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  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
Ultima Necat

 

 

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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
sicut qui similis

 

 

 

 

Bonne Année



BonneA              

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Extraits

 

Rencontre en Forêt
carrefour11

J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
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Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
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Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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XIV-Paranthèse
 

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Je t'aime, tant pis pour les autres!

eve anne

                                        Le lendemain, le régiment était rassemblé sur la place d’armes. Comme le Colonel me l’avait dit, il m’en laissa le commandement. Je savais que ça ne plaisait pas à tout le monde, mais qu’importe. Je lui présentai le régiment, et l’accompagnai pendant la revue. Arrivés devant la 13ème, il s’arrêta devant Marie-Noëlle, et lui remis sa promotion. Il salua, et termina la revue. Puis je rendis les ordres aux commandants de compagnie, et je quittais la place. Le Colonel me fit monter dans sa voiture, et il me reconduisit chez moi.
« Vous montez prendre un verre Colonel ? »
-Avec plaisir eve anne. » Je souris. Puis je passais devant. Arrivés dans l’appartement, il regarda tout avec attention, sortit sur le balcon, et admira le panorama. Pendant ce temps là j’étais dans la chambre en train de me changer. J’allais lui apparaître en civil, jupe courte noire et chemisier bleu nuit. Je n’avais aucun bijou. Je n’avais pas mis de soutien gorge, et insidieusement, j’avais oublié le bouton du haut.
« Je vous sers un whisky ?
-Avec plaisir et des glaçons. » J’étais tout à fait consciente en faisant le geste, de l’inviter à plonger le regard entre mes seins. Pour une fois, je pris la même chose. « Je suis certain que vous êtes triste, parce que vous aimiez passionnément votre travail.
-Oui, je ne m’en cache pas.
-Moi je le suis de vous perdre. Vous n’imaginez pas, le bonheur que c’était pour moi, d’arriver au camp, sachant que vous y étiez.
-C’est une déclaration Colonel ?
-Sûrement ! J’ai l’immense avantage d’être là, mais je connais bien des officiers qui voudraient être à ma place.
-N’exagérons pas, je passais pour une emmerdeuse. Je n’aurais fait monter personne d’autre.
-Vous êtes bien aimable de me le dire.
-Colonel, comme vous le savez, je suis amoureuse de Marie-No, et je n’ai aucune certitude de savoir me conduire avec un homme.
-Tout le monde est amoureux de Marie-No, c’est vraiment une très belle femme.
-Oui, bien plus jolie que moi, et les blondes sont toujours plus attirantes.
-Mais moi, C’est de vous que je suis amoureux.
-Je crois le savoir Colonel, depuis le début. Je vous dois tout.
-Non, tout ce que je vous ai accordé était mérité. Il n’y a pas eu de favoritisme.
-A votre santé Colonel !
-A votre santé eve anne. Pardonnez–moi, si je me suis déclaré inutilement.
-Aucune femme n’est insensible à une déclaration sincère. Sauf que je n’ai pas l’habitude. Je fais peur aux hommes. » Le Colonel me posa quantité de questions sur l’avenir qui serait le mien. Je n’étais pas sûre de pouvoir répondre à toutes ses questions. Puis il se leva pour prendre congé. Je l’accompagnai jusqu’à la porte. Au moment où il se saisit de la poignée, il marqua un temps d’arrêt puis se retourna. Il me prit la main et me tira doucement vers lui. Il me colla contre lui, et se pencha pour m’embrasser. Je fermai les yeux, je tremblais de partout. Il m’embrassa avec douceur. Je me concentrais sur mes sensations. Je ne me sentais pas si bien que ça, et déjà, je regrettais d’avoir cédé. Je sentis ses lèvres un peu piquantes. Mais je ne voulais pas le décevoir. Il me caressa la poitrine. Je préférais cela, et j’ouvris les yeux. Sa caresse était douce et agréable. Encouragé par l'absence de soutien gorge il déboutonna  et ouvrit les deux côtés du chemisier. Il contempla mes seins aux mamelons gonflés. Je ne bougeai plus, la tête me tournait un