Le blog d'eve anne, Madrid.
Vers la fin des années 80, je me trouvais de passage à Limoges, ville particulièrement
attachante.Ce n’était pas un voyage professionnel, j’étais en route pour un rendez-vous que j’espérais « d’amour ». C’était un peu avant l’été, et le soleil vers midi échauffait un peu
les vitres de la voiture, je cherchais un coin de fraîcheur pour me poser, le temps de me dégourdir les jambes et de respirer la verdure limousine. Je trouvais mon bonheur dans un joli
parc agréablement arboré qui portait ce nom délicieux « Parc de l’Aurance ». Ce nom, je l’appris par la suite était emprunté à la rivière qui le traversait, et qui devait être un affluent
de la Vienne toute proche. J’ouvris la portière, baissait le dossier et machinalement je me mis à écouter en sourdine la radio locale. La speakerine annonçait le passage d’une chanson,
qui méritait sans doute quelques commentaires, et l’interprète qui en était également l’auteur, je ne connaissais ni l’une ni l’autre. Le titre de la chanson me plut tout de suite, et la
voix de la chanteuse me fit un effet troublant. Il s’agissait de Rose Laurens et de sa chanson « Écris ta vie sur moi » Curieux cette coïncidence des deux noms ; L'Aurance et Laurens !
J’écoutais avec une émotion grandissante, j’avais l’impression que cette voix me murmurait les paroles que j’avais envie d’entendre. J’étais dans la situation qui me laissait réceptive à
cette douceur chantée, à ce texte ciselé, à ce charme qui semblait n’être destiné qu’à ma petite personne. J’ai cru, à ce moment-là, qu’un lien particulier venait de se créer entre Rose
Laurens et moi. J’étais persuadée que ce lien serait indéfectible, créé en quelques minutes pour le reste de notre éternité. Dans cet état d’esprit, toute chamboulée par cet afflux de
bonheur inattendu, je poursuivis ma route, et ma rencontre ne fut pas, bien sûr, à la hauteur des sentiments qui avaient pris possession de moi. J’étais déçue, mais heureuse que cette
halte improvisée m’ait apporté autant de sérénité. Je n’ai jamais rencontré Rose Laurens, mais j’y ai toujours cru. Je connais tout son répertoire, et j’ai tout aimé, peut-être un peu
moins « Africa », justement celle qui la rendit célèbre au monde entier. C’est peut-être pour cela, ce n’était plus la confidente qui murmurait à mes désirs les mots aussi bleus que ses
yeux. Mais après tout, il fallait bien que quelque chose de bien lui arrivât, qui lui apporte la récompense du plaisir qu’elle a dû procurer à toutes les âmes en attente du bonheur
suprême. Rose Laurens « ne m’a jamais oubliée » . Elle a toujours su glisser dans ses mots, des messages rien que pour moi. « Quand tu pars », « T’envole pas sans moi » et les autres.
.....
Et Rose elle a vécu….
Tu es partie sans le vouloir, mais je sais que tu ne m’as pas quittée. Et quand viendra mon tour, je sais que c’est là- haut que notre attente aboutira. Je n’ai pas eu la chance de
glisser mes doigts dans tes cheveux, d’embrasser cette bouche rieuse et de me voir dans le reflet de tes prunelles. Écouter ta voix se transformer en murmure… J’aimais tout de toi.
Peut-être qu’un jour, pressentant mon destin funeste, je retournerai dans le parc de L’Aurance pour que , la main dans la main, tu me chantes : « T’envole pas sans moi
»………………………………