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  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
Ultima Necat

 

 

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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
sicut qui similis

 

 

 

 

Bonne Année



BonneA              

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Extraits

 

Rencontre en Forêt
carrefour11

J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
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Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
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Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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VI-Michèle
 

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Nous aimons toutes à savoir ce qui peut nous faire souffrir.

   

                                         Deux années se sont passées, depuis ces premières vacances dont je garde le souvenir ému. La rentrée en terminale était proche, deux semaines pour Michèle, trois pour moi. Toutes les classes ne rentraient pas en même temps. C’était l’année du Bac, après je devrai quitter le lycée et partir je ne sais où. Je voulais absolument faire une licence de lettres, et peut être aussi d’espagnol. Je suivrai les conseils de Michèle. Sans elle, je crois que je ne pourrais plus vivre un seul instant. Je n’osais imaginer ce que pourrait être le drame de ma vie, si Michèle venait à me quitter. Et pourtant, il faudra bien envisager la question, pour l’année suivante, nous serons fatalement séparées.
La rentrée se passa simplement, sans anicroche. Denise ne m’avait pas oubliée, Michèle était mon prof d’espagnol et mon prof d’anglais. J’aurais aimé qu’elle fasse l’effort de me faire le français aussi. Denise était venue à ma rencontre, et m’avait embrassée comme ça, devant tout le monde, sans aucun complexe. Je sens encore sur ma joue la douceur de ses lèvres. Elle me posa quelques questions sur mes vacances, sur nos vacances surtout. Puis elle me dit qu’elle était allée au Portugal avec sa famille, et qu’à Fatima, elle avait prié pour nous. Je n’étais pas pratiquante, mais je savais par ma maman, que le fait de prier pour une personne que l’on aime, était vraiment une volonté d’offrir le bonheur, et la réalisation des souhaits les plus secrets. Denise nous avait prises en amitié, et notre histoire lui plaisait, par la durée et l’intensité de notre liaison. Peut être vivait elle aussi une histoire semblable, ou peut être le souhaitait-elle. Qui sait, si à Fatima, elle n’avait pas demandé à la Vierge Marie de lui donner les mêmes joies. J’aimais Denise, j’aurais été mortifiée qu’elle eût des problèmes à cause de moi, ou de nous.
Michèle pensait que la jalousie de certains profs, ceux dont elle repoussait les avances par exemple, pourraient lui causer du tort. Denise devait le savoir aussi. Je pense qu’elle s’en préservait à sa manière. C’est vrai que j’allais sur mes dix huit ans, et que légalement j’étais encore mineure. Mais les gens qui me regardaient, me voyaient comme une femme, et pas comme une gamine. Quand nous étions toutes les deux, nous avions la même taille, j’étais un peu plus épaisse, très féminine, nous étions deux adultes. Michèle ayant gardé un visage de jeune fille, nous avions l’air d’être du même âge. Il est vrai aussi que les filles atteignent la maturité beaucoup plus tôt que les garçons. Et après ces années de vie « commune », je n’ignorais plus rien des choses de la vie, du moins à ce qu’il me semblait. De toute façon, j’avais la majorité sexuelle, ce qui mettait Michèle à l’abri du détournement de mineure. Michèle avait adroitement tissé des liens avec ma maman. Elles se parlaient bien, souvent, et elles s’aimaient beaucoup. Ma maman m’avait toujours laissé partir en vacances avec quelques appréhensions. Mais elle se rendait compte que Michèle s’occupait bien de moi, et que sans vouloir parler des relations amoureuses, elle avait une excellente influence sur mon adolescence. C’était une pensée que je partageais totalement. Michèle occupait tout l’espace de ma vie. La reprise des cours se passa le plus simplement du monde. Michèle s’organisa dès les premiers jours pour travailler ensemble le soir. Elle, pour ses corrections et ses préparations, moi pour mes devoirs et leçons. Elle avait décidé de me faire travailler, et que j’aurai le bac avec mention. Elle ne mettait plus les pieds dans la salle des profs. Elle évitait ainsi les allusions et les quolibets. Quelques professeurs de ses amies, lui racontaient ce qui se passait. Mais dans l’ensemble, il n’y avait que les hommes qui critiquaient ouvertement notre liaison, comme si c’était le sujet principal de l’établissement, et comme si leur désapprobation pouvait changer quelque chose.
