Le blog d'eve anne, Madrid.

 

 

Noire d ecume

 

Valdemoro.


Bernabeu me serait tombé sur la tête que je n'aurais pas eu plus mal. Je regardais Roberto-Carlos, Il était livide. Le policier Blanc, s'adressa à moi:
"je vous conseille de prendre vos affaires de toilette. Cela risque d'être un peu long.
-Avez vous des nouvelle de Nmahli ? " Il me paraissait évident qu'elle était au centre du problème. Le flic ne me répondit pas. Marie se dépêcha et me rassembla mes affaires de toilette. Le policier s'en empara, le vida , enleva tout ce qui était métallique et pointu. Et remis le reste en place.
"Mais vous m'emmenez où ? 
-Chez le juge qui doit recueillir votre déposition."
"Roberto, appelle moi un avocat !"
Roberto-Carlos, tête baissée ne répondit pas.
Dans la voiture de la police, je compris avec horreur que l'on m'emmenait à la prison de Valdemoro.
J'avais besoin de hurler, mais il ne sortait aucun bruit de ma gorge. Dés mon arrivée, je fus enfermée dans une cellule où se trouvait déjà deux autres femmes.
L'une d'elle m'adressa la parole:
"Ne pleure pas, tu vas enlaidir ta jolie frimousse. Tu verras, au début, ça fait bizarre, mais on s'y fait. Et puis tu m'as l'air drôlement bien balancée, s'il nous mettent ensemble, tu ne regretteras rien !"  Cela la fit rire.
Je restai dans cette cellule toute la journée. Le soir j'ai dû subir toute les formalités de l'incarcération. La fouille au corps me parut particulièrement odieuse. La femme en uniforme qui me la fit s'excusa. C'était son métier etc etc...
Mon avocat arriva. J'étais suspectée d'un traffic de drogue. De lourdes charges péseraient sur moi. J'étais effondrée. Je ne comprenais plus rien. 
"Avez vous des nouvelles d' Nmahli ? 
-Qui est Nmahli ?
- Laissez tomber, on verra ça plus tard. Laissez moi, je crois que je vais mourir de honte."
-Comme vous voulez. Le juge vous verra peut être demain."
-Je m'allongeai sur ma paillasse, et je restai ainsi toute la nuit.
Le lendemain, j'essayais, avec le peu de moyens que j'avais, de me faire une tête, mais je renonçais à toute sorte de maquillage. Le juge effectivement me fit appeler.
 

Prison


Le juge était une juge. Madame Irina Carvallo-Montagnes. Elle avait une classe terrible. Une beauté glacée, mais une beauté quand même, qui me regarda intensément pendant de longues minutes. Après avoir vérifié mon identité, elle voulut entrer dans le vif du sujet. Elle m'expliqua longuement ce que l'on attendait de moi. En un mot, je devais avouer être membre d'un réseau d'importation de drogue, je devais expliquer le filière, et bien sûr dénoncer mes complices. Entre d'autres temps, j'aurais pouffé de rire. Mais le sérieux de madame le  juge me glaça le sang. Et je ne dis rien.
"Je vais vous aider dit-elle Vous me dites comment et quand vous avez fait la connaissance de Melle Nmahli Amourrha. Vous m'expliquerez ensuite les motifs de votre voyage à Cadix. Vous me parlerez de vos rapports avec le capitaine Tavares, et éventuellement de sa femme. Vous me raconterez votre road movie amoureux, et enfin le rôle de votre mari dans toute cette affaire. Je vous précise que notre conversation sera enregistrée. Je vous écoute.
Je racontai ce que je savais. Je ne connaissais pas Nmahli avant de la découvrir échouée à Cadix. Je précise afin qu'il n'y ait pas d'équivoque, que je suis une femme lesbienne, et que seule la beauté de Nmahli m'a poussée vers elle.
-Est ce être une lesbienne que de passer la nuit avec le Capitaine Tavares ?
-C'est une exception. Les hommes avec qui je suis sortie, on peut les compter sur les doigts de la main."
Il s'en suivit  le récit des évènements que j'ai réellement vécus.
La juge ne parut pas satisfaite :
"C'est l'histoire que vous raconterez à vos petits enfants, pour moi, il me faut autre chose.
-Interrogez Nmahli, le Capitaine, sa femme, mon mari !
-C'est déjà fait . Sauf pour votre mari qui a pris la fuite.
-Roberto a pris la fuite ?" J'allais de surprises en surprises.
"Oui, il est parti avec votre voiture, cette grosse berline française, Il la conduisait souvent ?
-Quelques fois, il la trouvait très confortable.
-Et très pratique surtout !!
-Je ne comprends rien à ce que vous me dites.
-Rassurez vous, il ne nous echappera pas, nos agents sont à sa poursuite, il ne le lâcheront pas d'une semelle. Et comme nous avons encore besoin de quelques informations, nous comptons bien qu'il va nous mener là où nous voulons aller.
-Je vous remercie Madame Alvares, Je vais vous remettre en liberté. Sous contrôle judiciaire bien évidemment. Cela veut dire que vous ne quittez pas Madrid, vous restez chez vous, vous avez seulement la possibilité d'aller à votre travail. Vous ne pouvez rencontrer personne ayant un lien avec cette affaire.
-Excusez moi, mais je ne sais toujours pas de quoi il s'agit, vous ne m'avez pas fait venir pour que je vous raconte mes vacances ?
-Evidemment non. Je ne vous apprendrai peut être rien en vous confirmant que vous ête impliquée dans un trafic de drogues dures, dans lequel vous jouez le rôle de la camionneuse."
Mon avocat n'avait pas dit un mot, il avait l'air de s'embêter un maximum.
"Vous serez surveillée discrètement.
-Je n'ai pas l'intention de me sauver !
-J'en suis convaincue, mais vous vous êtres laissé prendre, vos complices ne vous le pardonneront pas.
Si elle avait voulu me faire peur, elle ne s'y serait pas pris autrement.