peu. L’alcool sûrement. Puis il se baissa doucement, et je vis son regard fasciné par le téton dressé qui me faisait mal. Il avança les lèvres, pour le saisir, je voulais prendre mon sein par le dessous, et le remonter pour le guider vers sa bouche. Mais ma main ne voulut pas m’obéir. Mes jambes se mirent à trembler très fort, et j’éclatai en larmes. Il fut surpris par ce brusque sanglot, et s’arrêta net. A Travers mes yeux troublés, je vis sur son visage, la déception remplacer le désir. J’eus honte de moi. J’étais dans l’inconnu, jamais pareille situation ne m’était arrivée. Je cachais mes seins avec mes avant-bras croisés, en balbutiant quelques mots que je ne maîtrisais pas vraiment :
« Pardonnez-moi,….Je ne suis pas prête,……Pas aujourd’hui… Pas ici… Je ne suis pas libre. Une autre fois, mais là, je ne peux pas, la tête me tourne, je ne me sens pas bien.
-Ce n’est rien, je comprends. Je ne voulais pas vous faire de mal. Mais vous êtes si belle, si désirable et je vous aime tant. Je me suis mal conduit. Je vous demande pardon. » Je ne me sentais vraiment pas bien. Mes jambes ne me supportaient plus. Et je commençais à avoir peur, peur qu’il profitât de la situation. Je crus bien que le moment était venu. Je m’écroulais ; il me retint juste à temps. Il n’abusa pas... Il me conduisit jusqu’au canapé où je me laissais aller sans forces. Il mit des glaçons dans la serviette, et me les passa sur le visage. Il remit les boutons de mon chemisier. Il prit une chaise à côté, et attendit que je reprenne mes sens. Cela demanda un bout de temps.
« Il faut que vous partiez, on va vous attendre.
-Oui, je vais vous laisser, je prendrai de vos nouvelles ce soir.
-N’en faites rien, demain plutôt. Marie-Noëlle ne doit rien savoir. Elle pourrait en mourir.
-Elle n’en saura rien. Remettez vous. Au revoir eve anne, je pense à vous.
-Au revoir Colonel ne m’en veuillez pas, oubliez moi plutôt…… » Il referma la porte derrière lui. Je me jetai sur le lit, et toutes les larmes qui me restaient encore inondèrent le couvre-lit. Je m’endormis. Quand je me réveillais, Marie-Noëlle était là, Assise sur le coin du lit, Il était passé 17 heures.
« Que t’arrive t-il mon chat ?
-Je me paye un cafard monstre.
-C’est au Colonel que tu as offert l’apéro ?
-Oui, juste avant midi.
-Et vous avez fait l’amour ?
-Non !
-Non ?
-Je crois que c’est ce qu’il aurait voulu. Je me suis laissé embrasser, comme une andouille, et tout de suite, j’ai eu comme un malaise, j’étais tétanisée, je me suis écroulée, Et il m’a portée sur le canapé. Il ne s’est rien passé de plus.
-C’est de ma faute. C’est moi qui aurais dû te reconduire.
-Il ne faut pas lui en vouloir, il a été correct, il n’a pas abusé de la situation. Je n’aurais pas dû boire de l’alcool ça ne me réussit jamais.
-Mais tu avais envie toi ?
-Je ne le sais vraiment pas.
-Je ne te reproche rien, ça peut nous arriver, surtout à nous, on n’est pas habituées, on ne sait pas s’y prendre, ni pour dire oui, ni pour dire non. Repose toi, je vais aller faire deux trois courses. Mais tu es sûre qu’il ne t’a pas touchée ? -J’en suis sûre. » Je finis par me lever, et allais me regarder dans la glace. J’avais une tête à faire peur. Je quittai mon chemisier froissé, et je regardais mes seins dans le miroir. Je les voyais comme il les avait vus. Si j’avais mis un soutien gorge, ça ne serait pas arrivé. J’aimais regarder mes seins, je les trouvais beaux, j’ai toujours su que mes seins étaient toute ma vie. Ma main fit naturellement le geste qu’elle n’avait pu faire quelque temps avant. Il ne les avait pas touchés. Il les avait regardés, admirés, désirés. Peut être a-t-il senti le parfum de la peau. Confinés dans leur nid, les seins sont bien plus parfumés que le reste du corps. J’étais partagée dans le souvenir de cet incident. Je ne savais pas si je me suis conduite honnêtement, ou s’il m’a prise pour une allumeuse. Et puis zut, j’ai fait ce que je pouvais, parce que, à l’évidence, je ne savais pas ce que je voulais. Marie-Noëlle était rentrée. Elle vint me rejoindre et se colla à mon dos. Elle prit un sein dans chaque main, ils étaient bien, dans le nid qui leur allait le mieux.
«Quelle jolie poitrine, pas étonnant que tous les mecs en bavent.
