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  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
Ultima Necat

 

 

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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
sicut qui similis

 

 

 

 

Bonne Année



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Extraits

 

Rencontre en Forêt
carrefour11

J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
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Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
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Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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 Seconde partie

 

« Elle s'appelait Ulphe. Elle était la  fille d'un riche seigneur du Vermandois. Elevée dans la foi chrétienne, elle avait décidé de consacrer sa vie au Christ. Or, si sa piété était grande, sa beauté ne l'était pas moins. De ce fait, chaque jour, elle était courtisée par de nombreux prétendants. « Ornée et pourvue de toutes les vertus, et mêmement de belle contenance, son parler était gracieux... elle aymait Dieu souverainement"
Elle ne savait que faire pour les repousser. Pour un temps, elle simula la folie, négligeant sa tenue, mais la fortune de son père resta malgré tout, un attrait suffisant pour les importuns.
Désespérée, harcelée, elle s'enfuit. Pendant des jours et des jours, elle marche, traversant plaines et forêts, mendiant sa nourriture dans les villages traversés. Elle arrive à la nuit tombante, exténuée, au bord d'un vaste marécage difficile à franchir (là où l'Avre se jette dans la Noye) à quelques kilomètres d'Amiens. Elle découvre au bord d'un étang, un petit pré où coule une fontaine ; elle s'y désaltère puis, écrasée de fatigue, elle s'endort. Dans son sommeil, la Vierge lui apparaît auréolée de lumière et lui dit : "Avant d'être avec le Christ pour l'éternité, c'est ici qu'il te faut demeurer pour sanctifier tes jours".
A l'aube, quand elle se réveilla, la journée s'annonça chaude, la brume s'élevait au dessus des étangs, des bruits furtifs montaient des roseaux. Ces lieux solitaires l'inquiétaient, se souvenant de son rêve, elle pria la Vierge de lui venir en aide.
Elle ignorait qu'un brave et vieil ermite, Domice, qui vivait dans une cabane non loin de là, cheminait à sa rencontre ; lui aussi a eu un songe : un ange lui a ordonné de prendre soin de la jeune et jolie Ulphe.
Il la rencontra, et grâce à lui, Ulphe eut bientôt un abri dans les roseaux. Quelque temps plus tard, Ulphe prit le voile. Au matin de chaque jour, Domice venait la chercher et ensemble, ils se rendaient à Amiens pour y entendre la messe puis rentraient, s'abandonnant chacun de leur côté à la prière et à la méditation. Un été comme celui-ci, la chaleur est si lourde et les grenouilles coassent si fort dans les marais qu'Ulphe ne peut s'endormir que fort tard dans la nuit. A l'aube, Domice frappe à sa porte et ne reçoit point de réponse. L'ermite se dit que la jeune fille avait dû se mettre en route avant que ne monte la chaleur du jour. Mais, arrivé à la cathédrale, il ne la voit pas ; il n'écoute l'office que d'une oreille distraite, craignant qu'un malheur ne soit arrivé ; aussi, c'est en pressant le pas qu'il regagne les marais. A l'approche de l'ermitage, il voit Ulphe agenouillée au bord de l'étang ; elle prie. Soudain, sa voix s'élève dominant le tumulte des grenouilles : "Méchantes bêtes, à cause de vous, je n'ai pu me rendre aux matines; aussi, je vous condamne au silence. Que désormais cet étang ne soit jamais plus troublé par vos cris ». Les coassements cessèrent à l'instant et ne reprirent plus; à tel point qu'aujourd'hui encore, dans la vallée du Paraclet, les batraciens qui s'y trouvent ne se firent jamais plus entendre. Transportés dans d'autres lieux, ils retrouvent leur voix. !!!!!

