Le blog d'eve anne, Madrid.

 Elle s’agenouilla sur la toile, et fit alors le geste le plus féminin qui soit, celui qui toujours vous coupe le souffle pour quelques secondes. Elle attrapa la base de son pull en croisant les bras et d’un geste lent et mesuré, enleva le pull par le haut. Le visage encore dissimulé par la laine épaisse, la poitrine avait jailli, dans un déplacement souple. C’est une vision de quelques secondes, mais réellement quelques secondes d’éternité que je n’oublierai jamais. Je lui avais, à plusieurs reprises, caressé les seins sous le pull, mais de les découvrir ainsi me procura un frémissement par tout le corps. Par les caresses, j’avais apprécié le volume, mais là je découvrais la forme, qui me parût absolument divine. La peau légèrement halée par les UV sans doute, et les aréoles étaient grandes et très foncées. Les bouts dressés semblaient me défier, et je n’avais plus qu’une hâte c’était de les goûter, de les mordre, de les respirer, de les avoir à moi et ne plus jamais fermer les yeux. Au fur et à mesure de son strip-tease, elle ne me quitta pas des yeux, jugeant à tout moment de ma réaction, de ma surprise, et de mon étonnement. Elle fit glisser le pantalon sur les hanches, apparaissant pratiquement nue, soigneusement épilée sans une trace, le mont de vénus paraissait être la suite naturelle de tout le corps, par sa couleur ambrée, et le satin de la peau. Elle fit le dernier geste avec grâce et se débarrassa du jean qui atterrit sur l’arbuste le plus proche.
Elle était parfaitement nue maintenant, Ève magnifique qui marqua un temps d’arrêt comme si j’avais besoin de cette pause pour enregistre l’image de sa beauté dans mon souvenir. Puis elle disparut dans le duvet, remontant la toile jusque sous le nez. Je déboutonnais alors mon chemisier, défis le soutien gorge, Elle ne me quittait pas des yeux. Je ne prétendais pas être aussi bien faite qu’elle l’était, j’avais quelques années de plus, mais le sport aidant, je parvenais à conserver de jolies formes et le ventre plat et musclé.
« Tu es magnifique ! » exagéra-t-elle, « viens me rejoindre tout de suite ». Je ne me fis pas prier, il faisait beau, mais avril ce n’est pas encore la canicule. Je me collai contre son corps qui me parut en feu, et de cet instant, plus rien n’exista d’autre que sa peau, ses lèvres, son parfum, ses caresses. Elle était une amante douce, active, expérimentée, elle semblait pouvoir me deviner à chaque instant, savoir où et comment provoquer en moi les plus vives brûlures. Elle était infatigable, elle se concentrait sur son plaisir, passant du sourire à la douleur, tous les sens mobilisés. Je ne mesurais pas le temps, je la sentais vivre, aimer, assouvir tous ses désirs avec application, sans aucune retenue. Je n’avais jamais eu de relation aussi violente qui dura aussi longtemps. L’épuisement nous surprit,
et nous fîmes des efforts méritoires pour ne pas sombrer dans un sommeil profond, qui nous aurait entraînées au delà de la soirée. On quitta le nid chaud et humide à regret. Saisies par le froid, on enfila nos vêtements le plus vite possible.

Je la regardais, elle me regardait, elle était à peine décoiffée, elle réajusta la pince, la fatigue marquait seulement un peu le dessous des yeux, Je la trouvais toujours aussi belle. Moi, avec mes cheveux longs je dus avoir recours à la brosse pour retrouver un peu d’allure. Je l’aidais à replier le duvet, qui ne voulut pas renter dans le sac, on l’emmena comme ça, jeté sur l’épaule. Il est vrai qu’on retrouva notre chemin sans difficulté. Elle était du pays, et peut être était ce le lieu habituel de ses amours passagères. Mais je ne voulus pas y penser. Le retour au château sembla trop court. Chaque tour de roue nous rapprochait de l’instant fatal où il faudrait se quitter. Et puis fatalement l’instant arriva, et sans vouloir le laisser voir, le cafard nous envahit peu à peu, et c’est avec les lèvres un peu serrées et la larme difficilement contenue que l’on se quitta.
Sur la route du retour, pourtant c’est l’optimisme qui l’emporta. Cet après midi, sous la couette en pleine forêt avait ravi mes sens, faisant de cette expérience unique un chapitre important de mon histoire. J’allumais la radio et comme par miracle, c’est Brassens qui m’accompagna quelques km en chantant :

