Le blog d'eve anne, Madrid.

 

Noire d ecume 
Roberto-Carlos

La soirée fut en tout point semblable à celle de la veille. Nmahli fut joyeuse, et tendre. Elle déploya tous ses talents de séduction. Elle était d'une beauté surprenante. Elle était loin de la rescapée en haillons récupérée sur la plage de la Caleta. Elle s'était coiffée et maquillée un peu. Le maquillage chez les noires, apporte toujours des effets des plus mystérieux. Nmahli le savait, elle en jouait à merveille. Elle avait noué ses cheveux en chignon, cela renforçait encore la finesse de ses yeux en amande. La chemise était ouverte, les seins ne demandaient qu'à sortir. Et dans le Jean serré, les fesses explosaient de rondeur. Elle disait avoir 25 ans passés, je ne lui en aurais donné à peine 20, tant elle respirait la jeunesse et la fraîcheur. Son sourire éclaira la soirée, ses magnifiques dents blanches éclataient sur sa peau sombre. J'ai toujours eu un faible pour les femmes de couleur, et j'en avais rencontrées quelques unes, mais jamais d'aussi finement jolies, jamais d'aussi jeunes. La chemise savamment ouverte offrait des seins qui n'avaient jamais dû connaître de soutien-gorges. Ils étaient d'un faible volume, mais je les trouvais très esthétiques. Moi qui était généralement attirée par les fortes poitrines, je n'arrivai pas à détourner les yeux de l'échancrure de la chemise.
On fit l'amour très longtemps, doucement, comme si le temps était arrêté. Elle était jeune, il est vrai, mais le goût qu'elle avait pour les choses de l'amour était insatiable. L'expérience qu'elle déployait m'étonnait même par l'imagination dont elle faisait preuve.
J'eus du mal à m'endormir, et je m'éveillai souvent. je fis des cauchemars, et revis l'image des deux hommes qui semblaient nous avoir suivies. Sur le matin seulement je trouvais un peu de repos. C'est Nmahli qui me réveilla doucement. Elle m'embrassait sur les paupières, sur les lèvres, partout.... Elle était nue, à califourchon sur moi. Elle prit ma main et la porta à sa poitrine, les tétons étaient dressés, prêts à repartir pour faire des folies.
Je savais que l'on devait partir, je me levais et fis ma toilette. La douche en commun fut des plus agréables, on a dû vider les réserves d'eau chaude du motel.
Alors que Nmahli chargeait nos bagages dans le coffre de la voiture, j'allais à la réception pour régler la cuenta. En sortant du bureau je remarquai une BMW noire immatriculée à Madrid. Elle était vide, mais je repensai instinctivement aux deux types de la veille.
Le soleil était déjà haut quand on sortit de la ville. En arrivant à Cadix, j'étais loin d'imaginer tous ces évènements. J'avais presque tous les jours appelé Roberto-Carlos, mon mari, pour qu'il ne s'inquiète pas de ne pas me voir revenir. Il approuvait complètement ce que j'avais fait, et acceptait d'héberger Nmahli le temps qu'elle devienne auto-suffisante. Je n'avais donc pas d'inquiétude de ce côté-là. La route était agréable. Avec la clim, on ne souffrait pas de l'infernale température qui régnait à l'extérieur. Le thermomètre du tableau de bord marquait 42°. Il y avait peu de circulation, et pas grand chose à voir. Après avoir passé Séville, je pris  l'autoroute de Mérida. Je ne voulais pas l'avouer, mais je savais que j'allais allonger la route du retour, et faire un détour par Badajoz. je ne sais pas pourquoi, mais cette ville fortifiée près de la frontière du Portugal, perdue en plein désert, m'avait toujours attirée. Et dans mon esprit tortueux, je voulais que Nmahli soit associée aux souvenirs que j'avais de Badajoz. Cela nous coûterait une journée de voyage en plus, mais aussi une journée de vacances insouciantes, avec pour seuls mots d'ordre: Soleil et volupté. En passant à Merida je m'arrêtai pour réserver une chambre au Parador. Après la simplicité du motel, le luxe des Paradores. Balade à Badajoz, c'est vrai que finalement il n'y avait pas grand chose à voir, si ce n'est cette impressionnante forteresse d'Albuquerque.
Retour à Merida, dans cet hôtel que je connaissais un peu. Ce serait la première fois que j'y serais en aussi galante compagnie. Nmahli qui s'était assoupie pendant ce voyage, retrouva un peu de son dynamisme en arrivant à Merida. C'est vrai que l'étape vaut le détour. Même si extérieurement le décor n'est pas spécialement typique, l'intérieur offre un confort sans faille. Nous n'avions pas de robe du soir. Mais j'arborais Nmahli comme un bijou de valeur.  Nous avions acheté pour elle une robe noire, quasiment transparente. Nmahli se décida à la porter sans rien dessous. Il y avait beaucoup de monde dans les salons de l'hôtel. Et notre entrèe fut forcément très remarquée. Je suppose que les dames en beauté chuchotaient à l'abri de leurs éventails quelques méchanceté à mon égard, qui osait s'afficher avec une gamine de vingt ans sa cadette. J'en avais conscience, et j'assumai tout à fait mon inconvenance. Mais ces critiques, n'étaient-ce pas aussi des envies ? Nmahli avait compris le jeu, et elle avait adopté d'instinct une allure de princesse. Sa démarche était plus souple, plus féline, et le balencement des hanches ajoutait l'érotisme à son allure très remarquée. Je pense , qu'elle a fait forte impression. Sûrement plus que moi, qui était peut être plus fondue dans le moule, et surtout plus habillée. C'est vrai que dans ce genre d'établissement, les jeunes n'y viennent pas, ou alors en escort-girl. Nmahli était parfaitement à son aise, souriante, élégante, hyper sexy. J'étais fière d'être à ses côtés. Quand nous nous sommes levées pour rejoindre notre suite, les regards lubriques de ce beau monde nous ont accompagnées jusqu'au pied de l'escalier. Quand je retrouvais Nmahli nue sur le lit, je pensais que bien des gens en bas auraient donné leur fortune pour être à ma place. Je ne sais si c'est le lieu, ou l'ambiance de l'établissement, peut être aussi fut elle poussée par toutes ces ondes de désir qu'elle avait suscitées, Nmahli me fit l'amour comme une reine. Comme on imagine que le faisaient les princesses des mille et une nuits. Je m'abandonnais complètement à tous ses désirs, à toutes ses voluptés. J'ai connu cette nuit là, des sensations que j'ignorais depuis toujours. Nmahli était allée au bout de ses forces pour faire de mon corps l'objet de tous ses fantasmes. J'avais les seins douloureux, les lèvres brûlantes, j'étais innondée de bonheur.
Elle s'endormit étendue à mes côtés, me laissant pour l'éternité le souvenir de ses formes graciles.
 Nmahli

