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  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
Ultima Necat

 

 

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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
sicut qui similis

 

 

 

 

Bonne Année



BonneA              

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Extraits

 

Rencontre en Forêt
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J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
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Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
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Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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 Les Etoiles Eteintes
V

Musiques Océanes
 

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La suite était véritablement luxueuse. Pas de risque que les deux femmes soient à l’étroit. Découvrir le confort de ce paquebot leur permit d’oublier un peu leur tristesse d’avoir quitté Carmela. Pourtant, aucune des deux ne manifesta le désir de se préparer pour se rendre au restaurant du navire, celui réservé aux hôtes de marque. Elles demandèrent donc au maître d’hôtel affecté aux quelques appartements réservés, de leur servir une collation à domicile. En attendant elles se servirent un alcool avec des glaçons. Installées sur le grand canapé drapé de soie, elles ne parlaient pas beaucoup, juste quelques mots pour donner leur avis sur tel ou tel objet de la décoration. Puis elles se rapprochèrent, l’une contre l’autre, et Paloma déposa un baiser dans le cou de Sarah. Celle-ci se laissa faire avec bonheur.
Elle ferma les yeux et concentra toutes ses perceptions sur les lèvres de Paloma. Puis elle sentit les doigts de son amie déboutonner délicatement le chemisier blanc. Une main inspirée pénétra dans l’échancrure, à la recherche des seins voluptueux de Sarah. tn SuiteCelle-ci se laissait faire, elle aimait la douceur de Paloma, et son application à susciter le plaisir. Sa poitrine, bien que volumineuse était d’une sensibilité extrême. Caresser ses larges aréoles brunes suffisait à l’emmener dans les limbes du plaisir. Paloma le savait, elle connaissait bien son amie, et savait lui procurer le rêve dont elle avait constamment besoin. Elle savait aussi qu’elle allait déclencher une vague de plaisir lorsqu’elle arriverait à jouer avec le téton dressé, d’une sensibilité aiguisée. C’est à ce moment que le Stewart frappa à la porte, bien évidemment. Paloma se rendit à sa rencontre. Récupéra le petit chariot chargé de la collation, mais ne laissa pas entrer l’homme dans la grande pièce. Paloma abandonna le chariot dans l’entrée et revint vers Sarah. Celle-ci, était en train de retirer le chemisier, libérant ainsi les seins chargés de désirs. Paloma fit de même, vêtue légèrement à cause de la chaleur suffocante, elle fut nue en quelques secondes. Elle savait que de contempler son corps, délicieusement musclé par plus de trente années de danse, allait déclencher chez Sarah le plus violent des désirs. Ce fut le cas, et Sarah se déshabilla de même. Le canapé se révéla inconfortable pour ce dont elles avaient envie. Rejoindre la chambre et ce lit immense, les aurait contraintes à se séparer quelques secondes. Elles se laissèrent glisser sur le tapis de laine épaisse. Comme à chaque étreinte, ce fut Paloma qui emmena Sarah au paradis. Elle savait que Sarah se révèlerait par la suite une partenaire impétueuse aux amours exigeantes. Les deux femmes ne virent pas le temps passer. Il faisait nuit maintenant. Le navire avançait dans une mer d’huile, aucun mouvement n’était perceptible, aucun bruit d’autre que le bal qui battait son plein à quelques étages au dessous. On entendait très faiblement la musique, et Paloma tendait l’oreille pour reconnaître ses rythmes préférés. Leurs folies amoureuses les avaient affamées. Le repas proposé par le Stewart était appétissant et remarquablement présenté. Elles lui firent honneur, firent honneur au Bordeaux millésimé, puis retrouvèrent le canapé pour échanger quelques mots. Sarah revint sur un sujet qui la préoccupait toujours :
« Que nous arrive t il Paloma ? Nous avons soixante ans, et nous faisons l’amour comme des jeunes femmes. Je ne vois aucune trace des années sur ton visage, et ta peau brune est d’un velouté de jeune fille. Nous nous aimons comme des gamines, et le plaisir est très intense, peut être plus qu’avant.
-Oui Sarah je suis autant étonnée que toi. Je sais que tu as vécu des années sans amours, et cela peut expliquer ton interrogation. Remercie Carmela d’avoir réussi à réveiller ton corps avec talent, et avec amour. Bien qu’étant entourée de déesses d’une grande beauté, je suis sûre qu’elle doit être malheureuse de ton départ. Je la crois vraiment amoureuse de toi.
-Le penses-tu vraiment ?
-Oui, Carmela aime l’amour de ses filles, mais elle sait aussi aimer les femmes qu’elle admire, et je crois que tu as réalisé ce miracle.
-Je l‘aime aussi profondément. Quand j’étais jeune, je croyais que l’amour était une affaire de jeunesse, et que passé un certain âge, on ne ressentait plus aucun désir. Je pensais que les passions mourraient peu à peu, et je n’aurais jamais imaginé qu’à soixante ans je puisse encore grimper au septième ciel, avec peut être plus de connaissance de mon corps et de mon cœur. C’est la grande découverte que j’ai faite en rencontrant Carmela.
-Cela s’explique très bien, regarde toi dans le miroir, ta beauté est intacte, tu parais vingt ans de moins, tu as toujours les traits fins, aucune ride, le regard pétillant, et le sourire irrésistible. Ton corps est une merveille de douceur et de fermeté, le parfum de ta peau est sublime, et ta poitrine absolument unique. Je n’en ai jamais connu de pareille. Florane t’avait bien choisie !
-C’est moi qui l’ai séduite. Je la voyais passer le matin de bonne heure, tout courant, en bas de ma fenêtre, je la trouvais belle et élégante, et je sentais qu’elle ne dirait pas non. Mais elle, elle ne m’avait jamais vue avant.
-C’est vrai que Florane était belle, mais quand je vous ai rencontrées sur le voilier, c’est toi qui m’impressionnais le plus.
-Tiens donc ! Mais c’est Florane que tu as suivie.
-Oui, pour la secourir. Elle avait besoin de l'amour, que vous aviez mis à mal pour des bêtises. On ne peut jouer avec les sentiments. Tout cela pour un garçon qui n’en valait pas la peine, un corsaire de bas étage, un rustre.
-Peut être avait-il simplement suivi ses préférences ?
-Parlons-en de ses préférences. L’année suivante que vous vous êtes quittées, alors qu’il était toujours dans la marine marchande, il est revenu voir Florane. Mais pas de chance, j’étais là. Florane avait repris ses forces et ses esprits, elle avait un travail et des projets, dont le principal était de te rejoindre. Il a voulu lui faire croire à son amour. Il lui a déclaré qu’il t’avait quittée et qu’il aimerait qu’elle navigue à ses côtés.
-Je me souviens de ce voyage qui devait être le dernier. Nous avions fixé notre mariage à son retour !
-Tu as simplement failli ne plus le revoir. Florane l’a éconduit avec fermeté, pour ne pas dire avec violence. Sinon ils seraient partis à l’aventure !
-Croire que Florane se serait contentée d’une vie de matelot était déjà la preuve de sa bêtise. Je n’étais pas au courant de cette aventure.
-Je ne sais pas si j’ai eu raison de t’en parler.
-Bien sûr que tu as eu raison. D’abord parce que cela ne m’étonne pas de lui, c’est un coureur de jupon, mais il ne tient pas la distance, et ensuite cela prouve que j’ai eu raison de ne pas lui faire confiance. Garder les moutons, cela lui va très bien. Et puis cela prouve que nous sommes très proches. Je t’aime Paloma, si je devais te perdre, je mourrais. Ton visage de princesse Inca, fille du soleil est doré comme l’airain, et tu répands la lumière autour de toi. Je ne peux te regarder sans te désirer.
-Quand nous nous sommes rencontrées à Adélaïde, Sarah, j’ai tout de suite été séduite. J’avais oublié que tu étais si belle. Quand tu es repartie, je t’ai gardée dans mon cœur jusqu’à ce qu’on se retrouve.
-J’ai ressenti quand tu es arrivée à Bourbon que Carmela et toi étiez très liées. Et je ne te cache pas que la jalousie m’a torturée.
-Je l’ai compris tout de suite. Entre nous et Carmela, il n’a ya eu que des relations d’amitié, et quelques nuits agitées, mais rien de véritablement sentimental. C’est curieux quand même ce groupe femmes qui se trouvent et se retrouvent, liées par des amours illicites !
-Oui, mais c’est tellement agréable. Nous allons dormir ? Le lendemain, elles passèrent la journée à visiter le navire. Il était immense, et Sarah ne pouvait trouver le moindre point commun avec la petite goélette, « La Mary Céleste », là où tout avait commencé. Elles marchaient dans les coursives en se tenant la main. Elles ne remarquaient même pas les interrogations qu’elles provoquaient autour d’elles. Elles étaient dans un monde différent. Vêtues des toilettes conçues par Carmela, elles faisaient l’étonnement, sans pour autant susciter la critique. Cette jolie bourgeoise Américaine tenant la main de cette curieuse femme de couleur avait quelque chose de surnaturel. Leur élégance et leur relation non dissimulées étaient devenues « la curiosité » à bord du paquebot. Quand elles entrèrent dans la salle de restaurant, le brouhaha cessa comme par enchantement, et se transforma en murmure généralisé. Elles faisaient l’objet de tous les regards. Les messieurs admiratifs, et les femmes curieuses. Le maître d’hôtel se précipita et leur indiqua leur table. Sarah fit le tour de la pièce du regard, et se penchant à l’oreille de Paloma lui dit :
« Tu crois qu’ils vont nous jeter à la mer ? »  Et Paloma partit d’un éclat de rire sonore et communicatif, puis, sans avoir entendu la plaisanterie de Sarah, les conversations reprirent comme avant leur arrivée. A la fin du repas, un groom vint leur apporter un message cacheté. Sarah s’en empara et l’ouvrit. Elle le lut, et avec le sourire le tendit à Paloma.
« C’est une invitation du Comandant pour le dîner de ce soir, au salon particulier. Pas de doute Sarah, il va te faire la cour, Moi je ne crains rien, mon physique fait peur aux hommes. Ils n’osent pas se montrer avec une indienne !
-Une Andine tu veux dire ?
-Oui, mais eux ne font pas la différence. Tout ce qui est un peu coloré leur rappelle l’heureux temps de l’esclavage !
-Et bien ils ont tort. Il n’y a pas sur ce bateau de femme plus désirable que toi !


