eve anne

  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
  • : Le blog qui fait plaisir

Heure d'Hiver

   

  43319  

   L'Hiver

 

 

     00-2024Bis       

 

 

Vulnerant omnes
Ultima Necat

 

 

images (2)

 

Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
sicut qui similis

 

 

 

 

Bonne Année



BonneA              

Calendrier Aubade

 

 

calendrier 2022 image juin

 

 

 

 

 

 

Calendrier

Octobre 2024
L M M J V S D
  1 2 3 4 5 6
7 8 9 10 11 12 13
14 15 16 17 18 19 20
21 22 23 24 25 26 27
28 29 30 31      
<< < > >>

Derniers Commentaires

Images Aléatoires

  • 9166 girl1413094405 image
  • P-tula--104-.jpg
  • ST5
  • Vicky--1-.jpg
  • ST3
  • 12

Extraits

 

Rencontre en Forêt
carrefour11

J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
Autoroute du nord190

Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
002TourDeLaMassane

Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
011

Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
1580-photodents2-s-

Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
753pxftpp012904iu7

Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
amiens-chapelle-st-domice

Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
chateau

Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
 chimie11

Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
Duo-LG-2

« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
EtoilesEteintes (197)

Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
Laurent (4)

Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
meditation2-cene-fraangelico

C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
tn Manon (101)

Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
thalys-011

A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

tn BG3

 

J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

tn 22

 

Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

Rechercher

 Les Etoiles Eteintes
VI


Nuits Parisiennes

Sarah n’aimait pas être en retard. Elle avait toute sa vie, adapté ses horaires pour ne jamais être prise au dépourvu par n’importe quel évènement fâcheux. Elle était arrivée à la gare Saint Charles près de trois quarts d’heure avant le départ du train. Il faut préciser que de rassembler tous ses bagages, et vérifier qu’il n’en manquât aucun, prenait déjà pas mal de temps. Elle avait, pour cela, pris les services d’un porteur homologué par la compagnie des chemins de fer. L’homme s’occupa de tout, et dès que le train PLM fut ouvert aux passagers, il installa Sarah et son équipage dans le Pullman qui lui était réservé. Sarah se félicita d’avoir choisi ce monsieur qui avait rempli sa tâche avec efficacité et courtoisie. L’homme reçut un pourboire à la mesure de la satisfaction de Sarah, ce qui était assez rare pour le préciser. Sarah prit possession des lieux, fit le tour du propriétaire, et s’en trouva satisfaite. Elle s’assit sur le fauteuil près de la fenêtre, et commença sa nouvelle vie. Enfin, pas tout à fait. Elle avait encore à l’esprit la silhouette de Paloma, de sa peau cuivrée inondée de soleil, et de ce visage d’une beauté si particulière. C’est stupide pensa-t-elle, j’aurais pu attendre à Marseille qu’elle eût fini ses obligations. Nous serions monté à Paris ensemble. Non, cette question avait été débattue entre elles, et Paloma, à juste raison, avait jugé que Sarah devait se préparer mentalement à ce nouveau voyage, à sa recherche de Florane. Elle devait y mettre tout son cœur et toute son énergie. L’heure du départ approchait. Le chef de voiture vint s’enquérir de la satisfaction de chacun de ses passagers, avant de donner le signal au chef de gare. Le départ était imminent, et Sarah s’approcha de la vitre pour un dernier adieu à Marseille, cette ville qu’elle avait tant aimée et qui resterait dans sa mémoire et dans sa chair, liée au souvenir de Paloma. Au loin, on apercevait la Sainte Mère, et Sarah, dans un vœu fugace, lui demanda de retrouver Florane vivante. Le sifflet du chef de gare mit en branle le convoi, qui, rythmé par les jets de vapeur, démarra lentement. Une épaisse fumée grisâtre, rabattue par un léger mistral, enveloppait la foule de ceux qui restaient sur le quai, après avoir accompagné un parent, un ami, un fiancé. Sarah parcourait tous ces visages machinalement. Le train prenait peu à peu de la vitesse. Les visages devenaient de plus en plus espacés, et bientôt Sarah aperçut la dernière personne tout au bout du quai, et son cœur se serra. Elle avait reconnu la silhouette en dentelle blanche et capeline, qui regardait partir le train. Paloma avait la main ouverte devant sa bouche, et quand Sarah passa devant elle, elle lui souffla un baiser d’adieu. Sarah reçut ce baiser comme une étreinte amoureuse, et ses yeux s’embuèrent de larmes. Et voilà se dit-elle. Elle m’avait promis d’éviter les adieux en gare, mais elle est venue !
« Je t’aime Paloma »
 s’écria t elle tout haut. A ses côté, dans le couloir de la voiture, elle sentit une présence. Tournant la tête, elle découvrit une jolie femme qui lui souriait.
« Paloma, c’était la jolie personne tout de blanc vêtue ? »
demanda t elle d’une voix douce. En d’autre temps Sarah aurait rabroué l’importune, mais là, le regard était si doux et le visage éclairé d’un si joli sourire, qu’elle se contenta de répondre :
« Oui, c’est elle !
-Je comprends votre tristesse de quitter une amie aussi élégante et aussi jolie !
-Je vous remercie de votre grâce Madame, Il est vrai que je suis triste à mourir. Mais rassurez vous, je saurai me reprendre. Je ne veux imposer à personne le désespoir de mes sentiments.
-Je voyage seule, comme vous, apparemment, et si ma compagnie peut vous être de quelque secours, je serais heureuse d’apaiser votre mélancolie.
-Je vais aller me rafraîchir le visage, et si vous le désirez, nous pourrons parler un peu avant le repas au restaurant.
-C’est entendu, je vous retrouverai là bas, mon prénom est Elmyre. Si cela vous convient nous partagerons la même table ?
-Mais bien entendu ! Je m’appelle Sarah, et je vous avoue que je suis heureuse de partager une solitude qui s’annonçait pesante.
-Grand merci Sarah, je vais prévenir le maître d’hôtel. »
tn 241a plm
Sarah retourna dans son compartiment et tenta de réparer les dégâts des quelques larmes perdues. Elle remit un peu de khôl autour de ses yeux, de la façon que lui avait apprise Amiya son amie indienne. D’un dernier coup d’œil au miroir elle s’assura que tout était parfait. Elle avait ressenti qu’Elmyre ne serait pas insensible à son charme. Cette extraordinaire sensation qu’ont les femmes de se reconnaître, Sarah la maîtrisait parfaitement. Le voyage ne serait pas tellement long. Cette soirée, cette nuit, la journée de demain, puis encore une nuit pour arriver le matin suivant à Paris. Certes il y avait quelques arrêts, Lyon, Dijon, et peut être d’autres, techniques surtout pour le plein de charbon et d’eau. Mais cela faisait quand même une moyenne de trente kilomètres à l’heure dans un confort exceptionnel. Sarah espérait la compagnie d’Elmyre. Elle la trouvait jolie, et sa présentation était sans reproche. Une femme de la haute société sans aucun doute. Elle s’habilla avec soin de ce magnifique costume quasi masculin avec ce somptueux décolleté. Dessous elle décida de ne rien porter. Aucune lingerie, aucune dentelle. Elle savait que sa poitrine pouvait permettre pareille fantaisie, et elle avait envie de tester la libido de la belle Elmyre. Incroyable Sarah ! L’effet « Carmela » était encore très vivant en elle. Toujours prête à séduire, sûre de son élégance et de sa beauté, intacte malgré les années. Elmyre devait être plus jeune, une bonne dizaine d’années de moins, mais si on ne le savait pas, il était impossible de dire en observant les deux femmes, laquelle était la plus jeune. Sarah était prête à rejoindre sa nouvelle amie. Mais avant de partir, elle mit en place quelques « pièges » de façon à savoir si, en son absence, le compartiment serait visité. Elle avait toujours fait ça dans tous les trains, les hôtels, les navires. Une épingle à cheveux en équilibre sur le bord du tiroir de la commode faisait parfaitement l’affaire. Puis elle sortit dans l’étroit couloir de la « voiture ». Elmyre l’attendait dans le petit réduit, élégamment assise sur la bergère de velours. Quand elle aperçut Sarah, un grand sourire éclaira son visage. Elle détailla Sarah des pieds à la tête à la vitesse de l’éclair. Sarah lut la surprise dans son regard. Elle s’y attendait. Le contraire l’aurait particulièrement vexée. Le regard d’Elmyre sembla se fixer sur le décolleté de Sarah. Et cela dura un instant qui sembla suffisamment long à Sarah pour être pleinement satisfaite.
« Vous êtes divinement belle Sarah ! Je n’ai jamais rien vu de pareil !
-Remettez vous Elmyre, nous sommes entre femmes après tout. Mais je vous trouve également bien jolie. » C’est vrai qu’Elmyre était très élégante, mais bien qu’ayant apparemment tous les appas nécessaires, elle n’avait osé aucune fantaisie.
« Si nous avons un peu de temps, je vous raconterai l’histoire de ce costume.
-Et l’histoire de ce qu’il offre aux regards, La connaîtrais-je également ?
-J’adore les femmes qui savent parler aux femmes, comme vous le faites Elmyre. »
Comme elle l’avait souvent fait avec Paloma, elle entra dans le restaurant en tenant Elmyre par la main. Comme sur le paquebot, les conversations cessèrent pour laisser la place à la curiosité. Les femmes étonnées de tant d’audace, et les messieurs dépités de n’avoir aucune chance de séduire. La table était réservée, et le chef de rang installa les dames avec toute l’élégance requise. Le repas fut excellent, bien qu’un peu secoué par les cahots du train. Les deux femmes s’entendaient à merveille, et le délicieux vin de Bourgogne facilita la discussion.
« J’ai une bouteille de cognac dans mon compartiment. Cela vous tente ?
-J’ai l’impression d’avoir déjà trop bu ! Bon, j’accepte, mais n’abusez pas de moi dit elle en riant !
-Vous pouvez me faire confiance Elmyre ! »
