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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
sicut qui similis

 

 

 

 

Bonne Année



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Extraits

 

Rencontre en Forêt
carrefour11

J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
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Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
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Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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XXXIII-La Réale.

 

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Pour engloutir mes sanglots apaisés 
 Rien ne me vaut l'abîme de ta couche

C. Baudelaire

                                           Marie-Noëlle était repartie le matin. Je l’avais conduite directement à la Gare de Lyon. Je pense qu’elle emportait avec elle le souvenir de nos amours démesurées. Cet après midi passé avec Maud, me laissa à moi aussi un sentiment d’émerveillement. Faire l’amour à trois, avec un peu de maîtrise, est un moment absolument exceptionnel. Le lendemain, Linda était venue retrouver Marie-No à l’appartement, et là, je les avais laissé s’aimer. Elles ne se connaissaient pas, mais j’étais sûre et certaine que leur rencontre serait une réussite.
Le lendemain, j’étais allée au camp des Sablons rencontrer Henri, qui m’avait priée de passer le voir.
« Ce que j’ai à te dire est difficile. Je n’ai pas voulu en parler devant Marie-Noëlle pour ne pas assombrir son retour et vos retrouvailles.
-J’ai peur de ce que tu vas me dire.
-Comme c’était prévu de longue date, le 15 ème RGA de Toul est dissout, ses effectifs seront incorporés au 25ème BGA, qui deviendra le 25ème RGA ; et le tout va déménager à Istres près de Marseille.
-Mon dieu, et c’est pour quand ?
-La décision est prise, et j’attends les ordres de mouvement. En réalité, nous devrions déjà être là-bas depuis Septembre dernier. Je ne connais pas les raisons de ce retard.
-Alors Marie-No ?
-Elle ne reviendra plus ici.
-Et toi ?
-Je pars aussi, c’est le Colonel Dumas qui viendra fermer le site.
-Et voilà, je reste seule. Ma femme s’en va, et mes amis aussi. Ai-je réellement mérité cette punition ?
-C’est aussi difficile pour nous de te quitter. Mais c’est la vie, tu le sais, un militaire ne doit jamais ranger son sac !
-Oui, je le sais. Mais pourquoi êtes-vous encore militaire ? L’armée nous a donné bien des plaisirs, et maintenant nous allons en payer le prix fort. C’est une fatalité ? Et comment vas-tu le dire à Marie-No ?
-Je vais lui faire parvenir les ordres officiels. Je sais qu’elle ne fera aucune réflexion.
-Oui, comme pour son départ à Sarajevo. Mais trop c’est trop. » Cette nouvelle me fit l’effet d’une condamnation à vie. J’avais l’impression que c’était ce qui pouvait arriver de pire. Je savais que je ne pouvais sous aucun prétexte, me laisser aller au désespoir. J’avais des responsabilités qu’il m’était impossible de négliger. J’en parlais à Maud, je n’avais plus qu’elle. C’est Marie-No qui eût le courage d’en parler la première.
« Alors mon chat ? On dirait que le sort s’acharne contre nous ?
-Oui, c’est à peu près ça. Henri m’a mis au courant. Je ne sais comment il faut prendre la chose.
-Comme elle vient, que veux-tu ? Ça devait fatalement arriver un jour.
-Oui, et ce sont nos connards de maris qui vont rigoler.
-Ho ! Ceux là, je les ai totalement oubliés. Je vais réfléchir à la suite de ma carrière, si je continue ou si j’arrête. Mais il vaut mieux que je continue, sinon je vais te piquer ta gazelle.
-Linda ?
-Oui, Linda, quel bonheur cette fille !
-Oui, mais c’est toi qui m’importes, tu le sais bien. Linda c’est pour vieillir un peu moins vite.
