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  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
Ultima Necat

 

 

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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
sicut qui similis

 

 

 

 

Bonne Année



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Extraits

 

Rencontre en Forêt
carrefour11

J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
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Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
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Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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Le  Testament de Benjamin  Briggs.




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  El Choclo. 

 

Le repas fut morne ce soir là, comme si la Mary Céleste avait déjà commencé sa carrière maléfique. Le Capitaine semblait préoccupé, Florane avait l'impression qu'il avait quelque chose à dire et que ça ne sortait pas.
« Nous sommes confuses de vous imposer notre présence. Votre mission va s'en ressentir, nous sommes vraiment désolées.
- On ne doit jamais être désolé. On doit faire ce que l'on peut, et le faire au mieux, sans avoir à s'en excuser. Mais rassurez-vous, votre présence était prévue et ne sera pas un fardeau, bien que je ne puisse m'empêcher de penser au Capitaine Briggs. Que la pire des crapules puisse attenter à la vie d'un homme de cette classe, m'est insupportable. Demain nous aurons à parler Miss, en attendant je vous souhaite de trouver le repos. »
Les femmes ce soir là délaissèrent les hamacs, et s'allongèrent sur une couverture à même les planches. Elles étaient côte à côte, la main dans la main, à l'extérieur devant la porte il y avait un homme en arme.
Le matin suivant Florane se leva tôt, elle n'avait pas perdu l'habitude d'entretenir sa forme. Il était malaisé de courir sur un navire, mais il y avait la possibilité de s'épuiser à monter et à descendre les haubans. Être perché là-haut sur la vigie donnait des sensations nouvelles à chaque escalade. Elle faisait des concours avec les hommes d'équipage. Elle remplissait ses poumons de l'air du large, elle goûtait totalement d'être en mer, elle aidait à la manœuvre, le garçon manqué n'avait pas disparu. Debout sur la passerelle, le regard bleu perdu dans l'océan, ses cheveux blonds flottants au vent, elle paraissait sortir tout droit de la mythologie.
Quand elle aperçut le capitaine, elle s'assura qu'elle ne le dérangeait pas et s'enquit poliment :
« Mes respects Capitaine, j'ai l'impression que nous avons changé de cap. Y a-t-il une nouvelle mission dont on vous aurait chargé ?
- Nous n'avons pas changé de cap. Vous avez changé de cap. Nous n'allons pas à Gênes, mais à Lisbonne. Félicitation Miss, vous avez l'œil à tout. Maintenant attendons que vos amies soient disponibles, nous aurons à parler.
- Je vais les sortir du lit, elles se croient en croisière ! »
Quand Florane arriva dans la cabine elle reçut un choc. Dans la demi-lumière, tamisée par les persiennes Sarah était couchée sur le dos, et elle avait la poitrine découverte. Au creux de son épaule, Amiya, nue également, avait posé sa tête, et sa petite main était abandonnée sur le sein beaucoup trop imposant pour elle, dans une position des plus suggestives. Le premier réflexe de Florane fut de colère, puis regardant le tableau des deux amantes, la beauté de la poitrine de Sarah, et sa blancheur de nacre, caressée par la main brune  aux tatouages marine d'Amiya, avait quelque chose de surnaturel. Florane s'attendrit à regarder le tableau, et s'attarda à admirer le corps d'Amiya, qu'elle ne connaissait que par le toucher et l'imaginaire. La couleur très foncée de sa peau était à l'opposé de la blancheur laiteuse de Sarah. Elle avait les seins ronds et pesants, les bouts étaient noirs et dressés. La taille était extrêmement fine, ce qui donnait aux hanches une rondeur accueillante. Amiya était épilée, et là où, pour Sarah et Florane, se trouvait la toison douce et parfumée, Amiya portait un tatouage : un triangle  aux serpents entrelacés. La pointe du triangle indiquait le chemin du péché. Florane fut émerveillée de cette scène amoureuse, et c'est d'un baiser sur le sein de Sarah qu'elle la réveilla. Sarah ne parut pas gênée le moins du monde. Cependant elle regarda Florane avec des yeux interrogateurs et craintifs:
« Tu es  fâchée ?
- Non mon cœur. Il est impossible d'être près de toi et d'échapper au désir de  t'aimer. Amiya est d'une beauté saisissante, j'en suis toute retournée.  Mais la nuit est finie, le Capitaine nous attend.
-Le temps que nous soyons présentables, il peut encore faire un tour du monde. »
Sarah fit sa toilette, et ouvrit sa malle pour y chercher une chemise qui la rende séduisante.
Elle tomba sur un pli scellé, sur lequel était écrit, «  A n'ouvrir que si je ne suis plus là ». C'était de la main de Benjamin Briggs. Elle se rappela effectivement qu'il lui avait donné ce pli quand elles avaient embarqué. La précipitation des derniers évènements lui avait fait oublier ce manuscrit. Elle le décacheta et le lut. Elle ne comprit plus rien, elle cherchait fébrilement dans son esprit l'explication à tout ceci, mais elle n'était pas en mesure de réfléchir, elle se hâta de finir sa toilette, et sortit sous le soleil glacé de la matinée.
Quand elles furent réunies, Sarah annonça sa découverte. Elle ouvrit le document, mais les larmes qu'elle avait dans les yeux l'empêchèrent de lire, Elle le tendit à Florane qui se mit à lire à haute voix.
214865Testament14.jpgUn lourd silence suivit cette lecture. Florane faisait marcher son esprit à toute vitesse, pour essayer de comprendre. Elle ne trouva pas d'explication, et s'en remit au Capitaine.