« Sans sa gorge ma tête
Dépourvue de coussins
Reposerait par terre
Et rien n’est plus malsain
Tout est bon chez elle y a rien à jeter,
Sur l’île déserte il faut tout emporter »

Et c’est en fredonnant cet hymne à Joëlle que je rentrais chez moi. Les heures et les jours suivants furent entièrement illuminés de son image, et mon travail en souffrit beaucoup. Il fallait que je m’organise autrement, il fallait que j’arrive à me vider la tête de toutes ces images, afin de pouvoir continuer à vivre, à travailler, à m’occuper de moi de mon époux et de ma maison. Le week-end suivant, je proposais négligemment à mon époux d’aller le passer à Fort Mahon, dans le petit bungalow que m’ont laissé mes parents. Les journées furent très belles, très ensoleillées, mais à l’intérieur de moi ce fut une catastrophe. Pas une seconde je n’ai cessé de penser à Joëlle, je lui parlais tout bas, je sursautais dès que j’apercevais une femme dont l’allure rappelait la sienne. Mais le pire vint sans prévenir, je n’avais pas pensé que cet amour, ce besoin de Joëlle allait modifier mes relations conjugales.

 Il y avait l’avant Joëlle, ou l’entente était parfaite, alors que j’étais affamée d’amour de caresses, de baisers, de mots doux, et pour cela il était parfait, je n’avais jamais regretté une seconde passée dans ses bras. L’après Joëlle je le découvris sans le vouloir, sans le prévoir, ça m’est tombé dessus lorsque, allongée contre lui, je ne ressentais plus aucune envie, ni aucune soif de caresses. Pour la première fois, je simulais le plaisir, mais même ça je n’arrivais pas à le faire. Je n’avais pas envie, j’avais envie d’une peau plus douce et délicieusement parfumée, j’avais envie d’un corps féminin aux courbes douces et tendres. J’avais besoin de ses soupirs, de sa chevelure ondoyante se mêlant à la mienne, besoin de la dévorer de baisers, besoin, d’un immense besoin. Je pense qu’il remarqua ma distance, curieusement il ne fit pas de commentaires. Dès notre retour, je pris le téléphone, Joëlle fut d’accord pour que l’on se revoie très vite. Notre relation s’organisa, les rencontres furent plus fréquentes, quelques fois à l’extérieur, quelques fois chez elle, mais visiblement elle n’y tenait pas trop pour ne pas intriguer le voisinage. Je le regrettais un peu, surtout que sa maison était totalement à son image, et je trouvais qu’elle était arrangée avec goût et que tout lui ressemblait à merveille. Quelques fois cependant je la sentis plus distante, quelques fois elle se décommanda, et d’autres fois, modifia le lieu et l’heure du rendez vous. Bien que cela me chagrina souvent, je ne lui en tins pas rigueur, acceptant qu’elle puisse avoir quelques problèmes d’ordre professionnels ou privés. Ce qui arriva ensuite, à aucun moment de ma vie, je n’aurais pu l’imaginer. Encore aujourd’hui, quelques années après j’en ai la chair de poule rien qu’à l’évoquer. Je venais tout juste de me rendre compte que j’attendais un enfant. D’habitude réglée à la minute près, le retard constaté tout de suite me décida à faire le test qui ne me laissa aucun doute. Cet enfant je le voulais c’est sûr, puisque j’avais arrêté la pilule, mais j’avoue que si j’avais su j’aurais retardé l’événement. Mon époux n’était pas encore au courant, j’avais tout juste décidé d’en parler à Joëlle, je ne savais pas du tout comment elle prendrait la nouvelle. C’est en évoquant ce problème que je me rendis chez elle. Elle m’avait confié un bip qui me permettait de garer ma voiture dans la cour de la maison. De plus je prenais la précaution de la garer derrière pour qu’elle ne fût pas visible de la route. Joëlle m’attendait, elle me sourit, me prit la main et m’entraîna dans le salon. « Voilà » dit-elle « J’ai quelque chose à te proposer. Si tu n’es pas d’accord tu me le dis tout de suite, je ne t’en voudrais pas du tout… Je t’ai dit que j’avais un ami, et que j’aimais bien le rencontrer, parce que c’était un bon amant, et il a toutes les qualités que j’apprécie chez un homme. Pour ne pas qu’il apprenne notre liaison par la rumeur publique, je lui ai avoué avoir une liaison avec une très jolie femme….. »