-En attendant, je reviens te voir Dimanche ça te va ?
-Evidemment mon cœur. Je t’aime ! » Le matin suivant, j’avais un coup de fil de Simone. Cela faisait plusieurs semaines que je n’avais pas reçu de nouvelles. Elle m’annonçait que le manoir était vendu, et que si je voulais rencontrer Axel, il fallait prendre date. Il était très heureux de ma proposition. Elle me demanda également d’amener Linda pour elle, si elle le voulait bien.
Linda accepta sans la moindre hésitation. On prit rendez vous pour la semaine suivante. Maud fut un peu triste, elle aurait aimé que Simone ait envie d’elle plutôt que de Linda. J’aurais mieux fait de ne pas lui en parler. Mais elle se fit une raison, le corps de Linda était, il fallait bien l’avouer, une merveille de fraîcheur. Et puis Maud pouvait très bien rencontrer aussi Linda quand elle le voulait. Mais le dimanche suivant, fut un tête à tête. A part notre sortie à vélo glacée, il n’y eut pas de troisième personne. Marie-No ne semblait pas affectée plus que ça de sa mutation, et avec le pragmatisme qu’elle arborait en toutes circonstances, elle disait que tant que durerait le chantier de Dijon, il n’y avait rien de changé. Ce qui était vrai. A Dijon, il y avait Guillemette sa jolie maman, et comme elle ne payait le train qu’à hauteur de 25%, elle pouvait venir me voir aussi souvent qu’elle le voulait. Et pendant que j’étais disposée, j’appelais Jocelyne. Elle parut heureuse que je l’appelle, on se donna rendez vous à Amiens. Et comme je ne l’attendais pas, Patricia m’invita à passer une soirée avec elle.
Ma maman manifesta le désir de me voir, cela faisait plusieurs mois que l’on ne s’était vues. Je pensais qu’elle était en panne de nouvelles pour Radio Madrid. C’est mon père qui m’appela au téléphone, pour me demander de passer chez eux.
« Et l’autre débile sera là ?
-Non, elle s’est mise en ménage avec son ami !
-C’est très bien ! Ça lui fera les pieds ! » J’allais donc dans la petite maison chargée de souvenirs. C’est vrai que ma maman n’était pas brillante. Je la trouvais en pleurs. Elle commença par m’accuser d’être une fille indigne, de la priver de sa petite fille etc. etc. Je lui faisais remarquer qu’elle n’avait jamais demandé à la voir, et qu’elle ne s’était jamais déplacée non plus. Elle me répliqua qu’elle réprouvait mon aventure avec Maud.
« Mes aventures sont mes problèmes, et ne regardent personne. Si je dois rendre des comptes, on remettra ça à plus tard. Y a-t-il autre chose que tu voudrais savoir ? » Et notre entrevue se termina une nouvelle fois sur une impasse, au grand déplaisir de mon père.
« Je t’appellerai » me dit-il en me reconduisant.
Patricia, elle, me reçut avec une joie non dissimulée.
« Il faut bien que je t’appelle puisque tu m’as oubliée !
-Je ne t’ai pas oubliée, mais je ne sais pas ce que tu attends de moi.
-J’attends de toi que tu m’aides à virer ma cuti.
-Tu veux que je sois ton amourologue ?
-En quelques sortes, oui…
-Mais tu sais, on ne fait pas ça sur commande, tu dois d'abord me séduire.
-Je sais, mais je ne sais pas faire non plus.
-Ce n’est pas difficile; Avec la poitrine que tu as, tu devrais me recevoir sans soutien gorge !
-Oui, mais c’est mieux avec ?
-Et tu devrais ne pas avoir de slip non plus, ni de collants ?
-Tu crois ?
-Et il faudrait te couper les ongles…. Il faudrait que tu te fasses épiler…
-Mais j’aurais l’air de quoi ?