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-Vamos ! Nous verrons cela ce soir !" Le soir venu, elles s’étaient préparées avec beaucoup de soin. Pour faire jaser, Sarah Avait revêtu ce magnifique costume « d’homme » imaginé par Carmela. La poitrine dans cette veste masculine avait quelque chose de profondément séduisant. Le décolleté attirait l’attention de tous les regards. Quant à Paloma, elle avait choisi une robe de dentelle blanche. Ainsi, tout était différent de ce que cela aurait du être. Paloma en homme n’eût étonné personne, et Sarah en lady aurait été la logique. Toujours est-il qu’elles ne passaient pas inaperçues. C’est la main dans la main qu’elles se présentèrent au salon. Un homme en habit les reçut, et lut à haute voix leurs noms qui étaient inscrits sur un petit bristol. Le Commandant vint à leur rencontre, souriant, et leur fit le baisemain. Sarah se retint pour ne pas éclater de rire quand elle croisa le regard de Paloma. Les manières avaient bien changé dans la marine marchande ! C’était un homme jeune, la quarantaine, peut être moins, très élégant dans son uniforme de parade, blanc éblouissant, bardé de dorures et de décorations. Il était assez bel homme avec le visage hâlé, les tempes grisonnantes et la moustache très habilement taillée. Il les fit asseoir après leur avoir présenté quelques officiers, et d’autres passagers distingués. Le repas fut excellent, et les conversations agréables. Le commandant parlait le français, mais il fallait être américain, pour déceler un léger accent dans son expression. Sarah était Américaine, et Paloma était Argentine. Ce qu’elles faisaient ensemble ? Une croisière autour du monde !!! Il sembla à Sarah que le comandant n’était pas dupe, quand il fit tous les efforts possibles pour éviter les questions et sujets de conversation qui aurait pu être délicats. Le repas terminé, il invita les deux femmes à demeurer avec lui dans le salon. Il déboucha à leur intention une nouvelle bouteille de champagne. Le fait de faire lui-même le service laissa penser à Sarah que la conversation prendrait un tour plus personnel. Ce fut le cas. Après les avoir félicitées de leur très grande élégance, il commença son discours.
« C’est le deuxième jour de voyage, et l’on m’a déjà beaucoup parlé de vous. » Sarah et Paloma se regardèrent, intriguées.
« N’ayez crainte, beaucoup de relations positives sur votre beauté et votre élégance, mais hélas quelque critiques sur votre relation.
-Mais, Commandant…..
- Laissez-moi terminer s’il vous plait. Quelques passagers se sont plaints de la façon sans équivoque avec laquelle vous affichez votre homosexualité.
-Commandant, l’homosexualité ne craint plus de s’afficher et fait les beaux jours des salons parisiens, parmi les notables, les artistes et les intellectuels, Que je sache, ce navire est français et travaille pour une société française ?
-Oui, bien évidemment, mais vous ne m’avez pas laissé finir, Je voulais simplement vous prévenir des ragots colportés ça et là, par des gens mal intentionnés.
-Ce n’est pas un problème Commandant, si les gens mal intentionnés font la loi sur ce navire, vous nous débarquez à la prochaine escale.
-Non, c’est moi qui fait la loi sur ce navire, et l’homosexualité affichée honnêtement de me dérange pas du tout, et pour cause !
-Et pour cause de quoi ? Vous êtes homo vous aussi ? -Oui, je le suis, et je m’efforce de ne pas le faire voir.
-Mais enfin, à quoi cela sert-il d’aimer quelqu’un et de ne pouvoir vivre cet amour au grand jour? Et puis de toute façon, je suis l’actionnaire principale de la Compagnie des Messageries Maritimes. Ce paquebot m’appartient sûrement en grande partie, alors vous débarquerez plutôt les gens qui sont choqués parce que l’on se tient la main !
-Ce paquebot vous appartient ???
-En partie, je vous le dis, je suis actionnaire de la société qui vous emploie.
-Je vous fais toutes mes excuses Madame, et je vous garantis la tranquillité sur votre navire.
-Encore heureux, mais dites-moi : Votre Ami est sur le bateau ?
-Oui, mais il ne sort pas en journée par mesure de discrétion…
-He bien vous lui apprendrez la bonne nouvelle, il pourra sortir quand il lui plaira. D’ailleurs, pour marquer définitivement notre territoire, vous seriez très aimable d’accepter de vous joindre à nous, vous et votre ami, pour le souper de demain soir dans le grand salon ! » Le commandant devint rouge comme une tomate, ce qui fit sourire Paloma.
« Je trouve l’idée excellente Sarah, mais je pense que tu prends effectivement des risques à t’afficher avec une indienne pure race !
-Le risque a fait partie intégrante de ma vie. Aucun des risques que j’ai pris dans ma vie ne fut plus doux que celui là. Voyez-vous Commandant, nous sommes des femmes fortunées. Nous avons aussi nos familles, nos maris, nos enfants, et nous ne craignons pas d’afficher notre amour parmi eux, et aussi aux yeux du monde. Pourquoi un officier de la marine Française s’en inquièterait-il ?
-Vous avez raison Madame, il faudra que j’apprenne à vivre de cette façon.
-Merci Commandant, et à demain. Et les deux femmes sortirent sur la passerelle, bras dessus, bras dessous, ignorant totalement les couples qu’elles croisaient et qui se retournaient sur leur passage. Dans un lieu fermé comme un navire de croisière, les passagers n’ont véritablement d’autres occupations que de papoter, et bien sûr, les conversations étaient toujours focalisées sur les mêmes personnes. Dans le cas présent, les nouvelles firent leur chemin à la vitesse du vent. Quand Sarah et Paloma montèrent sur le pont pour faire leur balade matinale, tout avait changé. La foule était dense sur le pont promenade. Il faut dire que le temps était superbe, la mer lisse comme un miroir, et une brume côtière était visible sur la gauche du bâtiment. Elles ne risquaient plus la bousculade, le chemin se libérait devant elles, et les messieurs les saluaient à leur passage en se décoiffant, et les dames en inclinant légèrement la tête. Plus trace de regards dédaigneux, voire totalement réprobateurs. Le Commandant savait s’y prendre. Sarah avait toujours su convaincre « les marins » Elles s’appuyèrent contre le bastingage, sur l’avant du navire, regardant avec délice le ballet des dauphins qui les accompagnaient joyeusement. Elles s’étaient rapprochées, l’une contre l’autre, se tenant par la taille, et ne se souciaient absolument pas du spectacle qu’elles offraient aux passagers. Sarah était vêtue d’une jupe longue de dentelle blanche, et d’un léger corsage blanc également, légèrement transparent. Rien ne dissimulait réellement ses formes généreuses, et c’était Paloma cette fois-ci qui arborait un pantalon blanc évasé dans le bas comme les marins du temps passé, avec un haut laissant les épaules nues. Le chapeau à large bord qui la coiffait, laissait dans l’ombre son visage cuivré, ce qui lui donnait cette allure absolument troublante, qui excitait la curiosité des autres passagers. Qui pouvait bien être cette femme à la peau brune, au visage typé, vêtue avec autant d’élégance, et se déplaçant avec cette démarche incomparable? Et d’où venait cette femme qui parlait correctement le français avec un fort accent sud américain ? Sa voix rauque lui donnait en plus cette image d’une origine inconnue. Le mystère restera entier pour la majorité des passagers, les deux femmes n’affichaient pas le désir de communiquer avec quiconque. Le soir venu, elles se présentèrent à l’entrée du restaurant réservé aux passagers de marque. Sarah aperçut tout de suite le Commandant en grand uniforme blanc. Il était en grande discussion avec un autre homme qui lui faisait face. Elles avancèrent, toujours main dans la main, vers le Commandant qui soudainement les vit venir. L’ami du commandant se retourna, Sarah le regarda avec stupeur, et serra très fort la main de Paloma. Elle essaya de ne rien laisser paraître de son étonnement. Mais le Commandant sembla comprendre que Sarah avait reconnu l’homme qu’il avait l’intention de leur présenter.