-Ils sont plus gros mais pas aussi attirants que les tiens. Je t’aime ma douce, je t’aime. J’espère que tu oublieras que je suis une conne.
-Tu n’es pas une conne. C’était le moment qui était mal choisi. Trop d’émotion à la fois. Un autre jour, tu aurais dit oui, ou non, mais tu n’aurais pas eu ce malaise.
-Je préfère ne pas l’avoir fait. Je n’aurais pas été heureuse.
-Parce que tu ne te sentais pas libre. Je ne veux pas t’empêcher de vivre. »
-Je vais me coucher, demain je vais à Paris.
-Je me couche aussi. » Je me blottis dans les bras de Marie-No. J’y trouvais un refuge idéal. Douceur, parfum, et ce corps adoré à caresser. Comment aurais-je pu me coller à un autre corps ? Pourtant, je sentais de plus en plus fort que notre couple était en sursis, et j’avais envie d’en pleurer. Ce n’était pas sa faute, et ce n’était pas la mienne. Mais comme avec Michèle, j’étais la première à avoir fait une connerie. Je savais que Marie-No m’avait échappée. C’était écrit ; peut être l’avais-je écrit moi-même. Je savais qu’elle allait tomber amoureuse du beau Jean-Marc. Et je n’arrivais pas à lui en vouloir. Je passais une mauvaise nuit. Réveils en sursauts, cauchemars, l’heure du lever arriva, alors que j’étais épuisée. Sans le vouloir, je réveillais Marie-No. Elle comprit tout de suite : « N’y va pas. Tu n’es pas en forme, il est inutile que tu rates tes débuts là bas. Tu es malade, ça peut arriver à tout le monde.
-Marie, je te jure que je n’ai pas fait l’amour avec le Colonel.
-Je te crois mon chat, mais tu ne peux aller à Paris dans cet état.» C’est vrai que rien que de me regarder dans la glace, j’avais des nausées. Je me recouchais, je n’avais pas la force de prendre ma douche. Je dormis une bonne partie de la matinée. Marie-Noëlle revint à l’heure de midi pour prendre de mes nouvelles. Je lui demandais ce que faisait Jean-Marc.
« Il est parti à Poitier. Je m’en fiche si c’est le but de ta question. Et pour l’instant, je n’ai pas envie de lui tomber dans les bras. Ça c’est pour la question d’après. Je suis toujours avec toi, et je vais te soigner. Prépare toi, j’ai appelé le médecin, il sera là d’une minute à l’autre.
-Le médecin, mais ce n’est pas nécessaire, je ne suis pas malade.
-C’est lui qui le dira, et si tu n’as rien, on fera la fête. » Le médecin arriva quelques instants plus tard. Il fit son examen sérieusement. « Vous n’êtes pas malade à proprement parler, mais vous souffrez d’une grande fatigue physique et morale. Vous avez eu une vie active, et là, la tension nerveuse est retombée. Il faut absolument prendre du repos, sinon, vous allez au devant de graves ennuis. » Marie-No s’approcha. « Je vais te redonner la pêche !
-Oui, c’est exactement ce dont elle a besoin. Quand commencez-vous à retravailler ?
-Aujourd’hui !
-On en reparlera dans un mois.
-Comment ?
-Un mois. Trente jours, je vous fais un arrêt de travail. » Marie-No était satisfaite. Elle était sûre que ce sursis serait profitable.
« Donne moi le numéro de ta boîte, je les appelle. » La réponse fut on ne peut plus encourageante.
« Qu’elle se repose le temps qu’il faudra, rien ne presse, nous attendrons. » Je restais donc à l’appartement. Je ne me reposais pas, je pensais sans arrêt à Marie-Noëlle, j’imaginais je ne sais quel scénario tordu, dans lequel elle rencontrerait Jean-Marc à mon insu. Marie-No était catastrophée. Elle proposa de demander sa mutation dans la première compagnie. Je protestais avec force.
« Alors que veux tu que je fasse ? » et elle se mit à pleurer. Ce sont ses larmes sans doute qui me prouvèrent la stupidité de ma conduite. J’étais en train de lui pourrir la vie avec mes conneries. Je le ressentis comme une douche froide. Je me réfugiais sur le balcon, et le regard perdu dans la canopée, je ne pensais plus à rien. Mon esprit tournait à toute vitesse, mais il tournait dans le vide. Le Colonel appela plusieurs fois. Je ne décrochais plus le téléphone. J’eus la visite de mon père. Il fut inquiet de me trouver dans cet état. Puis ce fut ma mère. Cela me mit en colère.