La porte à peine refermée sur les deux femmes, Elmyre se jeta littéralement sur Sarah qui ne s’attendait pas à une telle fougue. Sarah ne s’échappa pas, le baiser appuyé d’Elmyre lui donna même un peu le vertige. Elmyre tenait Sarah par le cou de la main gauche, et tout en l’embrassant à pleine bouche, la main droite défit les boutons de la veste. Les seins de Sarah libérés jaillirent de l’échancrure, et seulement à ce moment Elmyre reprit son souffle. Pas pour longtemps, elle engloutit sauvagement le premier téton qui passa à sa portée.
« Déshabille-toi s’il te plait - demanda Sarah- je te sers à boire. »
Quand Sarah revint avec les deux verres de cognac Elmyre enlevait lestement sa petite culotte de dentelle pour apparaître dans le plus simple appareil, telle la vénus sur son coquillage. Sarah s’arrêta net, surprise de tant de beauté inattendue. C’est le summum de la beauté, d’être plus élégante nue qu’habillée. Elmyre était très à l’aise. Elle s’approcha de Sarah, lui prit les verres des mains et les posa sur la commode. Puis elle lui défit la veste, dégrafa le pantalon, et Sarah fut nue également. Dans les yeux des deux femmes, l’ivresse n’était pas celle de l’alcool. Elles se regardaient dans les yeux tout en s’approchant l’une de l’autre. Elles étaient de la même taille, Elmyre colla les pointes de ses seins contre celles de Sarah. Elle était déjà proche du plaisir. Le cognac eut le temps de chambrer. C’est seulement une bonne heure après que les amoureuses reprirent leur souffle, et savourèrent le délicieux breuvage. Il n’en fallut pas plus pour qu’elles se laissent aller dans un profond sommeil.
Au petit matin, Elmyre se leva pour regagner son compartiment. Elle voulait être présente lorsque le maître d'hôtel servirait le petit déjeuner. Sarah paressa encore un peu, se rendormit, elle était encore au lit lorsque le plateau fut apporté. Elle se sentait heureuse et détendue. Elmyre était jolie, c’était aussi un véritable volcan. Sarah pensa qu’elle avait bien de la chance. Sans elle, le voyage eut semblé bien long, et bien monotone. Elle se redressa sur son oreiller, et tout à fait par hasard, son regard atterrit sur l’épingle à cheveux, tombée sur la moquette, tout près de la commode. Sarah eut un doute. Aurait-elle manœuvré le tiroir sans y prendre garde ? Elle n’avait pas fait attention en revenant du wagon restaurant, si l’épingle était déjà tombée. Ce n’est quand même pas Elmyre qui aurait visité le compartiment à son insu ! Si elle s’était levée, elle s’en serait aperçue. De toute façon, il n’y avait rien à craindre, elle voyageait avec un minimum d’argent, aucun bijou de valeur, les bagues qu’elle portait quelques fois aux doigts étaient des copies, sauf une, qui lui venait de sa mère, et qui était bien cachée. Carmela avait l’habitude d’inventer des poches secrètes dans tous les vêtements qu’elle confectionnait. Elle pouvait de cette façon avoir en toute sécurité quelque argent ou bijou bien dissimulé. De plus elle avait cette possibilité, partout où elle se trouvait de pouvoir se faire remettre les fonds dont elle avait un besoin immédiat. L’avantage d’avoir été banquière pendant trente ans. Sarah se leva et se dirigea vers la commode. Elle ramassa l’épingle à cheveux. Elle ouvrit le tiroir pour constater que les faux bijoux avaient disparu, ainsi que le peu de monnaie qu’elle voulait remettre au personnel en guise de pourboire. Nul doute possible, seule Elmyre pouvait avoir opéré pendant la nuit. Elle en fut contrariée. « Elle épousera peut être Lucien pensa t elle ! » Cette idée lui redonna un peu le sourire. Dommage, Elmyre était si belle, et si passionnée dans ses moments d’abandon. Elles se retrouvèrent au restaurant. Elmyre avait le sourire, et semblait heureuse de retrouver Sarah. Le champagne qui fut servi comme apéritif, augmenta sa bonne humeur communicative.
« Figure toi ma belle Elmyre, que j’ai été dévalisée.
-Mais c’est très embêtant ! As-tu prévenu le chef de voiture ?
-Oui, il m’a dit que c’était fréquent dans ce train, il y avait des pickpockets qu’ils n’avaient jamais réussi à prendre « la main dans le sac » c’est le cas de le dire.
-Et cela s’est passé quand ?
-Cette nuit !
-Après que je sois partie alors, sinon, j’aurais entendu quelque chose.
-Oui, sans doute. -Et on t’a volé quoi ?
-Rien d’intéressant, quelques billets.
-Et pas de bijoux ?
-Si, mais tous des faux, de la verroterie que j’ai trouvée sur le marché se Saint Benoit dans l’île de la Réunion.
-Ha tant mieux ! Ce n’est pas si grave alors ! Mais cette bague que tu avais au doigt hier semblait bien réelle !
-Oui, celle là était une copie, l’original est en lieu sûr !
-Hey bien tant mieux, je suis rassurée ! »
En fait Elmyre n’était plus aussi joyeuse, il aurait fallu la bouteille de champagne entière pour effacer de son visage la cruelle déception. Sarah était convaincue maintenant qu’Elmyre était « le » pickpocket en question !
« Tu sais, ma belle Elmyre, ce n’est pas si grave, J’ai l’habitude de me protéger de ce genre de personne. Il faut bien que tout le monde vive. La dernière fois que l’on m’a volée, c’est tout récent, et le voleur est dans un cachot en Egypte ! C’était pourtant quelqu’un de mes proches pour qui j’avais de l’estime. Mais il m’a prise pour une gourde, et je n’en suis pas une. Erreur fatale. Le pickpocket du train sera arrêté aussi, c’est sûr.
-A moins qu’il ne descende au prochain arrêt !
-Il n’y aura pas de prochain arrêt, m'a dit le contrôleur. Comme il n’y a aucun passager sensé descendre ou monter à Dijon et que le train a suffisamment de charbon pour aller à Paris, nous avons tout le temps de démasquer le voleur, ou la voleuse avant la fin du voyage ! »
Elmyre était devenue blême. Elle était au bord des larmes.
« Encore que souvent, un voleur a une complice, qui rend l’enquête plus difficile. Mais à deux on fait deux fois plus d’imprudences, donc finalement ça ne sera pas plus difficile. »
Sarah insistait lourdement, elle voyait bien l’effet produit sur Elmyre. Mais sans méchanceté, elle s’amusait un peu, c’était d’autant plus facile qu’elle n’avait subi qu’un petit larcin.
« Je vois que ma conversation t’attriste un peu, changeons de sujet. As-tu envie que nous passions au bar ? J’ai envie d’un alcool fort pour me changer les idées. »
Elmyre prétexta une indisposition passagère, et voulut prendre congé. Sarah regagna son compartiment, mais laissa la porte entr’ouverte et surveilla le couloir. Elle ne tarda pas à voir Elmyre sortir et se diriger vers la voiture bar. Elle la suivit de loin. Quand elle l’aperçut à nouveau, elle la vit en grande discussion avec un homme plutôt jeune, beau garçon, qui avait l’air très en colère. Sarah s’approcha. Les deux compères étaient tellement préoccupés de leur situation qu’ils n’entendirent pas arriver Sarah.
« Que vois-je Elmyre ? Ce monsieur te manquerait-il de respect ? Veux tu que j’appelle ou bien que je lui apprenne moi-même la politesse ?
-Non, Sarah, ce monsieur aurait simplement voulu que je l’accompagne ! Il dit me trouver jolie !
-Pour cela, il a raison, je suis bien de son avis, mais ce n’est pas une raison pour embêter une femme honnête ! »
Sarah s’amusait beaucoup.
« Viens Elmyre, laissons ce vaurien et allons nous préparer pour la soirée. On se retrouve dans le petit salon comme hier ? »
Dans le petit salon, Sarah retrouva Elmyre chez qui, toute joie de vivre avait disparu. Son air triste inquiéta Sarah. Elle avait follement aimé Elmyre, et ne voulait pas gâcher la dernière soirée. C’était une voleuse, certes, mais elle était jolie, bien éduquée, et faisait bien l’amour.
« Te voilà ma douce, ne fais pas cette tête, on dirait que c’est toi la victime de tous ces malheurs ! Allons prendre l’apéritif. »
Prenant Elmyre par le bras, très serrées l’une contre l’autre, elles se firent à nouveau remarquer dès leur entrée. Sarah aperçut au premier coup d’œil le complice accoudé au bar. Celui-ci lui décocha un regard mortel. Sarah n’en fut point impressionnée. Elle déploya tout son art pour redonner un peu de plaisir à Elmyre. Et cela fit de l’effet. A moins que ce soit le whisky. Et le repas, comme celui de la veille fut très agréable. Sarah aimait le sourire d’Elmyre. Elle aurait voulu la voir aussi rieuse que la veille. Elle fut sur le point d’y arriver, quand l’homme passa près de la table et regarda Sarah d’un air menaçant.
