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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
sicut qui similis

 

 

 

 

Bonne Année



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Extraits

 

Rencontre en Forêt
carrefour11

J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
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Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
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Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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XXX-La Réale.
 

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Je vous disais que la main j’allais mettre
Sur votre sein : le voulez-vous permettre ?
Ne fuyez pas sans parler : je vois bien
A vos regards que vous le voulez bien.

P. Ronsard

                                          Je m’attendais évidemment à tout, sauf à ça. En d’autres circonstances, j’aurais éprouvé sûrement beaucoup de plaisir. Mais dans le cas présent,  j’avais le sentiment d’avoir été piégée. Je me levai de mon siège, et je devais avoir le visage décomposé, je me souviens avoir vu en un éclair, l’air étonné de Jocelyne. Je me retournais vers mon père :
« Tu le savais ?
-Je viens de l’apprendre.
-Je ne te crois pas. » Je fis le tour des visages, tous avaient l’air étonnés, ou ne comprenaient pas ce qui se passait. Je m’approchai de Michèle, elle me souriait de ce sourire un peu triste qui lui faisait deux petites fossettes au coin des lèvres. J’étais face à elle, quelques centimètres nous séparaient. Après un moment qui me parût une éternité, je me décidai à parler.
« Laisse moi passer s’il te plait, il faut que je prenne un peu l’air. » Michèle s’écarta, et je sortis de la pièce. Je descendis l’escalier, et sortis sur le trottoir. Je ne savais pas ce qu’il m’arrivait. J’avais la tête comme un ballon, et aucune pensée ne sortait de ce mélimélo qui me tenait lieu de cerveau. Je ne comprenais pas pourquoi elle était là, ni pourquoi on ne m’avait pas prévenue. Je ne voyais pas non plus ce que l’on attendait de moi. J’étais mariée et j’avais une petite fille, tout le monde le savait. J’avais un amour secret dont la pensée ne me quittait jamais, en tout cas mon père le savait, et Michèle devait savoir tout cela. Je marchais le long du trottoir, vers la mairie. Sur la place de l’hôtel de ville il y avait des bancs. Je m’assis, je n’avais plus envie de rien. Au diable leur société, au diable les combines, je ne voulais plus voir personne. Marie-No où es tu ? Est ce que tu m’entends ? Tu vois ce que l’on me fait ? Je sentis un mouvement à mon côté, c’était Michèle qui s'était assise à côté de moi.
«Tu n’as pas l’air heureuse de me revoir !
-Je ne le sais pas moi-même si je suis heureuse ou pas. Je ne suis pas faite pour les surprises. Et je ne comprends pas pourquoi personne ne m’a prévenue.
-Parce que personne ne savait.
-Mon père le savait lui, donc les autres le savaient. Pourquoi ce mystère
-Si tu avais été prévenue, tu serais venue ?
-Ha ! C’est ça ?Ttu craignais que je me défile ?
-Oui,
-Je l’aurais fait peut être, je n’en sais rien, mais j’aurais eu le choix.
-On peut peut-être retourner là haut, on discutera après.
-Discuter de quoi ?
-De ce que tu veux.
-Je ne veux rien, je n’ai rien demandé à personne, je suis là par politesse. Je vais rentrer chez moi. Mon mari m’attend, et ma fille aussi. Dis leur qu’ils aillent se faire voir.
-Ça ne te ressemble pas.
-Que sais-tu de ce qui me ressemble, je n’ai rien à cirer de cette société. La seule chose qui m’importe, c’est que ma femme soit partie, et que je ne la reverrai peut être jamais.
-Marie-Noëlle ?
-Je vois que tu écoutes Radio Madrid !