« Mais… Vous vous connaissez ?
-Non, je ne crois pas, je dois faire une erreur, ce Monsieur ressemble à s’y méprendre à une personne que j’ai rencontrée il y a quelques temps. Mais je dois me tromper, n’est ce pas Paloma ?
-Sans doute Sarah, Ces messieurs de la haute société, se ressemblent tous un peu, la mode fait les hommes comme elle fait les femmes, et comme nous regardons rarement les hommes, on peut très facilement confondre ». Et tout cela devant un parterre de convives chez qui toutes conversations avaient cessé, et qui ne perdaient rien de la scène qui se jouait au centre de la pièce. Le commandant invita les dames à s’asseoir, et ensuite l’ami, puis il s’installa en dernier. Avant de s’asseoir, Sarah déposa un baiser léger sur les lèvres de Paloma. Tout ce que faisait Sarah, elle le faisait avec élégance, et se baiser provoqua un murmure dans l’assistance qui n’avait rien d’une réprobation. Paloma avait deviné qui était  le « petit ami », et regardait Sarah qui, le sourire aux lèvres, semblait décidée à mener la discussion. Paloma savait que Sarah jubilait intérieurement, et qu’elle allait s’en donner à cœur joie. Celui-ci baissait la tête, et ne semblait pas du tout à son aise. Le Commandant dut se rendre compte qu’il devait intervenir pour détendre l’atmosphère.
« Je vous présente M. John Gateway, citoyen américain, ingénieur dans les chemins de fer. Nous nous sommes connus il y a trois mois maintenant, sur ce bateau, pour sa traversée inaugurale.
-Enchantée Monsieur, et félicitation, votre carrière doit être enrichissante ! Je vous présente Paloma Maya Vargas, créatrice de spectacles de renommée mondiale. Et moi, je suis Sarah d’Aveiro, du groupe financier Victoria, dont le siège est à Adélaïde, Australie, que vous connaissez, je suppose. Je suis très heureuse de vous rencontrer Monsieur, il nous semblait anormal, à Paloma et à moi-même, qu’un homme jeune comme vous l’êtes, ne puisse goûter à la liberté de respirer l’air du large. Personnellement je pense qu’il est toujours inutile de se cacher, la vie vous rattrape toujours, et se charge d’établir la vérité. » L’homme semblait de plus en plus mal à l’aise. Le Commandant répliqua : "Madame a raison Johnny, il n’est pas utile de te cacher. Tu peux très bien vivre au grand jour sans pour cela nous exposer inutilement.
-Vous faites bien, Commandant, d’abonder dans mon sens. Après tout, un paquebot ça n’est pas une prison !
-Mais ça peut le devenir si on ne sait pas nager pouffa Paloma. Commandant, je me suis laissé dire qu’il y avait eu de gros progrès dans les transmissions, et que maintenant un bateau comme celui-ci était constamment en relation avec les « Affaires Portuaires » voire militaires, judiciaires etc. ?? -Vous êtes parfaitement informée Madame, on peut à chaque instant entrer en contact avec la terre, pour demander de l’aide par exemple, ou signaler un problème grave qui nécessite un secours.
-Merci Commandant, mais de grâce, appelez moi Paloma, les « Madame » ne sont pas pour une femme comme moi !
-Je vous appellerai Paloma et vous m’appellerez Charles, et ce sera beaucoup plus convivial.
-Merci Commandant…. Pardon, Charles, de plus, ce repas est délicieux.
Dommage que votre ami ne soit pas plus loquace.
-C'est vrai Paloma, Monsieur Gateway pourrait nous raconter ce qu’il a fait
l’année passée, Je suis sûre que ce serait passionnant !
-Très bonne idée Sarah, Mais Johnny est timide, j’espère que nos manières ne
vous choquent pas au point de vous couper la parole…
-Je n’ai rien fait de spécial, J’ai travaillé sur la ligne de chemin de fer de
Adélaïde à Sydney, mais à part cela, rien de très exceptionnel.
-En Australie ? Mais c’est très intéressant, nous aurions pu nous rencontrer. Si vous aviez besoin d’argent par exemple, ou si vous vouliez vous marier ? J’ai une très jolie fille qui ne demande que ça ! Le Commandant faillit s’étouffer de rire.
« Johnny n’est pas vraiment un homme à femmes, il préfère….nous préférons les relations entre hommes !
-Mais personne ne vous en tiendra rigueur. Il y a des lesbiennes mariées, et des homos qui font la cour aux demoiselles. Il y a de tout dans ce monde, et nous ne devons jeter la pierre à personne. N’est ce pas Paloma ?
-Je ne suis pas d’accord. Sur le plan sentimental pas de problème, mais il y a quelques voyous qui méritent que l’on s’occupe se leur sort !
-Vous avez raison Paloma, Les crapules ne devraient pas inspirer la pitié. » Sarah semblait s’amuser de plus en plus, Paloma avait repris son visage impénétrable, et Johnny regardait son assiette, il n’avait pas touché à son repas.
« Il me plairait Commandant que l’on poursuive notre conversation dans un lieu plus discret. C’est vrai, tous ces gens peuvent nous entendre, et si nous devions parler de sujets plus personnels, cela deviendrait gênant.
-Comme il vous plaira Sarah, allons dans mon bureau. Viens Johnny, tu n’es pas de trop.
-En effet, sa présence nous sera très utile. » Une fois arrivés dans le bureau du commandant, Sarah se planta devant la porte qu’elle venait de refermer.
« Commandant, pouvez vous demander de placer un vigile devant la porte, je voudrais ne pas être dérangée.
-Mais certainement, Sarah, vous avez raison les murs ont parfois des oreilles. » Cela fut fait, et Sarah s’adressa au commandant.
« Je voudrais aller droit au but Commandant. Voici un message de ma fille bien aimée qui m’a été remis par Paloma venant d’Adélaïde. » Johnny avait blêmi.
« Mais qu’est ce que cela veut dire Sarah ? Je ne comprends pas.
-Je vais vous raconter ce que Johnny n’a pas voulu nous relater tout à l’heure. C'est-à-dire, son emploi du temps durant l’année écoulée. Quelques détails demeureront pour vous un peu obscurs, mais ils sont classés « secret défense » par l’armée des états unis, ce qui signifie, que Monsieur Johnny Gateway, alias Lucien Simpson ou encore Lucien Benjamin d’Auteuil, n’est pas autorisé non plus à en parler. Mais rassurez vous, même sans cela, vous allez tout comprendre» Et Sarah expliqua très précisément et en toute vérité qui était réellement Johnny. Le récit terminé, le Commandant interrogea :
« Êtes-vous sûre qu’il s’agit du même homme ? Johnny dis moi que ce n’est pas vrai !
-Malheureusement pour vous c’est la vérité, et ne faites pas semblant de ne pas comprendre. Il vous faudra trouver un autre petit ami.» La suite fut prononcée par Paloma.
«Je crois Charles que vous devez mettre ce monsieur aux arrêts de rigueur, en attendant de pouvoir le remettre aux autorités Américaines.