« Pourquoi pas ma sœur pendant que vous y êtes ? » Après une semaine, j’étais toujours aussi dépressive. Marie Noëlle prit le parti de faire comme si tout allait bien. Elle me demanda même d’aller faire les courses, et d’aller rencontrer le syndic pour une réparation du balcon. Je me forçais, mais je le fis. Et puis, ce n’était pas si terrible. Alors le lendemain, je me déguisais, je sortais le VTT, et je partis en balade. J’évitais le chemin du camp des Sablons, j’allais de l’autre côté, vers Pierrefonds. C’est très dur le VTT, et j’en bavais pour grimper les cotes. Mais cette sortie me fit un bien énorme. Je respirais mieux. Bien sûr, je n’avais rien oublié, je me rendais compte que tout cela n’avait rien de dramatique. Le Colonel voulait me baiser, je n’étais pas contre, mais j’ai eu peur, et Marie-No n’a pas encore envie de baiser avec Jean-Marc. Voilà, tout était remis dans l’ordre. Je sais que je baiserai avec le Colonel, et je sais que Marie-Noëlle baisera avec le Lieutenant. Aucune raison de se prendre la tête pour des histoires de cul. En attendant, ce soir, je dors avec Marie, et je lui fais l’amour. Les autres attendront. La normalité revint peu à peu. Je me levais de bonne humeur et j’allais faire mes deux heures de sport. Vélo ou footing. Je faisais le ménage, la cuisine, je repassais le linge, je servais Marie comme une princesse. Je ne demandais pas de nouvelles du Camp. Il fallait que je me mette dans la tête que l’armée, c’était de l’histoire ancienne. Je m‘étais tellement investie durant ce temps que je m’imaginais posséder quelque chose de l’armée. Il fallait bien admettre que je n’avais été qu’un numéro, et que maintenant c’était au numéro suivant. L’armée m’avait effacée. Je pensais qu’il serait mieux, pour moi, que ce soit moi qui effaçasse l’Armée. J’allais m’y employer. J’avais recommencé à décrocher le téléphone. Le Colonel n’appelait plus, déçu ou renseigné par Marie-Noëlle, je ne savais pas. Ce matin, c’était mon père au bout du fil. Il disait qu’un homme était venu à la maison, mais que ma mère n’avait pas compris ce qu’il avait dit. Il a laissé un papier avec un numéro de téléphone. J’étais intriguée, et j’attendais un moment avant de rappeler. Les évènements récents m’avaient appris qu’il valait mieux que je me prépare à ce qui devait suivre. J’appelais. C’était Christian, le garçon que j’avais rencontré au Buc, au stand de tir. Décidément, c’était la mode des Sous-lieutenants. Il était libéré depuis deux mois, il avait trouvé du travail, et il demandait à ce que l’on se revoie. Je n’avais aucune raison de refuser, et j’acceptais de le rencontrer le lendemain, au Saint Hubert, l’éternel bistro de la place Saint Jacques. Le soir, j’en parlais à Marie-No. J’ai vu que ça ne lui faisait pas plaisir, vu ce qui s’était passé, je comprenais qu’elle soit inquiète. Pour la dérider, je lui racontais l’épisode Marie-Catherine dans le camion. Je fis un nouveau flop. Mais je sus un moment après que Marie-Noëlle avait un souci. Enfin elle se décida :
« Je crois que je suis amoureuse de Jean-Marc.
-Ce n’est pas un scoop, je savais que ça allait venir.
-Surtout ne sois pas méchante, je ne me suis pas jetée sur lui. Mais là, je sens bien que je suis prête à faire une bêtise.
-Pourquoi une bêtise ? Une belle femme avec un beau garçon, ça fait un beau couple, et c’est comme ça depuis la nuit des temps.
-Je te sens bien détachée.
-Je ne vais pas te dire que j’en suis heureuse, mais je ne veux pas t’empêcher de vivre. Toi au moins tu sais ce que tu veux. De toute façon, j’avais écrit l’histoire avant même qu’il arrive.
-Tu avais si peu confiance en moi ?
- Pas du tout, ce n’était qu’un mauvais rêve.
-Tu me feras encore l’amour après ?
-Si tu en as encore envie.
-Ca t’ennuie si je le reçois ici ? Je n’aimerais pas le rencontrer dans la forêt comme une femme qui se cache de son mari.
-Bien sûr que non. Tu es ici chez toi. J’irai faire du vélo pendant ce temps là. Je passerai mes nerfs sur les pédales.
-De toute façon, tu as aussi un rendez vous galant, on sera quitte !
-Je ne sais pas s’il sera galant.
-Je te le souhaite de tout cœur, parce que je t’aime. Et je veux que tu te sentes bien dans ta peau.»
-Cela fait un bail que j’en ai perdu l’habitude.
-Tu ne devrais pas te sentir mal. Pour moi, rien n’est changé, je t’aime plus que tout. »



Même dans cette situation, je sentais que Marie-Noëlle était sincère.


   

 

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Par eve anne
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