« Je me vois dans l'obligation de lever le voile sur ce qui vous semble un mystère.
Ma présence sur les lieux du drame, n'était pas un hasard. Je faisais route vers Lisbonne qui est le but de ce voyage. A Lisbonne la Belle Indifférente changera d'équipage et repartira pour de nouvelles missions.
Le capitaine Briggs et moi avons élaboré ce plan, qui, sans le drame de sa mort se serait déroulé sans faille. Nous avions rendez vous au large de Lisbonne, les évènements qui sont parvenus, vous ont fait prendre du retard, c'est pour cela que la rencontre eut lieu avant Lisbonne. Je suis parti d'un port d'Angleterre, et j'ai rejoint la route que m'avait décrite le capitaine Briggs. De cette façon, je ne pouvais pas passer sans vous repérer. Quand j'ai aperçu la Goélette, j'ai tout de suite compris que quelque chose n'allait pas. Le cap n'était pas le bon, et la voilure n'était pas au mieux.
Ce qui pour moi était anormal, c'était que Briggs m'avait assuré que son épouse n'ignorerait rien du plan élaboré, et que si lui arrivait malheur, il lui laisserait un testament avec ses derniers ordres. Alors  voilà quel était sujet de mes préoccupations : vous ne sembliez pas être au courant de notre plan, et  Mme Briggs ne parlait pas du testament.
En résumé, ce voyage a été monté de toute pièce par le Capitaine Briggs et moi-même. Nous nous connaissons depuis longtemps. J'ai été son second durant un an. Il m'a tout appris de ce que je sais de la mer. Nous nous sommes rencontrés pour la dernière fois il y a trois mois dans une taverne pour officiers à Londres. Il m'a parlé de ce voyage et m'a dit sa désapprobation sur la méthode. Nous étions d'accord sur un point essentiel. L'Amérique devait prendre position, et envoyer des troupes. C'était le seul moyen pour l'Amérique de garder la tête haute, et d'aider nos alliés. Fournir aux Français une immense fortune n'a pas de sens. Tout cet or tombera entre les mains de gens peu scrupuleux, et le gouvernement n'aura pas un dollar. De plus, fournir de l'argent pour fabriquer des armes, ne sert à rien s'il n'y a personne pour s'en servir. Livrer cette fortune, c'est faire plus de morts et plus de malheur. Notre décision fut donc de ne pas livrer cette fortune à la France.
Cinq convois sont prévus, avec un peu de chance il en arrivera quatre, et la Mary Céleste aura été victime des pirates. Et pour être sûrs que ça se passe comme ça, nous avons, lui, vous et moi, joué le rôle des pirates.
Ce n'est pas une escroquerie, c'est l'aboutissement d'un raisonnement logique.
Jusqu'ici, est ce que vous me suivez ?
- Excusez-moi Capitaine, mais de cette façon vous vous êtes placés hors la loi ?
- Si on prend l'expression à la lettre, oui. Mais réfléchissez :
-Le capitaine Briggs a disparu avec sa femme sa fille, ses matelots. Il reste la goélette, avec le chargement officiel. Il n'y a aucun détournement, Les futs de lingots n'existent pas officiellement, ils n'ont même pas été chargés en Amérique.
En ce qui me concerne, je suis un corsaire portugais. Qui se souviendra que je connaissais le Capitaine Briggs ?
- Et ensuite ? Que va-t-on faire ?
Nous allons transférer une nouvelle fois notre chargement sur un navire marchand qui arrive d'Argentine.

