Le blog d'eve anne, Madrid.
Miss Donelly
Le trajet entre Paris et Londres en Euro Star n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre ; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République.
Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans une flamme ni cachet, ni de marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi. Magali ne se lassait jamais de contempler cette vue, c’était même son refuge dans les moments d’incertitude. Elle se plaisait à viser tel clocher, dans l’alignement duquel elle arriverait à Lille, ou tel autre repère lui indiquant la direction de Londres. Londres,… elle n’y était jamais allée. Pourtant, ce n’était pas l’envie qui lui faisait défaut. Elle s’était passionnée pour cette langue, depuis que Miss Donelly était arrivée dans sa vie. Cette jeune prof d’anglais en était à son premier ou deuxième poste dans l’enseignement, et la deuxième année avec Magali. Dès les premières heures Magali conçut pour cette jeune femme une affection profonde, dont elle n’était pas certaine d’en concevoir les limites. Dony, c’est ainsi que la surnommaient ses élèves, ne devait pas avoir plus de 28-trente ans. Elle avait un visage souriant aux yeux d’un vert troublant, elle était assez grande, très mince, le cheveu blond et des tâches de rousseur discrètement réparties sur le visage, les avant bras, et sûrement partout ailleurs. Magali se plaisait à imaginer sa forte poitrine parsemée de ces tâches qui en l’occurrence lui donnait une beauté particulière. Elle était toujours vêtue de la même façon, un ensemble jean blanc ou bleu, et blouson assorti, le tout perché sur des talons de hauteur moyenne. Bref, Dony était une très jolie femme, et secrètement Magali devait en être un peu amoureuse. Cette idée quelques fois lui traversait l’esprit, mais elle ne la rejetait pas systématiquement. Elle admettait facilement les amours homosexuelles, et si elle n’avait pas encore eu d’expérience de ce genre, elle savait en elle-même que si l’occasion se présentait, elle ne la refuserait pas. Magali avait 18 ans, et depuis deux ans, déjà, elle avait un petit ami qu’elle retrouvait avec plaisir. Elle aimait ce garçon timide et doux, un beau jeune homme de trois ans son aîné, brun aux yeux noirs, qui lui avait fait une cour maladroite mais sincère. C’était la première expérience de Magali, c’était la première expérience de Martin. Tous les deux, un jour de manif, ils s‘étaient retrouvés dans la chambre de Magali, et tous les deux, avec une grande douceur, en toute simplicité, ils avaient inventé tous les gestes de l’amour. Bien sûr, cette fois là ce ne fut pas une grande communion charnelle, mais ils étaient heureux de leur rencontre, et s’étaient promis de ne plus se quitter pour l’éternité. Perdue dans ses pensées, Magali quitta sa fenêtre, elle avait oublié la lettre posée sur la crédence, et la retrouvant, elle prit son coupe papier, cadeau de Martin, une petite épée ramenée de Tolède, décorée d’ors et de filets de couleur. Elle parcourut d’un trait les quelques lignes et explosa de joie. Magali était acceptée par l’organisation de son lycée pour un séjour linguistique à Londres. Suivaient l’adresse de la famille d’accueil, les dates de séjour, le correspondant local, et quelques autres détails. Les billets de TGV seraient à retirer à l’agence machin dans une rue voisine. Magali ne se sentait plus de joie. Quand elle retrouva Dony, elle lui sauta au cou pour lui apprendre la nouvelle, et le contact souple entre sa poitrine et les seins arrogant de la prof la troubla instantanément. Elle se recula un peu et vit que le regard de Dony n’était plus le même .Elle la regarda dans les yeux, se sentit perdue dans cette immensité de vert lumineux, et sans y réfléchir déposa un baiser sur les lèvres entrouvertes de la Miss. Celle-ci ne se déroba pas, et regarda s’enfuir sa jeune élève, avec un regard d’affection amusé. Les jours qui suivirent Magali eut droit à un traitement particulier, une heure par jour de révision intense, pour toutes les expressions courantes qu’il est indispensable de connaître pour ne pas passer pour un « touriste français », ce qui est considéré dans les milieux Londoniens avec le plus grand mépris. Durant les deux semaines qui précédèrent son départ, les relations entre Miss Donelly et Magali évoluèrent doucement. Magali avait agi dans un réflexe de plaisir, sans y voir d’autres intentions, ou sous entendus. Par contre elle remarqua au fil des jours, que Dony avait ouvert son chemisier de un, puis deux boutons, laissant apparaître la naissance de sa poitrine, deux seins idéalement galbés qui se rejoignaient au dessus du soutien gorge pigeonnant. Quelques fois, Dony se baissait pour ramasser un cahier, un papier ou un crayon, et Magali découvrait alors un somptueux décolleté qui la laissait étonnée et toute rougissante. Elle voyait bien que Dony voulait lui faire passer un message, provoquer en elle quelque réaction, mais elle ne se sentait pas suffisamment mûre pour y répondre, et franchement elle n’aurait pas su s’y prendre. Pourtant, le dernier jour avant son départ, Miss Donelly osa poser sa main doucement sur la jeune poitrine de Magali, déboutonna doucement le chemisier, passa une main dans son dos et libéra les seins jusque là prisonniers. Magali surprise, n’eût pas l’idée de repousser la caresse, et ferma les yeux pour ne plus vivre que ses sensations. Quand elle ouvrit les yeux à nouveau, ce fut pour contempler les cheveux blonds de la jeune femme, penchée sur sa poitrine. Magali se sentit aspirée, dévorée, alors que l’autre main de Dony caressait son entrejambe. En quelques secondes elle sentit les doigts au contact de ses lèvres, sa respiration s’accéléra, et le plaisir lui vint, soudain, violent, fulgurant. Machinalement Magali passa la main par le cou de son amante, et l’embrassa comme elle embrassait Martin. Elle chassa cette idée, et replongea dans ce nouveau ciel. Elle entendit la Miss lui murmurer : « Si tu n’as pas aimé, oublie moi, sinon, pense à moi très fort » Magali remit de l’ordre dans sa tenue, elle sentait encore ses tétons durcis, comme s’ils voulaient encore jouer, elle rabaissa sa mini jupe, elle se sentait très humide, mais aussi brûlante, sensation qu’elle découvrait avec reconnaissance. Les cols refermés, les cheveux un peu fous, elles fermèrent la porte de la salle, sortirent de l’établissement. Mis Donelly lui prit la main, la serra un moment, et lui dit : « Bon voyage ma tendresse » Et elle disparut au coin de la rue. Magali prit le chemin de sa résidence. Elle marchait droit, plus sûre d’elle, elle ne regrettait rien, bien au contraire. « Dommage qu’il y ait ce voyage ! » Les regrets s’envolèrent dans les quelques minutes de trajet sur le trottoir qui menait à son immeuble. A peine avait elle dépassé les Halles, qu'elle se sentit plus légère, toute joyeuse, elle avait envie de danser, d’embrasser les passants. Il faisait beau, elle aimait son quartier et Miss Donelly était la plus top des Miss ! Le TGV sortit du tunnel, Magali ressentit immédiatement le changement .La vitesse était diminuée de moitié, et le train était secoué comme au siècle dernier. Sortie indemne de ses souvenirs, elle se concentra sur les petites maisons aux toits rouges, aux jardins plus verts que verts, et bientôt la banlieue sordide, puis enfin la ville. Magali savait qu’elle avait une chance Inouïe. Sa famille d’accueil était d’un niveau social très élevé, on ne lui avait dit que du bien de cette famille anglaise qui habitait parait-il un immense et très bel appartement.