Domice, le vieil ermite, mourut le 23 Octobre de l'année 775

Au Moyen Age, beaucoup plus qu'aujourd'hui, on entourait de vénération la dépouille mortelle des saints : les "reliques" (du latin reliquum = ce qui reste). Le tombeau de Domice resta sur place pendant 500 ans. Puis ses reliques furent transportées dans la cathédrale d'Amiens (achevée depuis 10 ans) le 16 mai 1279 par l'évêque Guillaume de Mâcon. Cette cérémonie fut entourée d'un faste grandiose. Elle était présidée par le légat du pape, futur pape lui-même, sous le nom de Martin IV, en présence du roi de France Philippe II le Hardi (fils de saint Louis) et du roi d'Angleterre Edouard Ier.
Les reliques de saint Domice continuèrent à être vénérées chaque année le 23 octobre, jour anniversaire de sa mort.
Mais en 1862, l'évêque d'Amiens, Monseigneur Boudinet, concèda à la chapelle quelques reliques de saint-Domice et de sainte Ulphe, qui furent apportées solennellement le premier dimanche de mai, en présence de 3000 personnes.

Vingt-cinq ans plus tard, l'abbé Miannay, curé de Dommartin-Fouencamps assure qu'à cette époque, environ 1200 personnes se rendaient chaque année, ce premier dimanche de mai à la chapelle. On a gardé cette date pour fêter saint Domice.

Les pèlerins venaient à pied, parfois à travers champs, de tous les environs. Ceux-ci étant très nombreux, la célébration avait lieu à l'extérieur de la chapelle. Une homélie y était prononcée par un prédicateur qui glorifiait les vertus du saint, du haut d'un monticule situé face à la chapelle. Il n'y avait bien sûr aucune circulation sur le chemin qui n'était pas encore une route.
Après une petite interruption pendant la dernière guerre, le pèlerinage reprit à la demande des familles de Fouencamps.
Jusque vers 1960, lorsqu'il existait à Amiens un grand séminaire pour la formation des futurs prêtres, les diacres qui l'avaient pris pour patron, venaient en pèlerinage à pied depuis Amiens, jusqu'à notre chapelle actuelle.
Depuis une vingtaine d'années, la messe est célébrée à Saint-Domice le jour du pèlerinage. »

 « Quelle belle histoire, tu en connais des choses Mamie, mais les fées ? »

« Les fées je ne les ai jamais vues, et je ne connais personne qui se soit vanté de les avoir vues. Il est vrai que sous les arbres entourant la chapelle, on sent une atmosphère particulière, et on imagine très bien que cet endroit n'ait pas encore révélé tous ses secrets »
« Et bien moi, j'irai ! Et je suis sûre que je verrai las fées ! »
« Sans doute ma belle, tu leur diras que tu as une grand-mère formidable dit-elle en éclatant de rire. »
« Tu peux y aller à pied, finalement ce n'est pas si loin ! Vas-y avec tes copines, ça vous distraira ! »
« Non, je préfère y aller seule, si nous sommes nombreuses, les fées ne se montreront pas ! » C'était logique.
« Tu peux aussi prendre la voiture ou le vélo ! »
-« oui, merci, je vais prendre la Clio, ça sera de circonstance. »

Adrianne prit la route de Hailles. Ce n'était pas loin en effet, deux kilomètres peut être trois. Après la grande descente, à l'entrée du virage, la petite chapelle surgit subitement dans le décor sylvestre. C'est vrai que la première impression est un sentiment de plaisir, tant les proportions de la chapelle sont agréables au regard. Adrianne gara sa voiture à l'entrée du petit chemin sur la gauche, et descendit. Tout de suite elle fut frappée par le silence qui régnait à l'ombre des grands arbres. Elle fit doucement le tour de l'édifice, avec attention, détaillant tous les reliefs avec beaucoup d'application. Une construction de briques et de pierres, aux ouvertures minuscules, et une porte de bois sculpté. Sur la porte, un petit message : « La clef est au presbytère de Boves » Bon à savoir ! Encore qu'il ne doive pas y avoir beaucoup de visiteurs, la toile d'araignée en bas de la porte en donne un témoignage indiscutable. Adrianne s'est assise sur le petit banc vermoulu, derrière la chapelle. Et puis ses yeux parcourent le mur constitué d'un soubassement de briques, surmonté de pierres calcaires. Dans le calcaire friable, des centaines voire des milliers de noms ont été gravés. Adrianne se lève et tente d'en déchiffrer quelques uns. Une date : 1829, un nom, Denis, un autre : Pierre. Et quantité de signes devenus avec le temps complètement illisibles. Adrianne apprit par la suite que la chapelle avait été bâtie sur les ruines de l'oratoire qui avait été édifié à la place de l'ermitage de Domice. Adrianne se sentit envahie de mélancolie. C'était donc vrai, il règne une atmosphère particulière près de la chapelle et sous les arbres. Serait ce le miracle de la belle Ulphe qui construisit ce silence ? Même les voitures sont silencieuses en passant tout à côté. Adrianne ressent un attrait pour cette chapelle, persuadée qu'elle sera témoin de quelques manifestations surnaturelles. Revenant  vers le pignon de la chapelle, son regard est attiré par un rai de soleil qui, au travers des feuillages en transperce l'ombre pour dessiner sur le mur une tâche de lumière changeante.