Moi je quitte la Marine à Lisbonne mon engagement est terminé, et je deviens un marin civil.
Ce navire fera escale à Lisbonne, pour se ravitailler. Je dois en prendre le commandement.
Nous repartirons un ou deux jours après. Nos prochaines escales seront : Libreville au Gabon, Saint Benoit dans l'île Bourbon, Djakarta en Indonésie. Ensuite nous caboterons d'îles en îles jusqu'au terminus qui sera l'Australie. Là bas, nous aurons une autre vie, je serai avec vous, si ma présence vous agrée, vous n'avez rien à craindre.
A Lisbonne, nous changerons d'identité. Monsieur Briggs a tout prévu. De même les dépôts d'argent que Madame Briggs pourra récupérer à chaque escale.
-Avez-vous des questions ?
-Oui, ce plan est  imparfait, c'est quand même un détournement, la France a sûrement besoin de cet or. Et l'autorité qui a placé l'or dans les cales, va bien se rendre compte que l'or n'est plus là ? Il y aura des recherches. Et supposez que moi, la Française, je ne sois pas d'accord ?
-J'en serais fort chagrin. Je me suis habitué à vous Miss, Si vous n'êtes pas d'accord, vous resterez à Lisbonne avec suffisamment d'argent pour aller ou vous voulez. Et dans ce cas, nous appliquerons un autre plan, dont évidemment vous ne saurez rien. Ceci est valable pour madame Briggs et mademoiselle Amiya. Pour le reste, tous croiront à un acte de piraterie, et n'auront aucun espoir de retrouver le chargement.
-Si j'ai bien compris, nous allons passer très près de l'Inde, peut être aurais je la joie d'apercevoir les cotes de ce pays que je n'ai jamais connu ?
-Vous êtes adorable Amiya Votre présence est un plaisir de chaque instant. L'homme que vous choisirez sera le plus heureux des hommes !
- C'est fort improbable Capitaine.. Car si j'ai le choix je ne choisirai pas un homme, et si c'est une femme, je l'ai déjà choisie.
- Elle n'est peut être pas libre risqua Florane ?
- Je le sais bien hélas Madame, je crois finalement que je vais être contrainte de me mettre sous la protection du Capitaine !
-J'allais vous en prier dit il en souriant. » Mais cette réponse n'était pas anodine, et Florane pensa que le capitaine posait ses jalons.
Le soir venu, après le souper, elles échangèrent leurs impressions sur la conversation. Seule Florane déclara que le Capitaine était un fort bel homme, et que s'il fallait qu'elle se sacrifie, le supplice ne serait pas trop pénible ! En entendant ces mots, c'est Sarah qui répondit :
« Encore un mot comme ça et je t'étrangle de mes mains. » Puis Amiya d'ajouter :
« Je vois maintenant qui devra se sacrifier. » El elle prit un air triste, qui, franchement ne l'était pas.
Le lendemain, le capitaine leur fit savoir que le but n'était pas loin, ils venaient de doubler les îles de Berlenga.
«  Le petit déjeuner était devenu le lieu de décision. Le capitaine leur indiqua que vraisemblablement, ils seraient à quai à Lisbonne le soir même.
« Et la cargaison ne devait pas être transbordée ?
-Si nous le ferons à quai, nous avons de faux vrais connaissements, notre cargaison est tout à fait en règle. Monsieur Briggs a bien fait les choses.
Nous aurons quelques jours devant nous. Vous en profiterez pour faire des emplettes si vous le voulez. Nous devrons également changer d'identité. Il faudra pour cela que vous vous décidiez pour savoir laquelle de vous trois sera ma femme !
Nous débarquerons de la façon dont l'avait écrit le capitaine, C'est-à-dire le Capitaine, son épouse, L'amie de l'épouse, et la dame de compagnie.
-Vous pouvez dire la domestique capitaine, mais si je suis candidate pour être votre épouse, mes maîtresses devront me servir !
-Je crois que vous devenez effrontée Amiya. Au risque de vous décevoir, un Capitaine de la marine au bras d'une étrangère serait mal reçu. C'est donc Sarah ou Florane qui devront jouer ce rôle. Et comme je ne veux pas vous laisser ce choix Cornélien, je vais vous imposer le mien : Florane sera ma femme.