-D’une gouine, comme moi. C’est un choix ! Regarde, je n’ai pas de soutif, je n’ai pas de culotte, j’ai les ongles ras, et je ne porte pas de parfum, ni de maquillage qui pourrait te tâcher. Embrasse-moi, déshabille-moi plutôt. Caresse-moi les seins, et puis zut, viens sur le lit. Et Patricia perdit sa virginité avec plaisir et osa même certaines choses qui me plurent énormément. Je n’eus pas besoin de me forcer pour passer un bon moment. Elle avait un corps sublime, et la peau douce comme un matin de printemps. On se promit de se revoir souvent. En la quittant, je pensais qu’il faudrait que Maud s’en occupât un peu. Le Mardi suivant, accompagnée de Linda, je me rendis au manoir de Simone. Linda s’était fait une beauté, elle était resplendissante. Les filles à la peau noire qui savent se maquiller, réussissent des merveilles. Je vis le regard de Simone pétiller de plaisir en la voyant. Axel fut impressionné aussi, il eût du mal à dissimuler sa surprise.
« Si tu veux changer d’avis Axel, je ne me vexerai pas, elle est divine cette fille.
-Oui, je le vois bien, mais je préfère la femme expérimentée que tu es, et je ne suis pas habitué aux jeunes filles.
-Tu ne le regretteras pas. Les vieilles pouffes comme moi, ont quantité de ressources !
-Je le sais ma belle. Pour que tu aies réussi à séduire Simone durant tout ce temps il faut bien qu’il y ait quelque chose ! Mais pour bien débuter, Linda nous fit un strip tease à sa façon, pour apparaître dans le plus simple appareil, avec cependant des pinces d’or au bout de ses tétons, les aréoles maquillées, une chaîne d’or autour de la taille et une autre à la cheville, et un anneau d’or traversant le capuchon du clito. Avec un brillant au nombril, c’était très érotique. Simone l’emmena dans sa chambre, et je me déshabillai devant Axel, qui en fit autant. A ma grande surprise, allongé sur le lit, on ne voyait rien de son infirmité, et quand il fut nu, je m’approchai pour constater que le sexe était tout à fait capable de me faire jouir. C’était la première fois que je touchais un homme depuis ma séparation d’avec Christian. C’était peut être le geste salutaire qui me permettrait de reprendre quelques plaisirs hétéros. Je commençais à le caresser, et je vis tout de suite qu’il réagissait bien. De voir se dresser ce bel engin, me rappela quelques sensations en sommeil dans mon subconscient. Je sentais que mon entrejambes commençait à se lubrifier, et je profitais de cette sensation pour me pénétrer avec douceur. Le plaisir m’arriva comme un éclair, et j’eus mon premier orgasme quand son sexe fut en moi totalement. Cela eût l’air de le rassurer, et je sentis qu’il affirmait son érection. Il me prit les seins, et caressa le bout avec adresse. Je n’eus pas besoin de me forcer pour profiter de mon plaisir. J’avais compris qu’il savait se maîtriser pour me faire jouir le plus de fois possible. J’avais perdu la notion du temps, et ouvrant les yeux, je vis que Simone et Linda étaient là, assises sur le lit, et nous regardaient, enlacées. Simone qui me connaissait bien osa une caresse de son doigt entre mes fesses, et cela me fit repartir aussitôt. Combien de fois avais-je crié mon plaisir ? Je ne le savais pas. Je m’échappais de son sexe, pour le prendre avec ma bouche, tout parfumé de mes humeurs. Je n’en eus pas le temps, Linda l’avait pris avant moi. Et Simone me tira à elle pour m’aimer comme elle savait si bien le faire. Après quelques instants, Linda me tira par la main en me disant,
