Le blog d'eve anne, Madrid.
Fait Divers
A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le
ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut
dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress
prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination.
Le visage bronzé le cheveu argenté, l ‘allure sportive, ses 55 ans affirmés le faisaient passer pour un séducteur plutôt que pour un mercenaire .Et pourtant, la vérité était celle là, Albert vendait ses talents au plus offrant, pour on ne sait quelle mystérieuse raison. Point de château à reconstruire, point de majestés à servir, Albert était un solitaire, il n’en était sûrement que plus efficace.24 heures à peine s ‘étaient écoulées depuis qu’il avait quitté Tripoli et son climat étouffant. Sa mission, la dernière qu’il accepterait sans doute, (il disait cela à chaque fois) consistait à former un commando aux explosifs modernes, pour des actions terroristes projetées dans les pays voisins. Parmi les candidats qui lui étaient soumis, il choisissait lui même les plus fanatiques, ceux pour qui la vie et le respect de la vie des autres n’avaient plus ou n’avaient jamais eu la moindre signification. Tout son enseignement consistait à faire répéter sans cesse les gestes clés, ce qu’il fallait faire, et surtout ne pas faire. Le luxe de précautions qu’il imposait à ses élèves, faisait de lui l’homme le plus sûr en la matière, et la raison pour laquelle ses émoluments versés à Genève étaient si élevés. Les explosifs venaient de partout dans le monde généralement volés dans les carrières, ou des dépôts de munitions attaqués et pillés. L’allumeur était de sa fabrication, et l’électronique de la minuterie également. Le mélange des explosifs, était son véritable secret.
La mission en projet était simple, faire sauter une voiture bourrée d’explosif dans un lieu fréquenté à la frontière Israélo-Palestinienne. De la routine quoi. Amener le véhicule à pied d’œuvre n’était pas de sa responsabilité. Seulement les gestes. Seule la concentration à effectuer les gestes avec précision, dans un ordre déterminé avec le plus grand soin. La main ne devait pas trembler... «placer le circuit intégré dans telle position , raccorder le connecteur rouge sur la platine , fermer le coffret , puis tourner la clef , la retirer , et à partir de ce moment là, vous avez une heure pour changer de ville de pays , d’allure , avant la déflagration , rien ni personne ne peut arrêter le mécanisme , la bombe ne peut être désamorcée , toute tentative la ferait exploser immédiatement » Il avait répété cela mille fois, il était sûr que les jeunes terroristes ne l’oublieraient pas. Quand il descendit du Thalys à Bruxelles la gare avait l’agitation habituelle, ses deux voisines de compartiment, chargées de bagages discutaient encore sur le quai, en se regardant dans les yeux. Il pianota sur son téléphone cellulaire, et eut la confirmation qu’une coquette somme d’argent était bien arrivée sur son compte Albert s’approcha du kiosque à journaux, et son regard fut attiré par un gros titre, Il acheta le quotidien et lut : « Attentat suicide en Israël, deux palestiniens ont sauté avec la bombe qu’ils transportaient, plus de 30 personnes tuées, des centaines de blessés, énormes dégâts matériels » Albert parcourut le reste de l’article d’un œil distrait . . . . Encore un coup de passé se dit il ! Il est temps d’arrêter, ils ne vont pas tarder à se rendre compte que l’électronique est bidon, qu’il n’y a jamais eu de minuterie ! Il ferma le journal, le jeta dans une poubelle et reprit son chemin. Albert ne laissait jamais de témoins.
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