- J'aurai pu l'être, déclara Sarah, j'ai plus d'expérience avec un homme !
- Je n'en doute pas, mais je ne veux pas semer le trouble dans votre cœur.
- Je suis à vos ordres Capitaine »
Et Florane fit sa révérence.
« Vous comprenez bien qu'il s'agit seulement de faire illusion, et qu'il faut laisser vos scrupules dans vos malles. Ne soyez pas jalouses, dites vous que le choix vous est imposé.
Durant notre séjour à Lisbonne, je serai contraint de m'absenter une journée. Vous essaierez de ne pas vous faire remarquer, car personne ne pourra vous venir en aide. Madame Briggs, je vous rappelle que vous devez rencontrer votre homme d'affaires, à l'adresse que je vais vous donner. Rappelez-vous, notre prochaine escale sera Libreville au Gabon.
-Mais Capitaine, Ne serait il pas séant que votre épouse tant aimée vous accompagnât dans votre déplacement ?
- Florane, je crois qu'une fessée est aussi possible dans le meilleur des couples ! »
Toutes les discussions se terminaient dans la bonne humeur. Quand les femmes se retrouvèrent Sarah demanda à Florane :
« Aurais-tu réellement l'intention de coucher avec le Capitaine ?
- S'il me le demande gentiment pourquoi pas, Il est très bel homme, mais si tu insistes, je te laisse la place. Pour moi, ce n'est pas important. De toute façon tu ne seras pas seule ?
- C'est indigne de toi une telle réponse. Je savais bien que tu étais fâchée de nous avoir surprises avec Amiya !
- C'est moi qui ait été surprise de tant de beauté en vous découvrant enlacées dans votre sommeil. C'est une image qui demeure en mon cœur. Je crois qu'il serait sage que nous prenions la vie comme elle vient. Nous avons eu la chance de tomber sur le Capitaine. Nous aurions pu être capturées par des pirates, et êtres violées à longueur de journées par des ivrognes puants infestés de vermine.
- Arrête Florane, Je te demande pardon. Fais pour le mieux, et si tu peux au passage y prendre quelques plaisirs, ne t'en prive pas. Mais tu sauras que pendant ce temps nous nous aimerons Amiya et moi, en t'attendant.
-Je le sais naturellement, mais je ne me sentirai pas humiliée. Je reviendrai vers vous à chaque fois que possible.»
Le navire mit en panne à quelques milles de Lisbonne. Le capitaine avait jugé que d'arriver aux aurores était mieux que d'arriver à la nuit tombée. Quand il regagna sa cabine le soir venu, Florane était là, elle l'attendait. Elle regardait au loin par le croisillon de la fenêtre. Il la vit de dos. Quand elle entendit entrer le Capitaine, elle se retourna. L'homme s'arrêta net. Non par crainte de quoi que ce soit, mais la beauté de Florane, ce soir là, était incomparable. Elle était vêtue d'un chemisier blanc, le col largement ouvert, d'un pantalon collant disparaissant dans une paire de bottines. Un gros ceinturon réduisait la taille, et ses hanches appelaient les caresses. Ses cheveux étaient maintenus en arrière par un nœud de velours noir. Le chemisier était si fin qu'il en était transparent. Et si les seins de Florane ne pouvaient cacher leur émotion, on ne les distinguait pas, ses aréoles de blonde n'étaient pas perceptibles. Le maquillage était léger, un peu de khôl emprunté à Amiya, soulignait son regard océan. Un léger parfum agrémentait le tout. Son regard qui ne quittait pas celui du Capitaine était d'espoir et d'humilité. Elle se tenait devant lui, souriante à demi, S'il avait pu sentir les battements de son cœur, il aurait compris son émotion. Florane regardait un homme pour la première fois, avec les yeux de l'amour. Cela ne fit aucun doute, tel était le courant qui passait entre eux à ce moment là. Il s'approcha, leurs corps se frôlaient.