Elle se dit tout haut que c'était sûrement la manifestation céleste de ses attentes. Elle s'approcha, prenant bien soin de ne pas s'interposer et détruire l'apparition. Seuls quelques dix centimètres sont illuminés, el la forme de cette tâche de lumière ressemble à une feuille de platane. La lumière rasante du soleil donne du relief à l'inscription visible au centre de la tâche lumineuse.

Déchiffrant l'inscription gravée, Adrianne sentit ses jambes se dérober sous elles. Elle se laissa aller au sol et ferme les yeux. « Ce n'est pas possible, Non, ce n'est pas possible!! » Combien de temps se passa-t-il avant qu'elle ne reprenne ses sens ? Il faisait presque nuit quand, après un effort surhumain elle reprit la voiture et rentra à Fouencamps. Angèle la vit revenir, et tout de suite elle vit la mine défaite, et la pâleur cadavérique de son visage. Sans dire un mot, elle la vit s'enfermer dans la chambre. Angèle comprit qu'il ne servirait à rien de la questionner, il s'était passé quelque chose, elle saurait quoi le lendemain.

Mais le lendemain n'apporta pas de réponse, les jours suivants non plus. Adrianne était retombée dans l'état de catalepsie qui avait conduit Angèle à passer sa vie pour lui redonner le goût de vivre. Adrianne refusa de s'alimenter, refusa de voir ses copines, elle laissa Roseline à la porte, et il n'y eut plus de câlins avec Mamie.

Angèle essaya d'imaginer ce qui avait pu, en visitant les abords de la chapelle, la mettre dans cet état. Elle pensa à une mauvaise rencontre, à une tentative de viol, et elle prévint la gendarmerie. Le médecin dépêché eût la chance qu'Adrianne acceptât de se laisser examiner. Il ne releva rien qui pût confirmer cette hypothèse. Il fit une piqure et dit, « elle va dormir, déshabillez la et mettez la au lit. » Aidée de Roseline en larmes, ce fut fait dans l'instant.

Adrianne dormait depuis plusieurs heures maintenant quand Angèle entendit ses cris. Aux prises avec un horrible cauchemar Adrianne hurlait le nom de Karen avec une force inouïe Puis elle se calma et se rendormit. Laissant Roseline auprès d'elle, Angèle partit pour essayer de comprendre ce qui, à la chapelle, avait pu provoquer cet état de choc. Elle ne releva rien qui eut put la mettre sur la voie. La chapelle et Karen, quel lien pouvait-il y avoir ? Ce n'est quand même pas une apparition ? Après un dernier tour d'inspection autour de la petite chapelle, Angèle ressentit à son tour les effets d'une présence mystérieuse. Elle sentit un frisson lui parcourir l'échine. « Non, pas à moi !!! » s'écria t elle violemment.

Incrédule et insatisfaite, elle rentra chez elle, plus inquiète encore que précédemment. Roseline se proposa pour rester la nuit avec Adrianne. Elle prévint ses parents, et  se coucha près de son amie. Cette présence dut être salutaire, Adrianne dormit comme un loir, et le lendemain, quand Roseline s'éveilla, la place était vide. Prise de terreur, elle se précipita dans la cuisine, Adrianne était assise et dévorait un énorme sandwich de sa fabrication. « J'ai faim » dit elle pour toute explication. Roseline à moitié nue bondit vers elle pour l'embrasser. Angèle fit comme si rien ne s'était passé. Et tout naturellement elle s'adressa à Adrianne : Que vas-tu faire aujourd'hui ? » Et Angèle l'entendit avec stupeur lui répondre d'un ton enjoué : «Aujourd'hui, nous sommes le 23 Mars 2008. C'est l'anniversaire de Karen. Je retourne à la Chapelle. Je vais prier pour elle. Ensuite j'irai à Boves chercher la clef »