-Ecoute ma belle. Ces gens ont fait des km pour venir là, et moi je reviens de Portena, pour cette réunion.
-Je m’en contrefiche. Vas-y, personne ne te retient.
-Viens avec moi. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------.Ok je te suis. » Et je la suivis sans dire un mot, je me demande encore pourquoi. Dans la salle, ils étaient tous là, ils discutaient. Quand nous sommes entrées, ils s’arrêtèrent de discuter. Mon père se leva et vint à ma rencontre:
« Plus tard », et je fis le geste de la main pour qu’il n’aille pas plus loin. Jocelyne me regardait d’un air triste et grave. Le type du midi me regardait d’un air goguenard. Louis commença :
« Est-ce que notre réunion peut commencer ?
-Oui, quand ce monsieur arrêtera de se foutre de ma gueule. »
Louis ne répondit pas à ma remarque, et exposa ses arguments. Des questions ? Pas de questions. Jocelyne recommença sa présentation, avec quelques pages supplémentaires. Je ne sais plus combien de temps dura cette réunion. Je n’ai rien entendu, je n’ai rien compris. Je regardais par la fenêtre les lumières du bistro d’en face. J’ai vu qu’ils se parlaient. Et je ne pensais à rien. J’avais l’esprit vide. Et soudain, je me mis à penser à Marie-No, et je ne pus retenir mes larmes. Non, elle n’avait rien, je le sentais, je sentais seulement qu’elle pensait à moi. Je la revoyais marcher devant moi, en balançant les hanches pour me faire mourir. Je la voyais dans son fourreau blanc sur ses talons aiguilles avec ses cheveux dénoués et son décolleté somptueux. Et là, maintenant elle était en treillis, avec ses rangers, sous la tente, il y avait peut être déjà de la neige. Et puis c’est moi qui avais fait cette affiche à la con, et si elle mourait, c’est moi qui l’aurais tuée. Je réalisai subitement que la discussion était finie, et qu’ils se levaient tous pour prendre congé. Michèle salua tout le monde, embrassa Jocelyne, me fit un petit geste de la main et sortit la première. Mon père vint me voir. Et proposa de me reconduire. Il commençait à faire nuit.
« Non, je rentre à pied. J’ai ma dose. Merci quand même.
-Merci de quoi ?
-De m’avoir joué ce tour à la con.
-Je ne l’ai appris qu’un instant avant la réunion. Et puis tu n’es pas obligée de faire la gueule, ce n’est quand même pas une catastrophe nationale. Arrête de jouer les gamines. Bonsoir à ton mari. Au fait, ta mère ne va pas bien.
-Pas de problème, Michèle est là ! Et puis il y a ma sœur. Elle doit bien se marrer cette pouffe. » Mon père haussa les épaules, et partit à son tour. J’allais dire au revoir à Louis, qui me répondit d’un air glacé, puis Jocelyne qui me prit par le bras :
«Je peux vous dire un mot ?
-Je vous écoute.
-Nous ignorions que vous vous connaissiez, et les liens qui existent entre vous. Michèle ne nous a jamais parlé de vous. Nous sommes totalement atterrés que cela vous pose problème, et je vous présente nos excuses.
-Si Michèle ne vous a rien dit. Je vais tout vous dire : Nous sommes deux gouines. Oui, c’est comme ça que l’on dit. Nous avons vécu huit ans ensemble, et ça fait huit ans que nous sommes séparées. Nous avons refait nos vies chacune de notre côté. On se retrouve aujourd’hui, et moi je ne le souhaitais pas. Ça me trouble et je ne me sens pas bien. Je suis mariée, j’ai mon mari qui m’attend, ma fille aussi, et ma femme est en opération en Bosnie. Voilà le bordel dans lequel vous me trouvez. Alors je vous prie de m’excuser, mais je vous laisse. Bonne nuit. ! Ha ! Un détail. Vous pouvez me tutoyer, ça ne me gêne pas. »
-Laissez-moi-vous embrasser.