«Il s’imagine sans doute qu’il me fait peur » s’écria Sarah nullement impressionnée.
« Allons dans mon compartiment » dit elle à Elmyre. Et elle commanda d’autres alcools au maître d’hôtel. Arrivées dans la pièce, Sarah servit un verre à Elmyre, qui le refusa. Elle n’insista pas. Et commença à la dévêtir avec un maximum de douceur. Le cou d’abord qu’elle couvrit de baisers, les épaules à la peau de porcelaine, et la gorge si douce et si joliment arrogante. Elle agaça le téton de ses lèvres tandis que les mains, dans son dos, dégrafaient patiemment le bustier. Elmyre se laissait faire en fermant les yeux. Sarah sentait de légers tremblements, une respiration accélérée, et elle voyait la bouche sourire sous les caresses de Sarah. Elle fut bientôt nue, seuls les bas de soie noirs avaient échappés aux jeux de Sarah. Elle ouvrit les yeux, sourit à Sarah et se réfugia dans le cabinet de toilette. Sarah jugea qu’il était inutile de remettre l’épingle et se déshabilla. Elle partit rejoindre Elmyre. Quand elles revinrent s’allonger sur le lit, toute peine avait disparu des yeux d’Elmyre et c’est sans arrière pensées qu’elles firent l’amour comme si c’était la dernière fois. Reprenant son souffle, Elmyre parla à voix basse :
« Pourquoi es tu si douce avec moi puisque tu as tout compris ?
-Parce que tu es très belle, très sincère dans l’amour, et que j’ai compris que le danger ne venait pas de toi, mais de ton compagnon. C’est ton mari ? Ton amant ? Ou un simple complice ?
-Il s’appelle Lucas. Un complice simplement. Il est très dur parce que je n’ai jamais accepté de satisfaire ses désirs. Je ne couche avec les hommes que pour les voler. C’est la seule motivation que j’ai à me laisser peloter. Lui, il ne me touchera jamais. Je le méprise. Quand il m’arrive, rarement il est vrai, de rencontrer une femme, j’ai beaucoup de remord à la dévaliser. C’est ce qui me rend maladroite. Et c’est pour cela qu’il déteste nous voir ensemble.
-Parce que tu es sincère en amour, tu aimes beaucoup les femmes ; Moi j’apprécie beaucoup être avec toi. Quand tu me fais l’amour, rien d’autre ne m’importe.
-Tu es une très belle « jouisseuse » c’est plaisant, tu réagis au moindre baiser, à la moindre caresse, tu es la femme parfaite, et tes seins me rendent folle.
-Merci. La femme parfaite est heureuse d’être avec toi. Demain matin nous serons à Paris. On peut parler un peu ?
-Comme tu voudras.
- As-tu de la famille ? As-tu les moyens de vivre sans voler ? Tu sais qu’un jour tu te feras prendre, et que plus personne ne te viendra en aide. Les femmes en prison sont les rebuts de la société. Tu seras battue, fouettée, violée, défigurée, traînée dans la boue, affamée, tu sais tout cela ?
-Oui, je le sais. Mais je ne sais pas faire autre chose, je n’ai pas de famille. Si je n’étais pas obligée de partager avec Lucas, je serais riche.
-Riche et imprudente. Puis je te faire une proposition honnête ?
-Honnête, je ne saisis pas bien ce que ça veut dire.
-Ca veut dire que tu travailleras pour moi. Rien que pour moi.
- Et je ferais quoi ? Je t’ai dit que je ne savais rien faire.
-Ecoute-moi. Je suis immensément riche. Je te prends avec moi comme dame de compagnie.
-Si riche que ça ? Et je devrais faire quoi au juste ?
-M’aimer !
-T’aimer ? Mais c’est déjà ce que je fais ! Je suis amoureuse, tu ne le vois pas ?
-Je te crois, il me parait difficile de se livrer comme tu le fais sans aimer. Et je ne demande rien en échange. -Tu peux refuser si tu le veux, mais tu n’as plus beaucoup de temps pour réfléchir. »
Elmyre planta ses yeux bleus dans les yeux noirs de Sarah. Sarah vit dans son regard qui ne tremblait pas, le reflet d’une grande franchise, et d’une fidélité grandissante.
«Tu ne plaisantes pas ? Tu ne me ferais pas ça ? Tu ne vas pas te venger comme ça pour les quelques billets que je t’ai dérobés ?
-N’aie aucune crainte. Je peux te donner tout l’argent que tu veux.
-Mais je n’ai rien à te donner en échange.
-Si, ta beauté, ta douceur, ton amour, et ,bien sûr ta loyauté.
-Mais qui es tu, je ne te connais pas ?
-Tu le sauras plus tard, nous aurons tout le temps, je te raconterai une histoire, mon histoire, qui n’est pas finie, et j’ai besoin de toi. Pour l’instant, ou tu me fais confiance, ou tu t’en vas à grand pas vers la prison.
-Et Lucas ?
-Je m’en charge.
-Très bien, je reste avec toi. » Sarah fut réellement heureuse de cette promesse. Elle s’habilla en hâte, et, après avoir pris quelques papiers, sortit à la recherche du chef de train. Elle le trouva, et leur conversation dura une bonne demi-heure. Sarah dut faire valoir certaines pièces d’identité qu’elle n’avait jamais révélées à personne. C’était son grand secret. Le chef de train qui avait l’air d’un homme droit et autoritaire, la reconduisit jusqu’ à son compartiment.
« Alors ? » demanda Elmyre ?
-Alors, tout est parfait. Tu peux dormir dans mes bras en toute quiétude, tu ne risques plus rien.
-Tu l’as tué ?
- Non, rassure-toi, je le mets en prison simplement ! »
Aux alentours de Sens, le train ralentit, et s’arrêta en pleine campagne. Tous les voyageurs dormaient, ou presque. Sarah réveilla Elmyre, abaissa la vitre et lui dit :
« Regarde ! » Le train était arrêté, un passage à niveau était là, pas loin, une brigade de gendarmes entouraient la voiture. L’officier monta dans le train accompagné de quelques gendarmes. Le Chef de train ouvrit avec son passepartout la porte d’un compartiment, les gendarmes se précipitèrent, et se saisirent de Lucas à peine réveillé. Le compartiment fut rapidement fouillé, les bagages de Lucas emportés, et les scellés furent placés sur la porte. Le train redémarra, Personne ne s’était rendu compte de rien. L’opération n’avait pas duré plus de dix minutes.
« Mais c’est toi qui a fait ça ?
-Oui, c’est moi !
-Mais quel pouvoir as-tu pour commander aux gendarmes ?
-Aucun, je suis persuasive, c’est tout. Allez ! On a encore le temps de dormir un peu. A moins que tu aies envie d’autre chose ?
- Il se pourrait en effet, si tu me tentes »
Le train arriva gare de Lyon avec une petite heure de retard. Les deux femmes descendirent du train avec une montagne de bagages.
Elles se dirigèrent vers le bar du train bleu pour y prendre un petit déjeuner. Sarah fut un peu étonnée de la dimension de la gare, du nombre de trains stationnés, et de l’animation qui régnait partout. Elle était à Paris, enfin elle allait connaître Paris, la ville qui est le phare de l’Europe, et peut être plus. L’odeur des croissants était exceptionnelle. Sarah croqua dedans à pleine dents, cela lui fit un plaisir immense. Jamais elle n’avait goûté de croissants aussi délicieux.
« Où allons-nous ? » demanda Elmyre.
« Nous installer à l’hôtel. L’Hôtel du château de Frontenac ! Après nous visiterons Paris. J’ai des choses à faire, mais cela ne nous gâchera pas le plaisir. Je voulais préciser, ma belle amie que tu n’es pas ma prisonnière. S’il te plait de me quitter, j’en serais triste, mais c’est ton droit. La seule chose que j’exige, c’est que tu ne retombes pas dans les pattes d’un Lucas de bas étage. Mais de toute façon, un jour ou l’autre tu te feras prendre. Les seuls voleurs que l’on n’arrête jamais, sont dans les gouvernements.
-Le château de Frontenac c’est à Québec !
-Oui, je sais, j’ai vécu quelques années à Montréal.
-Et moi je suis née à Québec. Hélas, je n’en garde aucun souvenir, j’avais trois ans quand mes parents sont revenus en France.
-Quelle coïncidence.  Une amie viendra nous rejoindre d’ici quelques jours.
-Une amie ou une …… amie ?
-Une amie très proche.
-Je devrai laisser la place ?
-Si tu veux, mais… -Mais nous aimons bien partager.
-Elle est jolie ?
-Particulièrement jolie, c’est une très belle amoureuse, elle est très bien faite, je l’adore.
-Alors, si vous voulez de moi…. Je ne dis pas non. Serait-ce la jolie personne qui t’a accompagnée à la gare de Marseille ?
-C’est elle en effet !
-Alors je suis doublement partante. » Sarah et Elmyre commencèrent leur visite de Paris.
929665tn_toureiffel1900.jpg Devant la tour Eiffel,