Peut être avait elle inconsciemment conjuré le sort, d'un avenir incertain ? C'était notre dernière nuit d'intimité, et je savais que même dans l'avenir, l'amour entre nous ne serait plus le même. Qu'importe, Nmahli m'avait tout donné, je savais qu'elle n'aurait pu donner plus. J'avais envie de la caresser encore, mais j'ai eu peur d'altérer la vision qu'elle m'offrait, peut être pour la dernière fois.

On reprit la route tristement, l'ambiance vacance avait disparu. Sur l'autoroute de Madrid, la circulation était dense, et le ciel était couvert. Même le ciel allait nous laisser tomber.
Nmahli semblait s'être assoupie. Et dans mon esprit torturé, il me revint ce texte de JP Guibbert que je connaissais depuis des années, et qui me rattrappa justement dans ce moment particulier:

Pour te vêtir de fine toile, pour te vêtir de crêpe noir
Sur le triangle où tes mains croisent leur pose de scandale,
Pour te voir nue comme le vent,
Je jetterais à tes orties le poids voulu de l'innocence,
Je donnerai à tes années le fer rougi de mon amour
Et le désastre de mes jours pour tes enfers horizontales.

J'en étais là de mes pensées quand Nmahli s'éveilla et me demanda:
"A quoi penses-tu?
-je pense que je t'aime.
-je t'aime aussi, plus que ma vie."
La route continuait, monotone. On arriva à la hauteur de la Sierra Altamira. Sur la droite, on voyait la lugubre silhouette des montagnes noires. J'avais toujours de mauvaises impressions en regardant de ce côté. Comme pour confirmer mes sinistres pensées, je jetait un oeil au rétroviseur, la BMW noire nous suivait. A l'interieur, deux hommes lunettes noires. Cela me glaça le sang. mais que me voulaient ils ?
A cette question, aucune réponse ne vint satsfaire mon esprit. Les deux hommes durent se rendre compte que je les avais repérés, ils laissèrent plus de distance  entre nous, je ne voyais plus qu'un point noir très loin derrière.

On arriva à Madrid. Dans la circulation intense, je retrouvais mes marques, seule différence, j'avais une passagère.
J'ouvris la porte de notre maison avec le bip de la voiture. les lourdes portes de fer forgé s'ouvrirent en douceur. Ayant entendu la sonnette, Marie nous attendait sur le perron.  Je vais prévenir Monsieur, me dit elle. C'est dans le vestibule que Roberto-Carlos nous reçut. Il parut content de me revoir, m'embrassa.
"Je te présente Nmahli, Dont je t'ai relaté la triste histoire-
-Oui, en effet Bonsoir Nmalhli, sois la bienvenue dans cette maison."
Nmahli avait la tête baissée. Je comprends qu'elle ait pu être intimidée, mais à ce point là, je fus étonnée. Roberto-Carlos, gentiment l'encouragea:
" Ne soit pas intimidée, tu es ici comme chez toi, tu verras, tout ira bien. Tu n'as rien à craindre."
Il avança vers elle et l'embrassa sur la joue.
Cette nuit là, je dormis avec Roberto-Carlos. Je n'avais vraiment pas le coeur à fêter nos retrouvailles.
Prétextant  une grande fatigue, je m'endormis dans un profond sommeil.
La journée du lendemain se passa sans évènements particuliers? Je retournai au bureau, pour constater l'immense travail qui m'attendait. Assise à mon bureau de PDG, j'eus une pensée attendrie pour Nicolas. Je pris la carte de Patricia, et je l'appelai.
Elle en fut heureuse, me donna du "ma chérie", et promit de transmettre mes amitiés à son militaire de mari.
Le lendemain, je devais prendre l'avion pour Valence. Un rendez vous de longue date, pendant lequel je retrouverai Rafael, mon amant attitré. Rafael, mon bel ami, saurai-je encore te donner tout le plaisir que tu attends de moi ? Ce disant, je m'apperçus que j'avais oublié mon dossier. Je ne pouvais décemment pas partir en "voyage d'affaires" sans mes dossiers. Je retournai donc à la maison. Il était encore tôt, et pour ne pas réveiller toute la maison, je pris mes talons à la main. Je trouvai le dossier et j'eus envie de donner un baiser à Nmahli.