-Mais nous sommes sur un navire Français !!! -Pas tout à fait Charles. Vous avez encore une longue carrière devant vous, il vaut mieux faire ce que l’on vous demande. Si vous me comprenez bien.
-Le Commandant a compris Paloma, il va faire tout de suite ce qu’on lui demande. Nous attendons……. » Et le Commandant s’exécuta. Il était effondré.
«Excusez nous d’avoir gâché et votre soirée, et votre vie sentimentale, commandant, mais nous ne pouvions pas prévoir. Je reconnais que de se réfugier dans la cabine d’un Commandant de la marine homosexuel, était très astucieux pour échapper à toutes les polices. J’espère pour vous Commandant que vous n’êtes pour rien dans ce détournement de plusieurs millions de dollar ?.
-Grands dieux !! Non, je crois que j’ai été trop naïf. J’ai simplement été attiré par la beauté de ce garçon. -Il faudra être plus convaincant devant le tribunal des armées !
-Parce que vous croyez que ………….?
-Evidemment. Bonsoir Commandant ! » Et les deux femmes sortirent de la cabine. L’air du large leur fit du bien. Il faisait complètement nuit, et la brume empêchait d’admirer le ciel étoilé ! Paloma vint se blottir contre Sarah :
«Tu ne penses pas que nous sommes allées un peu loin ?
-Qu’il ait volé une petite fortune aux Américains, je m’en fiche totalement, je l’ai fait avant lui. Ce que je ne lui pardonne pas, c’est de m’avoir trompée à ce point. Avoir réussi à convaincre Florane de sa bonne foi, avoir réussi à me convaincre de la même façon, avoir séduit ma fille pour la plaquer comme une vieille chaussette, ça fait beaucoup. Beaucoup trop. Puis ne rien à voir à dire, de ne pas essayer d’être bon perdant, cela me déçoit. Qu’il soit homo, cela m’indiffère, à vrai dire, c’est peut être ça qui lui donnait la sensibilité qui me plaisait. J’espère que le Commandant saura éviter d’aller se faire sucer dans sa prison !
-Je crois qu’il ira, à sa place je le ferais.
-A vrai dire, je me fiche du sort de Lucien. S’il rend l’argent et s’il fait des excuses à ma fille, on le laissera aller sodomiser quelqu’un d’autre.
-Qu’il rende l’argent aux Américains ?
-Non, mais peut être que l’on pourrait le confier à Carmela pour venir en aide aux malheureux de son Ile. Par exemple.
-Les Américains ne voudront jamais !
-Je me chargerai de les convaincre. Ils sont toujours d’accord si cela sert leur renommée. En l’occurrence, quelques millions de dollars pour les pauvres, de toute façon, ils étaient déjà passés dans les pertes et profits et les comptes déjà provisionnés.
-Tu as sûrement raison !
-Cet argent se trouve vraisemblablement sur un compte, à ton avis quel pourrait être le propriétaire de ce compte ?
-Charles ?
-Gagné. Nous nous occuperons de lui aussi……Allez, il se fait tard, nous avons passé une excellente soirée, maintenant, place à l’Amour. L’évènement de la soirée dut se répandre comme une traînée de poudre. Et pourtant, ce n’était sûrement pas le Commandant qui avait répandu la nouvelle. Mais ce matin là, les conversations cessaient sur le passage des deux femmes. Alors qu’elles s’abandonnaient au soleil alanguies sur les chaises longues du pont promenade, une jeune fille se présenta devant elles. Dès le premier regard, on se rendait compte de son éclatante beauté. Elle était vêtue très chic, et l’ombrelle à la main lui donnait cette allure désinvolte des jeunes femmes aisées. Sarah se souvenait l’avoir remarquée dans le grand salon, et même, elle avait échangé avec elle un regard 5700084qui n’était de sa part, certainement pas innocent.Sarah n’en avait tiré aucune conclusion, que ferait une très jeune femme d’une amante de soixante ans ?
«Je vous demande pardon mesdames, accepteriez vous que je me joigne à vous ?
-Cela dépend pourquoi, si c’est pour discuter de choses intéressantes, pourquoi pas ? Si c’est pour une requête, nous vous écoutons, si c’est pour avoir quelque chose à raconter, nous préférons notre isolement.
-C’est parce que je m’ennuie, et j’envie votre chic et vos manières…
-N’avez-vous pas une amie, un fiancé ?
-Ni l’un ni l’autre, pas d’amie, et au début du voyage un homme m’a fait la cour, mais il a disparu !
-Disparu ? Il n’a quand même pas sauté par-dessus bord ?
-On pourrait le croire, je l’ai cherché partout. En tout bien tout honneur évidemment…
-Evidemment ! Avez-vous demandé au Commandant ?
-Je n’ai pas osé. C’est un homme d’une telle prestance !
-Non, c’est un homme, c’est tout !
-Mais, je vous ai vue en sa compagnie, vous aurait-il déplu ?
-Vous comprendrez chère demoiselle, que nous sommes deux amies, et nous ne recherchons pas d’aventures, voire même de compagnie.
-Ha, Je vous dérange…
-Je parlais de la compagnie des hommes, celle des jeunes filles aussi jolies que vous c’est différent.
-Vous me flattez chère Madame, et j’avoue ne pas détester l’amitié féminine…
-Alors, que voulez vous savoir ? Que pouvons-nous faire pour vous ?
-Me sourire, me parler, et me consacrer quelques minutes de temps en temps ….
-Je ne vois là rien d’impossible. Je m’appelle Sarah, et mon amie Paloma. Je suis Américaine, Elle est Argentine. Mais en vérité, nous sommes de tous les pays du monde.
-Vous êtes extraordinaires, et le sujet de discussion de toutes les femmes du bord !
-He bien elles ont du temps à perdre. Il n’y a rien à dire à notre sujet. Nous essayons, croyez le, d’être discrètes, mais sans vouloir nous cacher. Nous n’avons aucune honte à vivre notre relation.
-Je m’appelle Nicolette. Nicolette Duval. Mes amis m’appellent « Nico ». Je suis la fille d’un bijoutier parisien.
-C’est parfait, mais voyez vous, nous ne portons pas de bijoux.
-Excepté cette jolie chaîne de perles que vous portez à la cheville, je n’avais jamais vu une femme portant ce genre de bijou. Ça me plait énormément.
-J’en suis flattée. Je viens d’un lieu où les femmes portent ce bijou avec joie et bonheur.
-Je n’en doute pas. Cela a donc une signification? c'est un message? Un signe de reconnaissance? Et vous Paloma vous ne le portez pas ?
-Non. Ce bijou s’offre en cadeau. Et le porter est une preuve de fidélité. Je suis très heureuse que Sarah l’ai reçu.
-Je ne comprends pas tout, mais il serait malséant d’insister je pense ?
-Ce n’est pas important pour vous. Êtes-vous accompagnée sur ce navire ?
-Je voyage avec ma mère, mais elle est très fatiguée, et ne sort pratiquement pas de sa cabine.
-Cela est bien dommage, ce voyage est très agréable.
-Il le deviendra sans doute, si vous ne me repoussez pas !
-Vous n’êtes pas repoussante » éclat de rire de Paloma.
«Savez vous que nous avons trois fois votre âge ?
-Cela ne me dérange pas, J’ai vingt quatre ans, pourquoi cette question ?
-Une simple mise au point. Voulez vous déjeuner avec nous Nicolette ?
-Avec grand plaisir Paloma, ce sera une joie pour moi. » Sarah dévisagea Paloma, qui lui souriait d’un air entendu. Sarah s’approcha d’elle et la pinça très fort. Et à voix basse :
«Tu ne vas quand même pas violer cette petite ?
-Pas toute seule, tu sais bien que j’aime partager !! » Installées au restaurant, Nicolette paraissait très heureuse. Les autres convives arboraient les stigmates de la réprobation. Sarah pressa le poignet de Nicolette :
« Vous savez quoi ? Tous ces gens pensent que nous sommes en train de vous séduire pour vous entraîner vers je ne sais quelle débauche.