elle crût être sur une autre planète. Elle n’arrivait pas à détacher ses yeux du sommet perdu dans les nuages. Elmyre insista pour prendre l’ascenseur qui les conduirait au troisième étage. Sarah fit un effort considérable pour vaincre son appréhension. Mais elle ne regretta pas son audace, et resta admirative devant l’immensité de la ville qu’elle voyait à ses pieds.
« Paris, enfin ! Me voici à Paris. Si j’avais su… J’aurais dû venir plus tôt.
-Oui, mais plus tôt, il n’y aurait pas eu de tour Eiffel !
-Tu as raison ma douce amie, regarde comme c’est beau. »
Un jeune homme les observait, il devina tout de suite que ces femmes étaient séduites par le panorama, et se proposa pour détailler les principaux sites visibles de la haut. Sarah était toute à son admiration. Elmyre était plus réservée, et elle eut raison. Etant « du métier » elle n’eut aucun mal à prendre le jeune homme en flagrant délit de vol dans le sac de Sarah.
« Je dois avoir la tête à ça, dites moi jeune homme, qu’avez-vous déjà volé depuis ce matin ? Répondez-moi, sinon j’appelle la police !
-Heu ! Voilà, j’ai pris un collier de perles sur une touriste anglaise, et différentes petites choses.
-Faites voir ce collier ? »
Le jeune homme sortit de son gousset un magnifique collier de perles sur trois rangs.
« Quelle beauté, elles sont véritables !
-Oui, sinon je l’aurai laissé.
-La pauvre femme que vous avez dépouillée, est elle encore ici ?
-Non je lui ai emprunté il y a deux heures déjà.
-C’est parfait, alors je vous rachète ces perles pour les offrir à mon amie.
-Tenez, je vous offre Dix Francs.
-Vous plaisantez ? Ce collier vaut mille fois plus !
-Oui, sûrement ! Mais si vous acceptez vous gagnez dix Francs, si vous refusez vous gagnez la prison. Que choisissez-vous ? » Le garçon éclata de rire. « Vu comme ça, c’est vrai que mon intérêt est de vous le vendre, et dans ce cas, c’est vous qui faites du recel.
-Oui, mais ça c’est notre affaire !
-He bien, puisque vous avez de l’humour, je vous l’offre, et vous me laissez partir.
-Merci beaucoup Monsieur, vous êtes un gentleman. Et vous méritez de garder votre larcin. Et si par hasard vous rencontrez à nouveau cette pauvre femme, rendez-lui ce bijou. De toute façon, mon amie n’aurait jamais accepté de porter un bijou volé ! N’est ce pas Elmyre ?
-Of course Darling ! » Deux jours après, Paloma arriva à l’hôtel. Les retrouvailles furent des plus chaleureuses. « Je m’ennuyais beaucoup, et j’avais hâte de te voir arriver ! »
Paloma jeta un long regard en direction d’Elmyre :
« Je crois que tu me mens chérie, tu as trouvé une très belle amie pour tromper ta solitude, et moi par la même occasion !
-Serais tu enfin jalouse mon amour ?
-Je l’ai toujours été, mais là, je reconnais qu’il ne fallait pas laisser passer cette merveille. Vous êtes absolument délicieuse Elmyre !
-Merci beaucoup Paloma, je dois beaucoup à Sarah !
-Le monde entier doit beaucoup à Sarah, mais elle est modeste, et ne vous dira rien !
-Non ! Motus juré craché !
-Je vois que ton français s’améliore, on dirait même que tu as perdu ton accent Américain, c’est une bonne nouvelle.
-Cet après midi, j’ai rendez vous au ministère. Il est inutile de m’accompagner. Pourras tu tenir compagnie à Elmyre en mon absence ? ça ne te dérange pas?
-Tu sais bien que je ferai tout pour toi. Je me dévoue donc ! Si Elmyre accepte la présence d’une femme de couleur ! »
Elmyre éclata de rire.
« N’ayez crainte Paloma Je vous trouve très séduisante, et je suis heureuse de «jouir» de votre compagnie ! ». Sarah arriva au ministère à quatorze heures trente précises. L’accueil de l’hôtesse fut souriant, élégant et courtois. On la fit patienter quelques instants, et Sarah se retrouva bientôt face à Mme de Grandvilliers, qui était la collaboratrice directe du ministre. Sarah fut sidérée de la ressemblance de cette femme. Sarah crut qu’elle se regardait dans un miroir.
« Je suis Armande de Grandvilliers. Tout le monde ici m’appelle « Mina ». Je vous rassure tout de suite, Votre amie Florane est bien vivante, bien qu’elle ne soit pas en bonne santé. Je l’ai vue pour la dernière fois il y a un an environ, mais s’il était arrivé quelque chose, je l'aurais su très vite. J’ai bien peur que vous soyez surprise en la voyant, elle est très amaigrie, a beaucoup vieilli, et elle se déplace avec difficulté.
-Connaît-on la nature du mal qui la ronge ?
-Non, à vrai dire personne ne le sait. Florane dit qu’elle est malade de vous avoir perdue. Et que ce mal s’aggrave d’années en années. Je vous parle librement, parce que je vous connais bien Sarah, Florane ne parle que de vous. C’est d’ailleurs à sa demande que j’ai adopté votre coiffure, votre maquillage, mais je suis en retard en ce qui concerne la mode ! Où diable trouvez-vous ces merveilles Sarah ?
-Je ne vous le dirai pas, mais je peux vous y conduire ! »
Mina regarda Sarah d’un œil malicieux :
« Je ne dis pas non, si vos affaires vous le permettent, je me laisserais tenter. Je connais bien Florane, cela fait des années que nous travaillons ensemble. Nous sommes allées dans toutes les parties du monde. Je n’ai jamais eu de meilleure relation. Florane est dans un centre de cure au bord de la mer, sur la cote d’Opale, à Berck, pas très loin du Touquet. La dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle me disait vouloir quitter le bord de mer qui ne lui réussissait pas, ou pour le moins, il ne lui apportait aucun soulagement.
-C’est curieux, elle avait le pied marin, elle aimait la mer, et elle savait naviguer !
-C’est vrai, elle m’a emmenée faire une croisière sur son voilier, et j’étais en admiration devant son savoir faire. -Vous êtes très proches alors ?
-Oui, et depuis des années, mais n’en prenez pas ombrage, je n’aurais jamais pu rivaliser avec le souvenir qu’elle avait de vous.
-Vous parliez de téléphone, je pourrais lui parler ? En plus je serais curieuse, je ne me suis jamais servi d’un téléphone.
-C’est tout récent. Ça marche à peu près depuis six mois, pas plus. Mais ça marche très mal. »
Mina demanda à sa collaboratrice d’appeler Berck. Après quelques essais infructueux, elle obtint le centre de cure pour apprendre que Florane avait déménagé pour s’installer à la montagne. Il faudrait rappeler le lendemain pour plus de détails.
« He bien, nous recommencerons demain Mina, cela me donnera le plaisir de vous revoir. Et si vous le pouvez, réservez-moi votre soirée. Pour une fois que je rencontre ma sœur jumelle !!!
-Avec beaucoup de plaisir Sarah ! »
Elles se quittèrent avec le regard pétillant et peut être un peu de rouge aux joues. Sarah arriva à l’hôtel, et monta directement dans ses appartements. La porte n’était pas fermée, il n’y avait aucun bruit. Sarah fit le tour de la pièce, et parvint finalement dans la chambre. Sur le lit dévasté, Elmyre et Paloma, nues, enlacées dormaient profondément. Sarah ne fut pas étonnée, elle avait tout fait pour faire cadeau à Paloma d’une jolie femme dès son arrivée. Elle ne les réveilla pas, mais elle regarda de tous ses yeux. Quel joli spectacle, ces corps magnifiques abandonnés dans le sommeil. La pose était suggestive, la jolie poitrine d’Elmyre contre la joue de Paloma, et cette allure féline de Paloma, ses hanches, ses abdominaux, ses cuisses fuselées : «Une pouliche sauvage» disait Carmela.  Elle avait, comme toujours, les tétons en érection, c’était chez elle un état naturel, et Sarah eut envie de les mordre. Mais elle savait l’heure, et elles avaient projeté de sortir ce soir au Moulin Rouge, pour voir ce fameux spectacle du « French Cancan » Sarah se baissa pour réveiller les deux amoureuses, et déposa un léger baiser sur la partie la plus intime de Paloma, tout en caressant le très joli sein d’Elmyre. Les deux amies ouvrirent un œil, et commencèrent à se réveiller. Apercevant Sarah, Elmyre eut un geste de recul, comme si elle avait été prise en faute, ce qui fit rire Sarah.
« N’aie pas peur ma belle, j’étais simplement en train de vous admirer toute les deux enlacées. Et j’étais sûre que Paloma allait te violer !
-Ne dis pas de mal de moi. Je suis amoureuse, Elmyre est une révélation. C’est Aphrodite en personne ! Mais où as-tu trouvé cette Hétaïre ?
-Par hasard, dans le PLM, nous avons fait le voyage ensemble, et elle m’a séduite par sa beauté, sa distinction et l’aura qui l’accompagne. Maintenant dépêchez vous, nous allons au spectacle.