Je sentais venir quelque révélation, et je restais attentive à ce qu’elle voulait me dire .Elle était à l’aise, pas gênée du tout, cela me rassura un temps.
« Il ne l’a pas trop mal pris, il m’a posé quelques questions : depuis quand ? Pourquoi ? Était ce une habitude chez moi ? » Bref, des questions d’homme quand il s’aperçoit que son amie est homosexuelle.
« Il a réfléchi un moment, et tout de go il m’a déclaré : »
« Si tu le veux bien, ça ne me déplairait pas de participer à vos rencontres, surtout si elle est aussi jolie que tu le dis. Si elle est mariée, elle est bisexuelle, et elle ne sera pas choquée de la proposition ! En réalité cela me plairait beaucoup !»
Joëlle s’arrêta un moment et me regarda. Moi j’étais pétrifiée. Je m’attendais à tout sauf à cela. Elle me dit d’une voix plus douce.. « Tu sais, moi aussi je suis tentée, je vous aime tous les deux et vous faire l’amour en même temps me fait flipper rien que d’y penser. Tu peux refuser, je te l’ai dit, mais il faut te décider vite, il va arriver d’ici quelques instants »
Je compris que c’était un ultimatum, que c’était à prendre ou à tout laisser. Les idées les plus folles me traversaient la tête à la vitesse du son. Je m’entendis lui répondre :
« Non, Non Joëlle, je ne le pourrai pas. Je ne veux pas te partager, même avec un bon amant, et puis je ne veux pas avoir d’autres relations avec un homme !
J’aime mon mari, je sens qu’il souffre déjà que je le délaisse, avec toi ce n’est pas pareil, c’est mon jardin secret, c’est mon vice, mais avec un homme non je ne le
pourrai pas. Je suis désolée ma chérie, je te quitte à l’instant, il est inutile que je le rencontre. »
« Comme tu voudras amour, je te rappellerai »
N’y croyant pas une seconde, je rassemblai mon blouson et mon sac et je sortis de la maison. En ouvrant la porte, je vis une voiture, une Mercedes grise entrer dans la cour. J’eus un geste de recul en reconnaissant la voiture aux vitres fumées. Le conducteur sortit de la voiture, et se dirigea vers la porte en glissant ses clefs dans la poche de sa veste. Elégant dans un costume anthracite et une chemise blanche à col ouvert, un œillet rouge à la pochette. Il avançait pour cela tête baissée, et quand il releva la tête il était à moins de deux mètres de moi. Je vis son air stupéfait en me voyant devant lui, il devint immédiatement blanc comme un linge. Je me retournais pour voir Joëlle, elle était calme et totalement étrangère à ce qui se passait sous ses yeux. C’est la voix de mon mari qui me fit me retourner. Il s’était approché un peu.

« Mais que fais tu là ? »
« Et toi ? Tu peux me le dire ?»
Je me retournais vers Joëlle.
« C’est un coup monté ? »
« Pas du tout, je n’aurais jamais pu deviner. »
Je reculais d’un pas à l’intérieur et pris mon téléphone mobile. Je fouillais fébrilement dans le répertoire, et après quelques fausses manœuvres, je fis le numéro d’un ami.
« Allo Jean-Michel ? C’est Coline. J’ai besoin de tes services…. Non pas du tout, ce n’est pas ça, c’est pour divorcer. …..Non non, c’est tout décidé, je veux que ça aille vite …. Comment ? Si j’ai fait une rencontre ? …Oui c’est à peu près ça. Je compte sur toi… » Et je raccrochais le téléphone et le remis dans mon sac. Je quittai la maison sans pouvoir retenir mes larmes, démarrais en trombe, accrochais le rétro de la Mercedes.
Arrivée chez moi, je fis une grosse valise de fringues que j’entassais pêle-mêle et je partis pour Fort Mahon.

 

RETOUR

SUITE..

 

 

 

 

Sam 28 jui 2007 Aucun commentaire