-Ne vous donnez pas cette peine,  les gouines, c’est contagieux. Bonne nuit. » L’air frais me fit du bien. Je m’appuyai sur le poteau du feu rouge. Je repris mon souffle, et je traversais dans les clous. Je pensais que j’allais avoir du mal à raconter quelque chose à mon p’tit con de mari. Je passai sur l’autre trottoir, et comme j’arrivais à hauteur de la Société Générale, la porte d’une voiture en stationnement s’ouvrit. A la lumière du plafonnier, je vis le pantalon bleu marine et la chaussure à talon aiguille. Je me penchai et lui demandai :
« Tu as oublié quelque chose ?
-Allez monte. » Et stupidement, je montai.
« Tu as passé ton permis ?
-Oui, il y a déjà longtemps.
-J’ai tout raconté à ta copine.
-Raconté quoi ?
-Que l’on était des gouines !
-Et alors ?
-Elle s’en fiche, elle n’a pas eu l’air de me croire. Elle ne sait peut être pas que ça existe.
-Alors tu as perdu ton temps.
-Et tu m’emmènes où ?
-A l’hôtel Mercure.
-Excellent choix. Mais je préfère Royallieu.
-Ça sera pour la prochaine fois.
-Parce qu’il y aura une prochaine fois ?
-On verra bien. » On arriva au Mercure. Elle gara sa grosse Mercédès, prit sa clef et se dirigea vers l’ascenseur. Dans la chambre, elle s’assit sur le lit, me regarda un moment et me dit. Voilà, je suis là, tu es là, on fait ce que tu veux, on peut se parler, on peut se faire monter le dîner, ou on peut boire du Champagne. -C’est tout ?
-Si tu t’entêtes à être désagréable et que tu préfères t’en aller, je te reconduis. » Elle était assez jolie, je trouvais que les années l’avaient épargnée. J’avais trente trois, donc ça lui faisait 47 ans, elle ne les faisait pas.
«Tu sais bien que je vais rester. Tu ne m’as jamais pardonné notre séparation, et aujourd’hui, tu viens prendre ta revanche. J’ai un mari, un p’tit con de mari comme dit sa mère, mais je l’aime. Il me baise bien, et il m’a fait une superbe petite fille. S’il sait que je suis avec toi, il va me tuer, et c’est ça que tu veux.
-Ne dis pas de bêtises, je connais tout de ta vie, ta maman est très bavarde. Il te tuera s’il sait que tu es avec moi ? Et quand il saura que tu couches avec sa mère , Avec Marie-Noëlle, avec Simone, avec Patricia ?
-Tu oublies Linda. Prends le téléphone, et raconte-lui tout ça.
-Non, bien sûr que non, mais ta sœur oui, elle le fera.
-Je m’en fiche. La seule chose qui m’importe est de retrouver Marie-No ! Fais-moi monter du Champagne.
-Il y en a dans le frigo derrière toi.
-Tu es venue pour que l’on fasse l’amour ?
-Je ne sais pas, tu ne me facilites pas les choses.
-C’est parce que je ne comprends pas où tu veux en venir.
-Ce n’est pas un piège si c’est à ça que tu penses. Le hasard a permis que l’on se revoie, mais demain je serai repartie, peut être pour des années.
-Alors il me tuera pour rien.
-Je crois que tu as raison d’avoir peur.
-Et pourquoi ?
-J’ai rencontré ton mari. Je suis allée à son bureau de Paris.
-Pourquoi faire ?
-Des banalités, mais en réalité, c’était pour le voir.
-Et alors ?
-Je l’ai connu quand il était jeune au lycée de Creil. Je fréquentais Maud à l’époque. Je pense que Maud t’a tout raconté. C’était un gosse difficile. Il est dangereux ce mec. Il a les mêmes yeux que Ludovic !
-Pour Maud, je l'ai appris récemment. Et ça fait cinq ans que je suis avec lui. C’est le bonheur parfait. Il n’y a que depuis que Marie-No est partie, que je n’arrive pas à retrouver mes marques. Ça fait six mois maintenant, et je n’ai pas récupéré. Maud et Simone m’ont dit la même chose. Mais je sais qu’il est très amoureux.
-Oui, trop possessif peut être. » Michèle se leva, et elle servit le Champagne. Elle me tendit une flûte et s’approcha pour trinquer :
« A nous- me dit-elle.
-A toi mon amour. »
Elle prit la flûte de mes mains, la posa sur le frigo, mit ses mains derrière mon cou, et approcha ses lèvres. Moi, je me sentais devenir molle et incapable de réagir. Quand je sentis ses lèvres rafraichies au Champagne, mes jambes se dérobèrent. Je me laissai tomber sur le lit, et elle se retrouva sur moi.