Le French Cancan leur fit l’effet d’une bombe. Elles n’auraient jamais imaginé un spectacle aussi fou. Mais toute la soirée au Moulin Rouge, fut un émerveillement.
« Il n’y a qu’à Paris que l’on peut voir des choses comme ça ! Et moi qui voulais monter ce spectacle à Buenos Aires, on m’aurait crucifiée !
-Et encore nous n’avons pas tout vu, c’est le cas de le dire, il parait que certains jours, l’une des danseuses n’a pas de culotte ! Et d’autres ont des culottes fendues ! Rien que pour voir ça, j’y retournerais bien !
-Oui mais toi Sarah tu es obsédée ! Nous demain nous irons visiter Notre Dame ! Et après, nous irons en haut de la tour Eiffel !
-Vous avez raison, de vous envoyer en l’air ! Beware of pickpockets ! Demain soir je suis prise, j’ai rendez vous avec mon sosie.
-C’est quoi cette nouveauté ?
-J’ai rencontré au ministère une femme qui me ressemble étrangement. Elle a accepté mon invitation.
-Tu vas la….
-Je ne sais pas, je ne suis même pas sûre qu’elle soit lesbienne, quoi que….
-Evidemment, sinon je vous vois mal ensemble.
-Nous aurons l’air de deux jumelles. Le lendemain, je te la présenterai. » Elles finirent la soirée chez Maxim’s. Décidément, Paris leur plaisait beaucoup. La nuit fut un peu folle. Le champagne, toutes ces danseuses nues, leur avaient bouleversé les sens. Sarah adorait ces amours à trois, et avec Elmyre et Paloma, ce fut vraiment un délice. Le lendemain, se passa en visites. Il faisait beau, et la toute nouvelle compagnie des bateaux mouches leur fit découvrir les plus belles perspectives de la ville, et tous les monuments de Paris furent mis au programme . L’après midi Sarah retrouva Mina au Ministère. Elle avait réussi à obtenir le contact avec le centre de cure qui lui confirma que Florane avait quitté Berck pour Saint Gervais en Haute Savoie. Mais il n’y avait pas d’adresse particulière, et le téléphone en montagne n’était pas encore opérationnel.
« Ce n’est pas grave, je partirai pour la montagne le plus tôt possible, mais j’ai encore des choses à faire avant de partir.......... » Et ce disant, elle serra la main de Mina. Le soir venu, elle retrouva Mina dans le salon de l’opéra. Elles avaient décidé d’aller voir la « Traviata. » Elles s’étaient vues deux fois deux heures en deux jours. Pourtant, elles donnaient l’impression de se connaître de longue date. Les mains ne se quittaient pas, les regards étaient complices, et les lèvres entre ouvertes en attente, comme pour embrasser. Le spectacle fut grandiose. Et Violetta était d’une beauté irréelle. Sarah avait eu les larmes aux yeux toute la durée des trois actes. Puis ce fut un petit repas en amoureux dans un restaurant de Montmartre. Durant le repas, Sarah relata un peu son voyage, en éclipsant bien sûr toutes les relations qu’elle avait eues depuis son départ d’Adélaïde. Mina invita Sarah chez elle. C’était un nid douillet niché dans une impasse du vieux Paris. Sarah adorait ces rencontres, les premières fois, avec la découverte de l’autre, et la volonté de se donner avec sincérité. Mais elles avaient le même corps, les mêmes goûts, les mêmes désirs, cette rencontre-là fut un véritable bonheur. Sarah pensa qu'il était bien agréable de s'aimer soi même!. La soirée suivante se passa entre les quatre femmes. Ce fut un évènement. Quand Paloma aperçut Mina, elle poussa un cri.
« Mina mia ! Que tal de tu vida queridita ? »
Devant l’air ébahi de Sarah, Paloma expliqua :
« Nous nous sommes bien connues à Buenos Aires quand Mina travaillait avec Florane. Nous étions inséparables. Nous sommes restées ensemble près de trois ans n’est ce pas ?
-Oui Palomita, après je suis partie pour la Russie. Mais quelle joie de te revoir. Quand Sarah m’a parlé de son amie Paloma, je n’ai pas imaginé que cela pouvait être ma très chère Paloma. Pourtant, quand elle m’a parlé de sa très séduisante amie, j’aurais dû penser à toi !
-C’est grâce à Sarah cette rencontre, elle fait des miracles !
-Pourvu que ça dure ! Viens Elmyre, laissons ces vieilles fiancées à leurs souvenirs. »
C’est à La Tour d’Argent qu’elles passèrent la soirée. Quai de la Tournelle, ce restaurant a été crée au XVI ème siècle. Face à Notre Dame, la vue était grandiose. La qualité du repas fut au rendez vous, et les confidences aux salons durèrent tard dans la nuit. Sarah passa le reste de la nuit avec Mina. Elle savait maintenant qu’elle devait partir au plus tôt, et qu’elle n’avait plus de véritable raison de rester à Paris. Elle avait vu à peu près tout ce qu’il y avait à voir, goûté aux meilleures tables, il ne lui restait qu’un seul souhait, celui d’assister à un spectacle tout nouveau à Paris, où les jeunes femmes se déshabillaient devant le public. Mina l’emmena voir ce spectacle situé dans un lieu très discret, dans un immeuble absolument banalisé. Elle fut très déçue. Les filles étaient vulgaires, n’avaient aucun talent, elles avaient des poils, ce qui était totalement contraire aux goûts et habitudes de Sarah.
« Je crois que si nous pouvions rassembler toutes les femmes que j’ai rencontrées depuis mon départ d’Adélaïde, nous aurions fait beaucoup mieux.
-Ne voudrais-tu pas rencontrer un bon amant avant de quitter Paris ? Il m’arrive d’avoir envie d’une telle soirée, et je connais quelques beaux spécimens.
-Je n’en ressens pas le besoin, cela fait trente ans que je n’ai pas fait l’amour avec un homme, et la dernière fois, cela ne m’a guère réussi.
-Là ce serait avec un « professionnel », si tu en as envie évidemment.
-J’y penserai. »
Mais Sarah n’y pensa pas, elle avait maintenant d’autres idées en tête, et se décida à accélérer son départ. Elle abandonnerait sa bonne amie Paloma, aux soins d’Elmyre. Il lui semblait qu’une belle entente était née entre ces deux femmes là. Mina fut excessivement triste du départ de Sarah.
« Donne-moi de tes nouvelles. Et aussi des nouvelles de Florane. Tu lui diras que je l’aime, que nous l’aimons toutes. Il te sera facile de me contacter au ministère. J’ai été très heureuse de te rencontrer, alors que Florane me parlait de toi sans arrêt. Je me rends compte aujourd’hui que tu as été le centre d’intérêt d’un groupe de femmes épatantes, qui ont su faire de leur indépendance un modèle de vie. Nous sommes souvent méprisées par les autres femmes, mais grâce à toi, nous avons acquis notre force et notre fierté. Je sais ton immense réussite Sarah, je sais que tous les hommes de haut rang parlent de toi avec respect et admiration. Comment as-tu réussi ce miracle et traverser toutes ces années sans faux pas ? J’espère qu’un jour tu me raconteras tout cela, si bien sûr le secret ne t’est pas imposé.
-Je suis entourée de millions de secrets, qui perdent de leur mystère un peu chaque jour. Mais je ne suis pas une exception. Quand j’étais aux affaires, je faisais passer les affaires avant tout. Maintenant, je vis la vie que je n’ai pas vécue durant tout ce temps. J’espère te revoir pour tout te raconter. J’ai tellement de choses à raconter. Au revoir ma chère Mina, bien sûr que je te donnerai de mes nouvelles. Mais je reviendrai. Je ne connaissais pas Paris, maintenant je ne suis pas sûre de vouloir vivre ailleurs.» 
La dernière nuit, Sarah se réfugia entre les bras de Paloma. Elle ne pouvait être ailleurs, et elle se donna avec une fougue démentielle. Le jour suivant, Gare de Lyon, elle n’avait pas souhaité être accompagnée, et cette fois-ci, Paloma respecta ses désirs. Sarah lui confia Elmyre, le temps d’être plus organisée. Le voyage serait plus court, mais beaucoup moins confortable, bien que le train fût la propriété de la société PLM. Le parcours était des plus simples : Paris, Lyon, Annecy, Terminus Le Fayet. Après, on verrait ! Il fallut quand même deux jours pour faire le trajet. Quand Sarah sortit de la gare du Fayet, il y avait un soleil matinal sur les proches sommets enneigés. C’était aveuglant. Elle prit un siège sur la terrasse du buffet de la gare, et dévora un petit déjeuner. Elle appela le « patron » du buffet et se renseigna sur la situation géographique de l’endroit, des moyens de transports, des hôtels, des montagnes aussi. Pas de chance, du Fayet on ne pouvait voir le Mont Blanc. Il fallait, pour cela, monter plus haut. Elle demanda à être conduite à Saint Gervais, là où elle trouverait un hôtel de grand luxe. Aux dires du patron, à l’Hôtel des Glaciers elle serait reçue à bras ouverts. Ils discutèrent ainsi pendant un bon moment. De cette discussion, Sarah apprit beaucoup sur les curiosités de l’endroit, sur les gens, les montagnes, le temps, les saisons. Et puis finalement, il demanda à son propre fils d’atteler la voiture pour monter à Saint Gervais. L’hôtel des Glaciers avait fière allure de l’extérieur. Heureusement, l’intérieur était aussi réussi. Comme l’avait dit l’homme d’en bas, Sarah fut reçue comme une princesse. A vrai dire, c’était un peu vrai, si elle n’était pas princesse, c’était quand même une grande dame. Et puis, Sarah est un prénom hébraïque qui signifie "princesse" !  Elle passa le reste de la journée à s’installer, et à lier connaissance.
tn LesGlaciersSaint Gervais était un gros bourg, où l’on trouvait à peu près tous les métiers. Elle se fit recommander le meilleur médecin de la bourgade, peut être serait ce l’homme le mieux placé pour situer Florane. Elle obtint un rendez vous dès le lendemain.
« Je ne connais pas la personne dont vous me parlez, madame, mais je me souviens que l’on m’a parlé d’une femme qui était venue prendre les thermes au Fayet.
