ensuite nous aimerions un « Cari de Langoustes » accompagné d'un Rougail de légumes.
Comme dessert, nous prendront des ananas flambés au cognac.
Cela vous conviendra t il Sarah ?
-Mon dieu ! Oui, surtout que je ne sais pas de quoi il s'agit !
-Ne vous en faites pas Sarah, vous allez vous régaler.
- Je ne m'en fais que pour mon tour de taille !
- Et comme boisson ?
- Champagne. De France évidemment,
-Evidemment madame. Je vous félicite de votre choix, et vous souhaite bon appétit. »

 

   DameGauche   DameDroite
Par eve anne
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