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  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
Ultima Necat

 

 

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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
sicut qui similis

 

 

 

 

Bonne Année



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Extraits

 

Rencontre en Forêt
carrefour11

J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
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Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
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Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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tn 22Image: L'envol des libellules


 

Chapitre 25

 

 


          Le lendemain, Christa se réveilla reposée. Alors qu’elle pensait ne pas pouvoir dormir, elle dormit calmement, et ses craintes s’envolèrent sans difficultés. Elle se sentit en pleine forme, renonça au petit-déj pantagruélique, sans se priver de l’œuf dur, dont elle ne pouvait se passer. Elle évitait seulement la mayonnaise ! Quelques exercices d’assouplissement, la douche, avec le très agréable gel moussant, le café, le jean, le blouson Police, la grimace, et en avant !
Inévitablement, Quentin était en bas, il fumait une cigarette.
« Ça y est, tu as repiqué au truc ? Tu crois peut-être que je vais épouser un type qui pue la gauloise ?
–Excuse, je ne connaissais pas tes projets matrimoniaux du matin ! J’ai mal dormi, je n’ai pas arrêté de penser à ces deux jeunes que l’on envoie en prison à perpette !
–Ils n’étaient pas obligé de jouer aux cons !
–Oui je sais, justement, c’est trop con ! Tu n’as pas pensé à ta copine Prunelle ?
–Non, c’est Reine-Claude Devallois qui ira en prison. Ce n’est pas la Prunelle que je connaissais. C’est une autre, une étrangère ! Quand je pense que j’aurais pu être à la place de Fanta !
–On fait quoi ce matin ?
–On ouvre l’enveloppe et on saura ce que l’on fait.
–Finalement, tout pourrait être truqué !
–Tout pourrait être truqué de toute façon. »
La voiture arriva au commissariat calmement. L’arrivée en trombe avec les crissements de pneus avait disparu dans la morosité ambiante. Christa fit la bise aux filles, salua d’un geste les garçons et entra dans son bureau.
« L’enveloppe » était posée sur le bureau, Mélie attendait que Christa arrive pour l’ouvrir. Christa se tourna vers Quentin :
« File-moi une clope !
–Tant pis pour le mariage. Une nana qui pue la clope c’est dégueulasse!»
Christa alluma la cigarette, s’assit sur le coin du bureau et regarda Mélie.
« Tu es très belle Mélie, quand je te regarde, j’ai des fourmillements partout.
–Et alors ?
–C’est bien agréable !
–Tu es gentille de me dire ça. Pourquoi n’ouvres-tu pas l’enveloppe ?
–Perpette c’est long, ce n’est pas à cinq minutes près.
–Tu as raison. »
Mélie s’approcha et déposa un petit baiser sur le coin des lèvres de Christa.
« Si je vous gêne les miquettes, vous le dites !
–Allez Mélie ouvre l’enveloppe. Tu en meurs d’envie ! »
Mélie avait apporté dans une chemise, toutes les analyses de Samuel. Celles qui avaient été établies lors des premières investigations dans l’entourage de Fantine. Elle prit la feuille des courbes dans l’enveloppe, y jeta un œil, superposa les deux courbes et regarda par transparence face la lampe du plafond. Elle dit simplement, de sa voix un peu cassée : « Perpette ».
En effet, l’ADN des échantillons correspondait à l’ADN de Samuel Tavernier.
« C’était évidemment prévisible, le jeune Samuel ne s’est même pas défendu. La maman a fait ce qu’elle a pu. Je suis quand même épatée. Elle a du cran cette femme.
Au travail les enfants. On va ramener nos prévenus dans la salle pour leur annoncer la bonne nouvelle. Je vais remettre Madame Tavernier en liberté surveillée, pour qu’elle assure le fonctionnement de sa boutique. De toute façon je suis presque sûre qu’elle obtiendra un non-lieu. Tu en penses quoi Quentin ?