-Au Fayet ? Mais, j’en viens, personne ne m’a parlé des thermes ?
-Justement, les thermes ne sont plus en activité. Suite à cette énorme catastrophe de 1892 qui a fait plus de deux cents victimes. Mais le site est en reconstruction, et c’est l’ancien médecin des Thermes qui m’a raconté qu’une dame de Paris était venue, sans savoir que l’établissement thermal était détruit. Il l’a examinée, et il lui a conseillé de s’installer en très haute altitude, là où l’air est d’une pureté totale, et où l’ensoleillement est maximum.
-Et vous savez où cela se trouve ?
-Je pense qu’il s’agit du Plateau d’Assy, mais vous dire en quel établissement, je ne le puis.
-Où se trouve le plateau d’Assy ?
-De l’autre côté de la vallée, Juste en face d’ici. Approchez vous de la fenêtre. On ne voit pas de constructions d’ici, mais il y a quelques chalets et une chapelle. Il ya plus haut des chalets de cure, où les propriétaires louent des chambres ou des suites à des personnes malades, généralement atteintes de phtisie.
-Et on sait les guérir ?
-A vrai dire, non, on ne sait pas, mais souvent les malades se portent mieux. Et c’est déjà pas si mal.
-Et comment va-t-on là-haut ?
-Il faut prendre un attelage, vous faire conduire à Passy, pour arriver au plateau en début de matinée. Il n’y a pas beaucoup d’habitants, on vous renseignera mieux sur place. Vous pouvez aussi envoyer un enquêteur, et attendre ici qu’il revienne avec des nouvelles.
-Je préfère la première solution.
-Je ne peux vous en dire plus Madame, de toute façon vous ne regretterez pas le voyage, le panorama est magnifique.
-Vous êtes de la région monsieur ?
-Non, je suis Breton, Je suis venu ici  il y a une dizaine d'années.
-Si je voue paie en conséquence, c'est-à-dire plus que cela encore, accepteriez vous de m’accompagner ? J’aimerais avoir un avis affûté sur la santé de mon amie.
-Le médecin en place risque d’en prendre ombrage !
-Je m’en fiche royalement, si vous n’acceptez pas, je ferai venir le meilleur professeur de Paris, ou de Londres ou de New York !
-La dépense serait énorme !
-Il n’y a aucun problème. Si vous ne me croyez pas, je les ferais venir tous en même temps.
-Je vous crois Madame, et j’accepte de vous accompagner, mais faisons cela Samedi et Dimanche.
-Pourquoi pas demain ?
-Il me faut m’organiser madame. En attendant, vous pouvez visiter le coin, pour passer le temps.
-D’accord Monsieur nous partirons Samedi Midi. »
A l’hôtel, la sœur de la patronne se proposa pour lui servir de guide. Au premier coup d’œil, Sarah comprit la nature de l’intérêt que la femme avait pour elle. Décidément, soit elle portait l’homosexualité sur son visage, soit elle suscitait la vocation chez les autres femmes. C’est curieux pensa Sarah. Les hommes ne me font jamais la cour. Je dois être trop moche. Mathilde se révéla être de bonne compagnie. Elle était petite, jolie, drôle, et cultivée. On sentait qu’elle connaissait son pays dans les moindres détails, y compris son histoire. La haute Savoie, avait eu une histoire récente très mouvementée.
« Dites moi, Mathilde, est ce que vous me trouvez moche ?
-Grands dieux non ! Mais pourquoi cette question ?
-Elle me trotte dans la tête depuis un moment. Je me faisais la réflexion que les hommes ne me faisaient jamais la cour, et je me demande pourquoi ?
-Parce que vous plaisez aux femmes, tout simplement. Et les hommes se sentent mal à l’aise sans savoir le pourquoi.
-Et à vous, je vous plais ?
-Bien évidemment, vous êtes jolie, vous avez cette aisance qui vous donne autorité sur tout ce qui vous entoure, vous êtes élégante, vous avez un très beau visage, une poitrine exceptionnelle, je suis conquise.
-Mais je suis beaucoup plus âgée que vous !
-Je le sais, mais je ne vois pas ce que cela change !
-Et si on s’arrêtait au bord de cette fontaine, vous accepteriez que je vous embrasse ?
-J’allais vous le demander.
-Et si quelqu’un nous voit ?
-Il pourra raconter que « La Mathilde » a embrassé une femme sur la bouche.
-Et ça ne vous gêne pas ?
-Au pire mon fiancé me quittera, et j’en serais bien heureuse. Je ne suis pas faite pour vivre avec un homme. Je n’aime pas l’amour des hommes. Je n’aime pas le sexe masculin. Je n’aime pas qu’il me défonce le ventre. Je préfère encore être prise par derrière, au moins je ne vois pas son visage quand il jouit !
-Très bonne analyse ma chère. Nous avons beaucoup de points communs. Je n’ai pas touché un homme depuis au moins trente ans !
-Quelle chance vous avez ! La dernière fois que je l’ai vu, il a voulu me mettre son sexe au fond de la bouche. Il est énorme, et je suffoquais. Et sans prévenir il a joui. J’en ai eu partout. Je me suis étranglée et j’ai tout rendu. J’ai eu très mal. Je ne veux plus jamais avoir à subir une telle horreur.
-J’imagine très bien ! Mais ici, dans ce petit village, trouvez-vous des jeunes femmes qui soient comme vous les aimez ?
-Pas souvent, mais il y en a quand même plus qu’on ne le croit, et toutes ont le même dégoût des hommes. Et puis, on voyage quand même un peu. Je suis allée récemment à Chamonix, uniquement pour faire l’amour !
-J’espère que vous irez moins loin ce soir !
-Oui ? Moi aussi ? J’en serais très heureuse ! »
Le hasard fit que personne ne vit La Mathilde se livrer à ses plaisirs saphiques. Sarah l’invita à dîner le soir. Il y avait très peu de clients, pourtant l’établissement était remarquable de qualité. Sarah s’y plaisait beaucoup. Mathilde était heureuse d’avoir une amie pour quelques jours. Sarah était une compagne des plus agréables, dont la bonne humeur était constante. Il suffisait qu’elle se sente bien, en compagnie d’une jolie femme, qu’elle ait des yeux dans lesquels pouvoir se noyer, et c’était le bonheur total. Sarah était très en forme. Mathilde lui plaisait, et le but de son voyage était proche. Elle offrit le champagne à tous les clients présents dans le restaurant de l’hôtel. Les propriétaires de l’hôtel des Glaciers, connaissaient bien sûr les préférences de Mathilde. Ils ne furent pas étonnés de la voir aussi heureuse avec sa nouvelle amie. La nuit fut d’une douceur extrême. L’hôtel était construit sur le versant de la montagne, dominant le torrent impétueux qui grondait beaucoup en contrebas. Mais sans vis-à-vis, elles purent laisser la fenêtre ouverte. On n’entendait que le torrent, et la fraîcheur de l’air était enivrante. Elles firent l’amour en douceur, sans bruit, avec une infinie soif de plaisir. Mathilde était jolie, bien faite, plutôt menue, avec une poitrine des plus modestes. Malgré tout elle était d’une féminité incomparable. Sarah adora son corps, et ses tétons dressés, qui paraissaient démesurés sur ces petits seins aguicheurs. Comble de bonheur, elle était épilée, et le mont de vénus avait la douceur de la soie. La cambrure des reins et ses fesses rebondies appelaient les caresses, et Sarah les prodiguait sans relâche. Elle pensait que souvent, les femmes sans poitrine avaient une chute de reins exceptionnelle. La dernière bouteille de champagne fût la seule boisson désaltérante qu’elles avaient emportée. Le sommeil les foudroya sans prévenir. Amour ou champagne ? Peut être les deux, mais elles étaient épuisées. Si le sommeil eût été moins profond, elles auraient pu voir l’ombre de la sœur de Mathilde venir fermer la fenêtre. Heureusement, car les aurores sont très fraîches. Elles se réveillèrent très tard, et la petite sœur revint avec le plateau du petit déjeuner, sans la moindre gêne de trouver deux femmes nues sur un lit dévasté. Si c’était une ambiance familiale, on ne pouvait pas faire mieux ! Mathilde fit des projets.
« Sais-tu monter à cheval Sarah?
-Bien sûr, et je suis bonne cavalière. Quand on vit en Australie, on apprend trois choses importantes : Monter à cheval, naviguer au large et gagner de l’argent.
-Et l’amour ?
-Ce n’est pas vital !
-Voilà ce que je te propose : Il nous reste deux jours à vivre ensemble. Nous allons monter au refuge de Mayères dans les Aravis. On passera la nuit là haut, et on reviendra le lendemain. Le parcours n’est pas trop difficile, et la balade est magnifique. Sarah fut emballée par la proposition de Mathilde. Le temps de s’équiper, de remplir le sac tyrolien, et elles partirent en direction de Cordon. Les chevaux étaient superbes. Elles prirent la précaution d’emmener un troisième cheval, dans la caillasse des chemins de montagne, il arrive souvent que les chevaux fassent des entorses.
« Et que fait on dans ces cas là ?
-On redescend chercher le « rebouteux » qui vous remet l’animal sur pied en moins d’une heure. Le lendemain, il n’y parait plus ! -Et pourquoi ne pas emmener le rebouteux ?
-Ça se fait mais pour nous ça manquerait d’intimité ! »
tn Mathilde1 Mathilde était très à l’aise sur ce beau cheval gris pommelé, Sarah la regardait plutôt que le paysage. Un sourire permanent éclairait son visage, signe de son bonheur d’être dans sa montagne avec son aimée. Sarah retrouvait les sensations un peu oubliées. Elle pensa qu’elle aurait très mal aux fesses à l’arrivée. Elle aurait droit à un massage de sa compagne. Il faisait beau, le soleil se reflétait sur les pentes enneigées, la végétation était encore assez fournie. Quand elles sortirent de la zone boisée, l’immensité du paysage leur sauta aux yeux. Après quatre heures de grimpette, Mathilde montra du doigt le toit du chalet qui dépassait de la crête.
« Nous sommes arrivées ! »