tn SalleaManger -J’espère qu’ils ont raison Sarah. Vous avez tellement de choses à m’apprendre… » Sarah et Paloma se regardèrent. Paloma souriait, Sarah était furieuse.
«Si j’ai dit une bêtise, vous oubliez. Mais j’avoue être sous le charme. » C’est Paloma qui vint au secours de la rencontre, en posant quelques questions sur le voyage de Nicolette. Elles apprirent ainsi que Nicolette avait accompagné sa mère pour quelques négociations dans l’île de la Réunion. Elle raconta son voyage, et notamment cette cérémonie Vaudou à laquelle un homme l’avait invitée.
«On m’en a parlé. Ce spectacle vous a divertie ?
-Etonnée surtout. J’ai trouvé cela terriblement excitant. Cette fille noire magnifique sacrifiée à ce mâle en rut !
-Ce n’était peut être que du spectacle ?
-Non, non, je vous assure, on a vu très nettement tous les détails de la scène !
-Et vous auriez aimé rencontrer cette fille sacrifiée ?
-Assurément, elle était tellement belle !
-He bien voilà qui simplifie les choses ! » Paloma ne perdait pas une occasion de provoquer la réticence de Sarah. Et Nicolette reprit.
« Savez-vous ce que racontent les gens ?
-Pas le moins du monde, mais on se doute un peu….
-Ils vous qualifient de « Lesbiennes ». Je ne sais pas trop à quoi cela correspond exactement, mais si c’est ce que je crois, je le suis aussi. Ils racontent aussi que vous aimez les jeunes filles, et que vous détestez tous les hommes, à commencer par le Commandant !
-C’est un peu exagéré, mais j’avoue qu’il y a du vrai ! Et vous Nico, vous ne craignez pas de nous fréquenter ?
-Pas du tout, la seule crainte que j’ai, c’est de vous déplaire. » C’est sur cette affirmation que le déjeuner se termina. Les deux femmes prirent congé et regagnèrent leur cabine. Paloma s’exprima en premier :
« Elle n’a pas froid aux yeux cette gamine. Cela parait presque excessif. J’espère qu’il n’y a pas de piège. -Que veux-tu dire ?
-Il serait regrettable que l’on cède à ses avances, et qu’en réalité elle soit encore mineure. C’est peut être une ruse du Commandant, ou une manigance de Lucien ! L’homme qui a disparu ne peut être que lui !
-Tu as raison, soyons prudentes. Mais c’est dommage, elle est fort jolie ! Elle me rappelle un peu Florane, aussi blonde, aussi jolie, et aussi pétillante.
-Oui, c’est un peu le même genre de fille. » Elles n’eurent aucun mal à obtenir le numéro de chambre de la mère de Nico.
« Bonjour madame Duval, nous espérons ne pas vous déranger, mais votre fille nous a appris que vous n’étiez pas en meilleure forme, alors nous sommes venues prendre de vos nouvelles, et nous enquérir de ce que nous pouvons faire pour vous.
-Vous êtes trop aimables. Vous avez fait la connaissance de Nicolette ? C’est une charmante petite. Elle ne sait pas quoi faire pour me rendre la vie plus facile !
-Oui, elle nous a paru très agréable. Et elle semble vous aimer énormément.
-Je le pense aussi, mon seul regret est qu’elle ne soit pas encore au moins fiancée, j’aurais aimé voir cela avant de mourir.
-Grands dieux, vous n’en êtes pas encore là, et votre fille est encore bien jeune !
-Nous venons tout juste de fêter ses dix neufs ans. C’est l’âge où l’on doit penser sérieusement à toutes ces choses.
-Elle a encore grandement le temps ! Le Commandant est il de vos amis ? Il nous a parlé aussi de vous, il dit que vous devriez faire l’effort de sortir respirer l’air du large.
-Le Commandant ? Oui, il est venu me voir, et il discute souvent avec Nicolette.
-Mais son conseil est judicieux, Appelez nous, si vous avez besoin de quelques choses.» Le soir venu, dans le salon, Nico s’approcha des deux femmes.
«Je peux ?
-Vous pouvez ! Asseyez-vous donc, nous avons à parler.
-Avec plaisir, je vous écoute.
-Pourquoi avez-vous menti sur votre âge ? » Nicolette baissa la tête, et devint rouge comme une tomate. « Ne vous troublez pas ainsi, répondez simplement.
-Parce que j’avais envie de rester avec vous, et que si je paraissais trop jeune, vous ne m’auriez pas acceptée.
-Acceptée pour quoi ? Qu’attendez-vous de nous ?
-Je ne peux pas vous répondre comme ça, vous me gênez.
-Alors comment faut-il vous le demander ?
-Vous jouez avec moi, Vous me mettez mal à l’aise.
-Nous sommes désolées, nous reparlerons de ça une autre fois.
-Non ! Je serai malheureuse si vous ne voulez pas me comprendre.
-Nico, quelle est votre relation avec le Commandant ? » Une nouvelle fois, Nicolette devint toute rouge.
«Je n’ai aucune relation avec le commandant.
-Vous continuez à mentir, alors restons en là, et laissez nous.
-Allons dans votre cabine et je vous dirai tout….
-Votre histoire ne nous intéresse plus. Veuillez garder vos secrets et vos distances dès à présent. Bon voyage Melle Duval. Veuillez présenter nos amitiés à votre mère. Sarah prit le bras de Paloma et l’entraîna vers les cabines.
«Tu avais raison. Cette fille est une taupe.
-Je serais quand même curieuse de savoir le fond de l’histoire !
-On finira par le savoir.
-Quand même, elle était bien jolie ! Et visiblement disponible !
-Tu es incorrigible Paloma ! -Excuse moi, mais j’ai conscience que les occasions comme celle-ci ne se renouvelleront pas. Caresser les seins d’une fille de dix neuf ans est un luxe que j’apprécie énormément. -Et moi qui croyais que tu m’aimais.
-Mais je t’aime Sarah, Je ne te mens pas. Mais je n’ai jamais su résister aux jolies filles tu le sais bien.
-C’est pour cela que tu ne t’es jamais mariée ?
-Oui et non, j’étais fiancée à un homme important de Buenos Aires. Les dates du mariage étaient publiées, et puis il nous a surprises, au lit avec Florane.
-J’imagine la scène.
-Ce qui l’a vexé le plus, c’est que, voyant sa surprise, nous avons éclaté de rire.
-Je suis bien la plus raisonnable de toutes.
-Pourtant, tu as pris du bon temps chez Carmela !
-Oui, j’avais de longues années à rattraper. Et tellement de choses à découvrir. » On frappa à la porte.
« Je vais voir » dit Paloma. « Nico ? Nous pensions avoir été très claires !
-Je sais, mais je ne peux rester sur ce malentendu. Alors écoutez-moi : Le Commandant m’a fait des propositions malhonnêtes. Il m’a dit que si je ne lui cédais pas, il dirait à tout le monde que je suis une lesbienne et que je couche avec vous.
-Et ensuite ?» Nicolette baissa la tête.
« La vérité c’est que j’ai vraiment envie d’être avec vous. Les hommes ne m’attirent pas.
-Nicolette, il est temps pour vous de remettre les pieds sur terre. Vous ne coucherez pas avec nous, et vous devriez céder au Commandant. Ça vous occuperait l’esprit… Et le reste. Bonne nuit.» Paloma sortit dans le couloir, héla le Stewart, et lui ordonna à voix haute, devant plusieurs couples qui passaient:
« Cette demoiselle s’est égarée. Veuillez s’il vous plait la reconduire dans ses appartements. » Nicolette était furieuse, et Sarah s’était approchée.
«On dirait que tu deviens raisonnable mon amie !
-C’est un sacrifice pour te montrer combien je t’aime. »

