Le blog d'eve anne, Madrid.

 

La Suite 

                                 Alida Sophie de Précy-Boran. Née le 25 Mai 1855 à Saint-Ouen L'Aumône fille du Baron de Précy et de Anne de Boran-Neufville. Peintre et narratrice, on lui doit notamment les Contes et Légendes de la Perdrix et la magnifique série des peintures de Folleville, aujourd'hui propriété du château de Chantilly. Il manque à la série une toile peinte au bord de la fontaine de La Faloise, Un tableau dûment recensé mais que personne en vérité n'est sûr d'avoir jamais vu. Alida Sophie de Précy-Boran se rendit en Picardie dans le milieu de l'année 1880. Elle eut en cette époque une production artistique remarquable. Il Semble  que le climat des hauts plateaux de Picardie lui ait été salutaire. Folleville est située à la limite des départements de la Somme et de l’Oise, entre Amiens et Breteuil. Terre agricole très fertile malgré un sous sol calcaire affleurant, elle est toutefois battue par les vents, quelques fois violents. A Folleville, on retrouve la trace du séjour de Alida. Les villageois en ont gardé -semble t'il- un excellent et très respectueux souvenir, et l’une de ses toile est la fierté de l’Auberge locale. Alida fut remarquée dès son retour dans la haute société  parisienne. Ses expositions furent suivies et admirées. Ses admirateurs, nombreux et impatients, furent les premiers à signaler sa disparition. Lors de ses dernières apparitions, elle était accompagnée d'une jeune femme dont la beauté et l’élégance furent très remarquées. On ignorait totalement son nom et ses origines. Les proches de Alida, ses parents, ses frères et sa soeur restèrent muets, la presse se lassa de l’histoire, et on ne parla plus d'Alida. Dès les années 1890 on n'entendit plus parler de Alida Sophie Précy-Boran, ni de sa mystérieuse compagne. Celles ci semblaient avoir délibérément quitté la vie mondaine. À moins que, tout étant toujours possible, il leur soit arrivé grand malheur. Pourtant quelques expositions furent encore organisées, mais sans le "Maître", on ne peut dire que le succès fut au rendez vous. Pourtant, un beau matin, un journaliste inspiré fit un rapprochement somme toute intelligent en lisant les faits divers de la presse étrangère..... Un couple de femmes élégantes et fortunées  aurait défrayé la chronique de la cité basque de San Sébastian. Les faits se seraient déroulés au Cercle de la station la plus réputée de la province Donostia. Elles auraient, parait-il, et à plusieurs reprises fait sauter la banque du casino. Soupçonnées de tricheries, elles furent arrêtées et inculpées de vol, de tricherie, et d'association de malfaiteurs. Pourtant, assistées des meilleurs avocats de la province basque, aucune charge ne put être retenue à leur encontre, et on les laissa en liberté, tout en leur interdisant l'accès au casino. Puis l'article décrit les protagonistes de cette invraisemblable affaire. Il s'agit d'un couple de femmes étrangères, françaises peut être mais rien ne le prouve, dont la plus âgée des deux passe pour être une artiste peintre de renom. La seconde, plus jeune de quelques années, d'une beauté extraordinaire est totalement inconnue des services de police. Ces deux femmes ne se quittent pas d'une semelle, elles semblent jouir d'une complicité totale .On ne sait d'où elles viennent ni qui elles sont, mais leur façon d’agir, semble obéir à une mise en scène parfaitement réglée. Elles ne sont jamais accompagnées d'une présence masculine. Par contre, leur voiture de luxe, conduite par un chauffeur aux épaules puissantes, est toujours précédée d'une autre voiture occupée par d'autres carrures et suivie d'une autre du même acabit. Dès leur arrivée, ces messieurs prennent positions aux quatre coins de l’édifice, et après seulement, ces dames descendent et se rendent à leurs occupations. C'est bien sûr ce manège de haute protection qui a intrigué en premier la police du casino puis la police locale. Persuadées qu'ils allaient les prendre en flagrant délit, les autorités donnèrent l’autorisation de jouer une fois par semaine .Cette nouvelle se répandit comme une traînée de poudre, et le casino délaissé et périclitant, retrouva en une soirée son activité d'antan. La soirée se déroula comme prévu. Les deux femmes et leur protection rapprochée firent leur apparition, magnifiques tenues de soirée, décolletés vertigineux, bijoux étincelants, les spectateurs qui avaient eu la chance d'être admis ce soir là, s’en souviennent encore. La femme qui semblait être la maîtresse du couple se faisant appeler Sophie, s'assit à la table de jeu, et l'autre, la plus jeune, Sohanne, se tint derrière elle, les mains gantées de soie délicatement posées sur les épaules de sa partenaire. Quelques fois elle se penchait pour murmurer à l'oreille de son amie quelques messages secrets. Le décolleté s'ouvrait alors aux yeux des prétendants, et un murmure d'admiration parcourait la salle. Le jeu commença et le silence se fit. A la première mise, Sohanne d'une pression de ses mains sur les épaules de son amie transmit son conseil, et le gain fut total. Les deux femmes accumulèrent la totalité des gains possibles. Au second jeu, Sohanne fit un geste et  Sophie demanda l'expertise de la table. L'huissier eut tôt fait de déceler le dispositif caché sous la roulette. Procès verbal fut dressé, et les organisateurs de la partie, tête basse, furent contraints de reprendre le jeu. Les deux femmes gagnèrent à tous les coups, jusqu'à la faillite de la table. Non seulement le casino avait tout perdu, mais il serait en procès dès le lendemain pour tricherie, et très certainement fermé. Les commentaires allaient bon train, il y avait les pro casino, et les pro clientes, et le commentaire qui revenait le plus souvent était "Sorcellerie" "Triche" "Connivence". En attendant les deux femmes repartirent comme elles étaient venues, leur retraite protégée par les gorilles en habit.