« Viens, je te laisse la fin. » Et la fin était proche. Je ne m’attendais pas à une éjaculation aussi abondante. J’avalai ce que je pus, et quand je me redressai, une nouvelle fois pour reprendre mon souffle, Linda se précipita et avala le reste. Axel venait d’avoir une éjaculation extraordinaire. Nous en avions profité à deux, et nous avions été rassasiées. Quand Linda se redressa pour reprendre sa respiration, Simone se saisit du sexe et se mit à le masturber avec frénésie. Quand elle sentit le moment venu, elle le prit en gorge profonde, et avala la deuxième éjaculation. Quelle surprise, ce sexe de belle taille entièrement avalé par la jolie bouche de Simone ! Quelques gouttes suintaient aux commissures de ses lèvres. Linda se colla à moi, et chercha mes lèvres. Nous partîmes dans la chambre de Simone, la laissant avec son mari. Linda qui semblait encore pleine d’ardeur, s’occupa de mon corps avec douceur et passion. Puis Simone entra : « Venez voir. Axel va recevoir ce qu’il aime » Dans la chambre d’Axel, se trouvaient deux jeunes garçons que nous n’avions pas entendu entrer. Ils étaient nus, seize ans, peut être un peu plus, très minces, presque maigres. Leurs sexes épilés étaient déjà dressés. L’un était assez long, et l’autre un peu plus court. Ils étaient rasés, ce qui les faisait paraître encore plus nus. Les garçons ne firent pas attention à nous, et s’installèrent sur le lit d’Axel. Simone nous entraîna, et l’on sortit de la chambre.
« Laissons les, ça ne sera pas long. » Mais nous eûmes quand même le temps, à nous deux d’emmener Simone là où elle aimait aller.
«Dis donc, Linda, je ne savais pas que tu étais gourmande de sperme ?
-Moi non plus, c’est la première fois. J’en avais envie, mais avec les hommes, j’ai peur. Là c’était l’occasion rêvée.
-Et alors, tu as aimé ?
-Oui, c’est curieux mais très agréable.
-Moi aussi, j’ai bien aimé. Je suis devenue une avaleuse, mais depuis quelques mois, je suis plutôt privée.
-Ne t’en fais pas cocotte, tu apprécies d’autant mieux.
-Tu as sûrement raison » L’un des garçons entra, toujours nu, mais détendu.
«Nous avons terminé madame. Avez-vous encore besoin de nous ?
-Non, je vous remercie, vous pouvez partir, vous trouverez votre enveloppe sur la crédence dans le corridor.
-Je vous remercie, madame, si vous avez besoin, n’hésitez pas. »
«Tu aurais dû le garder celui là, il était mignon comme tout.
-Non, trop jeune pour toi.
-Bien patron. Allons retrouver Axel. » Aidé sans doute par les deux garçons, Axel était rhabillé, et réinstallé sur son fauteuil roulant. Il était souriant, il venait de passer des instants excellents. Au moment de partir Simone me dit à voix basse :
« Je suis heureuse d’avoir offert ce festival de plaisirs à Axel. Trois femmes et deux garçons, c'est un beau cadeau !
-Je suis heureuse d’y avoir participé.
-Je passerai à ton bureau demain.
-Ok ma grande tu es toujours la bienvenue. » Il était tard. Pour ne pas faire le détour pour reconduire Linda, elle vint dormir avec moi. Le lendemain, au bureau, le sérieux était de retour, nul n’aurait pu imaginer ce que fut notre après midi de « rendez vous ». Comme promis, Simone arriva en début d’après midi.
« Je ne reste pas longtemps, cocotte, je viens te dire que nous avons pris la décision, Axel et moi, de te laisser l’appartement du Boulevard Malesherbes. Nous, nous allons partir pour le midi, et il ne nous sera plus d’aucune utilité. Comme pour le reste, le Notaire d’Axel trouvera la meilleure solution. Tu pourras l’utiliser comme moi, ou le louer. Attends, si tu veux le revendre que le fisc ait fini son travail. C’est en quelque sorte un acompte sur ton héritage.
-Vous êtes fous, je n’ai rien fait pour ça !
-Si, alors que j’étais plus âgée, grosse et moche, tu m’as aimée d’amour. Et tu m’aimes encore. En dehors d’Axel, tu es la seule personne qui m’aime d’amour. Les autres aiment le plaisir que je leur donne. Et souvent grâce à toi en plus. Tu m’as donné les femmes que tu aimais, sans hésiter. Tu m’as choisie comme amie et confidente. Et tu as travaillé pour moi mieux que les autres. Les trente pour cent des parts que tu as reçus de la vente du journal, ce n’est pas un cadeau, c’est une juste rétribution de ton travail. Mon chiffre d’affaires avait augmenté de trente pour cent depuis que tu travaillais avec moi. Tu es plus que mon amante, tu es ma fille, mon amie, ma confidente, et aussi ma conseillère. Tu m’as empêchée de faire des bêtises, tu as permis de réaliser la vente au plus haut prix. Et tu voudrais que je te considère comme une employée ?