«Comme tu voudras », Angèle ne trouva rien d'autre à dire, et comprit inconsciemment que les problèmes allaient recommencer. « Tu prends la voiture ? » « Non, je vais prendre le vélo, et tu iras seule faire les courses, j'ai des « trucs » à faire » Ok ma biche, prends soin de toi.
Adrianne mit un soin particulier à faire sa toilette, et c'est dans une tenue légère qu'elle sortit le vélo. Robe de vichy, joli décolleté, bandeau dans les cheveux, toute belle, elle se mit en route.

Le vent caressait doucement son visage. Elle souriait. Elle ne savait pas exactement ce qu'elle allait faire, mais elle allait le faire, elle était partie pour ça.
Arrivée en haut de la côte, elle entendit un sifflement métallique, qu'elle n'identifia pas tout de suite. Elle comprit quelques secondes plus tard que le câble du frein arrière, le seul qu'il restait au vieux vélo venait de casser. Le vélo prenait de la vitesse, et la descente était longue et  brutale. Elle aurait dû avoir le réflexe de se jeter sur le talus, mais elle ne le fit pas. Avait-elle eu peur ? Ou n'y avait-elle pas pensé ?

Adrianne ne maîtrisait plus rien. Affolée, elle aperçut la chapelle qui arrivait vers elle à toute vitesse. Au lieu d'essayer de suivre le chemin de gauche ou de suivre la route, pour retrouver le plat, elle fixa son regard sur l'endroit que le soleil avait éclairé quelques jours avant. Cela se passa  en une fraction de seconde, Ella alla s'écraser violemment sur le mur de la chapelle, sur le coin, côté chemin, elle avait fait un tout droit, elle n'avait pu éviter le mur. Au dernier moment, devant ses yeux révulsés de peur, la chapelle n'était plus là, seul un visage blême lui était apparu, et la regardait venir, sourire aux lèvres.

L'accident n'avait pas eu de témoin, c'est beaucoup plus tard que les secours furent prévenus.

Adrianne se réveilla, Elle aperçut en premier le ciel bleu. Elle ne ressentait rien, il lui sembla flotter dans un écrin de soie. Elle était allongée sur le sol. De l'endroit où elle se trouvait, elle distinguait nettement la croix qui orne le pignon de la chapelle. Mais seule la croix était là, il n'y avait plus de mur et plus de chapelle. Elle n'était pas seule. Une silhouette inconnue se serrait contre elle et lui tenait la tête. « Ne crains rien, je suis là, je suis ta meilleure amie, il ne peut rien t'arriver »
« Mais qu'est ce que je fais là ? Qui êtes vous ? Où es Mamie ? »

« Mamie nous rejoindra bientôt, ne t'inquiète pas » Adrianne tourna un peu la tête essayant de voir quelle était cette âme charitable qui s'occupait d'elle, et pourquoi ? Oui, pourquoi ? C'était une femme, elle était vêtue d'une sorte de châle rose-rouge aux reflets sombres, qui cachait ses épaules. Ses bras graciles sortaient de l'étoffe. Elle lui soutenait la tête, et de l'autre main, d'une douceur infinie, lui caressait le visage. Le châle était remonté sur la tête, un peu comme le voile des femmes musulmanes. Le châle ne dissimulait pas le torse un peu maigre, ni les jolis seins nus aux aréoles presque noires qui, en d'autres temps auraient interpellé ses sens. Le regard était sombre, peut être fortement maquillé..Les lèvres  très foncées et les joues creuses lui donnaient un air un peu triste. Un parfum enivrant, ajoutait un peu de fantaisie à cette ombre mystérieuse « Je vais t'emmener avec moi » dit elle, nous serons heureuses ensemble, et tu retrouveras tous les gens que tu aimes. » « Mais tu ne m'as pas dit ton nom ? » «Je m'appelle Ulphe, ou bien Karen, Angèle, ou Roseline, enfin toutes celles que tu aimes.  Tu me donneras le nom que tu aimeras prononcer, et tu me reconnaîtras. » « As-tu prévenu Mamie ? Elle va s'inquiéter ? » « N'aies crainte, Mamie va venir te rejoindre, tu verras, le temps ne te semblera pas long. »  En prononçant ces mots, l'amie se redressa, laissant voir sa taille fine et ses formes attirantes. Elle prit la main d'Adrianne.