–C’est toi qui penses ! Moi je te regarde, admiratif. C’est tout !
–Arrête de déconner, ce n’est pas le moment. Et toi Mélie ?
–Je pense que tu as raison, cette femme-là n’est pas dangereuse. »
Ainsi fut fait. Samuel Tavernier apprit la nouvelle sans broncher. Madame Tavernier éclata en sanglots.
« On va vous reconduire chez vous Madame. Ne serait-ce que pour trouver quelqu’un qui vous remplacera pour quelques temps. Je vous rappellerai pour rencontrer le Juge, aujourd’hui ou demain. J’ai confiance en vous. Vous n’avez rien à vous reprocher. Je vous demande en contrepartie, de ne pas faire de déclarations, à la presse principalement. Ici, c’est le Juge qui décide de ce qui peut être mis sur la place publique.»
Quentin et Bernier partirent pour raccompagner la pharmacienne chez elle.
« Ah ! J’oubliais : Pour vous aussi : Rien à la presse. Je compte sur vous. Viens Mélie on va revoir notre dossier, Je pense qu’il sera là en début d’après-midi. Il nous faut aller voir le Maire, pour régler le problème de l’appartement de Prunelle, il va y avoir un remplaçant qu’il faudra bien loger pour un moment ! Il faut que je voie Charlie-Rose. je pense qu’elle va avoir quelques problèmes. Bertin serait en droit de la poursuivre. Mais on verra bien. Veux-tu appeler l’hôpital ? Si le médecin est d’accord, on ira chercher Bertin.
–Ok, je m’en occupe. »
Le médecin chef de l’hôpital accepta de « libérer» Paul Bertin, avec toutefois une réserve. Il avait subi un choc émotionnel assez violent, et il pouvait y avoir des suites à plus ou moins long terme. C’est pourquoi il demanda un délai, le temps de s’entretenir avec le médecin traitant. Le retour de Paul Bertin fut fixé en début de semaine suivante. Le juge d’instruction arriva en début d’après-midi. Christa s’enferma avec lui dans son bureau, et lui relata les derniers évènements. Il fut étonné. Il ne s’attendait pas à un dénouement aussi rapide et aussi étonnant.
« Je voudrais vous demander une faveur Monsieur le juge.
–Je me doute un peu de ce que vous allez me demander.
–Le déménagement du logement de fonction de Reine-Claude Devallois devra intervenir pour que la mairie puisse loger sa remplaçante. Je voudrais retirer toutes les photos explicites. Il est inutile que la presse fasse les choux gras de ces images.
–Je suis d’accord, vous faites l’enlèvement et l’inventaire sous contrôle d’huissier. Vous ne ferez disparaître aucune de ces pièces. Le lieu d'entrepôt devra être connu de mes services. Vous n’étiez pas au courant de ces prises de vues ?
Si, mais pas de ces agrandissements ni de cette exposition.
–Cela vous servira de leçon. soyez plus prudente à l’avenir. Une photo comme celle-là, dans un journal, et votre carrière est fichue.
–Oui, je sais. Merci Monsieur »
Il n’avait pas tort ce brave homme. Il prit connaissance du dernier développement de l’enquête. Il donna son approbation pour la liberté surveillée de Madame Tavernier, et fixa la présentation des prévenus pour le lendemain au palais de justice. Christa chercha Mélie. Elle la trouva en discussion avec Manon.
« On parlait d’amour !
–Pourquoi, vous vous aimez ? »
Les deux filles se regardèrent, les yeux pétillèrent et elles se sourirent.
« Si je comprends bien, Mélie, je dois laisser la place ?
–Si ça ne te fâche pas, j’aimerais passer un moment avec Manon.
–N’aies crainte, je ne suis pas jalouse, et on a vu où mène la jalousie ! D’ailleurs, j’ai encore un rendez-vous, et je n’aurai pas la tête à ça.
–Et tu ne voudrais pas venir avec nous ? A trois ça se fait non ?
–Eh bien Mélie, tu vas vite en besogne ! C’est une bonne idée, mais pas ce soir. Et puis tu n’es pas encore assez goudou pour ça !
–Tu vas chez Charlie-Rose ?