Je pleurais, je ne pouvais rien faire d’autre.
La semaine suivante, le mardi, je me rendis à Amiens pour rencontrer Jocelyne. Elle me reçut à l’usine qu’ils venaient de reprendre, et dont ils voulaient transformer l’activité dans une branche plus porteuse. C’était un bel endroit, d’une architecture récente, situé sur une zone industrielle de la banlieue d’Amiens. Elle me fit entrer, et la fille à l’accueil me plut au premier regard. Jocelyne saisit l’échange visuel, le déclic, et sourit :
« Pour le même prix, autant qu’elles soient jolies !
-Oui, elle est très jolie. » Elle m’emmena dans le bureau de Louis, qui me reçut assez froidement, ce qui me déplut. Jocelyne s’en rendit compte aussi.
« Ne t’en fais pas, ça lui passera.
-Je ne suis pas décidée à attendre que ça lui passe. Je préfère que l’on mette les choses sur la table, et qu’ensuite on puisse se sourire. Si c’est pour me faire la gueule, je ne suis pas preneuse.
-Tu as raison, on va arranger ça. » Elle me fit entrer dans son bureau, un bureau de femme, visiblement, avec des photos de ses enfants, et des fleurs. Un petit bureau discret, rien à voir avec mon bureau de ministre de Paris, où les photos de mannequins étaient grandeur nature.
« Voilà, c’est là que je travaille. Je me charge de la gestion et de la comptabilité. J’ai une aide comptable avec moi. Si ça démarre bien, il me faudra une personne supplémentaire. Il faudra que tu me parles de ton agence de Paris.
-Oh, tu sais, ce n’est pas grand-chose. Et ce n’est pas compliqué. Tu viendras voir par toi-même si cela t’intéresse. Avec plaisir. Il est normal que tu aies envie de voir notre installation, je te ferai visiter l’usine tout à l’heure. Mais dis-moi en premier ce qui te tracasse. Ce qui me tracasse, c’est de savoir s’il y a encore d’autres surprises qui vont me tomber dessus. Je suis avec vous, pour accompagner mon père, dans une aventure qui lui tient à cœur. Mais je ne connais rien à votre métier. Et je veux avoir ta version de ce qui s’est passé. Et ce qui va se passer à l’avenir. En premier lieu, je voudrais avoir des infos sur votre relation avec Michèle. Et savoir comment vous vous êtes connues, où elle est, ce qu’elle fait, et ne pas la voir surgir comme ça à l’improviste.
-Ok, je n’ai pas de raison de te cacher quoi que ce soit. J’ai rencontré Michèle le 1er octobre 1989. Je travaillais comme comptable dans une multinationale spécialisée dans les tissus synthétiques. J’ai été chargée de rédiger son contrat de travail quand elle est entrée dans cette société. J’ai appris à ce moment là, qu’elle était prof d’Espagnol, mais aussi d’Anglais et de Français ; Elle avait postulé pour un poste de public-relations et elle fut choisie parce qu’elle était trilingue. Je ne sais rien des raisons qui l’ont poussé à quitter l’enseignement. Je ne sais rien de sa vie privée. Mais nous sommes devenues amies. Michèle a toujours été très réservée sur son passé. Je n’ai jamais posé de questions non plus, j’ai toujours respecté sa discrétion, et c’est peut être pour cela qu’elle avait confiance en moi. Nous ne parlions jamais d’hommes de femmes, de nos vies privées, de relations amoureuses. Jusqu’au soir de la réunion, j’ignorais totalement qu’elle était homosexuelle. Elle ne m’a jamais fait la moindre proposition de ce genre. Elle a gravi les échelons hiérarchiques à grande