Aucune accusation sérieuse ne fut retenue contre elles, mais elles furent de toute façon interdites de table à Biarritz, Monaco, Cannes, Deauville et Baden Baden. La presse s'occupa quelques temps de cette histoire, mais sans nouvelles des deux femmes le scandale s'éteignit de lui même. Pourtant, quelques journaux féminins, voire féministes avant l'heure, ne tarissaient pas de compliments sur ces deux femmes richissimes, élégantes, intelligentes et discrètes, qui se vouaient, semble t il, un amour des plus sincère. Alida Sophie et Sohanne avaient élu domicile au grand hôtel de Paris à Monaco, et elles vivaient là leur amour éternel qui n'avait pas connu depuis leur rencontre, le moindre nuage. Qui aurait pu croire en voyant ce couple qui vivait dans un luxe inimaginable, à l'origine de ses deux amantes ?  Leur rencontre, leur histoire, leur fidélité. Qui se souvient du village de Folleville perdu dans l'immensité Picarde, qui se souvient d'Aneseau, ce petit souillon qui  gambadait quelques fois nue dans la forêt ? Qui croirait que La Vieille Dame avait réellement enseigné à sa « fille » ses secrets divinatoires, ses dons qui paraissaient être de la magie et qui étaient en fait le fruit d'une connaissance fondamentale qui remonte à l'origine des temps? Qui croirait que ces mêmes dons avaient désigné Alida comme étant d'une fidélité totale en amour, et que l'amour en elle était né à l'instant de leur rencontre ? Sohanne savait tout cela , mais à quoi bon en parler , elle détenait le bonheur parfait , Alida était heureuse ... Et qu'importe les casinos, c'était un jeu, elles en trouveraient d'autres....


Bien sûr ! Mais la surveillance étroite de la police devenait pesante. On essaya de leur mettre à dos tous les larcins de la région, tous les vols à la tire, toutes les escroqueries. On voulut aussi qu'elles soient les auteurs de quelques attentats. Aussi décidèrent-elles de partir et de laisser la police avec ses problèmes que Sohanne, peut être, aurait su résoudre, mais ça il eut fallu y penser.
Elles prirent la direction de Buenos-Aires, et s'installèrent dans un palace de la cité Porteña. Le plaisir du jeu reprit leurs sens, et les gains recommencèrent à affluer. Leur fortune devint alors colossale. Il semblait que Sohanne devenait à ce jeu de plus en plus performante. Mais à Buenos-Aires, en ces temps incertains, la violence était à fleur de peau et c'est un miracle qu'elles n'y perdirent pas la vie. En convalescence après quelques blessures à l'arme blanche Alida se remit à peindre quelques merveilles, ce qui permit à certains connaisseurs de faire le lien avec une oeuvre qu'ils connaissaient et de retracer le chemin parcouru. Entre temps Sohanne avait découvert les toutes nouvelles vibrations du tango et elle s'y livrait totalement, avec un plaisir non dissimulé. Alida sentit le danger et persuada Sohanne de quitter Buenos-Aires. C'est à Montevideo capitale de l'Uruguay en face, de l'autre coté du Rio de la Plata (le fleuve d'Argent) que notre couple intrépide sembla trouver la sérénité et le calme qui les fit tomber dans l'oubli total. On a retrouvé un recueil de poésie daté de 1870 signé Alida S.P.B, et quelques toiles d'une facture totalement transformée. Et puis plus rien...Rien que le souvenir...Une légende.   L’héritage d'Alida. Nul ne sait ce qu'est devenue l'immense fortune amassée par les deux amantes. Les toiles retrouvées à Montevideo semblent indiquer qu'elles auraient adopté une petite fille. Peut être était ce la fille naturelle de l'une des deux femmes. En l’occurrence, l'extrême discrétion sur la période finale de leur belle existence peut poser quelques questions. Si l'on s'en tient aux seuls tableaux de la période, il s'agit toujours d'un regard tourné vers la mer, vers l'horizon, vers un pays lointain? Inaccessible? Serait-ce le regret, le morriña? Certains ont franchi le pas. Affirmant même qu'elles seraient revenues en France. De là à s'imaginer qu'elles élirent domicile dans une demeure Picarde des alentours d'Amiens il n'y a qu'un pas. Moi il me plait à rêver qu'elles soient restées dans ces contrées lointaines et qu'elles aient fini leurs jours dans le bien et le dévouement. Fini leurs Jours ? Telle n'est pas la version que l'on raconte  à Folleville, où l'on prétend encore sentir quelque présence à l'orée du petit bois de Morisel. Allez donc savoir…..


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Mar 24 jui 2007 1 commentaire
joli , merci
ludivine - le 21/02/2010 à 22h37
Merci de ta fidélité. baisers
eve anne