–Peut-être, je ne sais pas encore. Pour l’instant, je dois préparer pour le juge la comparution de Prunelle. Ça va me mettre le bourdon, je ne serai pas une bonne partenaire. Non, amusez-vous bien, vous me raconterez !»
Charlie-Rose ? Oui, c’était une idée. il n’y a pas de raison de laisser s’installer un vide sidéral entr’elles.
Christa avait été quelque peu déstabilisée par l’attitude de Charlie-Rose. Et puis cette impression de ne pouvoir garder ses pensées secrètes, ce doute de se sentir manipulée téléguidée. Il fallait en avoir le cœur net, il fallait aimer la femme, et résister au "fakir". De toute façon, elle devait savoir où elle en était, elle sentait au fond d’elle-même que le doute sur sa personnalité resterait un handicap. Elle se décida donc à appeler Charlie-Rose.
« Bonjour Charlie-Rose Comment vas-tu ?
–Mais très bien, un peu inquiète de ne pas avoir de tes nouvelles, désolée de t’avoir déplue. Je ne voulais pas te blesser ni t’inquiéter. On peut se voir si tu veux, quand tu veux.
–Ce soir alors, au bar, et après, Inch’Allah !
–D’accord, à ce soir Amour. »
La voix était claire, le ton était juste, les mots à leur place. Christa se sentit soulagée.
Le soir, après une mise en beauté soignée, Christa poussa la porte du Bar le cœur battant. Charlie-Rose n’était pas sur son tabouret comme à l’habitude, elle se trouvait debout discutant avec Vonnie. Elle était superbe, très joliment coiffée, Un maquillage hyper léger qui ne favorisait que le regard, très élégante, dans une robe « de soirée » des plus élémentaire, la robe noire à petite bretelles, décolleté modeste mais très affriolant. Des collants foncés, des talons aiguilles. Robe courte ajustée au millimètre sur la taille et les hanches. Les épaules et les bras de Charlie-Rose étaient une merveille de féminité. Christa sentit son cœur faire un bond de plus dans sa poitrine. Charlie-Rose l’aperçut, et lui sourit. Elle vint à sa rencontre et lui dit :
« On se sauve. Restau ça te va ? Le Préporus ? Les Marissons ?
–Le Préporus, je veux bien.
–Bonne idée, on y va. »
Elle prit sa petite veste de cuir au passage, et elles sortirent sur le parking.
« J’ai mis du rouge pour être belle, alors je ne t’embrasse pas, mais l’envie est là. Si tu savais comme je suis contente de te voir.
–Moi aussi Charlie-Rose, j’étais à la fois triste, inquiète et soucieuse.
–Hum, ça fait beaucoup ça ! On ne pourra pas soigner ça en une seule fois ! »
Le décor du restaurant comme à son habitude fut un réel plaisir, le confort, la déco, l’accueil, tout y était. Christa aimait cet endroit. Dans sa toute jeunesse, c’était un « dancing ». Le Samedi soir et le dimanche après-midi y étaient très animés, et le tout Amiens venait y danser. C’était varié, différents orchestres étaient programmés, du musette au jazz en passant par le rock et toutes les danses modernes. Christa y avait passé des heures inoubliables.
Elles s’installèrent en bordure de salle, contre la verrière, bien que la nuit fût déjà annoncée.
« Alors où en es-tu de tes problèmes? Cinq minutes seulement et après on parle d’autre chose ! Vas-tu voir le bout de cette enquête ?
–Oui, mon enquête est terminée. Les coupables sont en prison. »
L’étonnement sur le visage de Charlie-Rose n’était pas feint, et cela fit plaisir à Christa. Elle sentait qu’elle se libérait, Charlie-Rose n’avait pas pénétré ses pensées.
«En prison ? Les coupables ? Il y en a plusieurs ? Ce n’est pas Prunelle?
–Je prendrais bien un petit bourbon avec deux glaçons pour commencer!
–Tu as raison ma belle il faut fêter ça.
–Non, je ne fête pas ça, tant la vérité est triste et troublante.
–Eh bien, moi qui voulait t’aider.
–Mais tu m’as aidée, tu m’as donné l’indice capital, celui qui m’avait échappé ! 
–Tu me fais mariner là, de quoi s’agit-il ?
–De la photo dans Picardie Matin.