Aménagé au mieux de nos désirs, le temps passait sans nuages. Sans nuage pour moi principalement, car pour Michèle et son mari c’était autre chose. Les prises de bec étaient quotidiennes, et ils faisaient maintenant chambre à part. Ludovic ne supportait pas sa liaison avec moi, et Michèle n’avait rien accepté de lui, depuis avant les dernières vacances. Le ménage semblait voué à la faillite. Michèle en parlait comme d'une fin inévitable. Aux alentours de Noel, elle proposa d’aller au ski en Haute Savoie. Pour moi, c’était la fête. Pour Michèle c’était une transition, car elle ne retourna pas chez elle. Le premier jour de notre retour, elle demanda le divorce. Elle habita pour un temps dans un studio qui lui fut prêté par une de ses amies, Puis on se mit à la recherche d’un logement un peu plus grand, sous entendu, pour deux personnes. Nos vacances avaient été une réussite totale. Il avait fait beau, le paysage était grandiose, et nous avons joué comme des gamines. On allait danser tous les soirs, dans une boîte à filles. Et on faisait l’amour jusqu’à épuisement. C’est sûrement cette joie de vivre partagée qui poussa Michèle à forcer le destin. Nous avons choisi ensemble sa nouvelle résidence, dans un immeuble moderne près de la forêt. Je ne passais pas les nuits chez Michèle. Maman aurait accepté, sûrement, mais en aurait éprouvé j’en suis sûre, une grande tristesse. Surtout que l’année suivante, il faudrait bien s’y résigner. Ma mère m’offrit toutefois de passer mes week-ends chez elle. J’étais dans les meilleures conditions pour être heureuse, et réussir mon année. J’avais toutes les chances de réussir, je travaillais beaucoup, les week-ends n’étaient pas fait que de détente. Nous avions beaucoup d’occupations culturelles. Principalement des visites, châteaux, jardins, Musées, des lectures dans les deux langues, et des films en espagnol original. A part les soirées où nous allions danser, nos activités étaient toujours dans le cadre d’un enrichissement culturel. Nous n’étions qu’à une demi-heure de Paris par le train, et la source de nos loisirs était ainsi inépuisable. Je n’ai jamais eu l’impression de perdre une seule seconde de mon temps. Nous faisions beaucoup de sport. J’avais conservé la sortie dominicale à vélo avec mon père. C’était sacré, il ne s’en serait jamais remis. Michèle commença à pédaler un peu aussi. Puis elle y prit goût, et fit rapidement de gros progrès. Ensuite nous avions une nocturne par semaine à la piscine, et là, Michèle était très performante. Elle nageait comme un poisson, sur de longues distances. Et dernière distraction, évidemment, le cheval. Le cheval à Compiègne, c’est une institution.. Ce fut une année folle, où travail amours et loisirs se mêlèrent dans la joie et la sérénité. Au milieu de l’année scolaire, Michèle « décida » que je ne pouvais pas rater la mention au bac. Elle était satisfaite de la façon dont je travaillais, elle était heureuse du sérieux que j’y mettais, en réussissant à bien séparer le temps du travail du temps de l’amour et des loisirs. Pour elle, j’étais la fille la plus sérieuse du Lycée. Il fut donc question de « la suite », de ce que je ferai après le bac. Il n’y avait pas de faculté de lettres à Compiègne. J’avais donc un choix limité. Je ne me souviens plus pourquoi il ne fut jamais question d’Amiens, et notre choix se résumait entre Lille et Paris. Pour quantité de raisons, Lille fut choisie. Michèle, comme à son habitude, ne voulait pas être prise au dépourvu. La décision qu’elle avait prise, levait le voile sombre qui persistait sur notre avenir. Elle demandait sa mutation pour Lille, elle se mettait à la recherche d’un logement dont nous pourrions prendre possession dès Juillet. Beaucoup de logements se libèrent en fin d’année scolaire, la décision était donc judicieuse.
« Et si je rate le bac ?