Je respirai avec délice l'air pollué de Madrid alors que je me retrouvai dans la rue. Je pris un taxi et je rentrai chez moi.
Je ne savais plus que faire, que dire, que penser. Et toujours pas de nouvelles de Nmahli. Je ne savais pas si elle était arrêtée, si elle était en fuite, rien.
Je décidai de prendre un bain. L'eau était froide quand je me résignai à en sortir. Marie m'apporta le téléphone.
"Allo? - Allo, ici c'est Patricia. Comment  vas-tu pauvre chérie, je viens d'apprendre qu'ils t'ont relâchée. Nicolas est toujours chez le juge. Je ne comprends rien à cette histoire; Tu peux m'expliquer?
-Je ne comprends rien non plus, mais si tu as des choses à me dire, il vaut mieux venir ici, parce que nos lignes sont écoutées. Encore que je n'ai rien à cacher.
-Je verrai avec Nicolas quand il sortira.
-Ok Patricia, je t'embrasse.
Le lendemain c'est la juge qui vint à la maison. Elle me tendit un papier pour effectuer une perquisition. Puis elle me prit par le bras, m'entraîna à l'écart et me dit: "Asseyez vous, j'ai à vous parler."
Craignant le pire j'attendis qu'elle veuille bien s'expliquer. A voix basse elle commença :
Nous avons retrouvé votre voiture. A vrai dire nous ne l'avons jamais perdue. Votre mari est malheureusement  décédé. Il a voulu forcer un barrage de police. Les policiers ont tiré, Il est mort d'une balle dans la nuque. Nmahli Amourrha qui l'accompagnait, n'est que légèrement blessée. Elle n'a pas été touchée par balle, c'est quand la voiture a heurté le parapet qu'elle a reçu le choc. Ca s'est passé à Irun en pays basque.
A l'intérieur de votre voiture , nous avons découvert 150kg d'héroïne. Nmahli est à l'hôpital de San Sebastian. On la ramènera dès que possible.
C'est moi qui me suis réveillée dans une chambre d'hôpital. A la suite des révélations de la juge, je suis tombée dans les pommes. On m'a ensuite forcée à dormir. Depuis combien de temps suis je là ? je n'en sais rien. La réponse des infirmières est toujours la même: Reposez vous, nous n'avons pas l'autorisation de vous renseigner. C'est l'avocat qui me renseigna. Les nouvelles n'étaient pas bonnes. Nmahli était dans le quartier médical de Valdemoro. Elle se remettait doucement de ses blessures, et sûrement aussi du choc émotionnel quelle avait ru ressentir. Nicolas était toujours en arrêt à la prison de Seville. Moi j'étais toujours en liberté conditionnelle, j'avais juste l'autorisation de vivre chez mes amis à la montagne, dans la sierra de San Lorenzo. L'enquête n'était pas close, on attendait que Nmahli soit remise pour recommencer les interrogatoires. J'appréhendais ce jour, où tout allait recommencer. J'avais reçu le droit de visiter Nmahli dans sa chambre carcérale. Je l'avais trouvée amaigrie, et profondément choquée. Elle m'a simplement dit ces quelques mots:
"Je te demande pardon, tout est de ma faute. Dès que je le pourrai je t'expliquerai tout. Je t'aimais véritablement, et depuis plusieurs années. Mais tu ne pouvais pas le savoir." Elle s'endormit ensuite comme si l'effort qu'elle avait fait l'avait terrassée.

     
Mer 19 fév 2003 Aucun commentaire