–Ah ! La Twingo de Prunelle ? Pauvre fille !
–Ce que je vais te dire doit rester entre nous, aucune déclaration officielle n’a encore été faite.

–Tu sais bien que tu peux compter sur moi. Je suis très vexée ! Pour quelqu’un qui prétend faire de la voyance…
–Il faut passer ta boule de cristal à l’Ajax-vitre !
–Ou que je prenne ma retraite.
–Ce n’était pas la Twingo de Prunelle.
–Que me racontes-tu là ? C’était qui ?
–La voiture de Fanta. Ces deux nanas avaient acheté ensemble la même voiture le même jour au même vendeur avec la même remise de 15%. Les deux numéros se suivaient, elles avaient fait la démarche à la préfecture.
–Et comment l’as-tu su ?
–J’ai demandé à Picardie matin la photo originale, car je savais qu’ils coupent ou brouillent les plaques.
–Bien sûr, suis-je bête, j’étais persuadée de la culpabilité de Prunelle, je n’ai pas réfléchi plus loin. Alors Prunelle est innocente ?
–Non, hélas. Elle a commis le premier meurtre avec préméditation. Le second a été commis par Samuel Tavernier, le frère de Fanta. Il a voulu venger sa sœur.
–Mais Flora-Jane n’était pas responsable…?
–Non, en effet, mais comme nous l’avions mise en garde-à-vue quand on a trouvé son ADN sur le corps de Fanta, la presse en a parlé, et Samuel n’a pas cherché plus loin. Il a réagi très vite, trop vite.
Madame Tavernier a senti que l'étau se resserrait, elle a bien tenté de brouiller les pistes, mais il y avait trop de preuves accablantes.
–Mon dieu ! si je m’attendais à une fin comme celle-là ! Et c’est la photo qui l’a confondu ?
–Non, la photo m’a fait gagner du temps. J’avais relevé un ADN dans les cheveux de Flora-Jane, déjà, depuis quelques temps. Mais la série des
« ADN parents » m’a appris qu’il valait mieux avoir plusieurs cordes à son arc.
–Tu as été formidable. Si j’avais été à ta place, j’aurais guillotiné Paul Bertin !
–Oui je sais. A ce propos, je voulais te mettre en garde. Paul Bertin a subi un choc psychique très violent. Il est encore soigné, et le sera encore longtemps. Mal conseillé, il pourrait se retourner contre toi pour harcèlement moral.
–Et il aurait raison. Qu’est-ce que je peux faire pour réparer ?
 Tu peux faire tout ce que tu veux, mais rien ne te dédouanera définitivement. Il pourra toujours, si il y a des complications par exemple, revenir à la charge, il faut le savoir !
–Oui, je comprends. De toute façon, j’étais tellement sûre qu’il était l’assassin de ma tante, que je n’ai pas réfléchi. J’aurais dû te faire confiance et rester prudente. Bon, je vais y penser. Mais je suis épatée par ton enquête.
–Pourtant j’étais persuadée que tu jouais avec moi et que tu savais.
–Non, pas du tout ! Tu sais, deviner l’avenir, ce n’est pas une science, c’est une impression qui vient à l’esprit suite aux évènements. Une façon de les interpréter, simplement. A ce jeu tu es sûrement meilleure que moi. Souvent les gens ne voient pas l’évidence, et il suffit de leur mettre les points sur les « i » Je suis un bon magnétiseur, mais pour lire dans le marc de café, j’ai encore du boulot !
–Tu voudrais me dire que tu ne m’as pas influencée ?
–Bien sûr que non ! Tu as été formidable et je me suis conduite comme une conne. J’ai eu Bertin comme patient, et j’ai vu tout de suite que c’était un esprit simple. J’ai pensé qu’il pouvait se laisser aller à déraper totalement.
–Je crois surtout qu’il est très fragile. Sans plus. Mais je le crois profondément sincère.
–Tu as raison. Tu es une super nana ! Ils risquent quoi les deux coupables ?