- Tu auras une gigantesque fessée, je ne te ferai plus l’amour, et tu le repasseras à Lille ! » Voilà, c’était tout simple. Michèle c’était l’organisation personnifiée cela présentait de multiples avantages, notamment celui d’avoir le temps de se préparer moralement à tous ces changements.. Michèle invita Denise à « la maison ». Je trouvai que c’était une bonne idée, subtile et généreuse. Elle voulait lui parler de nos projets, pour qu’elle ne soit pas mise devant le fait accompli. Denise accepta avec plaisir l’invitation de Michèle. Ce fut une soirée des plus agréables, sous le signe de la confidence et de l’amour. Denise nous confia qu’elle avait détecté notre liaison dès le début. Qu’elle avait été saisie des plaintes des autres professeurs presqu’aussitôt. Elle cita des noms, presque toutes les « amies de Michèle» s’était plaintes de sa liaison. Denise nous avoua aussi qu’elle avait eu une liaison avec une élève, mais que celle-ci n’était plus au Lycée. Elle nous aimait beaucoup, et souhaitait que notre couple dure l’éternité. Elle me dit aussi que j’avais choisi la femme la plus honnête qui soit. Une femme qui avait fait ses choix, qui les assumait et respectait les gens, avec beaucoup de générosité. Nous allions lui manquer énormément. Nous étions convaincues Michèle et moi que Denise nous avait parlé avec sincérité.
Ce fut bientôt l’épreuve du bac. J’étais tellement bien préparée que je n’avais aucune appréhension, et j’étais sûrement de tous les candidats, la moins intimidée. Je suis tombée sur des sujets que je connaissais bien, ce fut facile. Je réussis le bac avec la mention « Très Bien » et une note de 17, 75 de moyenne. Quand elle a appris le résultat, Michèle s’est effondrée en larmes, et c’est moi qui la consolais. Elle réussit à me dire entre deux sanglots :
« Tu aurais pu faire l’effort d’aller jusqu’à 18 » J’avais la meilleure note de notre Lycée. Les commentaires furent naturellement que nous avions triché, et que Michèle avait usé de ses charmes pour avoir les sujets. Auprès de qui, on se le demande! Nous avons fêté « notre » réussite avec un week end à Venise. C’était le cadeau de Michèle. Il a plu tout le week end, mais je ne souviens pas en avoir souffert.. Nous avons fait toutes les formalités pour mon inscription à Lille, et nous avons signé pour une location d’un trois pièces à Villeneuve d’Ascq. Michèle m’avait encore réservé une surprise. De celles qui me laissaient sans voix. Elle savait qu’elle aurait facilement un poste dans un lycée de la ville, et que, moi en faculté, on ne se verrait que le soir. Elle a eu l’idée de préparer, comme moi, une licence en Lettres Modernes. Elle donnerait ses cours d’espagnol, laisserait tomber les cours d’anglais, et assisterait avec moi aux cours de lettres. Et les cours qu’elle ne pourrait suivre, elle se rattraperait en me les faisant travailler. J’étais sidérée qu’elle ait pu imaginer un schéma aussi précis. Mais cela semblait tenir la route, et de toute façon, ça ne coûtait rien d’essayer. Avec un peu de chance, nous serions ensemble la moitié du temps, et Michèle mettrait une troisième licence à son bagage.
Plus le temps passait, plus je me rendais compte du gigantisme de l’amour qu’elle avait pour moi. Se remettre en cause professionnellement dans le seul but de gagner du temps pour être ensemble, me paraissait absolument fabuleux. Qui d’autre serait capable de s’engager dans pareille aventure ? Le temps de pouvoir disposer de l’appartement, nous sommes parties à Malaga faire la bise à la famille, puis tout de suite à Formentera, pour deux semaines de paradis. Nous sommes descendues en car à Malaga. C’est un peu plus long que le train, mais c’est deux fois moins cher. Le car était confortable, le seul inconvénient, est de ne pouvoir réellement se dégourdir les jambes. Et nous sommes remontées en car aussi à partir de Barcelone. Nous avons retrouvé avec plaisir les « huppes faciées » ces oiseaux magnifiques de la méditerranée. Puis nous sommes revenues nous installer.
Quand j’ai déménagé mes affaires de Compiègne, ce fut un serrement de cœur. L’oisillon quittait le nid familial. Seule ma jeune sœur semblait heureuse de pouvoir utiliser toute la place. Quand mon père me vit emmener mon vélo, il n’a pu retenir une larme. Je ne sais pas s’il est possible d’avoir un père plus affectueux que le mien. Il m’adorait, il trouvait toujours des excuses à mes bêtises. Ma liaison avec Michèle ne l’a jamais gêné. Il se plaisait à dire qu’il valait mieux fréquenter une jolie femme qu’un jeune con. Nous avons passé le reste de nos vacances à emménager, et à découvrir Lille, les alentours, un peu de la Belgique. Nous sommes allées nous baigner à Ostende, dans une eau glaciale. Nous avons été extrêmement surprises par la beauté des villes Belges, et par les demeures magnifiques qui parsèment la