Neuf ans venaient de disparaître, je retrouvais intactes toutes mes sensations, je n’avais jamais senti d’autres lèvres que les siennes. Après quelques instants de baisers fougueux et de caresses, elle se releva, et se déshabilla.
Nue, elle se dirigea vers la salle de bain. Dix huit ans nous séparaient maintenant de ce moment où j’allais pour la première fois la rejoindre sous la douche. Et tout s’enchaîna sans que l’on puisse l’une ou l’autre enrayer la marche de cette nouvelle découverte de nos corps, et de nos amours. On fit l’amour durant des heures. Pas plusieurs fois, non, de façon ininterrompue pendant des heures, tant qu’un souffle nous permettait encore d’exister. Ce n’était pas l’amour de « mes femmes », c’était le nôtre, celui que l’on avait inventé, tué, et que l’on venait de faire revivre. La fatigue nous prit par surprise. On s’endormit quelques instants. Il était deux heures du matin quand je me réveillai.
«Cette fois, c’est sûr, je vais y passer. » Je repartis sous la douche, histoire de perdre le parfum de Michèle. Rien que cette action là : vouloir se débarrasser de son parfum m’était intolérable. Je me résignai. On se rhabilla. Quand on fut prêtes à partir, je la regardai,  elle était belle comme au premier jour. Je retrouvai ses yeux amoureux, sa façon de me regarder comme si j’étais la seule à exister ; Comme avant.
« On se revoit quand ?
-Je ne sais pas.
-J’essaierai d’y être. Si je ne suis pas morte. Essaie de me prévenir....
Tu as gagné, et j’ai perdu. J’ai tout perdu.
Je ne serai plus jamais heureuse, je le sens. » On reprit la voiture. Et durant le trajet, on ne se parla pas. Je n’eus pas besoin de lui indiquer le chemin, elle s’arrêta devant la porte de l’immeuble.
«Pourquoi suis-je incapable de résister ? J’ai toujours eu l’impression que mes amours ne pouvaient nuire aux autres. Mais c’est le contraire. Je suis une pute comme dit ma sœur. Je t’ai aimée comme une folle, comme jamais peut être je t’ai aimée, et j’en sors plus malheureuse qu’avant. C’est de ça dont j’avais peur, inconsciemment, quand je t’ai vue.
-Tu ne peux pas regretter ce qu’on a fait, c’est ce qu’il y avait de mieux pour nous deux. Nous existions avant les autres, et nous nous sommes battues pour exister.
-Oui, tu as raison ma belle andalouse, c’est vrai que j’ai été ingrate avec toi, mais ce n’est pas bien de m’avoir fait ce coup là.
-Veux tu que je t’accompagne ?
-Non, n’aie crainte. Mon mariage est fichu, c’est sûr, mon p’tit con de mari va me virer, c’est sûr aussi. Et tout le monde lui donnera raison. En plus je l’aime ce con ! Allez, ciao Bella. Si tu veux me tuer une seconde fois, appelle moi. » Je pris l’ascenseur, et j’ouvris la porte avec ma clef. L’appartement était éclairé, la télé marchait, je vis que Christian était assis dans le fauteuil. Il regardait le film,( sans rire) « Les choses de la vie » J’allais dans la chambre de la puce, elle dormait. Ouf ! c’était déjà ça. J’allais dans la salle de bain et je me regardais dans la glace. J’avais une tête à faire peur. Des cernes sous les yeux par paquets de dix. Je me dirigeai vers le fauteuil.
« Dis donc, elle était bien longue cette réunion!
-Non pas tellement, j’ai rencontré quelqu’un que je connaissais.
-Oui, je suis au courant.
-Au courant de quoi ?
-Ne te voyant pas revenir, j’ai pensé que tu étais chez tes parents. J’ai téléphoné, et je suis tombé sur ta sœur qui m’a dit que « tu étais à l’hôtel en train de t’envoyer en l’air avec ta pute. » C’est exactement les mots qu’elle a employés. Elle était étonnée que je ne sache pas que tu étais une gouine jusqu’au bout des ongles, et que tu te faisais toutes les femmes que tu rencontrais.
-Et alors ?