-Je n’en demandais pas tant. Viens, nous avons une bouteille de whisky toute neuve ! Nous allons nous changer les idées ! Ensuite, j’essaierai de te faire oublier les jeunes filles.»

Sarah

Le paquebot continuait sa route bénéficiant toujours de conditions idéales. L’océan indien avait eu pour lui tous les égards possibles. Pas de vent, pas de tempête, pas de houle, que du bleu, du soleil et des dauphins. Le matin, la fraîcheur parfumée était le meilleur remède à tous les maux. Sarah et Paloma coulaient des jours d’un bonheur intense rythmés par la musique de la vague d’étrave. Les petites misères provoquées par les ragots s’estompaient. Quelques passagers se sont même autorisés à leur adresser la parole, et les compliments sur leurs toilettes étaient fréquents. Si Carmela avait été là, elle en eût été flattée. Elles se rendaient compte que le Commandant cherchait à les éviter. Il faut dire qu’avec quelques dollars par ci par là, elles savaient qu’il allait régulièrement retrouver son ami dans la prison du bord. Quant à Nicolette elle se faisait discrète, gardait ses distances, mais ses prunelles océanes étaient toujours aussi suppliantes. Le Navire venait de pénétrer dans le canal de Suez. Il avait pour cela pris place dans un convoi dirigé par un navire pilote. Les convois traversaient alternativement. Vers le Nord ou vers le Sud. Il était très curieux, après avoir navigué en pleine mer plusieurs jours, de voir la côte de chaque côté. Le désert était au bord du canal, seuls quelques baraquements abritant des militaires étaient visibles. C’était l’Armée anglaise, qui assurait la sécurité du canal. La traversée durait deux jours. Généralement le convoi s’arrêtait à Ismaïlia pour éviter la traversée de nuit. Sarah se rendit dans la cabine du Comandant, et demanda à voir le prisonnier. Il accepta et la conduisit. Paloma était restée à distance.
« Bonjour Monsieur. Excusez-moi de vous déranger dans vos méditations. Jai besoin de savoir plusieurs choses. Un- où est l’argent, deux- quels sont vos complices, trois êtes vous prêt à présenter vos excuses à ma fille. En dernier lieu vous devez savoir qu’une plainte sera déposée par l’Armée des Etats-Unis, par Florane d’Auteuil et moi-même pour abus de confiance et détournement de fonds. Je vous écoute.
-Je n’ai rien à vous dire.
-Très bien, je fais intervenir le poste militaire le plus proche. Je pense que le Commandant est votre complice. Et j’imagine que la prison dans ce désert n’est pas aussi confortable que celle-ci.
-Je ne suis pour rien dans toute cette histoire!» s’écria le Commandant !
«C’est parfait, vous n’avez donc rien à craindre, veuillez s’il vous plait alerter par radio le commandement Anglais d’Ismaïlia ?
-Mais à quel titre, et pourquoi le ferais-Je ?
-Parce que je vous le demande poliment, et que dans mon passeport Américain vous trouverez un Document émanant du commandement de l’armée des états unis, m’autorisant à requérir en son nom toutes les forces de polices voire les forces armées, pour la défense des intérêts Américains. Voici le document, vous pourrez le contester si bon vous semble. En résumé, vous envoyez un message au commandant Anglais, qui vous laissera aux commandes du paquebot jusqu’à son arrivée à Marseille. Là bas, j’ai bien peur que vous soyez obligé de trouver des arguments plus persuasifs pour votre défense. J’ajoute qu’il est inutile de menacer la jeune Nicolette Duval, pour obtenir ses faveurs. Cela pourrait également vous être reproché, vu que la demoiselle n’a que dix neuf ans. » A ces mots, le Commandant baissa la tête, et Lucien le regarda d’un air furieux. Nico aura au moins réussi à semer la zizanie dans le couple. Sarah regagna la passerelle, et s’en alla retrouver Paloma qu’elle trouva en grande conversation avec Nicolette. Elle s’excusa auprès de Nicolette de lui ravir Paloma pour un instant.
«Je me suis régalée » Ce sont vraiment des minables. Écoute-moi Paloma. Je vais rester sur le pont pour surveiller l’exécution des ordres que j’ai donnés. Cette histoire ne te concerne pas. Alors tu vas me faire plaisir. Pendant que je serai sur le pont, tu entraîneras Nicolette dans notre cabine, et si le cœur t’en dit, tu prendras une provision de jeunesse pour le reste du voyage. Je ne te dérangerai pas, j’espère que tu seras très heureuse et que Nicolette sera assouvie. Tu l’empêches de crier. Pour les autres tu es souffrante, personne ne se doutera de ma …….. complaisance.
-Mais….
-Disparais avant que je ne change d’avis. C’est par amour Paloma..
-Je t’obéis alors, je ne peux faire autrement ! Et Paloma retourna vers Nicolette, et lui murmura : Veux tu me tenir compagnie ? Sarah est occupée pour un moment.
-Avec joie Paloma. J’ai tout mon temps !» Voilà au moins une demoiselle qui comprend vite !! Sarah ressentit par quelques vibrations que le navire changeait d’allure. Elle s’aperçut qu’un canot quittait le ponton du poste militaire. On voyait à son bord plusieurs hommes en armes. Ils accostèrent le paquebot. Un escalier fut déployé sur le côté, des militaires grimpèrent les marches, se disposèrent de chaque côté du passage et laissèrent passer deux officiers. Ceux-ci demandèrent à voir le Commandant en particulier, en présence de Mme D’Aveiro. L’entretien dura une petite heure, et l’on vit les militaires emmener un homme les poignets liés. Le Commandant baissait la tête d’un air piteux, et Sarah discutait encore avec l’officier Anglais. Une foule de passagers assistaient à la scène, il manquait seulement Nicolette et Paloma. Le canot repartit avec Lucien, et trois militaires Anglais restèrent sur le Paquebot. Tout s’était déroulé sans problème et plus vite que le craignait Sarah. Elle s’installa sur le pont dans un transat, et demanda une couverture au Stewart. Elle l’informa que Paloma était souffrante, et qu’il ne fallait pas la déranger, même si l’on entendait quelques cris ou soupirs. Elle avait le sommeil agité dans ces moments de fièvre. Vers les deux heures du matin, Paloma réveilla Sarah endormie sur son transat. «Sarah chérie réveille toi, viens te coucher.
-Nico est partie ?
-Non, elle s'est endormie. Elle partira quand il fera jour, pour ne pas risquer les rencontres.
-D’accord. Mais tu dors avec moi ou avec elle ?
-Ben…. C'est-à-dire…
-Elle est dans notre lit ?
-Oui !
-Et alors, elle est comment ?
-Elle est très câline et divinement agréable. Elle respire l’amour de partout !
-He bien remercie-moi de ne pas t’envoyer sur le transat à ton tour ! » Sarah s’allongea à côté de Nico, et Paloma fit de même de l’autre côté. Nico avait le sommeil léger, on ne peut pas dire que la nuit fut reposante. Nico était heureuse, elle avait obtenu ce qu’elle voulait. Elle sut le dire simplement :
« Cette nuit fut le plus beau jour de ma vie !» Il n’en fallait pas plus pour déclencher le fou rire de Paloma.
« J’ai dit une bêtise ?
-Non chérie, tu es adorable.» A l’heure où elles sortirent de la cabine, personne ne pouvait se douter qu’elles venaient seulement de se lever. Le paquebot avait repris sa route, et ne tarderait pas à voguer en Méditerranée. Il y aurait une escale à La Valette, île de Malte, et après ce serait Marseille. Sarah avait un petit pincement au cœur en songeant que ce voyage en compagnie de Paloma allait se terminer, qu’elles allaient devoir se séparer, et que peut être elles ne se verraient jamais plus. Ces tristes pensées la plongeaient dans une torpeur profonde. Paloma s’inquiétait de la voir dans cet état de plus en plus souvent.
«Ne t’en fait pas ma douce amie, il pleut dans mes yeux,,,, ça va passer. » La Méditerranée n’apporta aucun changement dans la marche du bateau. Il faisait toujours aussi beau, et la mer toujours aussi plate. Les dauphins, infatigables, avaient retrouvé le navire. Ils étaient quelques fois si proches que l’on entendait leurs cris. Les militaires Anglais débarquèrent à Suez. Les passagers saluaient respectueusement les deux femmes. Certains s’enhardissaient à nouveau à leur adresser la parole. Sarah répondait poliment, sans plus. Nicolette respectait la discrétion qui lui était demandée. Pour ça, elle baissait les yeux, car son visage transfiguré l’aurait trahie aux yeux des regards indiscrets. Cette première nuit d’amour lui avait procuré un réel plaisir. Elle avait adoré les seins de Sarah, affirmant n’avoir jamais rien vu de pareil. Mais Sarah restait distante. Seule Paloma renouvela la rencontre plusieurs fois. Dans ces moments là, Sarah se réfugiait sur une chaise longue au soleil, et songeait à ses amours passées, et ses futures retrouvailles avec Florane. Elle repassait tous ses souvenirs récents, se rappelant la douceur des filles de Carmela, leur grain de peau si doux et leur parfum de vanille. Elle pensait à Sophia Matilda aussi, qui devait être bien déçue de cette aventure avec Lucien. Elle espérait qu’elle trouverait rapidement l’homme de sa vie, celui qui saurait l’aimer sincèrement et la combler de plaisir. Et puis à Arthur, son fils toujours sérieux et travailleur. Il était à la tête de ce groupe financier gigantesque qu’elle avait créé, elle Sarah, y consacrant trente années de sa vie. Elle avait beaucoup travaillé avec Arthur, appréciant son efficacité, sa modestie, et son infatigable soif d’apprendre. Après cette vie trépidante, Sarah n’espérait plus que le bonheur de se retrouver dans les bras de Pamela, de sentir ses caresses dans son intimité, et de sentir le parfum de sa peau brune. Sarah se rendait compte qu’elle avait aimé des femmes de toutes origines, de toutes classes et de toutes les couleurs. Elle se rendait compte qu’elle s’en trouvait enrichie sentimentalement. Elle avait assumé ses tendances saphiques durant toute sa vie avec un bonheur inégalé. Elle avait su donner du plaisir aux deux hommes qu’elle avait estimés, sans jamais avoir été obligée de céder à contre cœur. Son échec avec Lusciano n’était que le résultat de la terrible séparation d’avec Florane. Elle se demandait maintenant pourquoi, elle n’avait pas essayé de la retrouver plus tôt ? Le moment n’était pas venu sans doute. Le destin de chacun est tracé, on a l’impression de gérer son temps, alors que l’on obéit simplement à son destin. Paloma revenait seule et approchait une chaise longue de la sienne.