« Je connais tout le bleu de tous les océans, et voilà que je sombre dans celui de vos yeux...
-Florane sourit, s'avança et inclina la tête pour dégager son cou, Il déposa le premier baiser à l'endroit offert, puis il posa ses mains sur les hanches qui semblaient faites pour ça. Florane espérait de toutes ses forces que cette rencontre soit à la hauteur de son attente. Habituée à l'amour des femmes, elle n'aurait pas supporté la moindre rudesse, dans le geste ou dans la parole. Il semblait que le capitaine était de ces amants qui font de la douceur une raison de leur charme. Le premier baiser fut tendre, il dura, elle n'avait pas envie d'autre chose. Elle sentait sur sa peau ce parfum de soleil qu'elle aimait tant.
« Vous êtes la plus jolie fleur que je n'ai jamais vue. Comment ne vous ai-je pas devinée plus tôt ?
- Parce que je n'étais pas encore votre femme, Monseigneur !
- Vous acceptez donc de l'être ?
- S'il plait à votre grâce, ma présence en est l'offrande. »
- Que cela est joliment dit. Je ne mérite sûrement pas autant de respect.
- Seul l'avenir pourra le dire.
- Vous croyez que nous aurons un avenir ?
- Il nous faut l'espérer, sinon notre présence ici n'aurait aucun sens. Je ne suis pas dupe, votre excuse de vouloir paraître lors de notre prochain débarquement est un peu énorme me semble t il. »
Le capitaine sourit à cette évocation. S'il n'avait pas eu le teint aussi hâlé, on aurait pu voir un début de rougeur sur ses pommettes.
- Il n'est pas possible de vous tromper Florane, votre esprit est trop vif, et votre tempérament est de feu.
- Je dois être honnête avec vous Capitaine, Je suis .... Nous sommes.... des femmes dont les sentiments ne sont pas appréciés dans la société. Pour parler un langage plus direct, nous  vivons l'amour entre femmes, et pour cela nous essuyons toutes les avanies et tout le mépris des hommes et des femmes qui sont.... "normales". Nous sommes des « Tribades » C'est le nom péjoratif que l'on nous donne. En France depuis quelques années, on parle  « d'homosexuelles ou encore de Lesbiennes » en relation avec l'île de Lesbos dans l'antiquité.
Tout cela pour vous dire, que cette façon d'aimer, n'est pas de notre choix. Nous sommes lesbiennes comme je suis blonde, Sarah brune, Et Amiya noire. Notre manière de vivre, c'est Dieu qui nous l'a offert, je dis « offert » parce que c'est une joie pour nous.
Nous ne sommes pas des intégristes de l'amour lesbien. Dans nos relations il y a le mot « amour », et lui est universel. Ce qui fait que bien qu'étant une « tribade », je puis aimer un homme. Je ne peux simplement pas lui garantir ma fidélité.
- Personne ne le peut. L'amour est un jeu qui présente des risques. J'avais compris bien évidemment les relations entretenues entre vous. Je n'y vois là aucune anormalité.  Je vous promets que quelle que soit la nature des liens qui nous rapprocheront, je ne vous retirerai jamais votre liberté.
Le capitaine s'était encore approché de Florane. Il avait saisi le premier bouton du chemisier, et avec une délicatesse inattendue, il  avait franchi un pas vers le trésor encore méconnu. Puis un deuxième et un troisième bouton. Quand il ouvrit le chemisier, il retint son souffle. Les seins étaient nus, ils étaient plus volumineux qu'il n'y paraissait sous le chemisier et ils avaient une forme divine. Il mit un genou au sol et approcha ses lèvres. Florane alla à la rencontre du baiser. Quand il prit le téton entre ses lèvres, une sensation de fraîcheur l'envahit toute entière, Elle ferma les yeux, et sentit qu'elle allait aimer cet homme à la folie.
Dans un souffle elle prononça quelques mots :
« Lusciano.................que de chemin j'ai dû faire............... »
Lusciano se leva. Il la souleva comme une plume, et doucement la déposa sur sa couche.