« Où m'emmènes-tu ? » « La haut, tu aimeras, le point de vue est magnifique! » J'espère que ce n'est pas loin, il faut que je rentre, Mamie va s'inquiéter » «  Ce n'est pas très loin, on y est presque »

Adrianne se sentit soulever avec douceur. Elle se rendait compte qu'elle s'élevait, mais n'avait aucune inquiétude. La silhouette au châle lui tenait la main, et ce simple contact suffisait à l'entraîner. Un peu de vent lui caressait le visage,et le châle flottait dans ce soufle éthéré. C'était doux, elle se sentait bien. Elles avaient pris de la hauteur maintenant et Adrianne se retourna et regarda le sol. Elle vit une jeune femme allongée, elle ne bougeait pas. Des gens s'agitaient autour d'elle, il y avait un camion rouge avec une lumière bleue. Tout à côté, un vélo complètement tordu. Adrianne vit en gros plan le visage de la victime. « Elle est jolie » pensa t elle. Puis elle se rapprocha de  la silhouette qui lui souriait, et lovées dans le châle, elles disparurent de ce monde.

Angèle arriva le plus vite qu'elle le pût. Roseline avait été prévenue par la gendarmerie. Elles arrivèrent sur les lieux de l'accident. Adrianne était sur une civière, recouverte d'un drap gris. Les pompiers du Samu s'affairaient encore et parlaient entre eux. Les gendarmes, craignant la douleur des deux femmes, les suivaient tout près. Angèle ne pouvait réaliser ce qui s'était passé. Sans réaction, hébétée, horrifiée, elle ne pouvait faire un geste ni formuler une parole.

Une jeune gendarmette vint la prendre doucement par le bras, et toutes deux, approchèrent de la défunte. La jeune fille souleva le drap, et découvrit le visage. Adrianne avait les yeux fermés, un peu de sang séché sur la tempe et le teint déjà très pâle. Ses lèvres esquissaient un léger sourire. Angèle la trouva très belle comme à l'habitude. Roseline avait du mal à contenir ses pleurs. Soulevant un peu plus la couverture, elle lui prit la main et la porta à ses lèvres. En déposant un baiser, elle eut la fugace impression que la main  se refermait sur la sienne.

Angèle n'arrivait toujours pas à sortir de sa léthargie. Les pompiers emportèrent le corps. Angèle demeura seule face à la chapelle, les gendarmes inquiets ne la quittaient pas des yeux. Angèle ne comprenait pas, elle ne comprenait plus. Qu'était il arrivé, pourquoi ici ? Elle était glacée d'effroi, et commençait à imaginer que le lieu était maudit, et que des esprits maléfiques s'en étaient pris à sa petite fille. Angèle était en train de perdre la raison. Roseline s'approcha d'elle, Mais Angèle continua à se rapprocher du mur de la chapelle. Elle y distingua quelque chose, des graffitis, mais surtout une tâche de sang qui marquait précisément l'endroit où Adrianne s'était fracassée contre la pierre. Elle s'approcha encore pour toucher le mur, pour sentir de ses mains la réalité de l'horreur. Il commençait à faire sombre, mais un peu de soleil timide éclairait la tâche de sang, et donnait du relief à l'inscription gravée. Angèle lut l'inscription, poussa un cri et s'effondra. Les gendarmes se précipitèrent, Roseline qui n'avait rien perdu de la scène s'approcha du mur à son tour.

Elle vit la tâche de sang sur la pierre polie qui recouvrait une inscription. La tâche de sang disparut progressivement. La pierre était devenue marbre, et seule l'inscription demeurait:




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C'est une jeune fiancée
qui, le front ceint du bandeau
n'emporta qu'une pensée
de sa jeunesse au tombeau
Triste, hélas ! dans le ciel même
pour revoir celle qu'elle aime
elle revint sur ses pas
et lui dit : "ma tombe est verte!
sur cette terre déserte
qu'attends-tu? je n'y suis pas!"


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Par eve anne
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