« Alors ? » Demandait machinalement Sarah ?
«La petite apprend vite, elle se donne totalement, avec ce qui ressemble à de l’amour. Je suis troublée.
-Je suis heureuse pour toi. Si tu veux que je te laisse plus souvent avec elle, je peux le faire.
-Sarah ta générosité te perdra. Je suis honteuse d’aimer la douceur de ses seins, le soyeux de sa peau. Cette fille aussi blonde avec moi aussi noire, ce doit être curieux à voir !
-Tu as le corps le plus sublime qui soit Paloma. Cette fille est réellement belle. Je suis sûre que vous êtes bien ensemble. Ne te gêne pas pour moi, prends ton plaisir comme tu le sens.
-Je serais encore plus heureuse si tu étais là avec nous.
-J’ai la tête ailleurs, je ne serai pas de bonne compagnie. Je me pose des tas de questions !
-Du genre ?
-Je ne comprends toujours pas cette frénésie que nous avons de faire l’amour plus que nous ne l’avons jamais fait. Pourquoi n’avons-nous pas le remord d’aimer cette fille de dix neuf ans, il y a quelques temps on nous aurait brûlées vives pour cela !
-Ne le crie pas trop fort, ça pourrait donner des idées à certains.
-Te rends-tu compte Paloma ? Cette fille est avec nous parce que nous sommes les deux lesbiennes possibles du bord et que nous ne sommes pas encore trop vieilles.
-Je crois aussi qu’elle a besoin d’amour, et de faire l’amour avec des femmes plus âgées lui apporte une certitude d’apprendre les secrets de l’amour physique. Je crois Sarah que nous avons beaucoup de chance d’avoir encore ce corps et ce visage. Mais ça ne va pas durer, le temps va nous rattraper très vite, et plus aucune femme ne se retournera sur nous.
-Ce jour là je mourrai de solitude.
-Il n’y a pas de raison, tu ne seras ni la seule ni la première, et si tu le veux, je pourrais encore être près de toi. Mais il te faudra beaucoup de générosité, les Andines ne vieillissent pas très bien.
-J’appréhende de te quitter d’ici quelques jours. Je vais aller à la recherche de Florane, et si je ne la trouve pas, où si ce sont ces derniers jours ? Cette quête est peut être inutile. Pourquoi ne pas se contenter du souvenir ?
-Tu oublies le bien que tu peux lui faire en étant près d’elle, même si vous ne pouvez pas faire autre chose que de vous sourire.
-Tu as sûrement raison mon amour, crois tu que nous serons toutes réunies un jour, Florane Carmela, Amiya, toi et moi ? Je cois que si nous arrivions à faire cela, je ne demanderai plus rien d’autre que de mourir à Montréal entourée de mes enfants et de leur progéniture.
-Range dans ton placard toutes ces idées noires. Je te propose quelque chose de nouveau. Ce soir nous irons danser. Et nous danserons le « Tango » comme nous avons dansé jadis « La Milonga ». Tu te mettras en jupe courte et moi en pantalon. Du rouge aux lèvres et te coifferas en chignon.
-Non l’inverse. Pour que tout le monde puisse voir les plus belles jambes qui soient.
-D’accord, ça nous fera du bien, je suis heureuse rien que d’y penser.» Elles avaient pris l’habitude de prendre le repas du soir dans leur cabine. Leur arrivée dans le grand salon fut très remarquée. Elles eurent l’impression que, pour une fois, les regards étaient plus admiratifs que réprobateurs. Il faut préciser qu’elles avaient de l’allure. Elles étaient naturellement grandes, et elles portaient en plus les chaussures à talons créées par Carmela., Elles étaient extrêmement soignées, vêtues comme personne n’avait jusqu’ici osé le faire. La jupe courte de Paloma déclencha une série de murmures admiratifs. On pouvait aimer où ne pas aimer ces deux femmes très originales, mais tout le monde s’accordait à reconnaître leur classe et leur élégance. Le pantalon blanc de Sarah, et son décolleté fabuleux seraient sûrement la cause de beaucoup de conversation. Le repas tirait à sa fin quand l’orchestre entama la soirée sur une valse viennoise. Sarah et Paloma, main dans la main gagnèrent la piste, et firent toute la série en souriant, heureuses, les yeux dans les yeux, sans perdre l’équilibre. Et quand vint le tango, Paloma se retrouva dans son élément, et Sarah fut étonnée de retrouver les sensations découvertes dans la petite cabine de la frégate Argentine. Regarder évoluer ces danseuses, fut un réel plaisir pour les spectateurs. Et au premier rang des spectateurs se trouvaient Nicolette et sa maman qui ne les quittaient pas des yeux. Vint une danse un peu plus lascive, et Sarah se laissa aller à poser sa tête sur l’épaule de sa cavalière. A la fin de la danse, laquelle des deux osa ce petit baiser léger sur les lèvres de l’autre ? Revenues à leur table, Sarah refusa l’invitation d’un monsieur élégant aux tempes argentées qui s’exprimait en mauvais Anglais: « Je ne puis accepter Monsieur. N’en prenez pas ombrage, je ne danse qu’avec ma femme.» L’homme stupéfait fit un bref salut de la tête, et prit congé d’un air furieux. Nicolette qui suivait la scène, ne put s’empêcher de pouffer de rire. Sarah et Paloma se levèrent pour aller saluer la maman de Nicolette. Celle-ci en fut profondément honorée, et elle eut cette phrase superbe :
«Depuis que Nico vous fréquente, elle n’est plus la même, d’une jeune fille, vous m’en avez fait une femme !
-Une très jolie femme, madame, nous sommes heureuses que vous y soyiez sensible.
-Je vous ai regardé danser, quel beau couple vous faites. Je suis sûre que tout le monde a aimé votre prestation, je pense que ce soir, tout le monde a compris votre attitude, y compris ce vieux coquin que vous avez eu raison d’éconduire. Embrassez-moi, et embrassez la petite. Je souhaite que vous soyez heureuses.» Quand Sarah embrassa Nicolette, elle murmura,
«La porte sera ouverte ». Nico eut à l’instant ce regard pétillant qui fit un immense plaisir à Sarah.
«Ne mets pas le verrou Paloma, laisse la porte ouverte, Nico va peut être venir.
-Et comment le sais-tu ?
-Parce que mes seins ont envie de ses lèvres !
-Ha oui ? Et moi ?
-Il te restera bien autre chose à t’occuper !
-A vos ordres Altesse. » Nico ne tarda pas. Cette nuit là fut marquée de beaucoup de tendresse, beaucoup d’amour, et énormément de plaisir. La complicité des trois femmes était parfaite. 
«Nico, demain nous serons à Malte, après il ne restera que deux jours de voyage. C’est peut être la dernière fois que l’on s’est aimées. Arrivées en France, on sera sûrement obligées de se séparer Paloma et moi. Aussi je voudrais passer mes dernières nuits avec elle seule. Comprends notre désir d’être ensemble. J’ai quelque chose pour toi Nico, j’espère que tu ne nous oublieras jamais, parce que pour nous tu auras une grande place dans nos souvenirs les plus heureux. Sarah lui tendit une petite boîte qui contenait une chaine d’or fin, avec une médaille sertie d’un diamant.
« Avec cela, on sera toujours près de ton cœur. Et nous y serons bien.»…………………………
«Ce n’est pas possible, je ne peux accepter un cadeau pareil, ce diamant vaut une fortune ! Je ne peux pas, je ne serai pas honnête avec vous,,,,, Au début…..
-On est honnête quand on aime sincèrement. Et tu nous as aimées, le début a seulement fait que l’on se soit rencontrées. Le reste fut un séjour au paradis.
-Vous m’avez donné plus d’amour que je n’en aurai jamais rêvé, et vous me faites un cadeau magnifique, alors que je ne méritais rien. Mon plus grand désir est de ne plus vous quitter.
-Nico, tu as dix neuf ans. Dans vingt ans, tu seras au summum de ta féminité et de ton éclatante beauté. Ne cherche pas à nous revoir. Nous ne serons plus alors que poussières. Garde de nous la dernière image qui soit celle d’aujourd’hui. Je crois qu’avec nous tu as été sincère, et que tu as été heureuse. Garde ce bonheur. S’il se représente, tu le reconnaîtras. Un dernier mot Nicolette, tu nous a vues Paloma et moi, nous nous aimons à la folie. Mais entre nous il n’y a aucune trace de jalousie, nous aimons le bonheur de l’autre. Ce sentiment là, il te faudra l’apprendre. Ça ne sera pas facile, mais c’est la clef du bonheur. Embrasse-moi ma toute belle ! -Besame queridita !
-Je suis sûre que vous retrouverez votre amie, et tout l’amour qui vous manque » Le lendemain les deux femmes descendirent du Navire pour visiter la ville. La Valette est une ville étrange qui a gardé un air moyenâgeux. La Mary Céleste y serait amarrée que cela n’étonnerait personne. Il faisait chaud, malgré l’air marin avec cette odeur caractéristique de tous les ports du monde. Elles se promenèrent à pieds, en se tenant par la main. Peut être que quelques personnes se sont retournées sur leur passage, elles n’y firent pas attention. Leur union était une telle évidence qu’elle en devenait indestructible. Elles s’aimaient aux yeux de tous, elle, avec sa peau blanche avec elle, et sa peau noire. Elle, avec son visage d’ange, elle, avec son visage Andin. Sarah ne voyait pas de différence. Elle trouvait que Paloma était divinement belle, et Paloma pensait que Sarah était la plus jolie femme qui existât sur son chemin. Le bateau reprit son voyage, longeant les côtes de Sardaigne et de Corse. Sarah pensait qu’il aurait été aussi agréable de visiter ces deux îles en compagnie de Paloma. Puis comme tous les voyages ont toujours une fin, la ville de Marseille apparût un matin dans le soleil, sortant de la brume comme un mirage inattendu. Décrire l’émotion dans le cœur de Sarah, qui allait accoster à Marseille pour la seconde fois, n’aurait pas été chose facile. Elle y était venue en mille huit cent soixante trois, en pleine guerre de Sécession. Elle avait vingt trois ans.

