Le blog d'eve anne, Madrid.
L'Infirmière d'Ambazac
Nouvelle imaginée par eve anne,
Les photos de Ghylaine et de Laurence sont de Rafael KALETKA
Quatrième partie
4
Laurence n’aurait su dire si elle approuvait ou non ces pratiques. Mais de tout cela elle gardait un goût un peu fade, Elle ne se sentait pas
concernée, et n’avait aucune envie d’adhérer à ces déviations quelque peu vulgaires. En tout état de cause, les révélations spontanées de Ghylaine n’avaient réussi qu’à ternir la
fin de leurs vacances, de nuages un peu gris. Elle essayait de faire bonne figure, mais l’envie n’y était plus. Ghylaine comprit trop tard qu’elle avait commis l’erreur qui lui
serait fatale. Toute à sa conduite durant le retour, elle resta silencieuse. Sauf qu’à un moment donné elle en rajouta une louche en disant à Laurence, « Ne te chagrine pas
pour si peu, c’est la vie, il faut avoir beaucoup de générosité envers les gens et refuser de les juger.
Tu sembles me désapprouver, pourtant je peux t’apporter les moyens de multiplier tes revenus agréablement. -Mais tu veux me prostituer ?- Tout de
suite les grands mots, ceux qui fâchent, ceux qui créent la discrimination. Non, ce n’est pas autre chose qu’une proposition que je te fais, c’est à toi de choisir ! »
Encore heureux pensa Laurence.
Les vacances finies, Il fut plus difficile pour les deux amies de se revoir. Peut être avaient elles aussi
l’envie de se poser un peu pour faire le point sur leur relation. Laurence avait repris son travail sans plaisir, elle pensait sans cesse à Ghylaine. Souvent, en plein rendez
vous, elle se demandait si ça faciliterait les choses si elle arborait son frêle décolleté ou son sexe épilé. Mais il n’y eut pas encore de rupture, du moins pas cette fois. Un
samedi, elle accepta l’invitation de Ghylaine. Elles se rendirent chez un monsieur plutôt imposant qui leur ouvrit la porte avant qu’elles n’aient eu besoin de sonner.
« Voici ma jeune stagiaire, cela ne vous dérange pas ? Sinon elle peut m’attendre dans la voiture… » Au regard égrillard qui s’alluma dans sa prunelle, Ghylaine
comprit qu’il acquiesçait de suite. Pensez donc, deux nanas pour le prix d’une ! Sans préliminaires, Ghylaine se déshabilla. C’est vrai qu’elle était toujours très
belle quand elle apparaissait en nu intégral. Le type en aurait pour son fric ! Laurence s’installa dans le fauteuil en face du lit, se demanda ipso facto ce qu’elle faisait
là.
Ghylaine commença à caresser le sexe de l’homme qui répondit de suite à ses gestes savants. Elle
commença par une fellation, et l’homme qui avait des ressources déclina ensuite toute la gamme de ses désirs. Laurence ne perdait rien de la scène, mais de voir son amie, son
amour, celle qui avait été toute sa joie pendant deux semaines, prise par ce gros dégueulasse lui donna envie de vomir. Le sexe qu’elle avait adoré, était livré à cette brute
épaisse, elle se sentait elle-même violée, salie. Laurence se détourna, remonta sa jupe et se caressa sans plus s’occuper des deux autres. Le plaisir lui vint tout de suite, elle
baissa sa jupe, se leva et elle sortit.
Quand Ghylaine vint la rejoindre, elle semblait très fâchée.
« Mademoiselle a
pris son pied ? Ce n’était pas la peine de faire la sainte nitouche ! Tu t’imagines peut être qu’il m’a fait jouir ? Je n'ai fait que le travail pour lequel je suis
payée. »
Laurence regarda tristement son amie, et se mit à pleurer. Elle aurait eu envie d’embrasser ses lèvres si elle
n’avait pas assisté à la scène de la fellation. Elle aurait eu envie de tout lui pardonner, de la tirer par la main en lui disant, « viens, allons revoir la
Mer »
Mais sa déception était trop forte, elle ne pourrait jamais plus la regarder en face de peur de la détester.
Ghylaine n’avait rien compris. Elle n’avait pas compris qu’en se donnant ce plaisir solitaire, Laurence s’était repliée définitivement sur elle-même, et ne voudrait plus rien
partager avec personne.
Laurence rentra dans son studio, et pleura toute la nuit parsemée d’horribles
cauchemars.
Il lui fallut du temps pour oublier Ghylaine, elle y parvint pourtant malgré quelques messages laissés sur son
portable. A la suite de quoi elle fit changer le numéro.
Deux ans s’étaient écoulés, Laurence n’avait pas eu l’envie de renouer de
relations avec personne.
Elle s’efforçait d’oublier, elle voulait accorder moins d’importance à ce qui s’était
passé.
Elle croyait bien en avoir fini définitivement avec Ghylaine,.
Elle se trompait.
Un matin très
tôt, deux messieurs se présentèrent au domicile de Laurence.
« Mlle Laurence Alvarez ?
– Oui, c’est pourquoi ?
– Voilà nous sommes inspecteurs de la police judiciaire, nous avons un mandat d'arrêt à votre encontre et nous venons vous chercher pour rencontrer le juge d'instruction.
– Quoi ? Vous m’arrêtez ? Mais je n’ai rien fait !
– Nous verrons ça, en attendant suivez nous sans faire de difficultés, nous vous conseillons de prendre un nécessaire de toilette. »
L’interrogatoire dura deux jours, entrecoupés de larmes, de cris, d’insultes. En début de soirée le juge lui apprit enfin de quoi il s’agissait : Ghylaine Mercier, avait fait une injection de trop à son client habituel. La solution saline était polluée, la date de péremption largement dépassée. L’homme est décédé d’un empoisonnement foudroyant. A la suite de quoi le juge lui signifia sa mise en examen, pour non assistance à personne en danger, et non dénonciation de malfaiteur. Elle fut remise en liberté sous contrôle judiciaire. Quant à Ghylaine, elle était écrouée à la maison d’arrêt de Brive.
Ce fut un coup terrible pour Laurence. Elle ne fut pas en état de reprendre son travail. Ses parents vinrent à son secours, et craignant pour sa santé la placèrent dans une clinique spécialisée. C’est de cette clinique qu’elle partait en ambulance pour les besoins de l’enquête. Elle n'avait pas cessé d'affirmer qu’elle n’était pour rien dans les pratiques de Ghylaine, qu’elle n’avait assisté qu'une fois à une scène de viol, et que ça faisait deux ans qu’elle ne l'avait pas revue.