campagne. Gand fut une révélation. L’animation qui régnait à Lille était absolument étonnante. La rue de Béthune, le vieux Lille et la rue Esquermoise, tout ça nous parut très encourageant, nous étions heureuses. Aucune raison de nous ennuyer ou de ne pas nous plaire à Lille. L’année scolaire commença plus tôt pour Michèle que pour moi. Au Lycée elle n’avait eu aucun mal à trouver un poste d’Espagnol, avec en plus quelques heures de remplacement. J’essayais de savoir si dans ses classes elle avait une jeune fille à gros seins qui lui faisait des déclarations d’amour. Ce genre de discussion ne lui plaisait pas tellement. Elle me répondait que, côté sentimental, et coté seins, elle avait tout ce qui lui fallait et même au-delà, et que les filles de ses classes, elle ne les avait pas regardées. De mon côté, quand elle n’était pas là, j’avais commencé à lire les œuvres recommandées pour cette année. Mais en fait je pensais souvent à Michèle. En plus d’être amoureuse, j’étais admirative de la façon dont elle m’aimait. Je sentais nettement la force de cet amour, et je voyais bien ses yeux quand elle me regardait. Je sentais aussi avec quelle envie elle respirait le parfum de ma peau, avec quelle douceur elle caressait mes seins. Je ne décelais aucune lassitude dans ses sentiments. J’étais émerveillée, et j’avais peur de ne pas savoir lui rendre cet amour, j’avais peur qu’elle soit insatisfaite de mes sentiments. Et puis ce fut « notre rentrée ». Pour moi, ce fut un gros dépaysement par rapport au lycée. Dire l’effet ressenti d’avoir à côté de moi dans l’amphi la femme de ma vie, c’était inimaginable. Michèle était là, sérieuse, attentive, et elle était là pour moi. Et la vie avait changé. Dès la sortie des cours, on pouvait se tenir la main, ou par la taille ou par les épaules. L’une contre l’autre à s’embrasser ne choquait personne, d’ailleurs nous n’étions pas les seules. Curieusement, il y avait plus de couples de filles que de couples mixtes. A croire que les garçons avaient honte d’exposer leurs sentiments, ou alors ils n’en avaient pas, peut être leur faudrait il encore quelques années avant d’en arriver là. Pour moi, c’était la révolution. Aller en cours en tenant Michèle par la main, je m’imaginais que le monde entier était témoin de mon plaisir. Et jamais aucune fille aucun garçon, aucun prof ne fit allusion à notre liaison. Pourtant, la différence d’âge était visible, à croire que les « conneries du Lycée » n’avaient plus de raison d’être. Il faudrait peut être que les profs se remettent en question, et puissent faire l’effort d’admettre que l’amour n’a pas de servitudes. Tant que l’on ne faisait pas d’atteinte à la pudeur, on pouvait vivre nos sentiments au grand jour. Notre façon de vivre fut évidemment bouleversée, et le travail occupa la plus grande partie de notre temps. Le sérieux de Michèle dans son travail était absolument étonnant. Quelques fois je l’aidais en corrigeant des copies d’espagnol. Elle me disait que si j’étais plus courageuse, je devrais préparer une licence d’Espagnol ! Moi, je me voyais mal apprendre toute la littérature espagnole. Le comprendre et le parler me semblaient suffisant. Je dus promettre d’y réfléchir, pour quand je me serais organisée. En vérité, et sans oser le dire, je pensais qu’il me faudrait trouver une occupation rétribuée, pour participer davantage aux dépenses du ménage. Quand j’en ai parlé à Michèle, elle m’a prouvé par a+b que ce n’était pas nécessaire. Il fut convenu qu’on laisserait passer la première année comme ça, et que l’on verrait après. Je pensais beaucoup à l’avenir.
Nous étions parties pour trois années d’étude. Peut être que pour Michèle ce serait différent, vu qu’elle avait déjà satisfait à pas mal de formalités. Ensuite, ça serait plus compliqué, il y aurait des concours, des choix à faire, des stages, Je préférais ne pas y penser. Je partageais déjà les études avec un amour fou, j’étais peut être la seule étudiante dans cette situation ? Sans parler des personnes plus âgées qui s’étaient remises aux études. J’étais heureuse, j’avais l’impression maintenant d’être définitivement adulte. Nous avions notre appartement, notre vie, et nous avions nos études, et notre amour faisait le reste. L’année suivante, je trouvais un « petit boulot » au journal local, la très célèbre Voix du Nord. Je faisais des piges, des corrections, des mises en page, des petits articles. Ça me plaisait. Ça ne plaisait pas à Michèle. Elle m’avait avoué que de me savoir dans ce monde du journalisme allait lui poser de gros problèmes. Elle disait franchement qu’une jolie « femme » comme moi (elle avait employé le mot) allait faire des ravages chez les hommes, et peut être aussi chez les femmes. Je trouvais que c’était exagéré, c’est la première fois dans notre liaison que son amour tirait vers la jalousie. Je le compris tout de suite, et cessais cette activité. Mais je lui faisais remarquer que partout, il y avait des hommes et des femmes, et qu’il n’y en avait pas plus aujourd’hui que l’année dernière.