Le lendemain de bonne heure, La belle indifférente entra dans le port de
Lisbonne. Le capitaine dirigea avec un soin particulier la manœuvre d'accostage. Sur le quai, il régnait une animation déjà importante, el le bruit des voix, des cris, des appels, était assourdissant.
Florane était levée, en pleine forme malgré la nuit épuisante qu'elle avait vécue. Elle avait déjà eu une expérience amoureuse qui s'était soldée par un échec malheureux. Elle s'était juré de ne jamais recommencer. Et là elle avait attendu ce moment depuis l'instant où elle avait rencontré son amant. Elle le savait maintenant, c'était lui qu'elle attendait.
Lusciano lui avait fait l'amour comme un dieu. Un judicieux mélange de douceur et de violence, qui avait conduit Florane à demander grâce. Le Capitaine était un amant parfait.
Florane s'était levée en même temps que son « mari ». Et depuis, elle répétait dans sa tête « Je suis heureuse » Ce n'était point une exhortation, c'était une vérité qu'elle constatait avec un bonheur inattendu.
Elle regarda l'accostage du navire, étudia toutes les manœuvres, elle en conclut que la marine était un beau métier, elle espérait que Lusciano lui apprendrait tout son art.
Quand les deux autres femmes arrivèrent, Florane vit tout de suite que Sarah avait la tête des mauvais jours.
« Mon bel amour, c'est la première nuit que nous dormons séparées depuis plus de deux ans, si cela se reproduit, je vais mourir. Dis moi, ça n'a pas été trop pénible avec le Capitaine ? Moi je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. J'ai entendu tes gémissements, et j'ai pensé que tu avais très mal.
-Sois raisonnable, Sarah tu sais très bien le pourquoi de cette situation,  et elle n'est pas dramatique. J'ai couché avec le capitaine, Oui et Alors ? C'était prévu non ?
Il était prévu que ce serait un supplice, pas que tu jouisses toute la nuit.
- Je te demande pardon, je ne le ferai plus, Mais dans ce cas, je préfère que tu prennes ma place. »
Amiya riait de toutes ses dents.
« Madame vous fait marcher. Elle a dormi comme une marmotte, elle n'a même pas songé à s'occuper de moi !
- Tais-toi ingrate ! Si je ne me suis pas occupée de toi, c'est que tu n'en vaux pas la peine.
- Sarah, ne dit pas des choses que tu regretteras ensuite. Ce n'est pas toi qui parle comme ça, c'est une horrible femme jalouse et méchante. Amiya est la plus jolie de nous trois, la plus jeune et la plus enivrante. Elle nous aime, ne lui parle pas comme ça.
- Ce n'est rien Florane, madame va se remettre. Elle ne saura pas vivre sans amour. »
Le navire fut déchargé. Les barils de la Standard-Oil furent alignés sur le quai, sans précaution particulière. A  l'étonnement de Florane, tous les barils d'alcool dénaturé faisaient partie du lot. A la question de Florane, Lusciano répondit :
« Les barils d'alcool ? Ça peut être utile pour le troc. Pour les autres, si je les fais garder, tout le monde trouvera ça louche. De cette façon, qui voudrait des barils de Monsieur Rockefeller ? Et pour quoi en faire ? Cette huile de pétrole est invendable, D'ailleurs personne ne sait à quoi l'utiliser.
Le séjour à Lisbonne dura plus que prévu. Le navire marchand n'était pas au rendez vous.
Cela permit aux voyageuses de visiter Lisbonne, et de s'imprégner de cette ville envoûtante.
Lusciano vaquait à ses affaires, Sarah avait rencontré les personnes qui l'attendaient, Florane et Amiya découvraient les beautés de la ville. Amiya s'était voilée. Il était plus fréquent de rencontrer des femmes Maures que des indiennes, il n'était pas utile d'attirer l'attention. 
Le navire argentin arriva enfin. « La Porteňa »C'était un navire moderne. Coque Portena en acier, deux mats et une machine à vapeur, une rangée de canons de chaque côté. Plus grand que La Belle Indifférente, « La Porteňa »  pouvait transporter un gros chargement commercial, et des voyageurs. Pour le Capitaine D'Aveiro, c'était une lourde responsabilité.