-Et alors, comme je ne percutais pas elle m’a donné des précisions : Michèle, celle avec qui tu viens de faire tes saloperies, Marie-Noëlle depuis des années, Simone sûrement, Patricia , et pourquoi pas ma mère pendant que tu y es ?
-Tu es sûr de ne pas en oublier ? » Il se leva de son fauteuil, et vint vers moi. C’est vrai qu’il faisait peur, la colère lui déformait le visage. Bravement je lui fis face. Je sais que tu es amoureux de moi. Je suis amoureuse de toi. Mais depuis que Marie-No est partie, je n’arrive plus à vivre normalement.
-Tu avoues que tu couchais avec Marie-No ?
-Je n’ai rien à avouer, je ne l’ai jamais quittée. Je n’aurais jamais pu la quitter.
-Mais alors pourquoi es tu venue avec moi ?
-Pour faire notre enfant. J’ai essayé quantité de fois de t’expliquer, de te faire comprendre, mais tu n’as jamais rien voulu entendre.
-Et les autres ?
-Les autres ça ne compte pas.
-Ça ne compte pas, et celle de ce soir c’était pour rire ?et Simone ? Ne me dis pas que tu couches avec cette horrible bonne femme ? Et ma mère ? Tu l’as baisée aussi ma mère ? C'est toi qui fait l'homme?
-Arrête s’il te plait.
-Et les autres ? Il y en a encore ?
-Christian s’il te plait, cela ne concerne pas ce qu’il y a entre nous, je t’ai aimé loyalement, je t’aime encore, je ne veux pas d’un autre homme, je n’en n’ai jamais eu et je n’en aurai jamais ! Nous avons passé des années de bonheur, et les femmes que je voyais n’ont jamais apporté de troubles entre nous. Ce sont deux mondes différents. Ils ne peuvent pas se mélanger.
-Ecoute, arrête tes salades. Je ne veux plus te voir. Tu fiches le camp et que je ne te revoie plus jamais.
-Tu simplifies. Tu oublies que ma fille dort à côté. Que j’ai des affaires à prendre, que l’appartement est à nous deux ; alors si tu ne veux plus de moi, Ok, je m’en vais, je prépare mes affaires et je m’en vais. D’ ailleurs je ne vois pas pourquoi je resterai une minute de plus avec un connard stupide et borné. On fera une demande de divorce, pas besoin de continuer cette scène ridicule et d’ameuter tous les voisins !
-Tu laisses ma fille ici, tes affaires aussi, et tu vas retrouver ta pute. Tu n’avais pas besoin de ta fille tout à l’heure, et tes affaires non plus. Fiche moi le camp.
-Laisse-moi » Il avança vers moi, et quand je vis son visage, j’ai vraiment eu l’impression de vivre mes derniers instants..
« Fiche moi le camp sale pute de gouine!
-Christian, fais attention à ce que tu dis !
-Tu ne comprends pas ? Je te dis de te barrer ! Dégage ! »
Je reçus le premier coup sur la tempe, et je tombai à genoux. Le second m’atteignit au menton de l’autre côté. Je m’écroulai. Je ne compris plus ce qu’il hurlait. Je sentis qu’il me donnait des coups de pieds. Je ne sais pas combien de temps je suis restée évanouie. Quand j’ai repris conscience, je sentis un courant d’air. La porte était ouverte, la fenêtre aussi. Je me levais péniblement et je courus dans la chambre d’Axelle. Elle dormait toujours. Je pris des affaires que je mis en vrac dans un sac, et je l’habillais. Pauvre chérie, elle dormait encore à moitié. J’avais très mal à la tête et dans les cotes. Je sortis dans le salon, la télé marchait toujours, et la porte était toujours ouverte. Je cherchais mon sac, je ne le vis pas. Je pris l’ascenseur pour descendre. Pas de Christian à l’horizon. Je voyais mon sac et des affaires par terre sur le bord du trottoir. Il les avait jetés par la fenêtre. Axelle bougonnait, je ne tenais pas à ce qu’elle se mette à pleurer. Je m’assis un moment sur un banc de la petite place, je la serrais contre moi, elle se calma un peu. Je repris la petite rue à peine éclairée. Il avait plu, il faisait froid. Une voiture passa, fit le tour de la place et s’arrêta. Une gendarmette en sortit.
«Police municipale, vous avez besoin de quelque chose ?