J'approchai de sa porte, et j'entendis des gémissements. Risquant un oeil, je vis Roberto-Carlos, nu comme un ver en train de sodomiser Nmahli, qui, visiblement appréciait l'exercice.
Je fus pétrifiée sur place. Puis quelques secondes plus tard, je me retirai sans un bruit.
J'arrivai à temps pour prendre l'Avion. Durant tout le voyage, je repensais à cette vision incroyable, ne comprenant pas une seconde ce qui se passait. Nmahli était plutôt réservée, je ne connaissais pas Roberto-Carlos pour être un baiseur impénitant, Il allait falloir que qu'elqu'un m'explique. 
Quand je retrouvai Rafael, tous mes ressentiments s'envolèrent. Il était beau, j'adorais ce garçon. Il était jeune, il était doux, galant, on se connaissait depuis deux ans maintenant, mais on était amants que depuis deux mois. Nous devions aller à la plage, mais avant dans son bureau, j'eus follement envie de lui.
C'est avec ma bouche que je lui donnais le plaisir, qu'il prit abondemment. J'adorais cette caresse, je ne faisais cela qu'avec lui. Il faut dire que c'est la seule caresse qui diffère totalement de tout ce que l'on peut faire en amour avec une femme. Il faut dire aussi que mes relations masculines étaient plutôt rares. La journée fut un enchantement. Il ne faisait pas très beau, ce qui m'évita de dissimuler les coups de soleil révélateurs.
De retour à Madrid, Roberto-Carlos m'attendait au salon, Nmahli dans un coin feuilletait une revue Je les regardais l'un et l'autre, aucun signe apparent de ce que j'avais surpris le matin. Je me gardais bien d'en parler, à l'un comme à l'autre.
Roberto-Carlos devait partir ce soir là. Alors qu'il se préparait, la porte d'entrée carillona. J'allais ouvrir. Une jeune fille entra, un dossier sous le bras. Je viens apporter les dossiers à Roberto-Carlos, il n'aura pas besoin de passer au bureau. En disant cela elle se retourna, et appercut Nmahli qui entrait dans la pièce. Elle eut un cri de surprise. Son visage reflétait le plus grand étonnement.
"Mais ,vous ...... Vous connaissez ?
-Oui, nous étions en vacances ensemble.
-Ha bon hé bien, excusez moi, je ne pouvais pas savoir. Je me sauve. Elle posa le dossier et disparut.
"Tu la connais ? demandè-je à Nmahli.
-Pas du tout, elle a du confondre. Pour les blancs, toutes les blacks se ressemblent."
Cette nuit là, Roberto-Carlos était parti. Je dormis avec Nmahli, mais pour la première fois, on ne fit pas l'amour. J'entendis les sanglots de Nmahli, mais je ne dis rien. C'est elle qui sans se retourner me dit:
"Tu nous a vu ce matin ? J'ai senti ta présence. Ne m'en veux pas, c'est une bêtise, je t'expliquerai."
Songeuse, je ne répondis pas.
Quand je rentrai du bureau le lendemain, Roberto-Carlos paraissait inquiet.
"Nmahli n'est pas là ?
-Non, et ça m'inquiète.
-Il y a longtemps qu'elle est partie?
-Je ne sais pas, je viens d'arriver.
-On va l'attendre."
On l'attendit toute la nuit. Le matin je dis à Roberto-Carlos:
"Il faudrait prévenir la police, elle est peut être en danger." En disant cela je revoyais les deux type à la BMW noire.
Roberto-Carlos ne semblait pas emballé par mon idée. A ce moment précis on sonna à la porte.
Je me précipitai croyant que c'était elle qui rentrait après une nuit de folie. En ouvrant la porte je me trouvai nez à nez avec les deux types aux lunettes noires. iIs avaient tous les deux à la main une carte qu'ils me mirent sous le nez. Excusez nous madame. Nous sommes de la police de Madrid. Brigade des stupéfiants. Voulez vous nous accompagner ?


     
Lun 24 fév 2003 Aucun commentaire