Les femmes furent heureuses de se retrouver dans une cabine plus vaste. Il se trouvait à bord, en plus de l'équipage, une bonne cinquantaine de voyageurs, des hommes d'affaires pour la plupart, et quelques femmes, quelques couples mari et femmes. L'équipage était à majorité Argentin, ce qui pour le Capitaine, promu Commandant, était beaucoup plus facile. Le navire fut chargé, les barils enlevés à la grue, le plein de charbon fut long et nauséabond. « Les femmes du Commandant » dénommées de cette façon par l'équipage, soucieuses de préserver leur intimité, ne se mêlaient que très peu aux autres passagers. Il ne fallut pas longtemps pour que les hommes du bord distinguent Amiya, qui, dans son Sari et parée de ses bijoux, était vraiment « la curiosité » Florane fut tout de suite cataloguée comme « la femme du comandant », et Sarah, dont tout le monde saluait la beauté, sut garder tout son mystère, personne ne put dire quel rôle elle jouait dans le cercle du commandant.

Florane était omniprésente sur le pont, et s'intéressait beaucoup à la vie du bâtiment. Quelques fois elle s'éclipsait pour rejoindre Sarah, sous la garde de la fidèle Amiya. Beaucoup de passagers se posèrent la question de savoir ce que pouvaient faire les deux femmes, lorsque la jeune indienne gardait la porte. Personne ne pensa qu'il pouvait s'agir d'amour, tout simplement.  Mais à la fin de l'année 1872, l'homosexualité féminine était encore tabou, et beaucoup auraient été prêts à jurer que ça n'existait pas, et que c'était le résultat de l'imagination de quelques malades pervers. Florane sur le pont continuait sa formation maritime. Elle s'intéressait à tout, et les marins ne tardèrent pas à lui donner un surnom :
« El Choclo » ou (l'épi de maïs) en raison de ses longs cheveux blonds. Le navire allait bonne allure. On doubla les Canaries, et le Commandant fit une escale technique aux îles du Cap Vert.
Puis on reprit la mer et La Porteňa mit le cap sur Libreville. Florane, toujours aux côtés du Commandant lui posa la question :
« Peut être va-t-on nous prendre pour un nouvel « Elizia » » ?
-Si vous connaissez l'histoire de l'Elizia, je vous fais mes compliments. Votre culture maritime fait ombrage au commandant de ce navire »
- N'y prenez garde Commandant, j'essaie simplement de vous distraire, quand je ne peux pas vous aimer....
-Votre bonté vous perdra mon amie. Savez-vous combien j'apprécie votre amour et votre fidélité ?
- A vrai dire, non ! C'est la première fois que vous me le dites !
- En plus d'un homme inculte, voulez vous me faire passer pour un gougeât ?
- Bien loin de moi cette pensée Mon amour, Je vous saurais gré toute ma vie de m'avoir appris qu'un homme pouvait aimer avec douceur et délicatesse.
- Vous oubliez « passionnément »
- Je n'ai pas assez de mots pour parler de vous, vous m'êtes tellement plus ! »
Il est vrai que Florane était de plus en plus amoureuse  de Lusciano. Ses nuits d'amour lui apportaient quantité de sensations inconnues. Il lui semblait découvrir les choses de l'amour pour la première fois, comme si, rien n'avait existé avant. Elle ne voulait pas renier l'amour de la femme, elle trouvait regrettable qu'il ne se soit pas trouvé dans son parcours, un homme qui puisse l'aimer comme le faisait Lusciano.  Souvent même elle pensait à Sarah, et aurait souhaité qu'elles connussent ce plaisir ensemble. Mais Sarah devenait de plus en plus distante. Elle semblait se replier sur elle-même, et Amiya s'en était confiée à Florane.
« Il faut que vous reveniez avec elle Florane. Elle ne se satisfait pas de moi. Elle devient violente quand je tente de l'approcher. Retournez près d'elle, et j'irai avec le Commandant.
Pour les hommes, une femme est une femme.
- J'y réfléchirai » promit Florane.
Arrivant à proximité de l'équateur, on parla d'organiser les festivités d'usage. Florane s'investit beaucoup dans cette organisation. Il y aurait les traditionnels costumes de Neptune et de toute son équipe, il y aurait des jeux d'adresse, des exploits sportifs. Un couple Argentin proposa de faire une démonstration d'une nouvelle danse qui faisait fureur à Buenos Aires dans les quartiers pauvres de la ville. Cette danse s'appelait « La Milonga », elle était servie par un petit groupe musical qui était du voyage.