-Emmenez-moi aux urgences s’il vous plait.
-C’est pour le petit ?
-Non pour moi, Je dois avoir une cote cassée.
-Que vous est il arrivé ?
-Emmenez-moi s’il vous plait.
-Oui tout se suite, montez. » La voiture démarra et prit la route de l’hôpital par la rocade.
« Vous avez eu un accident ?
-C’est mon mari qui m’a frappée.
-Et pourquoi ?
-Par jalousie. Il était fou furieux.
-Il vous a surprise avec votre amant ?
-Non, je suis rentrée trop tard, j’étais avec une amie.
-Une amie ?
-Oui, une amie, que je n’avais pas vue depuis dix ans bientôt.
-Vous êtes….
-Lesbienne oui, ce n’est pas un crime ?
-Je ne crois pas. Vous allez porter plainte ?
-Evidemment.
-On arrive. Donnez nous votre adresse.
-L’appartement est resté grand ouvert. Il a dû sortir …
-N’ayez crainte, on y retourne, on s’occupe de tout. Passez au commissariat dès que vous pouvez. » Les urgences c’était la bonne idée. Je fus prise en charge tout de suite. On recoucha la gamine, je passai un examen et des radios. J’avais le visage complètement déformé, un œil fermé, un bleu monumental sur le côté du sein, et j’avais effectivement une cote cassée, et l’autre à coté fêlée. J’avais la lèvre ouverte, qui avait saigné sur mon chemisier. Je me rappelais avoir trouvée Marie-No une nuit dans le même état. Je compris tout de suite que j’en aurai pour plus d’un mois à me remettre.
Le lendemain matin, j’appelais Maud, pour qu’elle vienne me chercher. Quand elle me vit dans cet état là, je vis son visage se tordre de douleur, comme si c’était elle qui avait mal.
«C’est Christian ?
-Oui, c’est lui.
-Je t’avais prévenue, c’est un taré. C’est un assassin. Et c’est mon fils. Quelle pitié ! Et la puce ?
-Elle n’a rien, elle dormait.
-Où veux-tu aller ?
-Au commissariat rue Saint Fiacre.
-Et après ?
-Je ne sais pas. Au commissariat, je déposai ma plainte, en présence de Maud. Je dûs relater toute la soirée. Quand je prononçai le nom de Michèle, Maud éclata en sanglots. Je signai ma déposition. Tout de suite après, une fille entra.
«J’ai le fax de l’hôpital, avec le rapport du médecin de garde. Le gradé s’en saisit, le parcourut des yeux et fit un bref commentaire :
« Hé bien, il n’y est pas allé de main morte ! Rassurez vous, nous l’avons ramassé hier soir, il a passé la nuit au poste, il est là à côté. Il n’est pas là de recommencer. Nous avons été obligés de le « persuader » de nous suivre. Vous voulez le voir ?
-Oui. » Maud me suivit. Christian était assis sur un banc au milieu de quelques ivrognes et quelques filles. Ils étaient enfermés dans une sorte de cage avec de gros barreaux. Il avait un sparadrap sur l’arcade. Quand il me vit, il se leva et vint vers moi.
« Je te demande pardon, retournons chez nous !
-Pauvre con ! » Maud ne dit rien, et on sortit du commissariat. Je demandai au gradé de m’accompagner à l’appartement pour prendre mes affaires.
« Rien ne vous empêche d’y habiter. Il sera calmé quand il sortira d’ici. Il va être jugé en référé cet après midi, pour avoir frappé un officier de police. Il y aura un autre procès suite à votre plainte.
-Non, je prends mes affaires et je ne remets plus les pieds chez lui. » Je demandai à Maud de me conduire chez un avocat pour demander le divorce. Ceci étant fait, elle me reconduisit chez mes parents. Ma mère en me voyant se mit à hurler. Mon père venait d’arriver, il devint livide.
« Voilà, vous êtes satisfaits ? » Ma sœur arriva :
« Tu as fait une mauvaise rencontre ? Ben dis donc, il ne t’a pas ratée !»


« Bon, je me suis trompée d’adresse. Emmène-moi Maud. »




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Suite 

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tn galeres D 

 

Par eve anne
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