–Perpétuité parce que préméditation dans les deux cas. L’avocat de Prunelle veut faire passer ça en crime passionnel, mais ça ne marchera pas.
–Et si on prenait le dessert à la maison ? Tu as encore faim ?
–Une faim de loup. Je sais que le dessert est ta spécialité. »
Le repas au « Préporus » avait été léger et délicieux. Il y avait peu de monde, ce qui laissait une ambiance feutrée. Le personnel disponible,
« Somme » toute une soirée très agréable.
La chaumière abrita leurs amours comme elle l’avait fait précédemment. Aucune ombre au tableau, les sentiments s’étaient invités, le plaisir ne se fit pas prier. Pourtant, quand au petit matin Charlie-Rose reconduisit Christa, une impression de dénouement flottait dans les cœurs assouvis. Christa mit ce sentiment sur le compte du cafard des jours passés. Elle pensait qu’il faudrait beaucoup de nuits comme celle-ci pour oublier.
Elle tenta une autre soirée avec Claudine. Ce fut différent, bien sûr, et la relation fut d’une pureté inattendue. Claudine était celle qu’il faudrait épouser. Elle était celle qui rendrait la vie immensément douce, et qui saurait inventer à chaque instant un bonheur nouveau.
Christa hésita, mais ne lui révéla pas la double personnalité de Charlie-Rose.
Ces deux là devaient être belles dans l’étreinte.
Et puis un matin, sans aucune préméditation, elle s’adressa à Quentin :
« Tu n’aurais pas envie d’un week-end à la mer ? »
Quentin la regarda bouche bée.
« Tu dis ça sérieusement ? Ou c’est encore une boutade ?
–Ne sois pas bête, si tu ne sais pas voir la différence quand je parle à Quentin ou quand je parle au flic, c’est bien embêtant pour moi. Ce n’est pas une boutade, j’ai envie de respirer l’air pur, et de regarder l’infini dans les yeux… Et aussi d’être avec toi. Toi et moi et la mer !
Et de parler d’autre chose. D'être simplement un homme et une femme.
–On part quand ?
–Quand tu veux !
–Le temps de prendre mon pyjama et on y va ! »
Aller à la mer, quand on vit à Amiens, ce n’est pas un grand voyage. Mais pour les « Samariens », « aller à la mer » a toujours été la plus belle des balades. C’est Le Tréport qui fut choisi, parce que ce n’était pas tout à fait l’été et que le site est magnifique. Le Tréport est en Seine Maritime, mais ils n’allaient pas chipoter. Il n’y a que la Bresle à traverser !
Comme s’ils avaient répété cela depuis longtemps, c’est avec le plus grand naturel qu’ils prirent une chambre dans le seul hôtel où c’était encore possible, sans avoir réservé auparavant. Ils n’attendirent pas la nuit pour tester le lit. Christa constata avec amusement que Quentin avait suivi son conseil et qu’il était entièrement épilé. Elle en fût toute heureuse. Elle ressentit un immense besoin de tendresse quand, pour la première fois, ils se trouvèrent nus, l’un contre l’autre.
Christa connaissait l’amour hétéro, à trente trois ans, cela aurait été dommage ! Mais c’est avec une grande impatience qu’elle attendit cet amour qui allait les unir, pour quelques heures ou plus, qui pouvait savoir ?
Ce fut véritablement fusionnel, et Christa sentit qu’elle venait de tourner une page fondamentale de son existence. L'homme n'était pas en cause, en tant que tel, c'était Quentin! Quentin, son ami.  En fin d’après-midi, ils se retrouvèrent sur la plage de galets, dans le vent frais qui leur fouettait le visage. Christa regardait l’horizon. Elle voulait se remplir la boîte à souvenirs avant que