 


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C’est à Marseille sur le vieux port, qu’elle avait rencontré Benjamin, militaire en mission, qui fut son mari bien aimé, celui qui l’avait aimée telle qu’elle était, et qui avait apprécié qu’elle rencontrât Florane. Paloma était beaucoup moins émue que son amie, son seul voyage en France avait commencé à Nantes. Mais elle respectait l’émotion de Sarah. En doublant de château d’If, Sarah sourit à ses souvenirs, mais elle sécha ses larmes, elle avait encore quelque chose à faire. Le paquebot approcha très lentement le quai de la Joliette. Jadis, on accostait au vieux port, mais aujourd’hui, la dimension et le nombre des navires était tels que le port avait dû s’agrandir. Les remorqueurs et pilotes quittèrent le navire quand il fut solidement amarré au quai. Le débarquement ne commença pas immédiatement. Une haie de militaires veillait à ne laisser passer personne. Les passagers et la foule qui les attendait s’interrogèrent sur le retard du débarquement. Puis arrivèrent deux officiers de police qui montèrent à bord. Sarah seule savait la signification de ce qui se passait. Elle se dirigea vers la passerelle de commandement. Quand elle rejoignit Paloma pour quitter le navire, c’était le second qui se tenait à la passerelle de sortie, pour souhaiter l’au revoir aux passagers. « Voilà, Charles devra s’expliquer. Tu vas me trouver dure, mais je ne regrette rien. Je ne supporte pas les malfrats incapables d’assumer leurs méfaits.
-Je comprends tout Sarah, et je pense que tu as fait ce qu’il fallait. Pensons à autre chose. Nous allons envahir la France. Après tout, ils ne sont pas si nombreux ! » L’émotion fut grande quand elles posèrent le pied sur le sol. Au grand étonnement des deux femmes, des véhicules sans chevaux attendaient les passagers pour les conduire en ville. Bien sûr elles avaient entendu parler des progrès réalisés grâce à l’électricité, mais elles avaient vécu hors du temps et le retour aux réalités serait plein de surprises. Elles se firent conduire à l’Hôtel de Noailles, où elles trouvèrent une suite sans difficulté. Sarah proposa à Paloma de rester deux jours à Marseille pour visiter la ville. Après hélas, il faudra se séparer. Et cette séparation sera une atroce blessure. Paloma devra se rendre à l’Opéra de Marseille, puis elle partira pour Paris..Sarah partira directement pour Paris, prendre contact avec le ministère des affaires étrangères. Jusqu’alors, les transports avaient rythmé son voyage, de Saint Benoit à Marseille, elles n’auraient pu faire plus vite. Maintenant c’était autre chose. Elles décidèrent de se donner des rendez-vous aux escales possibles qu’elles auraient à effectuer. Et de toute façon d’y laisser des messages. Le destin fera le reste. C’est avec une tristesse infinie qu’elles mirent au point leurs itinéraires, et les hôtels dans lesquels éventuellement, elles pourraient se retrouver. Le sentiment de fin du monde vint les habiter tout au long de leur première nuit à Marseille. La visite nocturne, de la ville, la découverte de l’éclairage public électrique et des enseignes lumineuses n’arrivèrent pas à les soustraire à leur mélancolie. C’était la fatalité. Mais laisser partir celle que l’on aime, pour quelle que raison que ce soit, était-ce vraiment la fatalité ou bien la lâcheté de ne pas vouloir évacuer les obstacles ? Quitter Paloma, son amour absolu pour rechercher Florane qui n’était qu’un rêve, peut être dénué de toute logique, n’était-ce pas une hypocrisie ? Pourquoi ne pas décider de tirer un trait sur le passé et vivre ensemble ? Elles avaient tout pour le faire, elles avaient les moyens de leur liberté, et pas de comptes à rendre à personne. Non, il y avait cette volonté stupide de faire ce qui avait été décidé, ce besoin de se prouver qu’elles étaient capables d’aller jusqu’au bout de leurs engagements. C’est peut être l’attitude qui avait fait leur réussite, mais aujourd’hui, il leur suffirait de s’enlacer, de se respirer, de s’admirer et de s’aimer jusqu’à la fin des temps. Retrouver Florane signifiait-il retrouver un amour plus fort qui justifierait un tel sacrifice ? Sarah retournait toutes ces idées, et ses doutes étaient visibles sur son visage. Et puis il y avait toujours ce secret qu’elle ne s’était pas encore décidée à révéler. Mais était-ce vraiment important ? Au contraire, chez Paloma tout était intérieur. Son visage se fermait, et son regard se perdait dans l’immensité d’un monde qui n’appartenait qu’à elle. En réalisant un énorme effort elles réussirent à se quitter comme si c’était pour une seule minute. Les larmes restèrent au fond des yeux, les sourires furent sincères, et Paloma trouva les mots qu’il fallait pour cette circonstance : « Embrasse Florane pour moi, dis-lui que nous ne pensons qu’à elle. Dis-lui que je l’aime, dis-lui que notre vie a besoin d’elle. Dis-lui que parmi les amours que nous avons vécues, nous ne l’avons jamais oubliée. Et toi Sarah, toi mon bel amour, mon immense amour, ne m’oublie jamais. » Sarah refusa les adieux sur le quai de gare. Elle prit un taxi, et se fit conduire à Saint Charles. .

 

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Par eve anne
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