906059BB220PX.jpgLa danse exécutée par les argentins était vraiment nouvelle et très suggestive. Florane ne pouvait quitter des yeux la cavalière. Elle était vêtue d'une jupe courte noire et d'un corsage noir largement ouvert. Les chaussures étaient comme les escarpins, mais les talons étaient très hauts et très fins. Elle dansait étroitement tenue par le cavalier. C'était d'un érotisme  fini. Les jambes de la femme étaient sublimes. Par moment les cuisses de la danseuse apparaissaient. Le visage typé paraissait concentré, les yeux à demi fermés elle ne vivait rien d'autre que la danse. La musique syncopée d'une sonorité inconnue, guidait les pas des danseurs, dont les corps ne se séparaient jamais. Il eut été impossible de passer la main entre eux, et Florane se plaisait à rêver de la sensation éprouvée par la femme, sentant la pointe de ses seins au contact de l'homme. Florane n'avait jamais rien vu de pareil. Qu'il existât des jupes aussi courtes, des femmes aussi simplement belles, des attitudes aussi provocantes, des cheveux noirs laissant apparaître la nuque  et les épaules. Chaque pas de la danseuse tournoyante laissait voir un peu de la poitrine, un peu du dos, beaucoup des jambes. Le spectacle pour Florane parut éblouissant. Elle n'était pas loin de l'extase.
C'est alors que le drame arriva. L'un des marins, assurément le plus grand et le plus massif de tous, sans doute dans un début d'ivresse voulut inviter « El Choclo » à danser comme le faisaient les Argentins. Florane refusa. L'homme insista en commençant à égrener le chapelet d'injures traditionnel à la marine. L'homme excédé par le refus de la jeune femme l' attrapa par un bras et l'envoya à l'autre bout du pont. La musique s'était arrêtée, Lusciano était dans sa cabine. Amiya dans la foule assistait à la scène. Florane se releva et marcha vers le marin, qui la vit venir rigolard. Il n'eut pas le temps de rire plus longtemps. A l'étonnement général, Florane prit son élan, s'éleva à la hauteur du marin et lui décocha un violent coup de « savate » en plein visage. Le marin tomba à genoux, étourdi par le violent coup de pied en pleine figure. Il se redressa, poussa un énorme rugissement de colère, et se précipita sur la jeune femme. Quand il s'élança pour la saisir, vive comme l'éclair elle échappa à son adversaire par le côté, celui-ci emporté par son élan atterrit dans le groupe de ses camarades. Il n'avait sans doute pas compris. Il se releva et repartit à l'assaut. De la même feinte Florane l'évita, mais elle le gratifia au passage du « coup du lapin », le tranchant de la main sur la nuque de l'homme. Pour la seconde fois l'homme se retrouva à genoux. Les amis du marin commençaient à rire de l'infortune de leur camarade. Voir cette « terreur » se faire corriger par une jeune femme épaisse comme une liane, dépassait leur entendement. Ce passage de la ligne serait mémorable. L'homme se relevait péniblement, encouragé par les cris des autres matelots. Debout, il dévisagea son adversaire, des lueurs de meurtre dans les yeux. Florane ne s'était pas déconcentrée. Elle savait que l'homme voulait la tuer. Elle n'avait pas peur, elle savait qu'elle pouvait le vaincre en exacerbant sa colère. L'homme se précipita, moins rapidement, mais il se dégageait de sa personne une impression de puissance indestructible. Quand il fut assez près de Florane, il s'arrêta. Elle n'avait pas bougé d'une once, n'avait pas battu de la paupière, ses yeux étaient passés du vert émeraude au bleu acier. Il en fut impressionné. Mais il ne pouvait plus reculer. Poussant un grognement de bête, il se précipita. Florane, au dernier instant se laissa glisser au sol, et dans le même mouvement détendit sa jambe avec force. Le coup de pied arriva violemment dans l'entrejambe du marin, qui poussa un hurlement de bête. L'homme avait perdu le souffle, il s'étranglait, la douleur était atroce. Florane se releva, sa souplesse de chat impressionnait. Elle  s'approcha du marin de côté pour qu'il ne la vit pas venir. Elle lui décocha un violent coup de pied au menton. L'homme se tût, il s'écroula pour le compte.
Florane ne sentait pas qu'elle pouvait s'arrêter là. D'un puissant effort, elle mit l'homme sur le ventre. Prenant son élan, elle atterrit sur lui, le genou sur la nuque. Puis calmement elle l'attrapa par la tête. Un silence se fit, toute l'assistance s'attendait à entendre le craquement des os.
Lusciano avait entendu les cris et s'était précipité. Il arriva à temps pour retenir le geste de Florane. A une seconde près, l'homme était mort. Elle se releva, et figée, les yeux baissés elle contemplait sa victime.
On sentait qu'elle pouvait encore frapper. Les autres marins ne riaient plus. Ils s'étaient précipités et  tiraient l'homme par les jambes pour le soustraire à la vengeance de Florane.
Elle entendit Lusciano poser des questions à la cantonade.
« Quelqu'un peut me dire ce qu'il s'est passé ?
-Il a manqué de respect à Florane. Il l'a molestée. Alors elle s'est fâchée. Dommage que vous l'ayez empêchée de terminer. Cet homme est une ordure.» C'était Amiya qui résumait ainsi l'évènement.
La danseuse de Milonga s'approcha doucement de Florane, la tint par les épaules pour regarder ses yeux. Elle ne vit ni haine ni terreur. Simplement une grande fatigue. Elle approcha son visage et embrassa Florane sur la joue.
Durant cet épisode, Sarah n'était pas sortie de sa cabine.
Florane resta appuyée contre la femme en jupe courte, et au corsage ouvert. Le contact était chaud et parfumé. Elle n'oublierait jamais les deux petites gouttes de sueur qui perlaient entre les seins.
Elle fermait les yeux, elle se sentait protégée, par ce frêle appui. La danseuse lui parlait à voix basse, en espagnol, sans savoir si Florane comprenait. Florane écoutait le murmure de sa voix, comme une musique bienfaitrice. La jeune femme lui parlait, peut être récitait-elle un poème, une chanson. Florane comprenait, elle souriait. Dans son épuisement, elle revit la femme danser, et l'extraordinaire érotisme de ses attitudes.

 

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Par eve anne
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