vitesse. Elle était considérée comme compétente et courageuse. En plus, les gens l’adoraient parce qu’elle avait un caractère constant, une excellente présentation, elle plaisait à tout le monde, et elle savait garder les hommes à distance. Je ne lui ai jamais connu d’aventures. Elle fit bientôt partie du comité de direction, principalement pour les contacts avec les filiales à l’étranger. Puis un jour, se posa le problème de la restructuration de la filiale espagnole. A la surprise générale, elle posa sa candidature pour reprendre en main le secteur hispanique de la société. Elle précisa que si sa demande était acceptée, elle présenterait un projet de réforme et de développement de cette filiale. Avec à la clef une augmentation importante du chiffre d’affaires, obtenue par une diversification des ventes. Elle précisait aussi que si le résultat était là, elle autorisait la société à utiliser ses méthodes pour les autres filiales. La direction de la société demanda un temps de réflexion. Le fait de ne pas connaître à l’avance le plan proposé, les ennuyait bien. Michèle proposa que sa nomination soit acceptée pour un an, et qu’elle remette sa place en jeu si le résultat n’était pas là. La direction accepta. Le plan de Michèle fut décortiqué et analysé par les spécialistes, et considéré comme valable et inventif. Son salaire fut multiplié par trois, avec intéressement aux résultats, et avec tous les avantages qui allaient avec. Elle partit s’installer à Madrid. Je ne la voyais plus, et je n’entendis plus parler de rien. Comme je ne travaillais pas dans le secteur export, je n’étais pas au courant. Je sus simplement qu’un an après, elle avait réussi son pari, bien au-delà des prévisions. Je la revis au cours du voyage qu’elle fit à Paris à cette occasion. Cette fois ci comme d’habitude, elle fit très peu de confidences, elle me dit simplement que ça marchait bien, que la vie là bas lui plaisait, et chose étonnante, elle me laissa son numéro de téléphone. Ensuite, j’ai rencontré Louis, nous nous sommes fréquentés quelques mois, et nous nous sommes mariés. J’ai quitté mon emploi pour travailler avec mon mari. Je n’avais pas revu Michèle, et c’est par hasard, que je l’ai appelée pour lui proposer de participer au capital de notre société, si cela n’allait pas à l’encontre de son métier. On s’est rencontrés l’été dernier à Perpignan où nous avons un mas, une maison de vacances, puis après à Compiègne, ce fameux soir.
-C’est une belle histoire. Et cela correspond à sa personnalité. Je suis très heureuse, de savoir qu’elle a quitté l’enseignement et heureuse aussi de sa réussite. Je regrette d’avoir vendu la mèche le soir de la réunion, mais je me suis trouvée en porte-à faux, partagée entre l’étonnement et le sentiment d’avoir été piégée.
-Et comment ton mari a-t-il su ?
-Ma garce de sœur a su par mon père que nous nous étions rencontrées, et quand Christian a téléphoné pour savoir où j’étais, elle lui a dit. Elle lui a dit ça et tout le reste. Ce qui s’est traduit par deux divorces. Le mien et celui de Marie-Noëlle, parce qu’elle et moi, nous n’avons jamais cessé de nous voir.
- Mais pourquoi, vous êtes vous mariées alors ?
-Pour avoir des enfants dans un cercle familial comme tout le monde. Nous n’avons jamais juré à personne de ne plus nous voir. Nous étions amoureuses de nos maris. Et heureuses en ménage. Pour nous, il n’y avait rien d’incompatible. Mais tu ne pourras jamais comprendre. A la place de Christian, tu aurais sûrement fait pareil.



Les homosexuelles seront toujours persécutées avec bonne conscience !




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Par eve anne
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