« ces connards de financiers »

n’installent au large du Tréport, les cent cinquante éoliennes prévues !!! Assis sur les galets, le visage face à la mer, Quentin revint sur l’enquête ;
« Finalement, il aurait été plus logique que le magnétiseur soit mouillé dans l’histoire !
–Que veux-tu dire ?
–Pouvoir hypnotiser les gens ça doit être vachement pratique ! Tu choisis la victime, et tu hypnotises celui que tu envoies commettre le crime ! Les connards de policiers foncent tête baissée, et mettent le tueur en prison, et tout le monde est content !
–Tu ne parles pas sérieusement ?
–Mais non mon amour ! Pour une fois que c’est moi qui te fais marcher….
–Ah ! je préfère, ne me refais pas un coup comme ça !!!
–Non ! Mais j’en ai un autre en réserve.
–Je crains le pire...
–Ou le meilleur ? C’est selon ! J’ai toujours eu envie qu’on se retrouve tous les deux, en tête à tête, au bord de la mer….
Pour te demander en Mariage ! »


Epilogue.


Le 14 décembre de l’année suivante, il faisait un froid sibérien mais il n’y avait pas de neige. Un soleil timide éclairait vaguement la nature ingrate qui bordait la voie ferrée. Il n’avait même pas la prétention de réchauffer les éléments, encore moins les cœurs.
Les étangs étaient gelés.
L’administration judiciaire sans doute aussi.
Aucun jugement n’était encore intervenu dans cette affaire qui avait profondément marqué la vie des habitants.
Pourtant, les deux prévenus s’étaient montrés coopératifs. Ils avaient fait des aveux complets, n’oubliant aucun des détails de leurs méfaits. Ce qui, avec un peu de chance, allègerait leur condamnation. La relation des assassinats coroborait parfaitement les hypothèses de Christa.


Tcho-Phil braconnait toujours un peu, mais sa jambe le faisait encore souffrir.
Paul Bertin était entré en maison de retraite, Il n’avait pas retrouvé la possibilité de vivre son indépendance.
Profondément persuadée qu’elle était responsable de sa déchéance, Charlie-Rose finança discrètement la maison de retraite, pour qu’il ait une vie meilleure.
Elle continua cependant, par ses pouvoirs, à soulager ses plus fidèles clientes.

Christa déposa son bouquet de roses rouges sur les cailloux du ballast. Elle avait retiré ses gants, pour que Fanta, de là-haut, puisse apercevoir son alliance toute neuve. Elle essuya les larmes qu’elle n’arrivait plus à retenir. Elle entendit le pas d’une personne qui s’approchait. En se retournant, elle vit que c’était Madame Tavernier, qui tenait, elle aussi, un bouquet de fleurs à la main. Comme Christa, les larmes déformaient son visage, qui esquissait malgré tout un sourire un peu triste.


« Je savais que je te trouverai là, Christa. Tu es une bonne fille... Je pense souvent à toi. Je sais que tu souffres autant que moi...

Rentre chez toi, maintenant. Je vais prier un moment encore. Va retrouver ta maison, ton mari, et surtout, ne prend pas froid. »

 

culdecoblanc

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Par eve anne
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