Sur les derniers cent mètres du parcours, une partie herbeuse horizontale. Mathilde termina sa course par un léger galop. Les fesses endolories de Sarah ne lui permirent pas de la suivre dans son envolée. Elles mirent pied à terre, et se serrèrent l’une contre l’autre devant cet exceptionnel panorama, sûrement unique au monde. Sarah était émerveillée, et Mathilde regardait intensément le visage de Sarah, faisant de son étonnement son propre plaisir. La journée se finissait dans un festival de couleurs. Le soleil disparaissait derrière les Aravis, en éclairant la chaîne du Mont blanc en totalité. Les teintes se déclinaient du blanc lumineux au rose foncé. Mathilde rassembla quelques bûchettes, et en un tour de main, alluma un feu. Il faisait nuit maintenant, et la montagne en face avait pris une couleur violette. C’était inattendu, c’était à couper le souffle. Mathilde sortit quelques appareils, et commença à faire griller quelques côtelettes et quelques saucisses. Elle sortit également une bouteille de vin de Savoie, et elles se firent un petit repas d’amoureuses. La lumière des flammes se reflétait dans les pupilles de quelques renards attirés par l’odeur de la nourriture.
« Il y a des loups ? » demanda Sarah
« Oui, et nous sommes les chaperons rouges ! »
Mathilde avait été prévoyante, elle avait une petite réserve de Roussette. Elle avait déjà compris que le vin agissait beaucoup sur la libido de Sarah. Sur la couverture, tout près du feu, elles firent l’amour sous les étoiles. Puis elles sentirent le froid, qui le soir tombé à cette altitude, vous transperce les os. Elles entrèrent dans le refuge qui était des plus rustiques mais très propre. Mathilde alluma le feu, et toutes deux s’enroulèrent dans leur couverture sur le bas flanc près de la cheminée. Le lendemain soir, Sarah s’endormit apaisée. Mathilde s’était lovée sur son côté, le visage tout contre la douceur du sein. Sarah savourait la dernière nuit à Saint Gervais, pensant que des bonheurs comme celui là ne devraient jamais finir. Elle avait, sous ses paupières closes, ces images inoubliables de la chaîne du Mont Blanc aux couleurs irréelles, sur lesquelles s’incrustait le corps gracile de Mathilde dont le sourire ensoleillerait le souvenir. Le lendemain, juste avant de grimper dans la carriole, Mathilde vint embrasser Sarah. Elle lui chuchota à l’oreille : « Je viens d’éconduire mon fiancé. Je ne te dis pas adieu, je sais que je me retrouverai entre tes bras, si ce n’est pas en vrai, ça sera en rêve. Embrasse celle que tu vas retrouver pour moi. Un petit baiser perdu au milieu de ton amour immense. Je sais que tu vas la guérir. Bonne route ma douce amie. Saint Gervais te protègera
!

 

 

   DameGauche   DameDroite
Par eve anne
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
 
Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus - Articles les plus commentés