« Je sais tout cela mon amour, la différence c’est qu’il y a une année de plus.
-Et alors ?
-Alors ? Tu es en pleine escalade dans ta beauté et dans ton charme. Tu es devenue une très belle femme, et cela s’affirmera de plus en plus.
-Je suis devenue comme tu voulais que je sois. Crois tu que je serais aussi belle si je ne devais pas te plaire ? Je ne regarde pas les autres. Je suis à toi, et le suis définitivement.
-Je te prie de m’excuser de te mettre en cause. Il faut que je me débarrasse de ces idées, sinon plus tu seras belle plus je serai malheureuse.
-J’espère qu’il n’en sera rien. Tu me parles de choses auxquelles je n’ai jamais songé. Maintenant je devrais faire attention à mes attitudes pour ne pas te froisser.
-Non, ce n’est pas cela, ne change rien. C’est à moi de m’adapter. Quand on tombe amoureuse d’une jeune fille, on doit être capable d’assumer le fait qu’elle se transforme en femme. Je suis stupide, je te demande de m’excuser. » L’incident était clos. Je trouvais néanmoins un poste de pionne dans le lycée où elle exerçait. Comme cela, tout était parfait. Mais dans mon for intérieur, je trouvais que Michèle était bien plus désirable que je ne pouvais l’être, et que le danger ne pouvait venir que de son côté. Mais je ne ressentais pas de jalousie. Le fait qu’une femme comme elle ait fait le choix de vivre avec moi, suffisait à me persuader de son amour. Il n’y eut qu’une seule alerte de ce genre. Nous avions accepté de nous rendre à une invitation d’un couple de professeurs. Ils étaient du même âge me semblât il, que Michèle. Je trouvais l’homme assez playboy, et la femme lançait des œillades assassines. Personnellement, j’aurais décliné l’invitation. Mais comme Michèle avait accepté, nous nous y sommes rendues. Il y avait d’autres couples. Instantanément j’ai senti le malaise. J’ai regardé Michèle au moment où elle me regardait. Elle devait éprouver le même sentiment. La soirée se passait normalement, et nos craintes nous parurent infondées quelques instants plus tard. Quand j’entendis soudain un bruit de vaisselle tombée, et une claque retentissante. Michèle sortait de l’office, rouge de colère. Elle vint me prendre la main, et m’entraîna dehors.
« Il a sorti son sexe et voulait que je le suce ce triple con ! » Je pense qu’elle l’avait crié très fort pour que tout le monde entende avant de claquer la porte. Quelques jours plus tard nous eûmes la visite de la femme de l’homme indélicat. Elle venait nous demander de l’excuser.
« Parce qu’en plus, il n’a pas le courage de le faire lui-même ?
-Ce n’est pas ce que vous croyez, nous sommes vraiment navrés de cet incident, mon mari avait trop bu il n’avait jamais fait ça !
-Ecoutez madame, nous ne vous demandons rien. C’est vrai, nous sommes deux femmes ensemble, deux lesbiennes. Et nous savons que ça dérange. Mais ce n’est pas pour ça que l’on doit nous considérer comme des salopes. Dites à votre mari qu’il s’est conduit comme un vulgaire obsédé, et qu’il n’a aucune excuse. A votre place, je le laisserais tomber.» La femme se retira fortement mécontente.
« Elle voulait s’assurer de notre silence, c’est raté !
- Tu veux raconter l'histoire?
-A qui voudra l'entendre, sinon c’est trop facile. Ils peuvent tout se permettre !
-Tu as raison. Mais je pense que c’est habituel chez eux et que la femme était complice.
-Après notre départ, ça s’est certainement terminé en partouse. »
Nous n’avons plus été invitées, et c’était très bien comme ça. Le calme revint dans notre vie. Amours études, sport, découvertes, ce fut le programme tout au long de l' année. Michèle était toujours amoureuse comme au premier jour. Pour moi, quelques fois, le respect s'ajoutait à l'amour. Je pensais que tout chez elle motivait cette impression. Tous les aspects de la vie étaient abordés avec sérieux, joie et bonheur.



Vers la fin de l’année scolaire, le divorce de Michèle fut prononcé.






 

Par eve anne
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